
fupplice, félon les loix de la guerre , il les fit
conduire dans tous les quartiers , leur ordonna
de tout examiner avec foin ; & quand on les
ramena devant lui,, il leur »demanda s'ils avoient
bien remarqué tout cè qu’on leur a voit dit d’ob-
ferver. Enfuite, il leur fit donner à manger, ainfi
qu’ à leurs chevaux, & les renvoya, fans même
les avoir interrogés fur les deffeins & les forces
de l’ennemi. Cette héroïque confiance intimida
les Carthaginois : ils fe crurent vaincus, même
avant de combattre.
Pyrrhus, roi d'Epire, çonduifoit fon armée
contre les Lacédémoniens, &c leur faifoit de
fraudes menaces. Cercillide, un des fénateurs de
parte , fe leva dans l’afFembLe,, & dit : « Si
» c eft un Dieu qui nous menace, que craignons-
» nous ? nous ne faifons rien que de jufte. Si c’eft
» uii homme, qu’ il fâche que ceux quil menace
» font des, hommes ».
Lorfqu'Akxandn-U-Grand. partit la première fois:
pour la guerre , Ariftote, fon précepteur, lui dit
qu’il feroit mieux d’attendre qu’il eût atteint 1 âge
v ir il, qu’ alors il combattroit avec plus de prudence:
« En attendant, répondit-il, je perdtois
» l’audace de la jeuneffe ».
Avant de paffer èn A fie , il diftribua tous fes
tréfor.s & tous fes revenus à fes ceurtifans & à
fes foidats. « Que gardez-vous donc pour vous-,
*> feigneur, lui dit Perdicas ? L’efpérance, répon-
» dit-il ». Cette héroïque confiance paffa dans-le
coeur de tous les Macédoniens, ils dédaignèrent»
les p r fens dü monarqùe, & , comme lui, ils fe
crurent déjà en pofièflïon de toutes lès richefîes.
des Perfes.
Comme on lui difoit que Darius, roi des
Perfes , arraoit contre lui des millions, d’hommes :
« Un loup,, répondit-il, ne craint pas un grand
» nombre de brebis ».
Darius ayant difppfe fon armée innombrable
pour engager le combat le lendemain , Alexandre
s’endormit d’un fi profond fommeil, que l’arrivée
du jour ne le réveilla point. Cependant les ennemis
approchoient ; lés généraux entrent dans fa
tente , & le tirent de cet •afToupiiTement, en lui
témoignant leur furprfe de ce que , dans une pa-
reil'e cïi confiance, il avoit pu dormir avec tant
de tranquillité.’ ce C ’eft que Darius , leur dit-il,
33 m’ a bien trariquiilifé l’efprit, en ralfemblânt
».toutes fes forces, pour qu’un feul jour décide
entre nous ;
Le célèbre Agrippa d'Aubigné 3 ayant appris que
le -roi,.mécontent de lui, vouloit le faire arrêter
& conduire à, la.baftille, prit un parti où A y avoit
beaucoup de témérité , mais qui lui réuflit. Le
jour même qu’on devoir fe faifir de, fa perfonne,
il s’en alla de grand matin trouver le monarque ;
après lui avoir repréfenté fuccinttement fes
fervices palfés, il lui demanda une penfion î ce
qu’il n’avoit jamais voulu faire jufqu’alors. Cette
hardieffe, & la Angularité de cette demande, dans,
la circonftance où fe trouvoit d'Aubigné 3 firent
une telle impreflïon fur l’efprit du ro i, qu’il s’adoucit
tout-à-coup en fa faveur , l’embraffa avec
tranfport, & lui accorda ce qu’il demandoit.
Comme l’idée de nuire n’approcha jamais de
fon ame, Henri IV étoit fars défiance. 11 aimoit
i à fe dérober à la cour , à errer dans les campa-
: gnes , à interroger ces hommes- Amples & bons/
; étonnés de voir un roi fous, leurs chaumières.
1 Quand fes amis,: inquiets , lui remontroient qu’au,
i milieu des confpirations., & lorfque le levain de
' la ligue fermentoit encore, il de voit avoir plus foin
| de la confervation de fa perfonne, & ne pas aller,
j fi fouveiit feul ou mal accompagné : «*• La peur , c
! 33 difoit-il, ne doit point entrer dans une ame
j » royale ; qui craindra la mort > n’entreprendra :
» rien fur foi; qui méprifera la vie, fera toujours1
!» maître de la mienne, fans que mille gardes
; >3 l'en puiflent empêcher... Il n’appattient qu’aux
33 tyrans d’étre toujours en. frayeur ».
C O N FU C IU S , le premier des philofophes
Ch nois, né vers-l’an1 jy.o avant Jéfus-Chrift ,
mort à 73 ans.
Ses difciples & le peuple le révéroient comme
. l’empereur. Ôn ouvrit dans toutes les- villes de la
Chine des collèges élevés à fon honneur, avec
ces différentes infcriptions. en lettres d’or : Au
\ grand maître... Au premier doéleur... Au. précepteur.
: dés empereurs... Au faint... Au roi des lettres•
: Voici-deux de fes maximes-:
Ne parler jamais de vous aux autres nienbteit3
parce qutls ne vous croiront pas ,- ni en mal3 parce,
quils en croient déjà, plus, que vous nevouleç.
Avouer fes défauts quand on efl repris 3 c'eft: ma*
deftie y les. découvrir a fes aniis , c'efi. ingénuité ;,
fe les reprocher a foi-même , ceft humilité 3 mais>
de les aller prêcher a tout le monde, c"eft orgueil»,
C O N G O . Le roi de Congo choifit quelquefois;
pour fe promener, un jour où il fait beaucoup,
de vent $ il ne met-fon bonnet que fur une oreille/
& , fi le vent le fait tomber, il impofe une taxe
fur les .habitans de la partie de fon royaume d’où
le vent afoufflé. ( Hift,. des Voyages 3t. V
CON G R EV E (G uillaum e ), poète Anglois ,
mort en 172p.
Ce poète parloit- de- fes ouvrages comme de
bagatelles, qui étoient au-deffous de lui. Lorfque
M. de - Vo-taire fut lui rendre vifite , dans foia;
'voyage d’Angleterre, Congreve lui fit entendre,
; dès-là première converfation, qu-il ne devoit le
regarder que fur le pied d’ un gentilhomme qu|
menoit une vie aifée & fimple. A ce début, M. de
Voltaire, révolté , lui répondit féchement : « Si
» vous euffiez été affez malheureux de n’être
» qu’un gentilhomme, je ne ferois jamais venu
» vous voir ».
C O N R A D I I , dit le Salique, fils d’Herman,
duc de Franconie, élu roi d’Allemagne en 1024,
après la mort d’Henri II. Il eut à combattre la
plupart des ducs, révoltés .contre lui. Erneft |
duc de Souahe , fut mis au ban de l ’empire. C ’eft
un des premiers exemples de cette profçription,
dont la formule fingulière étoit : Nous déclarons
ta femme veuve. , tes ,eiifans orphelins,, & nous t envoyons
t au nom du diable, aux quatre coins du
rnbnde.
Un-gentilhomme -ayant .perdu une jambe airfer-
vice de Conrad, il reçut de ce prince autant de
pièces d’or qu’il pouvoit en entrer dans fa botte.
Un feigneur, nommé Bebon, lui amena un jour
trente-deux de fes fils, tous Fortis du même lit ,î
& en âge de porter ies armes. Conrad combla.le-
père de préfens, & donna à chacun des . ehfans
un emploi »convenable à fon âge.
CONSEILLER. Un confeiller fut chez une!
jolie fille, qu’ il trouva en Dynes ; — Qu’avez-vous:
" donc ? — On vend demain -mes meubles.— Raf-
furez-voiiss de quelle ifommë eft - il quéfiion
Vingt miîlëffan'és. v. — ' N ’éfLce que cela ? Sou-'
pons, & demain j’arrangerai le tout..-. Ils foupent;
ils fe couchent. L,e lendemain., \e^confeiller envoya
pour confolation à fa miîtreffe , un arrêt de dé-
fenfe.
C O N S T A N T IN LE G R A N D , empereur,
né a Naiffe, ville de là Dat danie, en 2 74 , mort
dàns'iâ ncüfèlle ville- de Conftant-înoplë. en 337.
Les fpeétacles affreux de captifs dévôtés par ies
bêtes que Conftantin donna à i fes peuples, la;
mort deTon fils innocent, celle de faTemme dontla-
-punition trop.précipitée prit la couleur de l’injufticel
-montrent que !e-fang des birbares coüloit .encore
dans fes veines , - & que -s’il étoit bon & clément
'par cara&ere, il devenoitdur &irnpitqyablepar em-;
'portement. Peut-être eût-il de jüftts raifons doter
-la vie aux deux Ljcinius j mais la. poilérité adroit
de condamner les princes qui ne fe font pasanisten
peine de fe juft fier à fon trtbunal. Il aima l’ églife ;
elle lui doit fa liberté & fa fplendeur : mais facile
à féduire, il l’affligea lorfqu’ïl croyoit la fervir, fe
fiant trop à Tes propre- lumtères , & Te repofànt
avec trop de crédulité fur la bonne foides méchans'
qui l’environnoient, il liv ra à la perfécution des
.prélats,^ qui mérbaient à pluv jufte ;titrë d’ être
compares aux apotr.es. L ’exil & la dépofitiôn desj
defenfeurs dé jà foi de Nicée , balancent .au moins
la gloir-e d avoir convoqué ce fameux conciles inca-*
pable lui-même de difiîmulation, il fut tro;p aifé-
! ment la dupe des hérétiques & des coi^nifans.
Imitateur de Tite , Antonin , & de Marc-Aurele,
il aimoit fes peuples , & vouloit être aimé mais
ce fond même de bonté'qui lès lui failoj'c chérir,
les rendit malheureux j il ménagea lOfqu'à ceux
qui les pilloient-: prompt & ardetrt à défendre
lés abus, lent & froid à lés?’punir j avide de
gloire, & peut-être un peu ttop dans les petites
chofes. On lui reproche d’avoir été plus porté à
la raillerie qu’il ne convient à nn grand prince. Au
refte iLfut chafte., pieux, laborieux & infatigable
, grand capitaine , heureux dans la guerre , &
méritant fes fueeès par. une valeur brillante & par
.les lumières de Ton. génie j protégeant les arts &
les encourageant par fes. bienfaits. Si on le compare
avec Augufte , on trouvera qu’ il ruina l’idolâtrie
avec les mêmes précautions & Ta meme
adréffe que l’autre employa à détruire la liberté. Il
fonda comme Augufte un nouvel empire 5 mais
moins habile & moins politique J. il he fu,t pas lui
donner la même fol.dité ;. if àfforblic le corps de
l’étaf en y ajoutant en quelque façon une féconde
tête'par la fondation de Gbhfta-.tinoplè tranf-
!( portant le centre du mouvement'& d es forces trop
prés de l’extrémité o r ien ta le il laffla ùns chaleur
'& prefque Tans, vie les parties dè Tpccident, qui
devinrent bientôt la proie des barbares.
Pour peindre ici fon extérieur LiL.âvoit Je. vifage
large :3c> haut en .coule#,- /peu de cheveux; & de
barbe, les yuix grands, le regard vif., m-M-s.gracieux.,;
le col un p,eu gros , le. nez-aqu lin.. Une
noble fierté & un.car^étère de fc rce & Té‘viguc ur
marqué dans toute fa perfonné imprimoient
d’abord un fentimenr deperainte. 'Mais ôette phy-
fîonomie guerrière étoit adoucie par .uftè.àgre«b!e
féréiiité répandue ' fur; fon vifage.
Les légiflateiirs Gréés & Romains firentifou-
vent parler les/oracles pour appuyer jl'eurs drerets/j
GontLandii.uî'^S'lfiÇmÇ intervemt (lâ d:vînfté -pour
autorifer Tes ëiiTn prtfés.'î 'tbâ!s 'cé n’étoit qüé'pendant
Ton T>mmeil|q^’ l l’ihtetrogeoit’; Dans le tems
qu’il marchdît éh'Tfaîle''co'ntï;e MaXence fon en- ’
nerni & fon .‘riValj il ‘avoit appfefçu dès lé marin
line crojx luminêufe: au‘- dèflus duToléil avec mette
inTcfiptiofi.: In hob Jijgno i>ikeej3-b*hû parce;fîgiSe
qué.Vu vaincras. La nuit fui-vantèTé fils de Diép lui
âppâroît, '■ tenant en main çe figné;, dont i! vendit
de vôir la figuré dans le deî','-&Tûi dit de’ s?en fe'r-
vîr d'ans les combats comme d’une défenfe âfîiirée
contre fes ennemis. Le prince à fon réveil aftetnble
Tes officiers, leur racontecce qu’il vient de voir &
d’entendre, leur dépeint laTorme de ce figne" cé-
lefte., & donne Tes .ordres;pour qu’on en.faffe un
ferhblable. Ge fut dans la fuite le principal etep-
dart de l’armée de Conftantin $ç-de fes fuceefïeurs.
On ,1’appella labgrum ou fabarum. C é t empereur
fit faire „plufieurs ér.epdarts fur le même modèle
pour être portés à la tête.dje toutes fes armées. Il