
M T Ë S
Item, Je fends l'ame.
'Concordat cum original:.
. N a t h a n i e l B R I N D.
*• Je legûç, difuic dans fon teftament un vieux
» avare Lbndois, nommé T o lam , à ma belle
» foeur , quatre vieux bas qu’on trouvera fous
” mon lie3 à droite} à mon neveu Taries, deux
s? vieux autres bas j au lieutenant Jokn-Stein,
»> un bas bleu avec mon manteau rouge} à ma
» coufine, une vieille botte avec une pochs.de
*> flanelle rouge; d Hannach, ma cruche caflee ».
Affembiés chez le tellateur après fa rr.ott, Har-
nach dit aux autres légataires » Je vous aban-
»> donne mon legs ». L'un deux , qui fe trou-
voit auprès, donna un coup de pied à la cruche
, & la cafta. A la vue de quelques pièces
qui en foi tirent , chaque héritier fe faifit avec
empreffement de fon legs, qu'il trouva plus précieux
qu'il ne penfoit} car chacun des haillons
du défunt aYoit été & étoic le dépefitaire de
fon tréfor.
Un homme riche, qui étoit un vieux garçon,
étant atteint d'une maladie dangereufe, fie fon
teftament} il y fit à fes domeltiques des legs
qui ne feroient payables qu'au cas qu’il revint
en fanté j ils le foignerent fi bien , qu'il guérit
parfaitement, il leur paya leurs legs : il difoit
enfuite que c'étoit une folie de fa*re à des do-
jneftiques des legs , en cas de mort dans une maladie
} i!s ont > dit-il, toujours la mort de leur
maître devant les yeux, comme 1$ but où ils
afpirent. S’il y avoit un remede unique pour le
guérir, qui dépendit d'eux , ils ne le lui donne-
roient pas , de peur que les legs ne devinlfcnt
caduques.
Un bourgeois de la rue des Cordeliers, grand
nouvelille, écoutoit très-afliduément un abbé ,
très-fougueux ennemi des Anglois; cet homme
l'enchantoit par fes récits véhémens. Il avoir
toujours à la bouche cette formule : » Il faut
lever trente mille hommes, il faut embarquer
trente mille hommes., il faut débarquer trente
mille hommes, il en coûtera peut- être trente mille
hommes pour s'emparer de Londres} bagatelle ».
Le bourgëois tombe malade, penfe à fon cher
abbé, qu'il ne peut plus entendre dans l'allée
des larmes, & qui lui avoit infailliblement pré )
dit la deftru&ion prochaine de l'Angleterre au j
moyen de trente mille hommes 5 or, pour lui marquer
fa reconnoifiance , X car ce bon bourgeois
haïlîoit les Anglois fans favoir pourquoi), il lui
laiffa un legs & mit fur fon teftament ; » je biffe
a monfieur Y abbé Trente mille kommes , douze
cent livres de rente 5 je ne le connois pas fous
un autre nom , mâts c’eft un excellent citoyen
qui m'a certifié au Luxembourg que les Anglois,
ce peuple féroce qui détrône fes fouverains,
T H A
feroît bientôt détruit ». Sur la dépofîticn de plu-
fieurs témoins qui atteflèrent que tel éio*t le fur-
nom de l’abbé , qui fréquentoit le Luxembourg
depuis un temps immémorial , & qui s'éto t
montré fidèle Ântagonifte de ces fiers républicains
, le legs lui fut délivré.
Martin Heimskeck , peintre hollandois, laifia par
fon teftament de quoi marier une fille tous les
ans , à condition que le jour des noces , le maiié
& la mariée iroient danfer fur fa folle : cela
s’exécute pcnûuellemeut.
TH A L È S , L’un des fept fages de la Grèce,
né à Mfet la première année de la trente-cinquième
Olimpiade. Il mourut à l'âge de 50 ans.
Thaïes t fut d'abord engagé par fa famille à
s'occuper du gouvernement de fa patrie ; mais
il crue que les avis d'un citoyen libre feroient
plus utiles à h fociété que les ordres d’un ma-
giftrat. Il quitta l'admin ftration des affaires pour
s'adonner entièrement à la philofophie. Il fit p!u-
fieurs voyages, félon la coutume des anciens,
afin de profiler des lumières de ce qu'il y avoit
alors de gens inftruits- Sa morale étoit pute &
fevère : il fe montra toujours le plus grand ennemi
de la tyrannie. On lui demandoit un jour
ce qu’il avoit vu de plus étrange dans fa vie,
un vieux tyran y répondit-il.
Thaïes eft à la tête de b feêfe ionique, aînfi
appeliée de la patrie de fon fondateur , Milet
en ionie. Selon lui l’eau eft le principe des
chofes, tout en vient, & tout s’y réfout. Mais
par cette eau, il n’entc ndoir autre chofe que
la matière première, ou le cahos des anciens. Il
n’admettoit qu’un feul monde > il le regardoit
comme l’ouvrage d'un Dieu } d'où il concluoit
qu'il étoit très-parfait. Dieu eft l'ame du monde }
il eft incompréhenfible} rien ne lui eft caché. 11
voit au fond de nos coeurs. L'ame eft immortelle^
il y a des démons ou génies. Ces génies font nos
âmes féparées de nos corps} ils font bons fi les
âmes ont été bonnes, méchans fi elles ont été
méchantes.
Démétrius de Phalère nous a tranfmis quelques
axiomes de fa morale, tels que ceux ci.
Il faut fe rappeller fon ami quand il eft abfent.
Ne pas accorder fa confiance fans choix.
Apprendre aux autres ce qu’on fait de mieux.
Avoir pour fon père les égards que Ton exige
de fes en fans.
C'eft l’ame & non le corps qu'il faut foigner.
L’ignorant eft infupportable.
L’intempérance en tout eft nafible.
T H A T H E
La félicité du corps confifte çUns ’!fj » &
cel'e de 1’efprit dans le favoir.
Ce philofophe interrogé fur l'art de bien vivre ,
répondit : « N e faites point ce que vous blâmeriez
dans un autre ».
Thaïes vécut dans le célibat. Comme on lui
demandoit pourquoi il fe refufoit au doux pom
de pere : le ne veux point avoir dlenfans, répondit
il, parce que je les aime. En effet, que de
peines, que de foucis, que de chagrins tourmentent
un coeur pateinel tendrement attaché à
fes enfjns ! Le légiflateur Solorr, qui regardoit la
propagation de l'efpéce d'un oeil politique, n'ap-
prouvoit point le célibat volontaire de Thaïes.
Ce philofophe, pour coure réponfe à Solon, s’a-
vifa un jour de lui envoyer un mrfljger lui porter
une faulfe nouvelle de la mort de fon fils > ce
père tendre eft auflî-tôt plongé dans la douleur
la plus profonde : alors Thaïes vint à lui, &
l’abordant d’un air triomphant : « Eh bien, trouvez
vous encore qu’il foit fort doux d'avoir des
en fans ?
On raconte de lui que pour montrer $ fes concitoyens
que la philofophie pouyoit être utile
même pour acquérir des richeffes, il acheta le
fruit de tous les oliviers du terroir de Milet, avant
qu’ils fuftent en fleur. Il avoit prévu que l ’année
leroit d’une grande facilité} auffi fit-il un gain
confîdérable, qu'il diltrihua aufll-tôt pour fe remettre
à philofopher.
Thaïes s'étoit appliqué à l'aftronomie ; & un jour
qu’il étoit bien occupé à confulter les aftres, il fe
huila tomber dans un folle : « Hé ! comment, s’écria
une bonne vieille, connoïtrez-vous ce qui fe 1
palTe dans le c iel, fi vous n’appercevez feulement
pas ce qui eft à vos pieds 2 »»
Un fophifte voulant embarraffer Thaïes de
Milet, lui fit des queftions captieufes, auxquelles
ii répondit fur le champ avec préçrfion.
Quelle e(l la plus ancienne des chofes? - - C ’eft
D;eu, parce qu’il a toujours été.
Quelle efi la plus belle ? — Le monde, parce que
c ’eft l’oeuvre de Dieu.
Quelle eft la plus grande ? —- L’efpace > car il
contient tout ce qui a été créé.
Quelle efi la plus confiante? — L'efpérance,
qui refte feule à l’homme quand il a tout perdu.
La meilleure? — La vertu, puifque fans elle il
n’y a rien de bon.
La plus légère ? — La penfée qui, en un moment
, fe tranfporte au bout de l’univers. -
La plus forte ? — La nécefîité, qui fait braver
tous les accidens d* la vie.
La p lus facile ? — C'eft de donner un confcil.
La plus difficile ? — C ’eft de ft connoîcre foi-
même.
La plus fage ? — Le temps i car il apprend à le
devenir.
THEMISTOCLE , général athénien, mort à
Magnéfie, i’an 464 avant Jéfus-Chrift.
Thémifiocle,, né avec une ardeur extrême pour
la gloire, étoic courageux, entreprenant} le repos
feul fembloit l’inquiéter. Après 1a célèbre bataille
de Marathon, remportée par Miltiade, fa fanté
parut s’altérer ; & lorfque fes amis lui en demandèrent
la caufê} il leur avoua que les trophées de
Miltiade ne le laiffoient point dormir. Grand
homme d’é ta t, fon génie , toujours prévoyant,
toujours fécond en reflbtirces, le rendit fupérieur
aux événemens} perfonne n'a poffédé à un plus
haut degré l’ait fi fou vent néceflaire de rappeller
les hommes à leurs pallions, pour les porter à ce
qu’ils doivent faire.1
Les grecs, après la journée de Marathon, fe
livroient à la joie d'avoir humilié Danus. Mais
Thémifiocle, qui ne regardoit cette vi&oire que
domine l’anaonce d'un orage prochain, employa
fon crédit fur les athéniens, & plus encore leur
ancienne jaloufie contre Egine, république de la
Grèce, alors la plus puiflante fur mer, pour les
porter à conftruire une flotte qui devoit être le
ïalut de la patrie dans 1a houvelle guerre qu’il pré-
voyoit contre les perfes. En effet, Xerxès, fuc-
celfiur de Darius au trône de Perfe, ne tarda
point à réunir fis forces pour venger l’affront que
les perfes avoient reçu à 1a bataille de Marathon.
Eurybiade fpartiate fut élu amiral des grecs durant
cette guerre. Thémifiocle, dans une occafîon
critique, ofa être d’un fentiment oppofé à cet
amiral, & lorfque celui-ci, irrké de cette réfifi*
tance, le menaça de le frapper, frappe, lui cria
Thémifiocle y mais écoute. L'intrépide athénien eut
tout l’honneur du combat naval qui fe donna à
Sabmine : mais ce qui le flatta le plus, comme il
l’avoua depuis, ce furent les acclamations publiques
qu’il reçut aux jeux olympiques.
La manière dont Athènes fut inftruite de la
principale part que Thémifiocle avoit eue à cette
fameufe journée de Saiapiine, mérite d'être remarquée.
Tous les capitaines avoient été obligés
'd e déclarer, par des billets placés fur l ’autel de
Neptune, ceux qui avoient le plus contribué à
la viétoire. Chacun, après s'être donné la première
p a rt, adjugea la fécondé à Thémifiocle ,* & le
peuple crut alors devoir décerner la première ré~
compenfe à celui que chacun des capitaines en
avoir regardé comme le plus digne après lai. Nous
fommes, par la vanité, & fur-tout par l’ignorance
» dît yn auteur moderne, tellement née efi
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