
r enfer de leur accorder font d’un pernicieux exemple
& gâtent tous les autres.
Pourquoi croyez-vous , difoit-il à Tes confrères,
que Galas & Picolomini mont jamais pu rien faire
contre moi y c efl qu ils nofoient rien entreprendre
fin s le confentement du minfire de l’empereur.
Il conçut une violente paffion pour une prin-
cefle de Bade , & l’ayant époufée, l'amour lui ôta
toute (on a&ivité 5 il quitta le commandement, &
mourut après quelques mois de mariage.
BANNISSEMENT. On banniffoit, dit Voltaire
, il n'y a pas bien long-temps du refibrt de
la jurifdi&ion un petit voleur , un petit fauffake,
un coupable de voie de fait. Le réfultat étoit qu’il
devenoit grand voleur, grand fauffaire , & meurtrier
dans une autre jurifdiétion. C ’eft comme lî
nous jettions dans les champs de nos voifins les
pierres qui nous incommqderoient dans les nôtres.
BARATIER. Il ëtoit né françois, fils d’un
préfîdent réfugié ; il fut le grec à fix ans , 8c
l ’hébreu à neuf. On lui doit la traduction des
voyages du juif Benjamin de Tudelle , & beaucoup
de dilfertations lavantes.
Le jeune Baratter étonna & enchanta tous ceux
qui le connurent par fes connoiffances dans les
langues, en hiftoire, en philofophie, en mathématiques}
il n’avoit que d ix -n eu f ans lorfqu’il
mourut en 1740, de l’excès d’un travail extraordinaire
, dont Frédéric II fut la caufe. Le jeune
Baratier lui ayant été préfenté comme un prodige
d’ érudition : fave^-vous le droit public 3 lui
dit ce roi ? 8c comme il avoua qu’il l’ignoroit :
allez donc l'étudier y lui répliqua féchement ce
prince , avant de vous donner pour favant. En
effet il fe livra à cette étude avec une telle application
, qu’il foutint à H e ll, au bout de quinze
mois , une thèfe de droit public avec le plus
grand éclat, mais aux dépens de fa vie.
BARBARISME. Le barbarïfme eft un vice
d’élocution qui, comme le mot-l’annonce, indique
que celui qui parle eft, étranger } on fait que les
anciens appeloient barbares tous ceux qui n’é-
toient point de leur pays. Ainfî un barbarïfme eft
une façon de parler étrangère, & qui n’eft pas
en ufage parmi ceux qui parlent correctement.
Un étranger écrivant à M. de Fénelon, archevêque
de Cambrai, lui marquoit : monfeigneur ,
vous avez pour moi des boyaux de père, il vou-
loit dire des entrailles de père j 8c faifoit un bar-
barifme. , v
B ARBAZAN. Arnauld-Guillaume de Barbeau,
honoré par Charles VII du .titre glorieux de chevalier
fans reproches, vainquit le chevalier de Lefcale
dans un combat ftngulier à la tête des armées de ■
France 8c d'Angleterre, en 1404. Après fa victoire
le roi lui fit préfent d’un fabre avec cette
devife} ut cafu grayjore ruant. Ce héros défendit
Melun contre les anglois 8c mourut des bleffures
qu il avoit reçues à la bataille de Belle ville.
Charles VII lui avoit permis de porter les trois
fleurs de lys de France-, fans brifure, & lui donna
dans des lettres patentes le nom de reftauratem?
du royaume 8c de la couronné de France. Il eut,
comme Duguefclin, l’honneur d’être enterré à
S. Denis , au milieu de nos rois.
BARBE. Il eft à remarquer, dit Voltaire, que
les orientaux n’ont jamais variés fur leur confiaé-
ration pour, la barbe. Le mariage chez eux a tou-
: jpurs été, & eft encore l’époque de la vie oià
; 1 on ne fe rafe plus le menton. L’habit long 8c
la barbe impofent du refpeCL
Les occidentaux ont prefque toujours changé
d habits*, 8c, fi on i’ofe dire, de menton. On
porta des mouftaches fous Louis X I V , jufques
vers l’année 16713 fous Louis X I I I , c ’étoit une
petite barbe en pointe. Henri IV la portoit quar-
rée. Charles-quint, Jules I I , François I , remirent
en honneur la large barbe qui étoit depuis
longtems paffée de mode. Les gens de robe alors,
par gravité 8c par refpeCt pour les ufages dé leurs
pères fe firent rafer, tandis que les courtifans
en pourpoint & en petit manteau portoient la
barbe la plus longue qu’ils pouvoient. Les rois ■*■
alors, quand ils voulôient envoyer un homme
de robe en ambaffade, prioient fes confrères de
fouffrir qu’il laiffât croître fa barbé fans qu’on fe
mecquât de lui dans la chambre des comptes ou
des enquêtes.
Une petite hiftoriette racontée par Paul Joves ,
dans l’éloge de Francefio Filelfo, montre jufqu’ à
quel point jadis les favans étoient jaloux de
leur barbe. Il étoit queftion de la quantité, ou
de l’accent d’ une fyllabe grecque entre cet
italien 8c un profeffeur , grec dé naiflance, '
nommé Timothée} l’un foutenoit que la dernière
fyllabe d’ un mot étant brève, il] falloir un circonflexe
fur fa pénultième, l’autre prétendoit.aue
l’accent devoit être aigu, parce que la dernière
étoit longue. On gage, l’un fa barbe , l’autre
une certaine fomme : le pauvre Timothée perdit,
8c quelque offre qu’il fit pour racheter fa barbe ,
l’impitoyable Filelfo la lui fit couper & la garda
chez lu i, comme un monument éternel de fa
victoire. In familia érudits, vicions troyksum re-
manft. II pouvoit fe vanter d’ avoir fait la barbe
à fon homme.
Ceci rappelle un propos du cardinal de Richelieu
au fujet du père Jofeph : il difoit qu’il
n y avqit pérfonne au monde qui put faire
la barbe à ce capucjn, quoiqu’il y- eût belle
prifé.
Hugues, comte de Châlons, ayant été vaincu
par Richard, duc de Normandie, alla fe jetter
a fes pieds avec une felle de cheval fur le dos,
pour marquer qu’il fe, foumettoit entièrement à
lui : « avec fa grande barbe, dit la chronique.
<» il avoit plutôt l’ air d’une chèvre que d’un
cheval ».
En 1 ^ 6 . François Olivier, depuis chancelier
de France, ne put être reçu au parlement qu’à
la charge de faire couper fa grande barbe, s'il vouloit
affilier aux plaidoyers : une grande barbe n’étoit
pas alors de la gravité d’ un magiftrat} cette coquetterie
n’ étoit permife' qu’à la cour.
Le 6 janvier 1 f 2 1 ,.François I , bleflfé à la tête
d’un tifon jetté par une fenêtre, eft obligé de
fe faire couper les cheveux qu’il étoit d’ufage
de porter longs avec la barbe rafée 5 mais voulant
gagner d’un côté ce qu’il perdoit de l’autre, il
laifta croître fa barbei 8c l’on vit auffitôt tous
les courtifans avec des cheveux courts 8c une
barbe longue.
Henri IV étant à Saint-Germain où il faifoit
bâtir, l’hiftorien Fauchet, plein d’amour propre,
ne manqua pas de s’y rendre pour demander
une penfion au monarque. Il trouva le roi dans
fes jardins, occupé à faire achever un Neptune,
pour l’ornement d’un baffin 5 le fculpteur faifoit
la barbe du dieu 5 Henri IV apperçut Fauchet
qui en portoit toujours une très-touffue : « Voilà
juftement, dit-il en regardant Fauchet, le modèle
de la barbe que nous cherchons ce.
Guillaume Duprat, fils du chancelier Duprat,
évêque de Clermont, qui affifta au concile de
Trente, 8c fit bâtir le collège des jéfuites de
Paris, avoit la plus belle barbe qu’on eût
vue. S’ étant préfenté à fon églife cathédrale
pour faire l’ office, 8c dire la méfié le jour de
Pâque, il trouva les portes du choeur fermées,
8c trois chanoines, dont deux étoient, l’un doyen,
8c l’ autre chantre. Ils attendoient leur prélat à
l ’entrée 5 le doyen tenoit en main des cifeaux
8c un rafoir qu’il élevoit fort haut, afin qu’on
le vît.
Le chanoine qui n’avoit point de dignité portoit
le livre des anciens ftatuts du chapitre, 8c
le tenqit ouvert dans l’endroit où il y aVoit écrit
qu’ il finit avoir la barbe rafe pour entrer au choeur,
Barbifi rafis. D ’un autre co té , le chantre ayant
une petite bougie en main, montroit à l ’évêque
l ’ertdroit où ces paroles étoient écrites, 8c.même
les prononça tout haut, en criant barbis rafis ,
révérend père en dieu, barbis rafis j 8c comme
' le doyen fe mettoit en état avec des cizeaux
de faire l’ office de barbier : l’évêque effrayé re-
préfenta d’abord qu’il étoit trop bonne, fête ce
jour-là 5 mais l’impitoyable doyen ne s’ arrêtant
point, 8c voulant tondre la belle barbe, le prélat
s'enfuit en criant, fauve ma barbe, je laiffe
mon évêché.
Il alla à toute jambe dans fon château de Beau-
regard à deux lieues de Clermont j il y tomba
malade de chagrin 8c en mourut.
Il avoit fait ferment, pendant fa maladie, de
ne jamais mettre le pied à Clermont, où on lui
avoit fait un fi grand affront. C ’eft de-là qu’eft:
venu lé proverbe Officium propter barbijicium ,
on ne fait point l’ office qu’on n’ait la barbe
faite.
M. le comte de Soiffons qui fut tué à Sedan
avoit la barbe rouffe. Etant à fa maifon de campagne
, où Elenri IV étoit venu pour une partie
de chaffe, il demanda, en prefence du ro i,
à fon jardinier, qu’il favoit être eunuque, pourquoi
il n’avoit point de barbe j le jardinier lui
répondit que le- bon dieu faifant la diftribution
des barbes, il étoit venu lorfqu’il n’en reftoit plus
que de rouffes à donner , 8c qu’il aima mieux
n’en point avoir du tout, que d’ en porter une
de cette couleur.
BARBE, fille d’ un feigneur bohémien appelle
Herman , époufa l’empereur Sigifmond en 1392..
Elle fe déshonora par fa vie licentieufe. Après
la mort de l’empereur quelques courtifans, fages,
l’engagèrent à imiter, dans fon veuvage, la tourterelle
: » N o n , j’aime mieux, dit-elle , fuivre
» l’exemple de la colombe qui ne vit jamais fans
» amours ».
B A R B E Y R A C , ( Jean ) né à Béziers , en
1674. Il femble, dit Voltaire que fes traités du
droit des gens , de la guerre , 8c de la paix qui
n’ont jamais fervi, ni à aucun traité de paix, ni
à aucune déclaration de guerre, ni à afîurer le
droit d’aucun homme , foient une confolation pour
les peuples des maux qu’ont fait la politique 8c
la force*
BARBIER, ( Louis ). Barbier plus connu fous
le nom d’abbé Rivière , mourut en 1670 à
Montfort-l’Amauri où il étoit né. De profeffeur
au collège Dupleffis, il devint aumônier de Gaf-
ton d’Orléans > fes trahifons envers fon maître, dont
il révèloit les fecrets au cardinal Mazarin , lui
valurent l’évêché de Langres, i! fut même nommé
cardinal ; mais cette nomination fut révoquée.
On dit qu’il fut Te premier eccléfiaftique qui ofa
porter perruque. Il laiffa, par teftament, cent
écus à celui qui feroit fon épitaphe : Lamon-
noye lui fit celle-ci :
Ci gft un très-grand perfonnage,
Qui fût d’un illuftre lignage ,
Qui pofféda mille vertus,