
Comme fa fierté croifloit en proportion de fa ?
rtcheffe, Thevenin, dans la chaleur d’une difpute ,
lui dit : fouviens-toi que tu as été mon valet ;
cela ejl vrai, répondit Bourvalais , mais f i tu avois
été le mien j tu le ferois encore.
BOUTIERES, lieutenant-général de-là les monts,
pour François I , quoiqu’il fût petit de taille , à l’âge
de 16 ans , il fit prifonnier un officier albanois qui
étoit d’une ftature gigantefque. Bayard voyant ce
coloffe, marqua fa fürprife de ce qu’il s’étoit laiffé
faifîr par un enfant, qui de quatre ans ne porterait
poil au menton. L’albanois confus voulut faire
entendre qu’il avoit été accablée par le nombre > tu
en as menti, reprit le jeune audacieux , remontons
a cheval , je vais te tuer, ou te faire crier une
fécondé fois , quartier. Le défi ne fut point accepté.
BOYER. L’abbé Claude Boyer3 naquit à A lby,
en 1618. Après avoir déclame, comme prédicateur
, contre le théâtre, il s’y confaçra entièrement.
Nous avons de cet auteur, vingt-deux pièces
dramatiques., qui ne lui ont pas fait une grande
réputation. Sa tragédie de Judith, applaudie pendant
un carême entier fût fiflée à la rentrée d’après
paques. La Champmêlé demandant quelle
pouvoit être la caufe d’ un pareil changement, un
plaifant répondit : fi la pièce n’a pas été fiflée dès
fa naiffance , c’eft que les fifleurs & les fiflets
étoient à Verfailles, pendant le carême, aux fermons
de l’abbé Boileau.
Fatigué de ne pas réuffir, l’abbé Boyer fit donner
fa tragédie d’Agamemnon, fous le nom d’un
de fes amis > Racine ne put s’empêcher d’applaudir.
Le véritable auteur s’en étant apperçu, s’écria
au milieu du parterre : c ’eft pourtant du Boyer,
en dépit de Racine. C ’eft aveu lui coûta cher,
fa pièce fut fiflée le furlendemain.
Voyant qu’une autre de fes pièces n’avoit point
de fpeftateurs , il en attribuoit la caufe au mauvais
tems, c’eft à cefujet que Furetieres fit l’épigra-
me fuivante.
Quand les pièces repréfentées
De Boyer, font peu fréquentées ,
Chagrin d’avoir peu d’afliftans,
Voyez comme il tourne la ch o fe ,
Vendredi la pluie en eft caufe,
Et Dimanche c’eft le beau temps.
L ’abbé Boyer mourut à Paris en 1698,
BRASIDAS, général des Lacédémoniens, mort
d’une bleffure , vers l’an 414 avant Jefiis - Chrift.
Comme on louoit devant fa mère fes grandes actions
, & qu’on le mettoit au deffus de fes com-,
, patriotes , vous vous trompe£ , dit cette genereufe
Spartiate , mon fils avoit de la bravoure ; mais
Sparte a plufieurs citoyens qui en ont encore plus
que lui,
BRAVADE. On fe fert de ce mot dans lè
langage familier pour fignifier une fauffe bravoure ,
qui ne confifte que dans lés paroles , & nullement
dans l’ame.
Un gàfcon racontoit fes proueffes au maréchal
de Baflompierre : dans un combat naval, lui crioit-
i l , j’ ai tué trois cents hommes, à moi feul. Et moi,
dit le maréchal, étant en Suiffe, je me gliffai par
une cheminée, pour voir une belle que j’aimois.
Le gafcon foutint que cela étoit impoffible. Ah !
monfieur , reprit le maréchal, je vous ai 1 aille tuer
tranquillement vos trois cents hommes , à vous
tout feul j laiffez-moi, je vous prie, deftendre par
une cheminée pour voir une jolie femme.
Un efpagnol ayant eu un différend avec M. de
Tréville, commandant des moufquetaires, ils le battirent
: l’efpagnol défarmé & redevable de la vie
à fon adverfaire , lui demanda de quel pays il étoit.
Je fuis de Bearn , répondit Tréville: je ne m’étonne
pas fi vous êtes fi brave, répondit l’orgueilleux
vaincu , vous êtes de la frontière d’Efpagne.
Un nourriffon de la Garonne difoit à fes amis :
depuis'que le duel eft défendu, il eft venu^du
poil dans la paume de la main de tous les mâles*
de notre famille.
Allons, monfieur, l’épée à la main, difoit un pa-
rifien à un gafcon qui l’avoit offenfé. Comment,
allons , reprit celui-ci ! à qui croyez-vous parler ?
commandez à vos valets 5 a rien ne tient que je ne
punifle votre peu de favoir vivre , par une mort
foudaine > mais . . . je vous donne la vie.
BRAVOURE*. On peut définir la bravoure ,
une fermeté d’ame qui nous fait braver le danger,
par honneur ou par devoir.
Des foldats perfes fe vantoient devant un lacé-
démonien /que les traits & les javelots de l’armée
de leur roi , étoient en affez grand nombre pour
obfcurcir la lumière du foleil ; tant mieux, répondit
le fpartiate, nous combattrons à l’ombrer
Les romains étant entrés dans la Per fe pour humilier
cette nation rivale, formèrent le fiège de Bé-
jude} château fitué fur un roc efcarpé, & défendu
par une tour avancée, conftruite de pierres auffi
dures que le diamant. La place paroiffoit imprenable.
On attaque, on emporte la tour5 on donne
l’affaut au corps de la citadelle, & la valeur pref-
que miraculeufe d’un foldat, appellé Sapérius ,
y fait arborer l’aigle romaine. Cet intrépide guerrier
s’avance jufqu’ au pied de la muraille* brave les
traits des affiégés ; puis, enfonçant des coins aigus
les uns au-deffus des autres, entre les jointures
des pierres, &: s’accrochant avec les mains
aux inégalités du mur, il vient à bout de monter
aux créneaux. Il y touchoit, lorfqu’un perfe roulant
fur lui une pierre énorme, le précipite du haut
en bas. 11 n’étoit qu’ étourdi de fa chute : il fe re->
lève , & courant une fécondé fois au rempart, il
y remonte avec la mçme intrépidité. Le perfe le
renverfe encore, en failant tomber fur lui un pan
de muraille déjà ébranlé par le bélier. Sapérius ,
toujours auffi heureux & auffi magnanime, remonte
une troifième fois, parvient enfin au haut du mur,
abat d’un coup de fabre la tête de fon ennetni,
& la jette aux pieds des. affiégeans. Les romains ,
étonnés de ces prodiges de hiardieffe, s’empreffent
de fuivre le héros. Un frere de Sapérius eft bientôt
à fes côtés , & fécondé fa bravoure triomphante.
Enfin, une foule de foldats monte à l’ef-
calade , & Béjude eft fournis à l’empire romain. !
Le comte d’Harcourt difoit à M. d’Aguerre :
s» le roi nous commande d’attaquer les ifles. On
3» commencera par celle de Sainte - Marguerite.
93 Croyez-vous pouvoir y defcendre avec vos
gens ? — Dites - moi , mon général, le foleil
33 entre-t4 L dans cette ifle? Eh ! o u i, fans doute ,
33 il. y entre. — S’il y entre, mon régiment pourra
a» bien y entrer «. Il tint parole.
Le fiége de 1 a Rochelle , le boulevard du cal-
vinifme, fournit un fingulier exemple de bravoure.
Les catholiques, commandés par le duc d’Anjou
affiégeoient cette place en 1573. Il y avoit près de
la contrefcarpe un moulin nommé la Brande , dont
Normand , capitaine , avoit obtenu la propriété ,
fous condition qu’il le feroit garder. Il penfe d’abord
aie fortifier > mais voyant qu’il ne parviendra
pas à le mettre en état de défènfe , il fe contente
d’y tenir pendant le jour , quelques foldats qui fe
retirent lefoir, & qui n’y laiffent qu’ une fentinelle.
Strozzi, Un des généraux catholiques , qui croit
pouvoir tirer avantage de ce moulin, profite d’un
clair de lune pbur l’attaquer avec un dérachement
& deux coulevrines. Un foldat de l’ifle de Rhé ,
nommé Barbot, unique défenfeur de ce mauvais
pofte , y tient ferme i il tire avec une célérité} incroyable
plufieurs coups d’arquebufe fur les affail-
lans 5 & en variant les inflexions de fa voix , fait
croire qu’il a un affez grand nombre de camarades.
Le capitaine Normand l’encourage du haut d’un cavalier
, & lui parlant comme s’il y avoit une com.
pagnie entière dans le moulin, il crie qu’on fou-
tienne bravement l’attaque , & qu’on va envoyer
du renfort. Barbot fe voyant fur le point d’ etre
forcé, demande quartier pour lui & pour les liens,
on le lui accorde. Auffi-tôt il met bas les armes ,
& montre toute la garnifon dans fa perfonne.
Henri I I , duc de Montmorency : affiégeoit
la ville de V a is , en Vivarais : un de fes maréchaux-
de-camp, le baron de Moreze, s’étant approché
de trop près de la place, pour la reconnoitre, fut
tout-à-coup enveloppé par les affiégés, & percé
de coups. Le duc de Montmorency fe jette* à
corps perdu dans la mêlée, écarte l ’ennemi par
des prodiges de valeur, charge l’officier bleffé fur
lès épaules & le ramene au camp, au milieu des
acclamations de fon armée.
Campiftron, auteur d’Andrcnic &: de Tiridate,
étoit fecrétaire de M .le duc de Vendôme : à Stin-
kerque où ce grand général fignala fon intrépidité,
il vit le poète à fes cotés, & lui dit: « que faites-
33 vous ici? — Campiftron répondit froidement t
“ J’attends, monfeigneur, ^ue vous vouliez vous
en aller.
Clovis écoutantS. Remi qui lui lifoit la paffion,
s’écria : que n’étois-je là avec mes francs pour
le venger.
Voici un trait qui prouve que les femmes ne font
pas étrangères à la bravoure, & à ce fentiment
d’héroïfme qui fait affronter les périls les plus
imminens.
Il eft arrivé à Grenoble ( dit-on dans lés affiches
du Dauphiné ) , une‘jeune fille qui a fervi durant
toute la guerre dernière, & qui s’eft trouvé à tous
les» combats de MM. d’Eftaing , de Guichen & de
Graffe. Cette fille, âgée de dix-fept ans, eft native
de Serres en Gapençois , & fe nomme Adélaïde
E-lie. Elle s’enfuit de la maifon paternelle dès
l’ âge de onze ans, parce qu’ elle y étoit maltraitée
par une belle-mère , & elle prit la route de Mar-
l'eille. Arrivée dans cette ville, elle étoit fans ref-
fource & fut réduite à mendier j mais cet état
abjeét révolta bientôt fon ame naturellement fière.
EUe forma la réfolution de fervir le roi. On fai-
foit alors des enrôlement de jeunes garçons pour
le fervice des vaiffeaux. Elle va chez un frippier
pour troquer fes vêtemèns de fille contre des vê-
temens de garçon, part pour Toulon, & fc
préfente pour fervir fur les vaiffeaux de la marine
royale. Elle eft claffée fur le pied de fous-mouffe,
& embarquée fur le vaiffeau le Glorieux. C ’eft fur
ce vaiffeau qu’elle fit les principales campagnes de
cette guerre. Elle y reçut en différentes fois trois
coups de feu, dont l’ un lui caffa le bras , & les
autres l ’atteignirent au gras de la jambe & de
la cuiffe, près du genou. Ces événemens ne
la rebutèrent point , & ne lui donnèrent jamais la
tentation de fe faire connoître. Enfin , fous M . de
Graffe elle fut faite prifonnière fur le Glorieux,
& conduite en Angleterre, où elle a refté jufqu’ à
la paix. Elle n’a été reconnue qu’ à fon retour en
France. Le roi, en confidèration de fa bravoure
& de fes bleffures , lui a accordé, à titre de pen-
fion, la demi - folde de matelot.
- BRENNUS. Brennus, général gaulois, paffa
dans l’orient, à la tête de cent cinquante-deux
mille hommes de pied & de vingt mille chevaux-
II remporta d’abord de grands avantages fur différentes
nations j mais au moment où il s’avançoit
pour piller le temple de Delphes, fon armée fut
repouffée 5 & le général audéfefpoir de fa déroute,
fe donna la mort après s’y ' être préparé par un