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^rand écuyer de France. Le haut degre de côn-
fidération & de faveur dont il jouiflbit, lui fit*
oublier la reconnoiffance qu’il devoitau cardinal ,
il afpira- même à le fupplanter. C e miniftre s’en
apperçut, & trouva mauvais que M. de Cinq-
Mars marchât toujours fur fçs talons quand il al-
• loit chez le roi, & lui reprocha durement fon ingratitude.
Cinq-Mars3 pour s ’en venger, excita
Gafton, duc d’Orléans, à la révolte,. & attira le,
duc de Bouillon dans fon parti. Cinq-Mars, tout
en trahiffant fon maître, abufoit fteYes confidences
pour l’ aigrir contre le cardinal. Richelieu
tombé malade étoit fur le point de fuccomber,
lorfqu’il eut le bonheur de découvrir le traité fait
entre les fa&ieux & les Efpagnols. Cinq-Mars îvx
arrêté à Narbonne & conduit à Lyon j on inf-
tiuisît fon procès, & le i 2 feptembre 1642 , il
eut la tête tranchée. C ’eft en fourniffant des preu-
- ves contre Cinq - Mars, que Gafton obtint fa
grâce.
C I T A T IO N S R EM A R Q U A B L E S . L e fard
dont ufent nos dames ne réuffit pas ai* grand
jour. Une dame qui en avoit mis à l’excès, re-
te v o it , l’après-midi d’un beau jour d’été, vifite
chez elle. Quelqu’un lui confeilla malicieuferçient
de fermer les rideaux de fes fenêtres, & lui récita
ee'vers :
S angar ide, ce jour eft un grand jour pour vous.
Aboulaina, dofteyr arabe, célèbre par fes bons
mots, vivoit fous le califat d’Abdalmalek. Moyfe,
fils de ce calife, ayant fait mettre à mort un des
amis d’Aboulaina, fit répandre le bruit que cet
homme s’étoit évadé. Quelqu’un demanda un jour
au doreur .ce qu’étoit devenu fon ami. Il répondit
dans les mêmes termes qui font rapportés au
ivre dp l ’exode au fujet de Moyfe qui tua un Egyptien
: Moyfe le frappa , & i l -en mourut. Cette allu-
fion, qui fut bientôt divulguée, déplut extrêmement
au Prince. Il envoya chercher le dofteur,
fe le menaça de le punir s’il avoit le malheur de
s’échapper en paroles indifcrettes. Aboulaina, fans
s’étonner, lui répondit par ce verfet du même chapitre
: Ejl-ce que vous vouley me tuer aujoürd’hui ,
çomme vous tuâtes hier cet Egyptien ? Le prince
trouva la citation très-heureufe, fe réprima fa colère.
Un avocat de Touloufe, nommé Adam , faifoit
des harangues que devoit prononcer un préfîdent.
C e t avocat fut obligé défaire un voyage à Paris.
Pendant fon abfence, le préfident eut une harangue
à faire, qu^l compofa du mieux qu’il put}
comme il la prononçoit, un confeiller qui le vit
embarraffé, cita ce? paroles de la genèfe : Adam
ubi eft ? oit eft Adam.
Duperrier difoit un jour : « Il n’y a que les
vr foux qui n’eftiment pas mes vers. « Sur quoi
M» 4 ’H.erbeJpt lui cita le mot 4e Salomon ; Stul-
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forum mfinitus eft numerus. Le nombre des foux eff
infini.
C I T O Y E N R O M A IN . N otre grand Corneille
fait d ire , par Emilie, à C in n a , ces vers majef-
tueux :
Pour être plus qu’un Roi tu te crois quelque chofe ï
Aux deux bouts de la terre en eft-il un fi vain
Qu’il prétende égaler un citoyen romain?
Antoine fur fa tête attira notre haine
En fe déshonorant par l'amour d’une reine :
Artàle, ce grand r o i, dans la pourpre blanchi,
Qui du peuple romain fe nommoit l'affranchi,
Quand de toute l’Afie il fe fût vu l'arbitre ,
Eût encore moins prifé fon trône que ce tkrte.
Souviens-toi de ton nom / foutiens fa d ign ité,
Et prenant d’un romain la générofité,
Sache qu’il n’en eft point que le ciel n’ait fait naître
Pour commander aux Rois & pour vivre fans maître.
C IV IL IT É . La civilité eft fouvent une vertu de
mine & de parade. C ’eft une ftatteufe qui ne re-»
fufe fon eftime à perfonne.
Le prince d’Orange répondit à ceux qui lui reprochoient
d’être trop civil : »Que les hommes qui
» ne coûtoient qu’une belle parole ou un coup
*» de chapeau, étoient achetés à bon marche.
C L A IR A U T ( Alexis Claude ) , célèbre Géomètre
françois,né ep 1 7 13 , mort en 176$. On
a mis au bas de fon portrait ces vers qui retracent
fes illuftres travaux.
Par fes travaux la terre a changé de figure,
La lune vit par lui fes écarts dévoilés j
Ces globes chevelus, errans à l'aventure,
Fixèrent leur retour à fa voix rappellés ;
Et fon calcul profond, rival de la nature,
Démontra les fecrets à N ewton révélés.
C LA R K E (Samuel), né à Norwich en 167 fa
tient un rang diftiqgué parmi les philôfophes de
l’Angleterre. Son mérite avoit engagé la reine
Anne à le nommer Archevêque de Cantorbérî*
majs Gipfpn, évêque de Londres, dit à cetteprin-
cefle,'Madame, Clarke eft le plus favant & le plus
honnête homme de U Angleterre , i l ne lui manque
qu’une chofe, c’eft d’être chrétien.
C L A U D E , empereur romain, né à Lyon, dix
ans avant l’ère chrétienne , mort empoifonné ,
l’an 54. de Jéfus-Chrift. !’! étoit fils de Drufus fe
oncle de l’empereur Caligula, auquel il fuccéda
l’an 41 de Jéfus-Chrift. ,
Caligula a y a n t été | l e f é n a t s’aflembla
pour établir une i dç g o u v e r n e m e n t . Pans
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îe têtus qu’il délibéroit, quelques fpldats-entrèrent
dans le palais 5 ils trouvèrent, dans un lieu
obfcur , un homme tremblant de peur > c etoit
Claude .‘ ils le faluèrent empereur.
• Son caractère étoit celui de tous ceux qui par- ■
tageoient fa confiance. Méchant par confeil, cruel
par foibleffe, il n’étoit, dans le fond, qu un im-
bécille. Il s’avilit fur-tout en fe rendant lefclave
4e l’infâme Meffaline, fon époufe.
Parmi les différens traits de fa v ie, on pourroit
en citer deux , qui prouveraient que. les efprits
les plus ineptes ont quelquefois des mo’mens heureux.
Une mère plaidoit devant lui, fe refufoit
de connoître fon fils. «= Claude lui ordonna, puifque
» ce jeune h#mme ne lui appartenoitpaSj de l ’épou-
» fer. » L’horreur qu’une telle union devoit inf-
pirer à cette femme, l’obligea à convenir de la
vérité qu’elle nioit.
Dans le têms de fa eenfure, il avpit mis une note
flétriffante à côté du nom d’un chevalier j fe les
amis de ce chevalier, intercédant pour lu i, il
confèntit à effocer la note. Mais je ne ferai pourtant
pas fâché, dit-il, que la rature paroifie. Ce
trait, mêlé d’indulgence fe de févérité, eft remarquable.
F Pendant que l’empereur Claude interrogeoit les.
complices d’une confpiration formée contre lu i,
fe qu’ il venoit de découvrir, on voyoit fes affranchis
, affis à fes côtés, prendre eux-mêmes
connoiffance des affaires. Narciffe reçut en ce moment
une bonne leçon d’ un certain Galéfus, affranchi
de Camille, un des chefs dé la conjuration. L ’impudent
favori le fatiguent par fes queftions continuelles
, fe lui demandoit, entr’autres chofes r,
ce qu’il auroit fait fi fon patron fut devenu empereur
? « Je me ferois tenu debout auprès de lui',
» répondit Galéfus, fe j’ aurais gardé le filence
C laude I I , empereur, fe fucceffeurde Gal-
lien, mort en 270.
Une femme vint le trouver, fe lui dit : « Prince,
« un officier, nommé Claude , a reçu ma terre de
.» Gallien ; c’étoit mon unique- bien * fe comme
« vous étés équitable., . faites - moi la rendre s».
Claude, reconnoiffant que c’étoit de lui-même que
cette femme par soit, répondit avec douceuc : I l
eft jufte que Claude 3-empereur , reftitue ce qu’a pris
Claude, particulier,
- C L É A N TH E , fafûçux philofophe ftoïcien,
mort vers l’an 220 avaht Jéfus-Chrift: Il ne dut
qu’ à fon courage. & à fon induftrieufe application
la vàfte érudition; fe la haute fageffe qui l’il-
luftrèrent. Il futd’abord athlete ; mais , dans un
Voyage qu’il fit à Athènes, il fe. mit au nombre
des Map!es de Zenon, 8c s’adonna tout entier à
l ’étude./Afin de pouvoir confacrer le jour , fans
inquiétude, à ce noble & utile loifîr, iPgâgnoit
c L e -
fa -vie à tirer de l’eau pendant la nuit. Sa pauvreté
ne lui permettant point d’avoir des tablettes
, il écrivôit fur des os. On lui reprochoit un
jour fa timidité. C’eft , dit-il , un heureux défaut,
qui m empêche de commettre beaucoup de fautes.
C L É A R Q U E , célèbre général Spartiate „ mort
l’an 403 avant Jéfus-Chrift. Sa maxime étoit, qu’on,
: ne f auroit rien faire d’une armée fans une févêre dif-.
' cipline., & qu’un foldàt doit plus craindre fon gé- ,
ncral que les ennemis.
CLÉMENCE. La clémence enchaîne tes coeurs
avec des liens qui ne fe rompent jamais.
On difoit d eC é fa r , qu’il ne donnoit pour gar-
nifon aux villes qu’il avoit prifes que le fouvenir
de fa clémence3 parce qu’il leur laiffoit la liberté de
fuivre le parti qui leur plaifpit.
Henri IV demandoit au jeune duc de Montmo-
renci, quelle étoit la plus grande qualité d’un
» roi ? — C ’eft la clémence y réppndit le. duc. ——
» Pourquoi la clémence plutôt que le courage, la
m libéralité, &• tant d’ autres vertus qu’un fouve-
» rain doit pofféder ? — - C’eft qu’il n’appartient
« qu’aux rois de pardonner ou de punir le crime
v en.ee monde
On amena deyant Alexandre un chef de .rebellés
3 p ie d sm a in s liés, .comme un criminel
deftiné au dernier fupplice. Le roi de Macédoine
le fit mettre en liberté , & lui pardonna, au
grand étonnement de tous l.es fpeélateurs. Un de
fes favoris prit la liberté de lui dire : « Si j’ avois
m été en votre place , Teigneur, je n’aurois point
. s» ufé de clémence envers cet homme. — Parce que
« je ne fuis pas en la vôtre,ilui répondit aufli-tôt le
w conquérant de f Afie, je lui ai pardonhé. Vous igno-
53 re z , fans doute,-Jquë poùE une belle ame , la
5î clémence a plus de douceur que la vengeance »»*
Le pardon qu’Augufte accorda au feditieux Cinna
eft le plus bel èxemple fe.clémence que l’hiftoire
fournifle à notre admiration. Cinna , petit-fils de
Pompée , mais peu digne d’un fi grand homme ,
fut dénoncé à l’empereur comme chef d’une .confpiration
tramée contre fes jours.’ C ’ çtpit un des
complices qui donnoit cet avis j il marquoit le
lieu, le rems, les arrangemens pris pour tuer le
prince, pendant, qu’ il offiriroit un facriftce j de façon
que le crime étoit avéré, & ne pouvoit fouf-
frir aucun doute.
Augufte fit venir lè c o u p a b le ,lu i dit : « Cinna,
>5 je vous ai autrefois donné la yie comme à mon
33 ennemi, je vous la donne aujourd’hui comme à
33 mon affaffin : commençons, dès ce moment, à
33 être amis fincères.-; Piquons-nous d’émulation £
33 moi, pour foutenir^mon bienfait * vous, pour y
»3 répondre. Efforçons -■ nous de rendre douteux,
»»■ 's’ il y aura de ma-part plus de générofité, ou 4»