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iîdiens. On fait que css derniers font d’excellens
coureurs. Pour connoître le degré de vitefle d'une
gfenQuilleTtzmtdM , quelques fuedois gagèrent avec
un jeune indien exercé à la courfe qu'il n'attrap-
peroit pas un de ces animaux qui auroit fur lui
.deux fauts, ou fix verges. En effet, ils portèrent
. une grenouille dans la campagne, 8c lui mirent un
charbon allumé fur le dos. La douleur ^que cet
animal eprouvoit , & la proximité de l'indien
qui le ' pourfùivoit , produifirent un tel effet,
qu'il fut arrivé à l'étang plufieurs minutes avant
l'indien. La population de ces grenouilles varie fui-
vanf les années : elle efl quelquefois très-confï-
dérable . 8c quelquefois très-petite. On ignore fi
les ferpens vont les attaquer comme les grenouilla
ordinaires. Les femmes font leurs ennemis jurés.
Ces animaux mangent les oifons & les jeunes canards
, quelquefois même les •poules qui viennent
trop prêts de leurs étangs. On ne les a jamais vus
mordre quand on les tient > mais fi on les bat,
elles jettent des cris femblables à ceux dès enfans.
On mange les cuifles de ces fortes de grenoui^es 3
comme celles des autrçs plus petites, & ç'çft un
mets très-délicat.
G r u e s . Les g^ues font fort lentes à prendre leur
effior , 8c pour n’être pointfurprifes à 1 improvifte,
elles fie relèvent les unes les autres pendant la nuit
pour faire fentinelle> & comme celle qui eft au guet
'craint de s'endormir, elle tient un pied en l'a ir , &
faifit avec fes griffes une pierre ou une motte de
terre q u i, venant à tomber quand elle s'endort;,,
la réveHle aufll-tôt. La grue ne peut foutenir, en
v o la n t , le poids de fa t ê t e , & par un inftinéfc tout
p articulier, elle la repofe fur le dos de ce lle qui
v a devant e lle i lorfque ce lle -ci eft fa tigu ée , elle
quitte fa p la c e , 8c va repofer la fienne fur le dos
de celle qui eft à la queue , fans quoi ellç ne pour-
to it voler.
Lapins. Pline affure que les habltans de Minor-
que demandèrent un fecours de troupes à Augufte,
contre lès lapins qui renverfoient leurs maifons 8c
■ leurs arb-res,
Lionne. L^hiftorlen du Paraguai rapporte un fait
extraordinaire d'une lionne. Les efpagnols fié trou-
voient alïiégës dans Bqénos»aires par les peuples du
canton. Le gouverneur avoit défendu à tous ceux qui
demeuraient dans!»ville, d’en fortir. Mais craignant
eue la famine , qui commençoit à fe faire fientir,
ne fît violet ffes ordres, il mit des gardes de toutes
: parts, avec ordre de tirer fur tous ceux qui cher-
cheroient à paflfer l’enceinte défignée. Cette précaution
retint les plus affamés, à Exception d une
‘feule femme nommée Maldonota^ qui trompa la
•vigilance de fes gardes. Cette femme, après avoir
erré dans des champs»déferts, découvrit une caverne
, qui lui parut une retraite sûre contre les
i taais elle y twuyâ m 8 ptns p&Wite i
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vue la faifit de frayeur. Cependant les careflès de
cet animal la raffinèrent un peu : elle reconnut
même que ces careffes étoient intéreffées La lionne
étoit pleine, 8c ne pouvoit mettre bas} elle fem-
bloit demander un fervice que Maldonota ne craignit
point de lui rendre. Lorfqu'elle fut heurçufe-
.ment délivrée, fa réconnoiftance ne fe borna point
à des témoignages préfens : elle fortit pour chercher
fa nourriture^ &, depuis ce jour, elle ne manqua
point d'apporter, aux pieds ae fa libératrice, une
provifion qu'elle partageoit avec elle. Ges foins
durèrent auffi long-teAps que fes petits la retinrent
dans la caverne. Lorfqu elle les en eut retirés,Mal-
donota ceffa de la voir, & fut réduite à chercher
fa fubfiftanee elle-même. Mais elle ne put fortir
fouyent fans rencontrer les indiens, qui la firent
efclave. Le ciel permit qu'elle fût reprife par des
eipagnols, qui la ramenèrent à Buénos-aires. Le
gouverneur en étoit forti. Un autre efpagnol, qui
commandoit en fon abfence, homme dur juiqu’à
la cruauté, favoit que cette femme.avoit violé une
loi capitale , il. né la c.rut pas affez punie par fes
infortunes. Il donna ordre qu'elle fût liée au tronc
d'un arbre, en pleine campagne , pour y mourir
de faim, qui étoit le mal dont elle avoit voulu (& garantir par fa fuite , ou*poufr y être dévorée par
quelque bête féroce. Deux jours après, il .voulut
favoir ce qu'elle étoit devenue. Quelques foldats,
qu'il chargea de cet ordre , furent furpris de la
trouver pleine de vie , quoiqu'environnée de tigres
• 8c de lions, qui n'ofoient s'approcher d'elle, parce
qu'une lionne , qui étoit à Tes pieds avec plufieurs
lionceaux., fembloient la défendre. A la vue. des
foldats, la lionne fe retira un peu, comme pour
leur laiffer la liberté de délier fa bienfaitrice., MaL
donata leur raconta l'aventure de cet animal ,
qu'elle l'avoit reconnu au premier moment fi ' &
lorfqu'après lui avoir ôté fes liens, ils fç difpofQÎent
à la reconduire à Buénos-aires, il la'eareffa beaucoup
, en paroiffant regretter de la voir partir. Le
rapporç qu'ils en firent au commandant lui fit comprendre
qu*il ne pouvoit, fans paroître plus féroce
que les lions même, fe difpenfèr de faire graççà
une femme dont le ciel avoit pris fi fenfiblement
la défenfe. On cite plufieurs garans dè cç fait fin-
guliçr.,
Mule. Plutarque, dans la vie de Caton le cenfêur,
parle d'une mule , qui, ayant été très-long-temns
employée à des travaux publics , fiit mife en liberté
i on la laiflbit paître où elle vouloit. Mais
çet animal' regrettant en. quelque forte d'être
utile, ;vénoit de lui-même fe préfenterau travail,
8c marchoit à la tête des autres bêtes de fomtne,
comme pour les exciter & les encourager} ce qye
le peuple vit avec tant de plaifir, qu'il ordonna
que la mule feroit nourrie fa ipoçt aux
dépens du public.
QisçAyx.îQft ypjt çpinniunément fkr les bords
m
A NI
Nil, de gros crocodiles étendus fur P eau, comme
|de grandes poutres, fans mouvement. Une multitude
d'oifeaux, qui relfiemblent affez à des vanneaux , I
qui font auffi gros, volent autour, 8c entrent, •
lie temps en temps, dans leurs gueules béantes.
[Dès qu’ils y ont demeuré un peu de temps, les
[crocodiles la ferment, & la rouvrent bientôt après
[pour les biffer fortir. Ces oifeaux ont, en effet,
Lune pointe très-aigue au bout des ailes, 8c piquent
[le crocodile quand ils fe trouvent enfermés ; ce
I qui l'oblige à leur rendre la liberté : ils fe nour-
Iriflent apparemment de ce qui refte aux dents de
icet animal , ayant de quoi fe garantir, par leur
[ piquure, du danger qu’ils courroient fans ce fecours.
[ C'eft, fans doute, ces oifeaux dont parle Pline ,
[ 8c qu’il nomme Trochilos. Boetar, auteur arabe,
| en raconte la même chofe, fans les nommer. Il
| y a des aîles de ces oifeaux curjeux dans le cabinet
de M. le duc d'Orléans.
[ Ours. Tout l'équipage de la frégate la Carcaffe,
envoyée pour faire des découvertes vers le pôle arc-
[> tique, a été témoin du fait qu'on va lire. Ce vaif-
| feau étoit arrêté par les glaces. Un jour, de grand
| matin , la fentinelle du grand mât avertit que trois
wqMs accouroient fur les glaces vers la frégate.
| L'équipage avoit tué quelques jours auparavant
j un cheval marin, 8c en avoit jette fur la glace
1 quelques parties de rebut.
Apparemment que l'odeur de ces chairs enflammées
, répandue au loin par la fumée , attiroit ces 1
; ours. Effectivement, ils fe précipitèrent fur la flam-
: me, en retirèrent avec leurs pattes ce qui n'étoit pas -
[ encore confumé , 8e le dévorèrent. L'équipage leur
jetta ■ quelques autres morceaux de chair. La mère
vint les ramaffer un à un , les porta auprès de fes
[ outfins, en forma trois parts , leur donna les deux
i plus grandes , &: ne réferva pour elle que la moin-
i dre. Au moment qu'elle enîevoit le dernier mor-
| ceau, fes deux petits'furent tués., & elle reçut
i elle-même un coup de fufil. C’eft alors' qu’elle
[ offrit un fpeétacîe propre â toucher le coeur le plus
| dur. Bleffée grièvement 8c pouvant à peine fe traî-
[ ner, elle retourne, en répandant fon fang/à l’en-
I droit ou fes ourfins étoient tombés, leur porte le
morceau de chair.qu’elle avoit pris , le partage,
I & leur prélènte. Voyant qu’ils ne fe mettoient par
i en devoir de le dévorer , elle pofe une de fes pattes
I fur l'un , puis fur l'autre, pour les faire lever, 8c
I pouffe des cris douloureux en les voyant refter im-
I mobiles, fon afEidion fe peint dans fes yeux oc
I dans fa démarche. Elle s'éloigne en foupirânt 8c
i la tête baiEee,. s'arrête à quelque diûance, revient
I encore auprès de fes petits, tourne autour d'eux ,
I les flaire , lèche leurs plaies , & fe traîne de nou-
I veau à quelques pas , en fié : retournant fouvent,
1 & rempîiflant l'air de fie,s,gémiffiemens. Enfin, étant
B encore revenue une troifième fois auprès d’eux,
I elle fentit, après tant de tentatives inutiles, qu'ils.
E ncyclop édiana.
À N I 8 1
étoient froids 8c fans vie. Hile fe tourna vers lé
vaiffeau, 8e fembloit par fes hurlemens maudire
les meurtriers de fes petits^ ou les prier de lui
donner la mort à elle-même ; on lui tira alors quelques
coups de fufil qui la renversèrent entre les
deux ourfins.
Le Poisson vol in t de la Jamaïque J
eft une des particularités les plus remarquables
de cette île. H a deux nageoires très - longues
qui lui fervent également à aller fur Peau 8Ç
à s’élever dans l'air. Il reffemble au hareng pour,
la groffeur 8c pour la figure. Ces joiffons font
fort unis entr’eux . 8c volent, de compagnie en,
grand nombre, cherchant à éviter d’autrespoif-
fons dont ils font expofés à .être dévorés. Ils ne
demeurent hors de l’eau qu’auffi long-temps que,
leurs aîles ou nageoires font mouillées ; ils ne peuvent
plus fe foutenir enl’airlofqu'elles viennent à fe
fécher. Il arrive fouvent, à caufe de cela, qu’elles
tombent dans les vaiffeaux, 8c deviennent aifé-
ment la proie des matelots, qui les mangent, ou
les font fervir d’appât pouf prendre de plus gros
poiffons. Le goût "de leur chair peut fe comparer à
celui de la merluche, dont ce poijfon diffère peu;
Il eft à-peu-près de la même groffeur, mais moins
grand , 8c fa. peau n’éft ni auffi tranfparente, ni
' auffi argentée..
P ourceau .Voici un fait fîngülier, rapporté dans
lejournal du voyage fait auxîles Malouines. On avoir
tranfporté environ une domaine i é pourceaux mâles
ou femelles, dans Ce nombre étoit un pourceau coupé.
Après les avoir débarqués tous , ils allaient chercher
leur vie dans la campagne, 8c ne manquoient
pas de revenir tous les foirs paffer la nuit tout auprès
du camp. Au commencement, on leur avoir
Sait une efpèce de litière avec du foin ; 8c ils s’y
trouvoient bien fans doute,- quoiqu’ils belle étoile,
puifqu’ils s’y rendoient exaâemerit. Quelqu’un re-
• marqua que le pourceau coupé devançoit ordinal-
. rement le retour des autres d’environ une demi-
heure, alloit rôder autour de la litière, 8c en ar-
rangeoit le foin , qu’il en arrachoit avec les dents
pour le porter au gîte, 8c rempliffoit les endroits
oil il manquoit. Les autres étant arrivés, fe cou-
choient enfemble , & lui ne s’y mettait que le
dernier. Lorfque quelqu’un d’eux né fe trouvoir
pas à fon aife, il fe levoit 8c s’en prenoit au pourceau
coupé : le mordoit, 8c l’oblige oit à coups de dents'
d’aller chercher du foin, 8c d’en fortifier la litière : les
femelles fur-tout étoient fort-difficiles fur cet article.
Quelques perfonnes ont remarqué que les
lumens ne peuvent fouffrir les chevaux hongres.-
Renard. Un renard voulant faire, fa proie d’un
coq d’Inde qu’il voyoit perché fur un arbre, imagina
i ce ftratagême : il fe mit à tourner autour de l’arbre
avec beaucoup de vîtefte, & pendant affez longtemps
; attentif au mouvement,circulaire de fon en-
neoeule coq.d’Inde faifoit.autant détours de tète,