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Ion arrivée en Pologne, il trouva tout changé
l É l l f ® ! & f l " i P »4 , k . * r a n b a r q u e r .
.. e “ r [ ol'B-'u,c> ob.ige de quitter la Pologne,
L 'P 'r ° r -r? , en ■ arrivant en France de fe retirer
dans Ion abbaye de Bon-Port. Il y émit encore
loiIq,ue le duc d Anjou fut appelé an trône d'Ef
pagne. Il écrivit a Louis XÏV : « Site, fi les prof-
penccs de votre majdlé ne mettent' point fin
a mes malheurs , du moins me les font-elles
oublier »>,- - , -
A lçxaltat'nn de Benoit XIII en 17 14 , le cardinal
de Polynac fut déclaré miuiftre du roi à
Kome , & il forma alors un projet digne du goût
qu il témoigna toujours pour les beaux arts, pour
les antiques principalement. Il n'ignoroit point
que durant les guerres civiles qui troublèrent les
plus beaux jQiits de. la république romaine, 8e
e premier fiecle de 1 empire, le parti qui prévaloir,
ne manquent jamais de jetter dans le-Tibre
m t W f c ï ® les trophées qu’on avoir
eleves a 1 honneur du parti oppofé. Quelquefois
n les bnfoit ou on les mutilait auparavant ; mais
pour I ordinaire on les y jetcoit dans leur entier.
Us y font donc encore, difoit-il, car affurément
on ne les a point retirés, 8c le fleuve ne les a point
emportes II avoit imaginé de détourner pendant
quelques jours le cours du Tibre, & de faire fouilles
1 efpace de. trois quarts de lieue. Il auroit fallu
creuler un peu avant, parce que les bronzes 8e: les
marbres ont du s'enfoncer. Si le cardinal avoir été
allez riche pour l’entreprendre à Tes frais, le pape
qui I annoit lui auroit accordé toutes les permiffions
neceilaircs.. ‘ * •
Quoique le cardinal de Volignac aimât les bons
m°Üv& a Plal? P ter,s> ü ne pouvoit fouffvir la
medifance. Un feigneur étranger attaché au fervice
d Angleterre, 8e qui vivoit à Rome fous la protection
de la France, eut un jour l'imprudence de
tenir a fa table des propos peu mefurés fur la re-
figmn 8e fur la perfonne du roi Jacques. Le cardinal
lui dit avec un férieux mêlé de douceur :
S J ai ordre, monfieur, deprotégervotre perfonne s
mais non pas vos difeours ».
C e cardinal, quoiqu’oppofé à la dourine de'
Newton ,, favoit neanmoir.s rendre jultice à ce
célébré geomeire. Les nouvehes expériences de
Newton fur la lumière , avoient été tentées plu-
fieurs fois en France 8e toujours fans fuccès; d’où
1 on commençoit a inférer que le fyftême du dofte
anglois ne pouvoir pas fe foutenir. Le cardinal de
rohgnac dit^quun fait avancé par Newton, ne
devoir pas etre nié légèrement, 8e qu'il falloir
recommencer jufqu a ce qu'on pti s'affûter les
avoir bien faites. 11 fit venir des prifmés d'An-
gieterre. Les expériences furent répétées en fa
prefence aux Cordeliers, 8e elles réulfirent. Il ne
put jamais cependant parvenir 4 faire du blanc
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par la réunion des rayons s d'où il cn o cW t an»
e blanc n eft pas le réfuît.it de cette réunion, mais
le produit des rayons dire fis non rompus 8e non
rehangitles. Newton qui s'éfoit plaint du peu
5 ‘ »«trade 8e meme du peu de bonne foi des phv-
liciens frjr.çois, écrivit au cardinal, pour le remercier
d un procédé fi honnête & qui marquoit tant
de droiture. .
Le cardinal de Volignac râcontoit volontiers ce
qui lui avoir fait naître l'idée de fon Ami-Lucrice.
hn tevenant de Pologne il s'arrêta quelque temps
en Hollande. Il y eut plufieurs entretiens fuivis
avec le célébré Bayle. Les argumens d'Epicure
de Lucrèce & des feeptiques quiorenoient depuis
peu d etre pouffes très loin dans le DilKonnain
cm,que, le furent peut-être encore davantage dans
h convention Le cardinal de Volignacforma
des- lors le deffein de les réfuter. Deux exils
dans deux de fes abbayes, lui donnèrent ce loifir
neceffaire pour les lettres. Ainfi YAnti-Lucrhe eft
le fruit des dlfgraces de fon auteur. Anedoies lit-
terair es.
POMPÉE le grand , ( Çneîus Pompeius Mar-
nus ) general romain , né l'an 106 :avant Jéfus-
Uhrilt aflaffine dans la cinquante-huitième année
de Ion âge.
Pompée étant envoyé en Aile en quafté cTâm-
bafladeur, fut pris par le roi des efclavons, qui
le fomcita & commanda de lui découvrir le fecret
du fenat. Ce que voyant Pompée, il mit fon doin
dur une lampée ardente, & par ce tourment, donna
a connoitre à ce roi, que les fupplices dont
il ctoit menace etoient trop foibles pour l'obliger
a découvrir les fecrets de la république. Val. h
l*rand. /.
Pompée fit fes premières campagnes fous Stra-
bon, fon pere. La révolte s'étant mife dans le
camp lorfque Strabon cotnmandoit l’armée contre
Cinna , Pompee fe.jetta au milieu de Tes troupes
inutmees les conjura de rentrer dans leur devoir,
& de ceffer par leur fédition de faire outrage à
leur general ; mais n’ayant rien pu gagner fur leurs
efprns, il Teijetta au traveisde la porte du camp ,
& leur dit de lui paffet fur le corps s'ils avofent
envie de fe retirer. Cette aifion pathétique fit plus
d lmprc-flion fur les. fo'dats que, toutes les repré-
fentations qu on put leur faire. Ils eurent foonte
leur obfbnation, 8c fe fournirent à leurgé-,
Pompee fut envoyé, quoique fort jeune, contre
iertorius-, capitaine romain, qui avoir pris les
aimes contre fa patrie. Ce romain, comme l'apprend
I hifloire, fut affafiiné dans un fefîin par
Marcus Perpenna, prétorien de fon parti. Ce Per-
penna voulut jouer le même rôle que Sertotius;
mais il fut d abord battu 8c pris. Il s etoit faifi des
papiers de Sertorius. Dans le deffein de fe concilier
Pompée y il lui promit de lui faire voir les
lettres de plufieurs hommes confulaires, & d’autres
des citoyens les plus puiffans de Rome 3 toutes
originales & écrites de- leur propre main qui ap-
pelloient Sertorius en Italie. Il lui faifoit entendre
que la plupart dégoûtés du gouvernement préf
e t , fouhaitoient de le voir changer. On a loué
la rare prudence que Pompée fit paroïtre dans cette
occafion critique. Prévoyant les troubles 8c peut-
être les guerres civiles que de pareilles inllruétions
exciteroient dans Rome, il fit raffembler ces lettres
& tous les papiers de Sertorius 3 & les brûla juf-
qu’au dernier fans les lire. Il fit exécuter en même-
temps Perpenna , de peur qu’il ne découvrît 8c ne
nommât quelques-uns de ceux qui avoient écrit
ces lettres.
Pompée 3 à la tête d’une armée 3 ayant été in formé
que fes foldats commettoient beaucoup de
défordre dans leur marche, il fit fceller leurs
épées de fon cachet, 8c tous ceux qui ne confer-
voient pas ce cachet entier étoient punis. L’hif-
toire ne fait pas mention qu’aucun autre général
fe foit fervi de cet expédient qui d’ ailleurs feroit
inutile aujourd’hui.
Pompée étoît en marche pour châtier une troupe,
de féditieux. Celui qui les commandoit, vint aufiî-
tôt s’offrir à la mort comme feul auteur du détordre,
& plia le général romain de ne point punir
les.innocers pour le coupable. Pompée 3 touché
de ce trait de générofité, leur pardonna à
tm s , en difant que cette fois le coupable avoit
obtenu le pardon des innocens.
Le diéfcateur Sy Ha, qui redoutoit l’autorité que
Pompée encore jeune acquéroit de jour en jour fur
les foldats par fa douceur & fes vertus militaires j
le rappella à Rome. Il obéît > malgré la réfiftance
de l’armée qui vouloir l’obliger à méprifer les ordres
du dictateur. Syllà fut fi content de ce procédé,
qu’il alla au devant de lui, 8c l’embraffant
avec tous les témoignages d’une véritable affection,
il le fa’ua du iurnom de Grand. Pompée demanda
les honneurs du triomphe. Sylla, qui avoit 1
fes raifons pour l’en détourner , lui reprëfenta
qu’étant encore trop jeune pour recevoir cet honneur,
il attireroit infailliblement fur lui la haine
& la jaloufie. « Fais donc attention , lui dit P om pée
, qiie le foléil levant a bien plus d’ardeur que
le foie il" couchant. Ces paroles ne furent po:nt
d’abord entendues par le diélateur j mais elles lui
furent répétées , & dans l’étonnement que lui caufa
la confi mee àuda ieufe de celui qui les avoit dites ,
il s écria brMfqusment : Qu il triomphe , quil triomphe.
Pompée le prit au mot, & l’on vit pour lâ
première fois un fimple chevalier romain honoré
«u- triomphe.
Plufieurs de fes officiers n’ayant point obtenu
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tout ce qu’ ils efpéroîent, avoient voulu troubler
c'e triomphe ; mais Pompée toujours ferme, répondit
qu’il renonceroit plutôt à cet honneur qu’il
avoit toujours defiré , que de s’abaiffer à les flatter.
Servilius, perfonnage confidérable de Rome , &
un de ceüx qui avoient montré le plus d’oppo-
fition, s’écria publiquement : Je reconnois a cette
heure que Pompée efi véritablement grand & digne
du triomphe.
La faveur qu’ il s’étoît acquife auprès du peuple,
lui avoit fait déférer, quoiqu’abfent, une puif-
fance au fil abfolue que celle que Sylla avoit ufur-
pée par les armes. Lorfque Pompée reçut les lettres
qui lui apprenoient cette nouvelle, il en parut
accablé; & comme fes amis qui étoient préfens
s’en réjouiffoient, il fronça les fourcüs , dit Plutarque,
& s’écria avec une feinte ameitume : «O
dieux, que de travaux fans fin! N ’aurois-;e pas
été plus heureux d’être un homme inconnu &
fans-gloire ? Ne verrai-je donc jamais la fin de mes
travaux? Ne pourrai je jamais me dérober à l’envie
qui me perfécute, & paffer des jours tranquilles
à la campagne avec ma femme 8c mes en-
fans » ? Ce trait 8c d’ autres femblables prouvent,
ce que l’on a d it, que Pompée cherchait à couvrir
fon ambition par une feinte modération.
Le voluptueux Lucullus qui s’étoit retiré des
emplois pour mieux favourer les douueurs d’une
viç molle 8c efféminée, trouveit mauvais que Pom-
pée eût retenu le commandement; mais celui ci
fe contenta de lui demander fi la volupté conve-
noit mieux à un vieillard que l’ambition à un jeune
homme.
On pouvoit louer Pompée d’avoir plufieurs
fois licencié fes troupes, aux premiers ordres
qu’ il en avoit reçus. Auffi avoit-on coutume de
dire 'qu’il avoit pris 8c quitté le commandement
contre toute attente-, patee qu’ il le prit fort jeune,
8c le quitta quoiqu’ayant la iouveraine puiffance
en main.
Il eut la gloire de terminer la guerre contre le
célèbre Mit h ri date fi redoutable aux romains , 8c
fut chargé quelque temps après défaire paffer des
bleds en Italie où la famine commençoit à fe faire
fentir. 11 parcourut en perfonne la Sicile, la Sardaigne
& l’Afrique, rù il recueillit des provilions
de grains confidérables : mais dans le moment qu’il
alloit s’embarquer pour faire pafièr ces provifions
à Rr me , il s’éleva un vent fi impétueux , que fes
pilotes voulurent reculer le départ. Pompée. fe
jettant le premier dans fbi.i vaifîèau commanda
qu’en levât l’ancre. I l efi. nècejfaire , leur dit-il ,
que je parte 3 mais non pas que je vive.
Tous les peuples étoient fi attachés à Pompée,
qu’on célébroit par-tout fon arrivée comme un jour
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