
7<*o P L A
mée le premier avril 1762, à Paris, on afficha ce
Placart,
« La troupe de faint-Ignace donnera mercredi
prochain 51 mars 1761 , pour dernière représentation,
arlequin jéfuite , comédie en cinq a êtes,
du père Dupleffis : Suivie des faux bruits de
Loyala , par le père Laines, petite comédie en
un a6te : pour divertiftement, le ballet Portugais
, en attendant le triomphe de Thémis ».
P L A C E T . Dufrefny, malgré les bienfaits qu'il
reçut de Louis X IV , ne put jamais vivre dans une
ce: tarr.e a Tance. Après la mort de ce prince, M.
le duc d'Orléans_, régent, voulut auffi lui faire
du bien. V o ic i, à ce Sujet, un placée Singulier
que ce poète lui préfenta : « Monfeigneur, Du-
frefny Supplie votre alteffe rpyale de le laiffer
dans la pauvreté, afin qu'il relie un monument
de l ’état de la France avant votre régence. M.
le duc d’Orléans mit au bas du placet : Je vous
refufe abfolument ».
Le premier préfident de Beliévre étoit urvhomme
de grand mérite & de très - bonne compagnie.
Il aimoit la bonne chère 8c fe piquoit d'avoir
le meilleur vin de Paris. Un jour Sortant
de la grand’chambre, il trouva le comte de
-Fiefque avec meilleurs de Manicamps & de Jon
fac qui l'abordèrent avec un-placet à la main,
dont la teneur étoit : « Nous Supplions très-
humblement monfeigneur le premier préfident,
de vouloir ordonner à Son maître d'hôtel de
nous donner fix bouteilles de fpn excellent vin
de Bourgogne, que nous comptons' boire ce
foir a tel endroit, à la Santé de fa grandeur.
«f M. de Beliévre avec un air de grave Magistrat,
prit Son crayon & mit Sur le placet.
Bon pour douçe bouteilles , attendu que. je my !
trouverai.
Un jour le maréchal de Villàrs voulut s’emparer
du cabinet d'un avocat pour le joindre à
la Salle où Se tenoit le conSeil de guerre. Tkierri,
c'étoit le nom de l’avocat, préfenta au régent
ce placet fingulier J : « Maître Thierri, avocat
aux confeils du roi, reprélente très humblement
à votre alteffe royale, que monfieur le maréchal
de Villars, n'ayant plus d'ennemis a combattre
, ni de traités de paix à faire , a mis le
fïége devant le cabinet d'un pauvre avocat. Il
s'imagine que la place Se rendra à la première
Sommation ; mais le Suppliant a réfolu d’attendre
le gros canon , & ce gros canon ce font les
ordres de votre alteffe royale. C e plaça fut ern-
yové au maréchal, qui, l'ayant lu , dit : allons,
il faut lever le liè g e , ce fera le premier que
j ’aurai levé de ma vie ».
Louis X I V , en revenant de la me fie , jettpit
P L A
toujours les yeux de côté 8c d'autre, & par fou
air & Ses regards, invitait à l'appn cher. Un
jour un fuiffe, quoique le paffage fut aff^z large
cnoic de faire place 8c repouffoit plulieuis personnes
i ne voyez-vous pas, lui dit Lotus XIV
d’un ton févère , que voilà une femme qui a un
placet à me prélenter ? il renfermoit les plaças
■ qu’on lui piéfentoit, dans une caffette dont lui
Seul avoit la clef,,
PLAIDEUSE. Un avocat, affez ma! bâti &
fort laid, plaidoir contre une bourgeoife. C'étoit
une caufe Sommaire qu'il chargeoit dé beaucoup
de moyens inutiles. La bourgeoife perdant patience
interrompit l'avocat. Mcffiturs, dvt-élle,
voici le fait en peu de mots. Je m’engage de donner
au tapiffier, qui éll ma partie , une Somme
pour une tapifferie de Flandres à perlonnages
bien deffinés, beaux comme monfieur le premier
préfident s c’étoit éffe&ivement un bel homme,
il veut m’en livrer une où il y a des perfonnages
croqués, mal bâtis comme l’avocat de ma partie.
Ne fuis-je pas difpenfée d’exécuter ma convention
? cette comparaison , qui étoit très-claire
déconcerta l'avocat adve 1 f e , 8c la bourgeoife
gagna Son procès.
. Que je fuis malheureufe, dîfoit une plaideufe,
je ne^ fais comment gagner mon rapporteur i il
n’a ni confeffeur, ni maîtreffe.
PLAISANTERIES. Le ciel de Londres eft
Souvent caché par d'épais brouillards & l'on y
voit rarement le Soleil. C'eft à cette occafion
qu'un ambaifadeur d'Efpagne qui avoit paffé
Six mois à Londres fans voir le Soleil dit aux
.Seigneurs qui venoient lui Souhaiter un heureux
voyage. « Je vous prie, milords , d'affurer le
roi votre maître de mes très humbles.refpeéts &
de Saluer le Soleil de- ma part quand vous le
reverrez ».
M. de L. difoît : j'ai reçu tous mes facremens
excepté le mariage que je n'ai pas.reçu en original,
mais d<5nt j'ai tiré bien des copies ».
On avoit e'erit Sur la porte du cimetière de
S. Médard , lorfqu'on l'eut fermé à caufe de
l'indécence des convulfionsqu'onycommettoit en
l'honneur de M. Paris.
» De par le r o i, défenfe à Dieu
» De faire miracle en ce lieu.
Un janfénifte fort zélé pour les couvulfions*
voulant faire Sentir à M. l’abbé Teraffon tout le
fiel de cette e'pigrame. Celui-ci lui répondit : « ce
que je trouve de plus plaifant* c'eft que Dieu aiç
obéi ».
M, l’abbé de Boifmont, le mirebalais de l’académie,
P L A
demie, nepayoit jamais Ses dettes. Un certain doyen
de V alenctennes, auquel il de voit une penfion Sur une
abbaye qti'il avoit, ne pouvant arracher rien de ce#
•gros bénéficier, eft venu en perfonne exiger Son dû.
Ayant 'demandé où demeuroit cet abbé, il fe fit
unt méprife, 8c au lieu dp lui donner l’adreffe de
l’-abbéde Boifmont, on l’envoya chez l’abbé de
Voifen à Belleville. N ’ayant pas trouvé ce dernier,
M. le doyen laiffi un billet, qui exp'.iquoit .
la caufe de Sa venue , Sur quoi M. l’abbé de Voi-
fenon, répondit par. la lettre Suivante, qui courut
tout Paris.
ce Je fuis fâché que vous ne m’ayez pas trouvé,
monfieur, vous auriez vu la différence qu’il y a
entre M»l'abbé de Boifmont 8c moi. 11 eft jeune
.& je Suis vieux j il eft fort & robufte , & je Suis
foible & valétudinaire ; il prêche, & j’ai befoin
d’être prêché j il a une grotte & riche abbaye ; 6c
j’en ai une très - mince > il s’eft trouvé de l’académie
fans Savoir pourquoi, 8c l’on me demande '
pourquoi je n’en Suis pasj il vous doit une penfion
enfin*, 8c je n’ai que le defir d’être votre débiteur
», Je-Suis, 8ec«
Un curé de campagne, fort enjoué, étoit en habit,
court dans la ville cathédrale de Son diocèfe- Un
grand vicaire l’ayant a'pperçü l’appella 8c lui demanda
pourquoi il port oit un habit court?il réponditque
l’habit étoit propre à danfer. Cette réponfe excitala
bile du demi-prélat, qui lui demanda qui il étoit ? Ego
fumquifum, reprit lecuré.Legrand vicaiteleficcom-
paroître devant l’évêque, qui d’abord lui fit des
reproches Sur fes réponfes, auxquelles il donnoit l’épithète
d’infolentes 8c d'impies : vous verrez, monseigneur,
répondit le curé, que mes réponfes font
fort juftes-, quand je vous expliquerai le. véritable
fens. Je Suis curé d’un lieu appelle Danfé : les chemins
y font ple ns de boue, même dans la canicule :
c'eft ce qui m'a fût dire à monfieur votre grand vicaire,
que mon habit court éroit propre à danfé*:
du refte je. m'appelle cuiffon j je n’ai-pas. cru l’offen*
fer en d,fant mon nom. L'évêque fe prit à rire.
Un homme de la plus haute taille Se promenoit
tfn Soir dans Paris, un des jours de la foire St-Ovide,
tandis qu’on jouoit en dehors les parades. Tout occupé
des lazzis qui Se faifoient à celles d’un jeu de •
marionnettes , il heurta, par mégarde , un petit '
boffu a qui, Se redrelfant Sur la pointe du pied,
apoltropha très-incivilement ce grand homme, ou
plutôt cet homme grand. Celui-ci, Sans témoigner
la moindre colère, àffeéla de fe courber, 8c de dire,
en élevant la voix : — Qu’eft-ce qui eft là bas ? —
L’éfope, furieux de ce SarcaSme , mit la main fur
Ja garde de Son épée, 8c en-demanda raifon à Son
adverfàire. 'Mais l'homme de haute nature , toujours
de l’air le plus tranquille , prit lé mirmidon
par le milieu du corps, 8c lepofa Sur le balcon de
la parade, en difant froidement : # Tenez, ferrez
* Encyclopédiana,
P L À
votre polichinel, qui s’avife de faire ici du
tapage ».*
Un officier gafeon, follîcitoit le paiement de fa
pénfion auprès de monfieur Defmarets, miniftre d e-
ta t, qui lui dit que fa penfion étoit une chanfon.
Il fe préfenta devant le roi, tenant à la main le
brevet de Sa penfion, 8c fredonnant un air entre Ses
, dents. Le roi lui demanda ce qu’il vouloit : fire, dit-
ïl , j'ai demandé à M. Defmarets Je paiement d’une
penficn que vous m'avez accordée ; il m’a dit que
c’étoit une chanfon, j'en cherche l’air. Le roi Se
prît à lire 8c fit payer Sa penfion.
Comme il Se présente des gens de toute efpèce
curieux de voir l'hôtel des invalides, quelques
Soldats pour s'«amuSer, ont imaginé unt plaisanterie
qu'ils font à ceux qui Sont affez fimp'es pour Se 1 ail-
fer attraper. Ils leur recommandent fur-tout de ne
pas oublier de voir l’invalide à la tête de bois. Ils
indiquent Son corridor 8c fa cham b re8 c comme
leurs camarades font provenus , ils font faire aux
idiots de longues cçurfes dans 1 hôtel pour cherche r
la tête de bois, en les envoyant de chambre en
chambre, d’où ©n leur dit toujours qu’il vient dtf
Sortir dans le moment.
L’auteur d’une tragédie vint lire Sa pièce à madame
de Lambert. La pièce commcnçoic par une
princeffe qui difoit :
De l’Arabie enfin en ces lieux arrivée.........
Madame de Lambert interrompit l’auteur par
cet inpromptu:
Princeffe, afléyez-vous, vpus êtes fatiguée.
Cette plaifanterie fit ’changer ce premier vers.
; On demandoit à M. AValker, cômment il pou;
voit' Se déterminer à Soupirer auprès de madame
Ern’néton, connue pour avoir neuf amans. « Mef-^
fieurs, répondit-il, je ne Suis chez elle que pour
lever la dîme ».
Dans la dérnière guerre d’Italie, un officier fran-
çois auffi fou qu’ il étoit brave , ayant reçu une
balle dans la tête dit : » Je favois bien que j’y
avois befoin de plomb ; mais la dofe eft un peu
trop forte : 8c il mourut Sur le champ.
Madame.. . ne voulut jamais avoir pour amans
eue des hommes de la première qualité. Cependant
elle avoit des enfans très-groffiers ; 8c comme
une de Ses amies la conÇoloit un jour Sur les malhonnêtetés
de Ses enfans ; « Je n’ai rien , dit-efte,
à me reprocher là deffus > toute m§ vie j’ai fait
ce que j’ai pu pour mettre d’honnêtes gens dans
D d d d d