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de douleur fi violens que les gouttes de Tueur
lui couloient fur le vifage, i! ne pouffa jamais
un c r i, ni ne donna aucun ligne d'impatience}
& dès qu’ il avoir quelques moine ns de re’âche,
il fourioit & parlait _avec fa gaîté ordinaire. Il
lut les gazettes le famedi 18 mars, & parla
long-tems avec le doéteur Méàd, médecin célèbre.
Il polfédoit parfaitement tous fes fens &
fon efprit ; mais le foir il perdit abfolument la
connoiffance, & ne la reprit plus,. comme -fi
les facultés de fon ame n’avoient été fujettes
qu'à s'éteindre totalement, & non pas à s ’affoiv
blir. Il mourut le lundi fuivant. Son corps fut
expofé fur un lit de parade dans la chambre de
Jérufalem , endroit d’ou l’on tr an (porte au lieu
de leur fépulture les perfonnes du plus haut rang,
& quelquefois les têtes couronnées. On le porta
dans l’abbaye de Weftminfter, le poêle étant
foute nu par fix pairs d’Angleterre j ce qui fait
affez juger quel nombre de perfonnes- de dif-
tinétion groffirent la pompe funèbre. On lui
éleva un tombeau fur lequel eft gravée l’épitaphe
la plus honorable. Elle finit ainfi : », Que
« les mortels fe félicitent de ce qu’ un d’entre
».eux a fait tant d’honneur à l’humanité
Sibi gratulemur mortales talc tantumque extïtijje humant
generis decus.
Newton ne s’étoit point marié , & peut-être
n’a-t-il pas eu le. loifir'd’y penfer jamais. 11 a
laiffé en biens meubles environ trente-deux mille
livres, fterlings ; c’eft-à-dire, fept cens mille liv.
de notre monnoie.
Le philofophe anglois, indépendamment de
fes livres de mathématiques, compofa pour la
princeffe de Galles, depuis reine d’Angleterre,
un abrégé de chronologie , où il a des fentimens
très-différens des autres chronologiftes. Il écrivit
aufli un commentaire fur l’apocàlypfe. Il y trouve
clairement que le pape eff l’antechrift, & il
explique d’ailleurs ce livre comme tous ceux qui
s’en font mêlés. Apparemment, dit M. de Voltaire
, qu’il a voulu par ce commentaire confo-
ler la race humaine dé la fupériorité qu’ il avoir
fur elle. Les plus célèbres académies de l’Europe
s’empreffèrect d’avoir Newton pour affocié}
mais le philofophe anglois ne s’eft jamais paré
de ces titres d’honneur. Lorfqu’ il publioit un
ouvrage , il fe contentoit de mettre Amplement
fon nom à la tê te , ainfi que le pratiquoient
les anciens.
NIAISERIES. Un homme voyant une maîfon
fuperbe & d'un goût différent des autres , dit
à fon ami : »Voilà une bien belle maîfon, a-t-elle
» été faite dans ce pays-ci » ?
La ducheffe de Mazârin douairière demeuroit
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près d*une églife du côté des cloches dont les
fons l’incommodoient extrêmement. Cette dame
s’en plaignoit à fes amis. Le comte de G. . . .
fameux par fes réponfes plus que naïves lui dit
un jour : Madame, que n’obtenez-vous de la
police de faire mettre du fumier devant votre
porte, cela empêche le bruit.
On demandoit à un enfant, qui étoit l’aîné
de lui ou de fon frère? il répondit : » Je fuis
..» l'aîné 5 mais quand mon frère aura encore un
» an, nous ferons lui & moi de même âge»,
N I C O L E , ^Pierre) , né en 1625, mort
en 1695.
La candeur & la modeftie faifoient le fond
du caractère de ce célèbre écrivain. C ’étoit un
fécond La Fontaine dans la converfation. Simple,
timide , fans aucun ufage du monde, il amufoit
fou vent par fes naïvetés les perfonnes de fa fo-
ciété. -
La timidité de Nicole,. lui nuifit en -iplufîeurs
occafions. On ne lui trouva point la capacité re-
quife pour le fous-diaconat. Les examinateurs
; lui ayant demandé combien il y avoit de demandes
dans le Pater, il parut interdit à cette
qutftion. Ces examinateurs, inftruits que celui
; qu’i's avoient refufé n’étoit rien moins que ce
qu’il avoit paru, allèrent chez lui s’épuifer en
exeufes , 1’exhortèr.ent à -recevoir la prêtrife,
mais il regarda toujours leur .refus comme celui
de Dieu même. Il eft mort n’ étant que fimple
tonfuré*
! Nicole travailla de concert avec le célèbre Ar-
nauld au livre de la perpétuité de là foi\ il eut
même la plus grande part à cet ouvrage\qui
devoit parôître fous fon nom ; mais., comme il
avoit un extérieur peu favorable, il fut très mal
reçu par. le, cenfeur de ce livre. Cet homme
fimple alla auflitôt trouver le grand Arnaud , &
lui dit qu’ il falloit abfolument qu’ il fouffrît qu’on
le: fît paffer pour auteur de cet ouvragé, en
ajoutant très - ingénieufement : », Monfieur, ce
» n’eft ,çoint la vérité qui perfuade les hommes,
» ce font ceux qui la difent ».
Voici un trait de naïveté qu’on lui attribue.
Une demoifelle étoit venue le confulter fur un
cas de confcience, Au milieu de l’entretien arrive
le P. Fouquet de l’oratoire, fils du furin-
tendant. Nicole ,~ du plus loin qu’il Ta p perçoit,
s’écrier V o ic i , Mademoifclle., quelqu’un qui décidera
la chofe \ & fur le champ , il conte au
P. Fouquet toute l’hiftoire de la demoifelle-, qui
rougit beaucoup. On fit des reproche-s à Nicole
de cette imprudence. Il s’ exetifa fur ce que'le
P. Fouquet étoit fon confeffeur. » Puifque, dit-
33 il j je n’ai rien de caché pour ce père,
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„ mademoifelle ne doit pas être refèrvée pour
» lu i33.
Nicole avoit peu de facilité à parler, & il difoit
au fujet d’un certain homme qui parloit bien :
il me bat dans la chambre} mais je ne fuis pas 1
plutôt au bas de l’efoalier que je l’ai confondu.'
Nicole ne: prènoit point parti dans les divers
fentimens i qui partageoienc Porc-Royal. Il difoit ;
qu’il n’écoit point des guerres civiles.
Madame de Longueville était prefque la feule
pe.Tonne de Port-Royal qui eût de la; confidé-
ration pour Nicole, ce qui lui fît dire'quand, elle
mourut y qu’il avoit perdu tout fon crédit. .Fai
même, ajoutoit-:l, perdu mon abbaye, parce
qu’elle étoit la feule qui l’appellât M. l’abbé
Nicole.
. NOBLESSE. On vint annoncer la mort d’ un
grand feigneur efpagnol dans une affemblée.'où il y
avoit une comteffe ,'qui étoit peut-être la femme
d’Efpàgne la plus entêtée de nobleffe. » La belle ame
» devant Dieu , s’écria une autre dame de la com- ;
»: pagme! Un vieux pécheur qui depuis cinquante
»i ans eft plongé dans toutes fortes dé plaifirs.- Jey
»1 crois qu’il en va bien faire pénitence1 dans
» l’autre monde — . Doucement, doucement,
» madame, interrompit la comteffe 5 quand-il
»: s’ agit de condamner un grand de la première
» civile,. je crois , qu’on y regarde à deux fois».
Un marchand d’étoffes s’écrioit à tous propos: .
» Je veux, être, pendu fi cela n’ eft pas vrai., je
»' veux être pendu fi je ne fais pas telle chofe»..
Cet homme fit fortune & acheta uiïe charge de •
fècrëtaire du roi. Le lendemain même de l’ac-
quifition, il dit devant une nombreufe foc: été :
» Si ce que j’affirme n’eft pas véritable , je veux
» avoir la tête coupée ». •
NOMS. Autréfçis'un feulnprn fuffifoit à.la fimpli-
cfté de nos pères. Au commencement de la fécondé
race de nos rois, on ajouta au nom du prince une
épithete qui faifoit connoître fon vice ou fa vertn
caraétériftique : Charte - magne, Louis-le Begue 3
Ckarle-le Simple , &c.
. Les barons prirent enfuitele.nom de leurs fie fs
Sire dé Joinville y S'ijre^de Çoucy. jL.e tirée ; dé Mon,-■
fieur ne fé ifonnoït qu’à dés'fuperieurs. À’ugüftë
& Tibère refufèrent celui de Dominas 3 mais-bientôt
on le’ prodigua.
Du tems de Hugues Capet, on difoit : Mon- _
Jeigneur le Roi, Monfieur le Roi. Saint Louis,
voyant les feux que lançoient les, $arrdfins , / fe.;
jettoït par terre ,& difoit : Beau Sire Dieu. garde-
moi &' toute ma gent.: On* qualifioit lés Saints
du nom de Monfeigneur, & enfuite de. celui de
Monfieur. \
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A l’égard des autres noms, Saumaife difoit au
fujet de ceux de familles > qu’ils étoient la plupart
dérives des noms de baptême , comme
Pierre3 Pierrot, Perrin , Pietrequint > les autres
noms du pays où l’on étoit n é , comme Champagne
, Picardÿ d’autres des noms de métier,,
comme le Mercier.s Pelletier , Marchand; d’ autres
des fobriquets, comme le Camus, le Gros > le.
P e tit, le. Gras, le Moine. Enfin d’autres , des
; noms de terre , de v ille, & même de plantes.
On peut ajouter encore,; ,quvautrefbis on donnoit
des noms qui marquoient les défaftres & les- malheurs
arrivés dans le pays , comme Montignè t
Pontigné , &c.
Un médecin de François I s’appelîôit &ans
\Malice. Ce nom .lui paroiffant ridicule;, il' le tra-
! duifit en grec ,. & fe fit' appéller Àcakia. Le père
Canard , jéfuirè traduîfic le fién. 'en . latin & fe:
fit appéller Anati Le père Corné ré a déguifé^ le
;fien , en changeant feulement une letrre , & s eft
fait appeller Coniire , ' parce que -le mot Cornere
joint à celui de père, lui fembloit avoir, quelque
chofe de grotefque.’
, N Ô S TR A D AM U S , -(.Michel )., médecin &
a Urologue , né à Saint-Remien Provence en 1503,
mort en 1 \6 6 à Salon.
; ' Noflraâamus , las d’exercer la médecine où il
ne faifoit rien, prit le métier plus lucratif de
;charlatan: ç ’étoît autrefois le règne de l’àftrolo-
igie: & des prédirions. Le peuple, à force de- lui
[entendre dire qu:il lifoit dans les aftres & qu il
•étoit inftruit de i’averiir comme,du paffé, le crut,
'quoique Nèftradamifs ne’ connût ni î un ni 1 autre.
Mais ce qu’il favqit' le mieux, étoit de mettre
à profit la crédulité publique.
; C et âft'rologuè renferrria fes;/prédirions', dans'
jdes quatrains r im e s J ê» .- .^ h g e a par centuries
’ nommées cp.mmunemènt prophéties ;
La meilleure de fes vïfions' eft celle qui lui
! annonça qu’il feroit fortune à ce métier. Il fut
| comblé de’ biens & d’ honneurs par Catherine.
ideMédicis , par Çharles IX, & par le peuple
; des . èfprits/cré'dules. Il reçut la vïfite du duc
• dé Savoie , ScVde/ la pnneeffe Marguerite, fon
■ epoufe.
L’ extrême obfcurité des centuries de Noflra-
; damus, le ton prophétique que l’auteur y preçd ,
l’affurance avec laquelle il parle , joints à.l’efpèce
de réputation qu’il ayoit, les firent rechercher.
N’audé compare ces prophéties, qui peuvent s’appliquer
a plüfieùrs évènémens ai rivés en diffé-
réns teins , au fbulier de Thëramène qui pouvoit
‘ être chauffé indifféremment par ' toute - forte de'
perfonnes , ou à la mefurç lesbienne, qui étoit de
plomb, afin qu’elle' put s’appliquër également