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E h , bien , répondit la ûenîoifelle , regardez, votre
épée.
Le roi avoit accordé le cordon bleu à un homme
qui n'étoit pas d'auffi bonne maifon qu'on le
croyoit. Il ne lui étoit pas ai(e de trouver les tjcres
donc il avoit befojnrla médifance voulait qu’ il
fè fut adreffé à des gens habiles qui avoient eu
l'art de lui fournir ce qui lui en manquoit. Un
gafcon dit fur cela : « Il fait fes- preuves ». 1
Un duc ayant quelque difpute pour le pas arec
un maréchal de France : Je ne comprends pas *
dit i l , fur quoi il peut fonder fa prétention,
c a r , il ne doit pas ignorer qu’au facre du roi;
qui eft la plus grande de toutes les cérémonies, j
& dans les féances du parlement, nos rangs font!
réglés, & les maréchaux n'ont rien à difputer
il eft vrai ï qu’ ils nous commandent à l’armée ;,
mais aufli, lui répliqua-t-on c’eft pour cela farts!
doute, que vous ne vous y trouvez jamais.
On fait, tous les excès auxquels fe livra le çar-
dinal Dubois. Ils altérèrent fi fort fa fanté, qu'il J
tomba dangereufement malade; & il ne s’agit de
rien moins que de lui faire une amputation des;
plus douloureufçs. On manda à cet effet le .phls
habile chirugien de l'hotel-dieu. Dès que le cardinal
le vit entrer, il dit: « Mon ami, né vas
pas me traiter comme tes gueux de 'l’hôtel- dieu?
— Monfeigneur, répondit fièrement le chirugien,
tous ces gueux-là font des miniftres pour moi »>.,
Un marchand ayant fait naufrage fin? un vaif-.
feàu , laiffa paç fa mort de grands biens à un jeune
fils qu’ il avoit. Le fils dans la fuite voulut continuer
le même négoce & courir les mers. Un de
fes amis lui rèpréferita eri vain ce qui venoit d’arriver
à fon père; & fans lui cacher que Ton grand
père avoit péri de la même manière, il lui d it ,
qu'il devoit apréhenderi un fort pareil. _Mais -le
jeune homme fans, s’étonner : je vous prie dit-il
à fön ami, de m’aprendfe où fönt morts votre
grand père ? dans leursdifs répondit l'autre; &
comment ajouta le premier., ofés-yous après cela
coucher dans un lit ?
Lotfque Louis X IV partit pour aller faire le
liège de Morts ', madame de Maintenon dit :à;
M . de Loùvois : Nous;iépondez-vous de la vie
du röi ? N on , dit ce miniftre ; -mais je réponds
de fa gloire.
Le marquis. de Spmoîa montrant à notre am-
baffadeur, des bottes de François I , que l ’ôn
conferve comme un monument de la gloire de
Gharles-Quint vous feriez bien embaraffé, lui.
dit-il, en fe moquant, de nous'en faire voir autant
en, France, de quelqu’ un de .nos rois.
Le moyen, répondit i’ambâffadeur, il faudroit
pour ceja les pouvoir prendre à la guerre ,&vous
fçavez que l’on ne prend pas les gens où ils ne
vont point.
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Un évêque chai-géant. un jôur fon : fecrétaité
de faire' relier un reciieil de •' fes mandemens 3
lui dit-qu’il craignoit que le volume ne-fût trop
gros :— Non , monfeigneur*, répondit le fecré-
taire, quand on l’aura bien relié & bien battu,
tout cela fera fort plat.
Madame d’Argcnfqn, la femme du comte , fe-
crétaire d’état, à qui Fon demandoit lequel elle
aimerpit mieux , de l’abbé pherier ou de fon frère
Mareuil, répondit .que « quand' elle étoit avec
l’ un des deux, elle aimoit mieux l’ autre.
M. le prince de Condé faifoit voir à Boileau
fdn armée qui-étoit toute compofée de jeunes
gens, dont le plus âgé n’avoit pas dix huit ans.
;Eh bien! lui dit ce prince, qu’en penfez-vous.
; — Monfeigneur, je crois qu'elle fera bonne quand
elle fera majeure.
Un homme v euf, qui avait pris une fécondé
femme, ne ceffoitde louer devant elle, les grâces,
j’efprit, les talens de la première. Un jour que cet
' époux peu galant recommençoit le panégyrique
devant plùfieurs perfpnnes, fa femme préfente,
il crut s’appércevoir qu’ elle murmuroit tout bas.
Pardôiine-moi, lui dit i l , les regrets que je donne
à la défunte > elle les mérite. Ah! monfieur, répondit
celle-ci, un peu piquée, pérfonne, je vous
jure , ne la regrette plus que moi.
Saint. François de Sales ayant été en conférence
.pour une affairé de ;piété avec.une dame de ta
.cour, quelqu'un lui demanda fi cette dame étoit
belle ? il répondit qu’ il n’en favoit rien. — Et ne
l’avez-vous point vue, répartit l’autreî — Oui1,
dit le faint, je l’ai vue , mais je ne l’ai pas regardée.
1
Mademoifelle , fille de monfieur qui eft mort
eh’Efpagne, auroit bien voulu ne pas aller en ce
pays-là, foit qu’elle eut un preffentirnent de'ce
qui devoit lui arriver, ou un inclination fecrette
pour monfeigneur le da'uphim’Le roi , après avoir
conclu le mariage de cette princeflè, lui faifanc
compliment fur ce qu’elle alloit» être _ une grande
reine ; « Vous voyez ma nièce, lui dit-il, ce
que je fais pour vous : quand ce feroit pour ma
propre fille, je ne pourrois faire davantage.;—
Il eft vrai, monfieur, que vous ne pourriez faire
davantage pour votre propre fille ^ mais vous
auriez pa-faire plus pour votre pièce, fi vous
^ l'aviez voulu ».
Le fucceffeur de Vendôme, dans un gouvernement
de province, accepta la bourfe de mille louis
qui lui fut préfentée, fuivant l ’ufage & pour la
forme, à fon entrée. Mais, lui dirent les magu-
trats, votre prédéceffeiir l’avoit refufée. Oh! ré*
pliqua le nouveau gouverneur, ce'M.'de Vendômt
étôit un homme inimitable.
Un des directeurs de la compagnie des Indés‘de
France
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France demandoit un jour à la Bourdonnais cbm- H
ment il avoit fi mal fait les affaires de la compagnie,
& fi bien les fiennes. « C ’eft, répondit-il,
que j’ ai fait mes affaires félon mes lumières, &
celles de la compagnie félon vos inftruCtions>».
Le maréchal d’Humières allant en ambaffade en
Angleterre, mena avec lui l'abbé de L . : . . &
Fabbé de V ___, eccléfiaftiques des moins réguliers.
Quelqu’un dit au duc de la Ferté que le maréchal
auroit pu mieux choifir, & que les abbés
ne donneroient pas grande opinion de notre clergé.
Le duc répondit : « Il les mène en Angleterre
pour y prouver les libertés de l’églife gallicane ».
La reine^d’Angleterre, Henriette de France,
étant arrivée à.Lbndres, le roi fon époux lui, fit
voir fon cabinet, qui étoit un des plus riches de
l’Europe,. & lui fit remarquer entr’autres un très-
beau portrait de Calvin, peirtt par Vandick, la
plume à la main fur un livre, & les yeux attachés
au ciel 5 la reine étoit appliquée fans rien dire : le
roi lui demanda à quoi, elle penfoic ? — cc Je penfe,
lire, répondit cette princeffe, qùe cé n’éft pas
. merveille, fi Calvin n’a fait rien’ qui vaille, puif-
jqu’il ne régardoit pas. à ce qu’il faifoit ».
Quelques chevaliers de Malthe raifonnoient un
jour du danger dont ils fembloient être menacés
par les turcs, qu’on difoit venir lourdement fur
eux avec cent mille hommes. L ’un de ces chevaliers
fe nommoit Samfon , & avoit le malheur d’être
de fort petite ftature & tout ratatiné. Il arriva
que quelqu’ un de la‘compagnie dit en plaifantant :
Meilleurs, quelle raifon y a-t-il de s’allarmer ?
N’avons-nous pas un Samfon parmi nous ? il fera
feul fuffifant pour détruire toute l’armée des turcs.
Ce difeours ayant excité une grande rifée, le
gentilhomme nain répliqua aufli-tôt : « Vous avez
raifon, monfieur5 mais, pour réuffir plus sûrement
, je devrois avoir une de vos mâchoires, &
alors je ferois des miracles ». 3$|
Un homme fage ne doit jamais donner à un enfant
de raifon qui puiffe être rétorquée contre lui.
Un enfant s’étoit levé fort tard 5 fon père, pour
le rendre plus diligent, lui dit : « Mon fils, vous ne
connoîiTez pas encore le prix & les avantages de la diligence.
Savez-vous qu’un homme diligent s’étant
un jour levé fort matin, trouva une bourfe pleine de
louis dans fon chemin ? Mais, mon père, répondit
l’enfant, celui qui l’avoit perdue s’étoit levé
encore plus matin »«
Un particulier ayant été admis à voir trois jeunes
princeffes dans une cour étrangère, les fixa alternativement,
L’une d’elles s’en étant apperçue,
lui demanda à laquelle il donnoit la préférence ? {
« Je fupplie vos alteffes, répondit l’étranger, de
me permettre de garder le filence fur un chapitre |
~auffi délicat ;! je/.fais ce qu’il en a coûté au berge* 1
Encyclopédiana»
REP 817
Paris pour avoir prononcé fur le mérite de trois
divinités».: ..
Le pape Alexandre V I demandçit à Jérôme
Donat, ambâffàdeür de Venife , de qui les vénitiens
tenôientles droits & les coutumes dé la
rr/er ? A quoi l’ambâffadeur répondit fur le champ
que votre fainteté me montre les titres du patrimoine
de faint Pierre ,• & vous trouverez au dos
une donation faite aux vénitiens de la mer Adriai
tique.
Une dame fe plaignoît amèrement dans une
compagnie de ce qu’on l’accufoit d’avoir eu fix
enfans'd’un homme de condition qu’elle nomma.
« Que craignez-vous, madame, lui dit quelqu’un
qui la connoiffoît bien, les gens bien nés ne faivent-
ils pas.qu’il ne faut jamais croire que la moitié de
ce que l’on dit » ?
Un payfan fe confeffoit à fon curé d’ avoir volé
un mouton, à un fermier. de fon: voifinage î Mon
ami, lui dit leconfeffeur, il faut reftituer ou vous
n’aurez point l’abfolution. Mais, répartit le villageois,
je l’ai mangé : tant pis, vraiment tant
pis, lui dit le pafteur, vous ferez le partage du
diable ; car dans la grande vallée où nous paroî-
trons aux yeux de Dieu, tout parlera contre vous*
jufqu’ au mouton. Quoi ! répliqua le payfan, le
mouton fe trouvera dans ce lieu-Jà ? j’en fuis bien-
aife. Lareftitution en fera donc facile, puifque je
n’aurai qu’à dire au fermier : « Voifin, reprenez
votre mouton ».
Deux jeunes gens demandoient une füîe en mariage
â fon père, l ’un étoit riche & l ’autre pau*
vre 5 & le père l’ ayant donnéè au dernier, quelques
uns de fes amis lui demandèrent pourquoi il
ne l’avoit pas donnée à celui qui étoit riche ? parcç
que, leur dit-il, le riche qui n’a point d’efprit
pourra devenir pauvre 3 mais le pauvre, qui eft
un homme judicieux & fage, pourra faeilemeae
devenir riche ».
Une femme galante difoit à un ivrogne : Cror-
riez-vous, monfieur, que depuis dix ans que je
fuis veuve, il ne m’a pas pris la plus petite dé-
mangeaifon de mariage ? — Croiriez-vous, madame,
que depuis que je me connois, je n’ ai jamais
eu foif?
Un fat, fort content de fa figure, conduifoit dans
une maifon un jeune homme de fa corinoiffance,
dont la phyfîonomie peu fpirituelle ne prévenoit
point en fa faveur. Celui qui le conduifoit, croyant
faire une bonne plaifanièrie, dit à la compagnie ,
qui fe levoit pour le recevoir : « Vous voulez bien
que je vous préfente M. N ........ qui n’eft pas fi
fot qu’il lé paroît. C ’e ft, mefdames , reprit auffi-
tôt le jeune homme , la différence qu’il y a entre
nous deux »..
On a remarqué que- Us aétrices chantantes de
L 1111