
'1 1 8 A S T
quinzième fiècle, donnoit dans toutes les erreurs
ae r aflrologie judiciaire. Ayant marqué qu’il mour-
roit en un certain temps ^ il s’abftint'de manger ,
afin que fa mort confirmât fa prédiction , & que
fa vie ne décriât point le Métier.
M. de S . . . en 1674 j pendant que l’on étoit
fort en peine de M. de Turenne , dont on igno-
roit les mouvemens, eut la hardieffe & le bonheur
de prédire le combat de Seinzheim 3 & tous les
glorieux fuccès qui le fuivirent 3 un mois avant
qu’ils arrivaffênt. Lorfqu’on en apprit la noii-
velle 3 tout le monde en ft.it fort furpris , & bien
des gens s’imaginèrent que M . de S . . . n’avoit
prédit' tous ces événemens que par les lumières
de Yaflrologie judiciaire. Le roi voulut en être
éclairci : il interrogea M. S . . . en particulier ,
& ilavoua à fd majefté que ce n’étoit que les lumières
du bon fens , & une étude exadte du génie
des généraux & de la nature de l’armée. Le
foi dit., en fortant de fon cabinet : fans mentir ,
S . . . vient de me dire les choies du monde
les plus extraordinaires pour un aflrologue. Les
courtifans le prirent dans un fens différent de
celui de fa majefté 3 & l ’approbation prétendue
du roi fit pâffer S . . . pour un fécond Noftra-
damus.
Il faut bien chercher à abufer les autres pour
faire des almanachs, & bien aimer à s’abufer foi-
même pour y croire.V
Sylvius, profefleur en éloquence , & principal
du collège de Beauvais à Paris 3 après avoir dit à
Turnèbe. Cou. ami, tout le mal poflible des aftro-
logiïës, l’affura. qu’il avoitpris la peine , au com- '
mencement de l’année , de parcourir tout l’almanach
, & de marquer' temps ferein par-tout où ils
mettoient temps pluvieux : .vent par-tout ou ils
annonçoient calme 3 temps couvert par-tout où ils
plaçoient férénité ; & qu’ayant pris garde à l ’évé-r
nement, il avoit trouvé qu’il étoit beaucoup meilleur
aflrologue qu’éux.
Le Pape Urbain VIII a fait une bulle magnifique,
& en beau, latin , contre Y aflrologie judiciaire
5 il s’en mêloit pourtant lui-même & beaucoup
, jufqu’ à faire des almanachs. Il avoit un ancien
domeftique qui l’ayant vu dans toutes fortes
de fituations, & ayant vieilli avec lu i, ufoit de
tous, fes droits ay.ee grande liberté. Une nuit, le
papel’ appella , & à force décrier Onoufrio , Onou-
f r io , le fit lever, & lui demanda quel temps il
faifoit. Onoufrio , pour eu être plutôt débarraffé,
«répondit qu’il faifoit beau temps. Sapiamo , dit le
pape, donnant \ entendre qu’il l’avoit prédit &
mis fur fon .almanach. - Onoufrio qui, éveillé ,
entendoît pleuvoir à verfe, perdant patience 3 ouvrit
le.s rideaux du pape, & les • fenêtres de fa
chambre, en lui difant : vede coïohe 3 vedecoione.
Le pape en rioit encore le mâtin, & ne put s’empêcher
de le conter à quelques courtifans. Le
AS T
rébarbatif Barberin l’ayant fu , menaça Onoufrio
des galères : Onoufrio fe mit à changer de conduite
, à fervir le pape à genoux, & avec crainte
& tremblement., comme une divinité. Le pape,
importuné de ces refpe&s, en apprit enfin la caufe.
L’éminence étant venue chez fon oncle , en fut
traitée à fon tour prefqtie aufli mal que Tavoitété
Onoufrio.
Le pape Jean X X I ayant étudié' toute fa vie
Y aflrologie 3 avoit trouvé , par la connoiffance
qu’il prétendoit avoir de l’influence des aftres,
que fa vie feroit longue, & il le difoit à tous ceux
qui l’approchoient. Un jour qu’il s;en vantoit en
préfence de quelques perfonnes , une voûte 'qu’il
faifoit conftruire au palais de Viterbe, creva 5
il en fut fi fort bleffé, qu’il eh mourut fix jours
après.
L’empereur Adrian étoit fi expert aflrologue, que
toutes les années , au premier jour de Janvier, il
couçhoitpar écrit tout ce qu’il lui devoir arriver
. durant l’ année. Et l’année qu’il devoit mourir, il
écrivit feulement jufqu’au mois de fon trépas ,
donnant à cônnoître par fon filence le temps de
-fa mort.
L’ASTRONOMIE eft la connoiffance du ciel
8c des phénomènes céleftes. Les auteurs"1 anciens
varient Beaucoup fur l’origine de Yaftronomie. Hfc
lus , chez les Affyriens $ Atlas , roi de Mauritanie
î Uranus , dont le royaume étoit fur les bords
de l’Océan Atlantique , font ceux qui paroiffent
s’y être appliqués les premiers. Selon Diodore de
Sicile, Uranus forma l’année fur le cours du foleil
de la lune. Atlas inventa la fphère, ce qui
donna lieu à la fable qu’il portoit le ciel fur fes
épaules.
x Les plus illuftres perfonnages de l’antiquité fe
font appliqués à l’étude de Yaftronomie j & parmi
les Modernes , les noms de Copernic , de Galilée
, de Newton , de Caflini, de Lacàille, &
beaucoup d’autres fe font illuftrés par quelques découvertes
extrêmement utiles aux progrès de cette
fcience.
La fuperftition eft le plus grand obftacle qu’ aient
trouvé les aftronomes pour marcher à la vérité.
On enpeut'juger par ce qui arriva au philoîop'he
Anaxagore. Ce trait s’eft fouvent renouvellé,même
parmi les modernes.
Anaxagore avoit enfeigné que le foleil éroit une
maffe de feu ardeht. Cette opinion fut regardée
comme une impiété par les athéniens qui avoient
adoré le foleil comme un dieu. Anaxagore fut
mis en prifon , & condamné à boire de la ciguë ;
mais Périclès accourant au tribunal, fit révoquer
la feritence. Anaxagore fut banni.
Le père Bofcovich a donné la relation d’un
voyage aftronomique 8c littéraire qu’il avoit fait
A T T
I l les états de l’égfife, avec le père Maire ,
! r ordredu Pape Benoît X IV , pour meturer deux
iegrés du méridien 3 & corriger des erreurs , des
cartes géographiques! il y raconte quelques traits
qui peignent bien l’ignorance de quelques-uns des
fujets de fafainteté. Les payfans le voyant avec le
quart de cercle à la iRain , le prenqient pour un
magicien qui cherchoitles trefors caches 3 & evo-
L o ir les ombres i ils crurent ; le çhaffer en ni
iettant de l'eau bénite : effrayes de ne pomtlui
voir prendre la fuite, ils la prirent eux-memes.
Un curé de village, aufli peu éclairé que fes pa-
roifliens , frémira la vue de ces mftrumens dont
fon bréviaire ne lui avoit donne aucune idee ,
courut fe cacher dans une.caverne d ou il n ofa
nas fortir que lorfqu'on 1 eut allure de 1 éloignement
des deux aflronomes. II. avoit eu la précaution
, 'avimt. de fuir -, de prendre les clefs de
réelife. & celles delà tour de fon clocher. Lorf-
1 qu'il fut revenu de fa première frayeur il alla
■ former les' cloches lüi-meme, pour s aflurer fi
fi les moines n’avoient pas jette aucun charme
fur elles. Ses parodiions, partageant fa terreur-,
& animés par fes exhortations, crurent faire un
afte de religion en détruifant les guentes que les
deux aftronomes avoient fait élever au haut des
montagnes, pour -faire leurs obfervations 5 ils le
contentèrent d’abord de les faire relever ; mais,
las de les voir détruire tous les jours, ils-cleman-
dèrent des loldats pour, défendre leurs obferva-
toircs. -
ATHÈNES. Cécrops, fondateur d‘Athènes,
avoit donné droit de futfrage aux* femmes dans
les délibérations publiques, & c’,étoit par elles
que la ville avoir été mile fous la protection de
Minerve, qui l’emporta d’unè voix fur Neptune.
Peu de temps après,. l’Afrique ayant été ravagée
par les eaux, le.s athéniens s’imaginèrent que c etoit
Neptune irrité qui fe vengeoit. PourTappaifer, on
réfolut-de punir les femmes de la preference qu elles
avoient fait obtenir a Minerve 5 il fut décidé
qu’ à l’ avenir elles ne feroient plus a ami fes dans
les affemblées, ni qu’aucun enfant ne.porteroit
déformais le nom de fa mere comme auparavant.
ATOMES. Néociès difoit de. fon. frère Epi-
cure , que lorfqu’il fut conçu, la nature raffem-
bla dans le ventre de fa mère , tous les atomes de
la prudence. Molière a fürement. eu cette expief-
fion en vu e , lorfqu’il fait dire a une de fes ^pie-
cieufes ridicules., que fon père eft compofe d atomes
bourgeois.
A T T ICU S (H érod e), conful, l’an 143. Il
répondit dans fa vieillefïe à un ^homme puiffant
qui le menaçoit 1 ne fais-tu pas qu a mon âge on ne
vaint plus.
Il a\ ^lt un ^lS nc Put aPPren(^re l’alphabeth
A V A Î15>
que par un moyen fingulier. Atticus lui donna
vingt-quatre domeftiques dont chacun portoit le
nom & l’empreinte d’une lettre.
- A T T IL A , prince Scythe , floriffoit vers l’an
434 de J. C . Çe conquérant avoit coutume de
dire qu * il étoit le fléau de Dieu & le marteau de
Tunivers s „que les étoiles tombaient .devant lui , o*
que la terre trethkloit.
A V AR E . ( 1’ ) L’auteur anglois qui a traduit
dans fa langue Y avare de Molière , fait ordonner
par fon avare, qu on écrive en lettres d or
cette fentence qui le charme ; « U faut manger
».pour vivre, & non pas vivre pour manger».
Un moment après , il fonge qu il lui en conter
oit trop, & que cette maxime fera tout aufli
Iifible en l’écrivant avec de l’encre* ordinaire.
Lé traduâeur a renchéri fur l’original.
Un gentilhomme avare voyage oit avec fon fils
& cherchoit fon gîte dans tous les châteaux qu il
trouvçit fur fon chemin. A table, on vint a parler
de D. Quichotte j le fils dit : fave^-vous la
différence de D. Quichotte a mon père 3 c eft qu i l
prenait toutes les hôtelleries pour des châteaux,
& nion père ■ prend tous les châteaux pour des
hôtelleries.
Un curé exhortant à la mort un^ avare qui
étoit à l’agonie, lui mit entre les mains un crucifix
d’ argent. Le mourant , apres 1 avoir 10u-
le vé , d it: il eft bien léger ; je ne, puis prêter
que tant deffus.
Euchio-, caffé de vieilleffe, fait fon teftament.
I Je donne & lègue, ( il foupire à ce mot ) mes
fiefs à' Edouard. — Et votre argent, raonfieur?
— M o n argent? quoi! tout ?..... A h ! puifqu’u
le faut, ajoute-t-il en pleurant, je le donne ï
Paul. — Et votre château, monfieur ? — Arrêtez
j mon château? pour cela, non ....., je ne
peux m’en deffaifir.... & il. rend 1 aine.
M. Charpentier a dit qu’il devroit être peï-
mis de jetter un dévolu fur les ncheffes d uû
avare, comme l’on fait fur les bénéfices d un
eccléfiaftique qui eft indigne ou incapable de les
pofféder.
Un gros avare, mon voiun , difoit, il n y a
pjîs long-temps : on en veut toujours a nous autres,
pauvres riches, ( Voltaire. )
Un avare voulant accoutumer fon. cheval à ne
point manger , lui diminuoit tous les jours le
foin & l’avoine ; le cheval mourut. Que je fuis
malheureux, dit cet homme! j’ai perdu mon
cheval dans le temps qu'il Vaccoutumoit à ne
plus mangër.
Il ne faut quelquefois qu’un mot dit à propos
, pour faire rentrer un homme en lui-meme.