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Comme le carofle qui les conduifoit pafla dans le
quartier ou le provincial logeoit, il lue le premier
qui dtfcendit. On le 1 ailla le plus près qu'on pue
de fa poree , où il courut promptement frapper
parce qu'il faifoie grand froid. 11 fut obligé de
redoubler les' coups avant de pouvoir éveiller une
vieille fervante de fon auberge, qui vint enfin à
moitié endormie lui ouvrir, mais qui, dès quelle-
le vit'* referma au plus vice fa porte^ & s'enfuit
en criant jéfus-maria} de toute fa force. Le provincial
ne penfoit point à fon habillement diabolique
, & ne fâchant point ce que pouvoit avoir
la fervante, il continua à frapper & toujours inutilement.
Enfin mourant de froid, il prit le parti
de chercher gîte ailleurs. En marchant le long
de la rue, il apperçut de la .lumière dans une mai-
ion 5 & pour comble de bonheur, la porte ii'é-
toit pas tout-à-fait fermée. 11 vit en entrant un
cercueil avec des cierges autour, & pn bon prê^
tre.qui s’étoit endormi en lifant fon bréviaire auprès
d’un fort bon brafier, Tout étoit tendu de
noir, & l ’on ne fentoit pas de froid dans ce lieu-
là- Le provincial s’approcha tout le plus près
qu’il put du brafier, & s’ endormit fort tranquillement
fur un fiége. Cependant le prêtre s’éveilla,
& voyant la figure de cet homme endormi,
il ne douta pas que ce ne fût le diable qui
venoît prendre le mort ; & là-deflus, il fit des
cris fi épouvahtables, que le provincial s'éveillant
:en furfaùt jvfut tout effrayé, croyant voir le
mort à fes trouffes. Quand il fut revenu de fa
frayeur, il fit réflexion fur fon- habillement, &
comprit que c’étoît ce qui avoir caufé fon embarras.
Comme il n’étoit pas loin delà fripperie,
& que le jour commençoit à paroître, il alla changer
d’habit, & retourna à fon auberge , où il-
n’eut pas de peine à fe faire ouvrir. 11 apprit en
entrant que la fervante étoit malade, & que ç’é-
toit pnevifite que le-diable Jui avoit rendue qui eau-
. foit fon mal. Le provincial n'eut garde de dire
qu’il étôip le diable. 11 fut enfuite qu'on publioit
dans le quartier que le diable étoit venu pour enlever
monfieur un tel. Le confefTeur atteftoit la
chofe > ce qui y donnoit le plus de croyance *
ajoute madame Dunoyer, qui rapporte cette anecdote
, ç ’cft que le pauvre défunt avoit été mal-
Êotier.
M. le Prince eut la curiofité de voir un pof-
Tédé en Bourgogne, donr-on faifoit beaucoup de
bruit. En tirant quelque chofe de fa poche,
comme fi c’eût été, un reliquaire, il lui mit la
main fer«mée fur la tête ; le poffédé dit & fit auf-
fitôt beaucoup d’extravagances : M. le Prince,
retirant fa main fit voir au poffédé que c’étoit une
montre! le poffédé fort déconcerté de voir cela,
fai faut mine de vouloir fe jetter fur lui, M ? Je
Prince qui avoit une canne à la main, lui dit :
M. le diable , f i tu. me touches , je t'avertis que je
rçjftrai bien ton çtui, gn faifany le récit de çe qui
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lui étoit arrivé alors, il difoi je pariai en cette
maniéré, ne voulant pas que l'on crût que j'étois
afei fou pour vouloir battre le diable. Le poffédé
relta dans fon devoir & ne battit pas M. le
Prince.
DIABLE AU CORPS. Lorfqu’on répéta Mé-
rope pour la première fois, M. de Voltaire reprochoit
à mademoifelle Dumefnil, de ne mettre
ni allez de force ni affez de chaleur en invectivant
Polifonte : » Il faudroit avoir le diable, au
» corps, lui dit cette célèbre aétrice, pour arri-
» ver au ton que vous voulez me faire prendre. — >
» Eh! vraiment oui, mademoifelle, c’eft. le dia-
» ble au corps qu’il faut avoir pour exceller dans
» tous les arts ; oui, oui, fans le diable au corps,
» on ne peut être ni bon poète ni bon comédien. «
DIAGORAS , philofophe Athénien , mort
vers l’an 400 avant J. C .
Les Athéniens le chaffèrent de leur ville, pour
avoir mis en queftion, s’il y avoit d es 'Dieu x,
& favoir qui ils étoienr.
Se trouvant un jour d’hiver dans un endroit où
le bois manquoit/il prit une ftatue d’Herculey
& la jetta dans le feu en difant, i l faut que tu
fajfe aujourd'hui bouillir notre marmite, ce fera le
dernier de tes travaux. '
1 DJAMANS.Cequi diftingue le plus le royaume
de Golconde des autres contrées de l’Afie, c’ eft
la richeffe de fes mines de diamans ; on en attribue
la découverte au bazard. Un berger condiiifant
fon troupeau dans un lieu écarté, apperçut une
pierre qui jettoit de l’éclat : il la ramaffa la
vendit pour un peu de riz , à quelqu’un qui n’en
connoilfoit pas mieux la valeur. Elle paffa aiçsft
dans différentes mains, & tomba enfin dans celles
d’un marchand connoiffeur, qui en tira un grand
profit. Cette découverte fit. du bruit & chacun
s’empreffa de fouiller dans l’endroit où le diamant
avoit été ramaffé-. L ’endroit où fe trouvent ces
mines, eft le plus fec & le plus llérile du royaume.
On cherche les diamans dans les veines des
rochers, & i i ÿ a. plus de .3000 ouvriers occupés
de ce travail. Le roi fe réferve.tous les diamans
au-deffus de dix carats, ce qui n’empêche
pas qu’on ne le trompe fouvent. Les mineurs les
avalent pour n’être pas découverts, & trouvent
moyen de les vendre aux Européens ,■ après les
avoit retirés de leurs déjeélions; ce qui ne fe fait
pas fans expofer fa vie.
Les plus beaux diamans que l’onconnoiffe dans
le monde, font, celui du roi. de France qui pèfe
106 carats, celui du grand duc de Tofcane qui
en pèfe 139, & que l’on eftime deux millions fix
cent huit mille trois cent trente cinq livres ; celui
dp Grand Mogol qui a pâlie dans les mains dé
d 1 D
Thamas-Koutikan, de 28.0 carats, Sr qui étoit
eftimé onze millions fept cent vingt trois mille
deux cent foixante dix-huit livres.1 .
Le prince d e * * * , charmé de la conduite intrépide
d’un grenadier au fiège de Phil sbourg,
en 1734* lui. jetta fa bourfe, en lui difant qu'il
étoit fâché que la fomrrie qu’elle contenpit ne
fût pas plus confidérable. Le lendemain, le grenadier
vint trouver le prince ; & , lui préfentant
des diamans & quelques autres' bijoux : » Mon
» général, lui dit-il, vous m’avez fait préfent de
« l’or qui étoit dans votre bourfe, je le garde ;
» mais Vous n'avez fûrenient pas prétendu me
« donner ces diamans, & je vous les rapporte. —
35 Tû les me'rites doublement, répondit le prince,
•5 par ta bravoure & par ta, probité. Ils font à
» toi. «
Une très-belle femme qui n’avoit point d’enfans
& qui ne croyoit pas que ce fut de fa faute,
ayant un jour un beau diamant au doigt: »3 Voilà,
« lui dit fon mari, un diamant merveilleux, mais
» fort mal mis en oeuvre f i l n’eft pas le feul, ré-
33, pondit elle avec un fourire malin. «
DIANE DE POITIERS, morte le 26 avril
ï.f66, âgée de 66 ans & quelques mois.
François I , lui accorda la grâce du comte de
■ Saint-Vallier fon père, qui avoit trempé dans les
projets du connétable de Bourbon. Henri II,
n'ayant que dix-huit ans | eh devint éperduément
amoureux, quoiqu'elle eût alors au moins 40 ans.
Elle avoit les cheveux extrêmement noirs & bouclé
s, la peau très-blanche, les dents, la jambe
& les mains admirables, la raille haute, & la démarche
la plus noble. Elle ne fut jamais malade.
Dans le plus grand froid, elle fe lavoit le vifage
avec de l’eau de puits, & ri'11 fa jamais d’aucune
pomade: Elle s’éveilloit tous les matins à fix heures,
montoit fouvent à cheval, faifoit une ou
deux lieues & venoit fe remettre dans fon l i t ,
où elle lifoit jufqu'à midi.
Elle répondit fièrement à-Henri I I , qui vouloir
reconnoître une fille.qu’il avoit eue d’elle :
33 J'étois de naiffapce à avoir des enfans légitimes
de vous; j’ai été votre maîtreffe parce que je
■ vous aimois, je ne fouffrirai pas qu’un arrêt
me déclare votre concubine! ce
Elle ordonna par fon teftament qu’on expofât
fon corps dans l’églife de« filles pénitentes, avant
que de le tranfporter à Anet où il fut inhumé.
D ID E R O T , ( Denis) né en 171 3 , mort en
1784.
Diderot étoit fils d’un coutelier de Langres; il
fit fes études chez les jéfuites., & vint à Paris
prendre des leçons du fameux père Porèe.
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Il fut réduit au fortir de fes cia fies, à enfeigner
les mathématiques. Il-a fait auffi des fermons
pour de l’argent. Un miffionnaire prêt à partir
pour l’Amérique, lui en commanda fix qu'il lui
paya jo écus pièce.
Diderot eftimoit cette affaire une des meilleures
qu’il eut faites.
II trouva dans fa liaifon avec mademoifelle
Champion qu’il époûfa, le fujet de l’intrigue de
Saint-Albin, qui fait l’intérêt de fon père de famille.
^
On fait que l’impératrice de Ruffie acheta la
bibliothèque de Diderot, & voulut'qu’il confervat
fes livres avec une penfîon , comme fon bibliothécaire,
tout le^temps de fa vie.
Diderot alla à Peteisbourg remercier fa bienfaitrice,
mais il réufiit peu à cette cour.
Langres à décoré fon hôtel-de-ville, du bulle &
des écrits de fon illuftre citoyen.
Diderot à fait différens ouvrages de philofo-
phie, de littérature, de fcience , de romans,
mais il eft principalement connu comme éditeur
de la première encyclopédie, & rédacteur
de la partie des arts <k métiers.
D IO C L É T IEN , né l’an 245 de Jéfus-Chrift,
mort en 313.
Dioclétien, d’abord finaple foldat, ne dut qu’a
lui-même fon élévation à l’empire. Il avoit beaucoup
de reffource & même d’adrefie dans l’ efprit ;
il étoit ferme dans fes projets, & pendant vingt-
années il fut faire refpeéter fes ordres par ces
fières légions qui élevoient les empereurs & les
renverfoient avec la même facilité. Il n’ignoroît
pas qu’un fouverain doit toujours agir fans paffion ,
& il réprima fon caractère fier, violent, emporté.
Le bi en qui fe préfentott il le faifoit de fon propre
mouvement; il ne fe porta jamais à un excès
de rigueur fans y être autorifé auparavant par
l’avis de fes miniftrês : on lui a reproché d’avoir
le premier introduit l’ ufage de fe faire baîfer les
pieds ; mais c’eft une vanité qui n’eft que ridicule,
& que l ’on peut pardonner à la baffeffe de fon
extraction.
Dioclétien avoit été élu empereur l’an 284 de
l’ere chrétienne, &. cette année eft remarquable
en ce qu’elle commencé l’ere de Dioclétien ou des
martyrs dont on s’ eft fervi long-temps dans l’églife,
& dont fe fervent encore les Coptes ou
les Abyftins. La perfécution contre les chrétiens
ne commença cependant fous Dioclétien que la dix-
huitième année de fon règne, & cet empereur ne
s’y prêta qu’à la vive follicitation de Galere,
homme dur, féroce, vindicatif, & un de ceux
que l’empereur avoit aflfociés au gouvernement.