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Maïs ,'d’un effort moins cîrconfpeélji
Sept ans après tenter même aventure j
Et travailler encor dans le goût grec ;
Pardon ! maman, fi la phrafe eft trop dure,
Je le d is, fauf votre r e fp e â ,
C’eft de tout point vouloir forcer nature.
Outre ce drame & celui de Cénie, madame de
Grcfigny avoit laiffé ùn petit a ét é de féerie._, intitulée
A^or , qui avoit été joué chez, elle, & qu’on
la détourna de donner aux comédiens, comme
rempli d’un fentiment trop v if & trop tendre
pour fon âge. Elle a de plus compofé trois ou
quatre pièces en un â& e, qui ont été repréfenrées
à Vienne par les enfans de l’empereur. Ce font
des fujets firhples & moraux, à la portée de Tau-
gufte jeunefle qu’elle vouloit inftruire.
‘G R AM M O N T , ( Antoine de) mort en 1678.
Au paffage du Rhin, Grammont.apperçut un
cfficier qui fe difpofoit à fe jetter dans le neuve 5
il . alla ; à lui , le piftolec à la main , & lui dit :
t<- Alte . i|i j vous ne pafTerez pas, ou payez-moi
» les cinquante louis que vous me devez. Etes;-
». vous fou, répondit l’Officier. N o n , en vérité,
continua Grammont $, je ;fais bien que vous
» n’avez pas peur de mourir : noyé de dettes
»-comme vous l’êtes , c’eft peut-ê tre ce qui
».'pourrait vous arriver de plus heureux ; maïs
» quand vous ferez mort , fur-quoi prendrai-je mes
» cinquante louis ? Payez-moi, vous dis-je , ou
» vous ne pafTerez pas-». • -
Grammont affiégeoit une place. Lorfque le gouverneur
fe fut rendu, après une affez légère ré-
fifiance, il dit qu’il avoit demande à capituler,
parce qu’il manquoit de poudre. Afin de vous
rend e confidence pour confidence , répartit
Grammont 3 je vous avouerai que je rie "vous ai
accordé ce que vous demandiez „ que parce que je
n’avois plus de plomb.
Les impériaux attaquent Landau. Mélac, officier
très-agé & diftirigué par beaucoup de belles
attions , défend cette place près de quatre mois,
avec une intelligence & une fermeté extraordinaires.
Grammont , qui eft pour le moins aulfi
vieux , dit familièrement à Louis X IV , à peu-
près 'de même âge : « Sire, il h y a que nous
03 autres cadets qui vallions quelque çhofe. Cela
os eft vrai, die le roi, mais à notre âge , on n'a
»• pas long, % temps, à jouir de la gloire »>. Sire h
reprit Grammont, « on ne compte pas l’âge des
» grands rois, & leurs années ne fe datent que.
#3 par leurs belles allions
Grammont étant" fur le point de mourir, fa
Femme, qui. étoit d’une' piété profonde ,■■ ne le
» quittoit pas d’un moment. Son confeffeur Tinf-
t* truifoit^ en lui difant : « Monfieur,. il faut croire
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m c t d , H faut Cfôîre cela »3 j & le comte fe tournant
vers fa femme., lui demaridoit : « Cela eft-il
» vrai, madame ? — Oui, lui répondoit-elle. — Eh
33 bien, ajoutoit le malade, allons donc, dépê-
3» chons-nous de croire »3.
G R A N D , (Marc-Antoine le ) auteur 8c poète
françois, mort en 1728, à y6 ans.
Un jour que cet aéleur fe promenoit avec un
de fes amis, un pauvre les aborda civilement en
leur tendant fon chapeau. Le Grand tira de fa
poche quelques fols qu’il lui donna. Là-deffus le
mendiant, par reconrtoiffance, fe mit à chanter
un de profondis. Parle donc, h é , l’amL lui dit
le comédien , eft-ce que tu me prends pour un
trépaffé ? Au lieii d’entonner un de profondis,
chante plutôt un domine falvum fac regern , car je
fais les rois.
Sa figure étoit défagréable, 8c le public la
trouvoit telle; îl dit un joür, eh haranguant le
parterre : Mejfieurs , i l vous eft plus aifé de vous,,
accoutumer a ma figure , au a moi d‘en changer.
j GRANDEUR D ’AME. La grandeur d’ame
.honore la vertu dans l’ ennemi même.qui a fu
réfifter. Lorfque Soliman eut pris le château de
Budes, en 1 y 19, il trouva dans un. cachot Na-
dafti, gouverneur de la place. Il fut curieux de
favoir la raifon- d’un évènement fi extraordinaire.
Les allemands de la garnifon lui avouèrent que
Nadafti les ayant traités de lâches & de perfides
parce qu’ ils le preffoient de capituler, ils l’avoient
enfermé pour avoir la facilité de. fe rendre. Le
fultan, plein d’admiration pour la fidélité & la
bravqure du généreux gouverneurle combla de
louanges & de préfens, lé mit en liberté, &
condamna à mort tous ceux qui avoient manqué
d’une manière fi honteufe à la fubordination militaire.
■
Il y a des réponfes qui cara&érifent la grandeur*
d’ame de ceux qui les ont faites.
Parmi quelques prifonniers romains que Mithrî-
date avoit faits, on. lui amena un officier qui fe
horrimoit Pomponius, & qui étoit bleffé dange-
reufement : le roi lui demanda, fi en lui fauvant
la v ie , il pouvoir compter de l’ avoir pour ami ?"
O u i, répondit lé prifonnier., fr-vous faites la paix
avec les romains ; finon , je n’ ai pas même à- délibérer.
Ceux qui étoient préfens, irrités de cette
frère réponfe, éxcitoient Mithridate à le faire
mourir; mais.ee prince, réjetta ce lâche confeij ,
en leur difant : refpectons la vertu malheureufe.
Alexandre-le-Grand, ayant fait prifonnier Po-
rus , l’ùn des plus puiffans rois .des Indes , J e fit
venir devant lui, & lui demanda comment, il vouloit
être traité? « En roi,répondit-il. —- Mais,
» ajouta le conquérant, ne demandez-vous, rien
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» davantage ? — Non : ce feul mot dit tout ».
Charmé de cette grandeur d’ame, Alexandre lui
rendit fes états, auxquels il ajouta plufieurs autres
provinces; & Porus, reconnoiffant, lui demeura
fidèle jufqu’à la mort.
Malek, vifir du calife Moftadi^ venoit de remporter
une vi&oire fur lés grecs , & avoir pris
leur empereur dans une bataille. Ayant fait venir
ce prince dans fa tente , il lui demanda quel traitement
il attendoit de fon vainqueur ? « Si vous
>3 faites la guerre en ro i, répondit l’empereur,
» renvoyez-moi : fi vous la faites en marchand,
.33 vendez-moi : h vous la faites en boucher,
» égorgez moi ». Le général mùfulman le renvoya
fans rançon.
Un chef d’efclave$ révoltés fut pris les armes
à la main , avec plufieurs de fon parti. Le général
vainqueur lui demanda quel traitement il croyoit
$ue lui 8c fes compagnons avoient mérité .^Celui
que méritent de braves gens qui s’ eftiment dignes
de la liberté. Le général leur accorda le pardon, 8c les incorpora dans fon armée.
Lorfque Soliman, fouverain des turcs, mar-
choit à la conquête de Belgrade, en 1521, une
femme du commun s’ approcha de lui, & fe plaignit
amèrement de ce que, pendant qu’elle dor-
moit, des foldats lui avoient enlevé.des beftiaux
qui faifoient toute fa richeffe : Ilfalloit que vous
fujfieç. enfevelie dans un fommeil bien profond, lui
dit en riant le fultan, puifque vous nave% pas
entendu venir les voleurs. Oui 3 je dormoi 's , feigneur}
répondit-elle , cétoit dans la confiance que votre
hautejfe veilloit pour la fûreté publique. Soliman,
affez magnanime pour approuver ce mot tout
hardi qu’il étoit, répara convenablement un dommage.
qu’il auroit dû empêcher.
L^empereur Charles - Quint avoit demandé à
François t fa gendarmerie, ainfi que de l’argent,
par forme d’emprunt, pour répouffer avec avantage
les turcs, dont il étoit vivement preffé :
« Pour de l’argent, répondit le r o i , je ne fuis-
» pas banquier ; pour ma géndarmerie, comme
33 elle eft le bras qui porte mon feeptre, je ne
» l’expofe jamais au péril fans aller chercher la
» gloire avec elle ».
Les empereurs Théodofe, Arcadius & Hono-
rius,-écrivirent à Rufin , préfet du prétoire:
« Si quelqu’un parle mal de notre'perfosne ou
33 de notre gouvernement, nous ne voulons pas
» le |>unir. S’il a parlé par légèreté, il faut Je
» méprifer : fi c’eft par folié, il faut le plaindre :
» fi c’eft une injure, il faut lui .pardonneras*
Dans une caufe où ArîlLide étoit juge, une
des parties rapporta plufieurs injures que ce même'
Ariftide avoit reçues de fa partie adverfe : paffez
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c e la , dit Ariftide; venez au fait; je ne fuis pas
mon juge , je ne fais que le vôtre.
Injuftement condamné par des citoyens jaloux,’
le grand Phocion, l’un des plus célèbres perfon-
nages de,la Grèce, étoit près de boire la ciguë,
lorfqu’on lui demanda s’ il ne vouloit rien dire à
fon fils ? « Faites-Ie venir, dit-il J . On va chercher
le jeune homme; on le conduit ; on le pré fente au
père : «=« Mon cher fils, lui dit-il, je vous recom-
33 mande de ftrvir votre patrie avec autant^ de
33 zèle & de fidélité que moi, & fur-tout d’eu-
33 blier qu’une mort injufte fut le prix dont elle
33 paya mes fervices».
L e muficien Guadagni , ayant perdu une fomme
confidérable avec un prince allemand voyageur,
qui étoit ce qu’on appelle aujourd’hui, en termes
de l’art, un grec, on l’avertit qu’il avoit été volé,
& il fut confeillé de ne point payer l’allemand.
Guadagni répondit : il a agi avec- moi en fripon ,
je veux agir avec lui en prince.
Le général Ban, officier allemand au fervîce
de la Ruflie, & qui a eu part à l’élévation de la
grande Catherine , avoit reçu ordre de monter
vers le Holflein avec: un corps de troupes qu’il
commandoic. C ’étoit un foldat parvenu, dont
on ne connoiffoit ni la famille, ni le pays. Un jour
qu’il étoit campé près de Hufum, il invita les
principaux offieiets à dîner. Pendant qu’ ils étotenc
à table, ils virent entrer dans la tente un fini pie
meunier & fa femme, conduits par-un aide de
camp, qui avoit été les chercher par ordre du
' général. Ces pauvres gens s’avanjçoient en tremblant
de peur : mais le général les raffura ,. les fit
mettre à table à côté de lu i, & leur f it , pendant
le dîner, un nombre infini de queftions fur leur
famille. Le bonhomme .leur répondit, qu’ il étroit
le fils aîné d’un meunier comme lu i, qu’ il avoir .
une foeur & deux frères qui faifoient le commerce.
Mais, reprit le général, n’aviez-vems pas
un autre frère, outre les deux dont vous venez
de me parler ? X e meunier lui répondit qu’effeélir
vement il en avoit un troifième, mais qu’il étoit
parti pour la guerre, dès fa plus tendre jeuneffe,
& que n’en ayant pas entendu parler depuis, .on
le croyoit mort. Le général lifant dans les yeux
de fes officiers, qui étoient étonnés qu’il s’amusât
fi long-temps à faire des queftions à ce pauvre
malheureux, fe tourna vers eux, & leur dit :
"« Meflîeurs, vous avez toujours été curieux dè
33 favoir la: famille d’où je fortois, je vous dirai
» donc à préfent, & je ne rougis point de vous
»s le dire, que je fuis le frère de cet honnête
» meunier : il vous afait l’hiftoireJe ma famille 33«
Le général, après avoir paffé la journée avec fes
parens, fête à- laquelle fes officiers fe joignirent
de bon coeur » prie des mefures pour améliora
leur for^
* * à