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revanche à prendre contre ce fatyrique, publia
\ anagramme de Ton nom^, où Ton trouvoit , cocu
féparé.
André Rüdiger * médecin à Leipfîck, s'avifa ,
étant au collège , de faire Y anagramme defon nom
en latin : il trouva de la manière la plus exaéte dans
Andréas Rudigerus ces mots, arare rus Dei dig-
nus , qui veulent dire , digne de labourer le champ
de Dieu. Il conclut de-là que fa vocation étoit
pour 1 état ècclefiaftique, il fè mit à étudier la
théologie. Peu de temps après cette belle découverte
, il devint précepteur des enfans du célè-
bre Thomafius. C e favant. lui dit un jour , qu'il
..feroit mieux fon chemin en fe tournant du côté
de la médecine. Rüdiger avoua-que naturellement
il avoit plus de goût & d'inclination pour cette
fcience ; mais qu ayant regardé Xanagramme de
fon nom comme une vocation divine, il n'avoit
pas ofé pafler outre. «'Que vous êtes Ample, lui
” dit Thomafius ! c’eft juftement Xanagramme de
si votre nom qui vous appelle à la médecine. Rus
30 'P% 3 n’eft-ce pas le cimetiere, & qui le laboure
|§le ^es fflédeeins ? » Rüdiger ne put ré-
. lifter à cet argument, & fe fit médecin.
ANAMORPHOSE. Ce mot fignifie une repré-
fentation defiguree de quelqu’image fur un plan,
op fur une fiirface courbe, & qui, néanmoins à
un certain point de vue , paroît régulière & faite
avec des juftes proportions.
On voit dans le cloître des minimes de la place
Royale à Paris, deux anamorphofes tracées fur les
deux côtés du cloître. L'une repréfente la Mag--
deleine, & l'autre faint Jean écrivant fon évangile.
Elles font telles, que quand on regarde directement
on ne voit qu'une efpèce de payfage, &
quand on regarde d'un certain point de vue,
elles repréfentent des figures humaines très-dif-
îinétes.
.Quelquefois celui qui defline l'anamorphofe fait
enforte que la repréfentation de l'objet défiguré
offre elle-même quelque chofe de régulier. On a
vu , par exemple , une anamorphofe qui offroit au
premier coup d'oeil des foldats & des chariots
fur la rive d'un fleuve; & quand on feplaçoit à:
certain point de vue, le tableau changeoit & pré-
fentoît la tête d'un fatyre.
Le C le r c , célèbre graveur, a placé dans un
morceau de fa compofition, connu fous le nom
d’académie des fciences , un homme qui regarde
une anamorphofe, dont le fujet eft une tête.
AN A TOM IE . \X anatomie eft l'art de diflequer
ou de féparer adroitement les parties folides dés
animaux, pour en connoître la fifuation, la figure,
&rc. On fait remonter Xanatomie au premier âge
du monde. L'infpeélion des entrailles des vidhnes,
la coutume d'embaumer, les traitemens des plaies
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& les boucheries même aidèrent à connoître la
fabrique- du corps animal.
Paufânias nous apprend qu'Hyppocrate fit fondre
un fquelette d’airain , qu'il confacra à Apollon de
Delphes. Ce fait prouve que les grecs faifoient
grand cas de cette fcience.
On eft étonné de voir la précifion avec laquelle
Homère défigne la blefliire qu'Enée reçut de Diomède
: les deux nerfs, dit-il, qui retiennent le
fémur s'étant rompus , l’os fe brifa au dedans de
la cavité où eft reçu le condyle fupérieur. Ce n'eft
pas Je feul paflage ou Homère prouve qu’il étoit
très - inftruit-en anatomie. Quelques auteurs ont
prétendu qu’on tireroit de fes ouvrages un corps
àXanatoTjjjt aflez étendu.
On trouve dans Paufanias la première difleétion
légale chez les grecs. Ariftodême voulut immoler
fa fille pour fatisfaire à un oracle ; un amant au
défefpoir imagina , pour fauver fa maîtrefle , de
publier que cette viaime ne pouvoit être agréable
aux dieux, puifque la fille d'Ariftodême étoit grofle.
Le père rempli d'un patriotifme farouche, ouvrit
les flancs de fa fille, & vengea fon innocence des
calomnies x de fon amant.
La coutume de brûler les cadavres retarda >,
chez les romains , les progrès de Xanatomie. La
religion & les loix civiles faifoient refpeéter les
corps morts fous les peines les plus févères. Il
fallut fe contenter dès tombeaux ouverts ou des
malfaiteurs.
Ce fut dans les ouvrages des anatomîftes, fur
les enfans expofés , fur les animaux, & fur-tout
fur les Anges, que Gallièn s'ihfiruifit dans cette
fcience.
Douze cents ans après Gallîen, on recommença
à diflequer ; tous'ces fiècles furent perdus-pour
Xanatomie. Frédéric II rappelia cet art falu-
taire, en ordonnant que tous les ans il feroit fait
en Sicile la difîe&ion d’ùn c-qrps humain.
Depuis cette époque , les découvertes en anatomie
fe font multipliées , & la France a la gloire
d'avoir beaucoup contribué aux progrès de cette
fcience.
Vous êtes fi. habile dans Xanatomie 3 dîfoît quelqu'un
à M. Petit, que vous devriez guérir toütes
les maladies. « Cela eft vrai, répondit le célèbre
» doéteur ; mais malheureufement nous fommes
» comme les' portefaix de Paris , qui connoiflent
» bien toutes les rues, mais qui ne faveîlt pas
» ce qui fe pafle dans les maifons ».
AN AXAGORE . Anaxagore y.né à Clazomène
l'an yoo avant J. C . , fut furnommé ne,parce
qu'il enfeignoit que- l'efprit. divin étoit la caufe de
cet univers. Ses- parens lui reprochoient un jour
qu'il laifloit dépérir un riche patrimoine. J’ai era-
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L o y é ? t é p o n d i t - i l , à f o rm e r m o n e fp r i t le tem p s
I que j'a u r o i s em p lo y é à c u l t i v e r m e s ^ '. r r e s , je
[ .p r é fè r e u n e g o u t t e d e fa g e f fe à d e * to n n e s d o r .
I Ce philofophe enfeignoit que la lune étoit hab
itée/qu e le foleil étoit une malfe de matière en-
Ifliimméé, un peu plus grande que le Peloponefe .
que les cieux étoient de pierre, & que tout 1 univers
étoit compofé de parties femblables.
I Anaxagore , accufé d'impiété , s'éloigna d'Athè-
! neSi ayant appris qu'il étoit condamne a mort,
1 jj dit tranquillement : il y a long - temps que la
l'nature a prononcé contre mes juges & contre moi
i je même arrêt de mort.
r Anaxagore tomba dans 1 indigence, ce qu ayant
; appris Périclès, fon difciple, il vint, maisi trop
tard'à fon fecours ; ce philofophe lui fit dire :
t« Quand on veut conferver la lumière d une lampe,
„ on a foin d’y verfer de l'huile
Ses difciples lui demandèrent sfil vouloit être
enfeveli dans fon pays. Cela eft inutile, répondit
Anaxagore -3 le chemin qui me ne aux enfers n eft
pas plus long d'un lieu que de 1 autre.
A N A X A N D R E , roi de Sparte, vers l'an 684
avant J. C . On lui demandoit pourquoi Jes lacé-
démoniens n'avoient point de trefors : « C eft afin,
» répondit-il, qu’on ne corrompe p a r ceux qui en
» auraient les clefs
ANAX ARQ UE . 'Anaxarque ,y\\\\o(oç\ie d'Ab-
dère, fiit le favori d'Alexandre-le-Grand. Il lui
parla avec une liberté digne de Diogène. Alexandre
s'étant bleffé, il lui montra du fang de fa blef-
fure, en ajoutant : voilà du fang humain, & non
pas de celui qui anime les dieux.
Un jour qu'Alexandre lui demandoit à table ce •
qu’il penfoit du feftin, il ne manque rien, dit Ana-
xarque, fi ce n'eft la tête d'un grand féigneur dont
on autoit dû faire un pla t, & dans l'inftant il jetta
les yeux fur Nicocrêon, tyran de Chypre. Après
la mort d'Alexandre, Nièocréoh le deftina au fup-
pliceje plus cruel , il voulut d'abord lui faire couper
la langue , mais le philofophe lui dit avec dédain :
je t'en empêcherai bien, & au(fi-tôt il coupa fa
langue avec fes dents & la cracha au vifage dit
tyran. Nicoçréon outré de rage ie.fit mettre dans
un mortier de fer où il fut pilé vif.
ÂN A X ID AM E , roi de Lacédémone, vers l'an
.684 avant J. C .
Un étranger lui demanda qui avoit l’autorité
dans Sparte ? --Les loix.
ÂNAXIMÈNÈS. La ville de Lampfaque fut
fauvée par la fine fie à’ Anaximenes en cette- forte :
Alexandre-le-Grand , qui avoit ..été difciple de ce
philofophe , étant fur le point de détruire cette
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ville : Anaximenes fut au-devant pour le fupplier
de n'en rien faire. Le conquérant fe doutant de
cette prière, jura, comme il approchoit de lu i,
qu’il ne feroit rien de tout ce qu'il le prieroit.
Alors le philofophe le pria de détruire la ville-J
mais Alexandre fe crut lié par fon ferment, &
r obligé de conferver la ville.
AN C R E ( le maréchal d’ ). Condé ayant commencé
la guerre civile, on prend a Paris les
fures qui font d'ufage dans les temps de trouble.
Il n'eft plus permis de fortir de la ville, ni d y
entrer fans permiflion. Le maréchal d Ancre , qui
-veut aller pafler la nuit dans, un fauxbourg , fe
préfente à la porte de Bufli, accompagne des gentilhomme
ordinaires de fa fuite. Le cordonnier
Picard, qui y eft de garde, arrête, le carofle &
demande le pafleport. L'orgueilleux favori ordonne
à fon cocher &ç a fes gens d’avancer : on leur pre-
fente la hallebarde- &.le moufquet. « Coquin, ait
» le maréchal au cordonnier , fais-tu qui je fuis ?
» Je vous connois fort bien, répond Picard d une
» manière hardie & méprifante ; cependant vous ne
» Tordrez pas, à moins que vous n'ayez un pafle-
» port ».
D 'Ancre crève de rage & de dépit, mais il n o ë
faire violence. La populace, qui s'attroupe, 1 au-
roit aflbmmé fans miféricorde. On va feulement
chercher le commiflaire de quartier, afin qu il ordonne
à ceux qui font de garde de laiflèr. fortir le
/maréchal.
Quelque temps après, le vindicatif italien commande
à fon écuyer de prendre deux valets, & de
faire donner des coups de bâton au cordonnier
Picard. L'ordre; eft fi bien exécuté, que le pauvre
homme demeure prefque mort fur la place. Peu de
jours après, les gens du maréchal, qui comptant
trop fur l'autorité de leur maître, s'étoient laiffé
arrêter, font pendus devant la porte du malheureux
qui avoit été fi inhumainement traité. L'écuyer
auroit eu le même.fort, fi Picard n'avoit confënti
à fe défîfter;-de fes pourfuites.
AND RÉ (Charles) , perruquier , demeurant
à Paris, né à Langres ^en 1721 , a fait imprimer le
tremblement de terre de Lisbonne,.tragédie. L'au-
; cçur rend compte dans fit préface de fon éducation ,
de fon mariage & ' de fes talens pour les vers. On
l’ avoit mis au collège ; mais, dit-il, avec une .finir
plicité tout-à-fait originale : ce Ayant malheur£.11-
» femeut été créé fans bien , j’ai été contraint de
» quitter mes études , & d’embrafler l’état de la
» perruque, qui étoit celui, difoit-on, qui me
» convenoit le mieux. . . Je m’appliquons dans ma
»- jeunefle i faire de petites rimes làtyriques &_ des
» chanfons , qui n’ont pas laifle de m’ attirer queL
» ques bons coups de bâton ; ce qui ne m’a pas
» empêche, de continuer toujours à compofer queL