Quoiqu'en lui la nature dorme , _
Les chofes de manière iront,
Qu'il l’emportera pour la forme,
Quoiqu’il n’ait pas droit dans le fond.
La femme d%n impuijfant appeloit fon lit , un
Ht de repos.
On pourroit croire qu’il n’y a que les femmes
qui foient capables de pourfuivre leurs maris en
juftice , fous prétexte d’impuijfance , lî nous ne
rapportions le fait fuivant arrivé à Paris en 1752.
Le fieur la Hure, maître tailleur d’habits / après
avoir vécu dix années avec fon époufe 3 fans avoir
eu d’enfans , s’ avifa alors»de la traduire en juftice
pour caufe de ftérilité.
La femme, en fe défendant, dit que le terme de
dix années étant expiré dans la meilleure union ,
fon mari avoit mauvaife grâce de venir demander
à la juftice la cafîation de fon mariage , fous
prétexte qu’ elle étoit ftérile. La Hure prétendit
qu’en pareil cas, il n’y avoit point de prefcrip-
tion j que la patience qu’il avoit eue jufqu’alors ,
provenoit de l’efpoir dont il s’étoitjoujours flatté
que la caufe cefferoitj mais que ne ceflant point,
& délirant avoir de la poftérité, il demandoit
maintenant que fon mariage fût déclaré nul, &
requéroit , pour démontrer la folidité de fa demande,
que fa femme fût vifitée par deux experts j
ce qui lui fut accorde. Mais le rapport des deux
experts fut qu’ils ne pouvoient décider lrla femme
étoit impuijfante ou non, attendu que l’orifice
externe de la matrice étoit entièrement couvert
d'une peau collée deflfus, qui empêchoit l’intro-
du&ion du membre .viril ; que lî la femme la
Hure confentoit qu’on lui enlevât cette peau ,
ou que l’on y fît une ouverture, elle pourroit devenir
féconde. La femme ayant confenti à l’opé-
ration, fon mari fut obligé de la garder.
En général les procès à.’impuijfance font très-
peu d’honneur aux femmes qui les intentent.
Soit qu'elles parviennent à obtenir un autre mari,
foit qu’elles n y parviennent pas » elles deviennent
l’opprobre & la fable de leur fiècle. N ’eft-ce pas.
déjà beaucoup que de confelfer publiquement fon
incontinence ? O r , c’eft ce que fait toute femme qui
intente de tels procès» Elle déclare devant tout le
monde quelle ne peut fe pafter d’un mari. L'interrogatoire
qu'il faut qu elle fubiflfe devant les juges,
eft fi délicat & fi g ê n a n tq u ’on ne peut avoir
b^nne opinion de celle qui eli capable de franchir!
cette barrière.
Un avocat embarrafta un jour étrangement une
pateille plaideufe. Il lui demanda en préfence de
plufieurs témoins', fi fon mari l’avoit baifée à la
joue & lui avbit fait d’autres carefles. Elle répondit
qu’oui. « Et qui vous a d it, reprit i’avo- '
» c a t , que ces carefles ne fuffifoient pas ? Où
« avez-vous appris le refte ? Si vous êtes pucelle, |
» comme vous le prétendez, vous ne devez pas
|» favoir que votre mari eft impuijfant y & fi vous
;» le fa ve z, c’eft un figne que vous avez éprouvé
» ce que d’autres hommes peuvent faire «.
IN AN È S , ( JeamBaptifte ) né à Valence, l’an
1 y40, mort en 1796.
Le meilleur ouvrage de ce peintre fe confervoit
du temps des jéfuites dans leur maifon pr.ofefle
de Valence. L ’origine de ce tableau eft tout-à-fait
fingulière , félon Velafco , notre auteur efpagnol.
La vierge, toute rayonnante de gloire , apparut,
dit-il, à un jéfuite refpeélable par fa piété, &
lui ordonna de la faire peindre dans l’état qu’il
avoit le bonheur de la voir. Le bon père, l’ayant
bien confidérée , s’empreffa de s’acquitter de fa
commiflion. Ce fut fur Lianes qu’il jetta les yeux.
Mais, le peintre travailla long-temps avant de
faifir les traits que lui traçoit le pieux jéfuite,
qui lui confeilla enfin de fe difpofer par la prière
& par toutes les oeuvres d’un bon chrétien, à
l’ouvrage dont il avoit la gloire d’ être chargé.
L’artifte obéit avec humilité, jeûna, fit pénitence,
& ne prenoit point le pinceau, qu’il ne Te fût
confeffé & qu’il n’eût communié. Il continua de
la forte jufqu’ à ce qu’il eût achevé fon tableau; {
& le jéfuite ne l’eut pas plutôt v u , qu’il s’écria
que, par un miracle éclatant, Inanes avoit exactement
rendu la rejfemblance de la. vierge*
IN G R A T ITU D E . Un jeune anglois longtemps
pourfuivi par les caraïbes, fe jetta dans un $
bois. Une indienne l ’ayant rencontré, fauva fes
jours, le nourrit fecrettement, & le conduifit,
après quelque temps, fur les bords de ..la mer.
Ses compagnons y attendaient à l’ancre ceux qui
s’étoient égarés : la chaloupe vint le prendre ; fa
libératrice voulut le fuivre. Dès qu’ils furent arrivés
à la Barbade, le monftre vendit telle qui
lui avoit confervé la v ie, q,ui lui avoit donné fon
coeur avec tous les fentimcns & tous les tréfors,
de l’amour.
Un roi de Mandoa, dans l’ Indouftan, étant
tombé dans une rivière , en fut heureufement
retiré par un efclave, qui s’étoit jetté à la nagé &
l’avoit faifi par les cheveux. Son premier foin, en
revenant à lui-même , fut de demander le nom de
celui qui l’avoit retiré de Teau. On lui apprit l’obligation
qu’il avoit à l ’efclave, dont on ne doutoit
-pas que la réCompenfe ne fût proportionnée à cet
important fervice. Mais il lui demanda comment
il avoit eu l’audace de mettre la main fur la tête
de fon prince, & fur le champ il lui fit donner la
mort. Quelque temps, après Ce même prince étant
aflis dans l’ivrefle, fur le bord d’un bateau, près;
d’une -de' fes femmes, il fe biffa tomber encore
une fois dans l’eau. Çett’e femme pouvoit aifé-'
ment le fauver ; mais croyant ce fervice trop
'dangereux , elle lé biffa! périr, en donnant pourexcufe
I N J
excufe qu’elle fe fouvenoit de l’h:fto;re du mal- '
heureux tfdave.
Tacite remarque que les tyrans regardent tou-
joufsde nvaûva-is oeù ceux, qui leur .ont tendu de
grands fervices, ou qui fe diftinguem par des
qualités éminentes. Ajoutons que ces princes, ;
qui* déshonorent le trône, affectionnent plus ceux
qui. leur fort oblgés , que ceux à qui ilsxiijt
eux- mêmes des obligations. La reconnoiffance
femble ênfe pour eux un fardeau dont ils cherchent
bientôt à fe délivrer par la calomnie &
l’iri juftice. L ’empereur B" 1 fi le , co.urant à la ch .fie,
un cerf le prit avec fon. bois par la ceinture.
Quelqu’un de fa fuite tira fq.n épée, coupa cet e
ceinture & le délivra. Il lui fît trancher la tête,
parce qu’il avoit, difpit-il, tiré l’épée contre lui.
• Xaritippe, général bcédémonien, fut envoyé,
vers l’an 2.5 $ avant Jefus-Chrift, par ceux de fon
pays , au fecoùrs des carthaginois centre les
romains. Ceux-ci, fous la conduite .d’Âttilms--
Régulus , avoî. rît déjà battu Amilcar & les deux
Afdrubal. Ce brave capitaine arrêta la profpérité
des romains, & les défit en plufieurs rencontres;
& malgré la défenfe dé Réèuhis, il remit la république
de Carthage rfur l’offenfive. Les carthaginois
le renveyèrent avec de grands témoignages
de reconnoiffance ; mais par la plus’ étrange ingratitude
, ils ordonnèrent à ceux qu’ils avoient
chargés de le conduire en fon pays, de lui faire
faire naufrage, afin qu’ il pérît dans les eaux.
Cette trahifon acheva dé décrier les cathagi-
nois, dont la mauvaife foi avoit déjà paffé èn
proverbe.
INJUSTICE. Thémiftoçle déclara en pleine
a {Terribles, qu’il avoit conçu un projet important,
mais qu’ri ne pouvoir:Je communiquerp.u peuple,
parce que pour le faire réufîïr, il avoit befoin
d’un profond fecret ; & il demanda qu’on lui
nommât quelqu’un avec qui il pût s’en expliquer.
L e choix tomba fur Ariilide -, & tous les ci:o}jens
s’en rapportèrent entièrement à fon avis ., tant
ils comptoient fur fa probité , fur fa prudence.
Thémiftoçle l’ayant tiré à part, lui dit qu’ il fon-
geoit à •brûler" la flotte des grecs, qui étoit dans
un port voifin, & que par-là Athènes deviendroit
certainement mainçffe de toute la Grèce. Arif-
ti'de, fans proférer un feul mot , revint à l’affem-
blée , & déclara Amplement que rien' ne pouvoit
être plus utile que le projet de Thémiftoçle, mais
qu’en même temps , rien n’étoit plus injufte. Alors
tout le peuple, d’une commune voix, défendit
à Thémiftoçle de rien entreprendre.
Le fultan Mahomet I I , ayant fu qu’ uri cadî
avoit commis une injufiiee 3 il le fit écorcher tout
vif-, & donna fa charge à fon fils, qu’il fit aflfeoir
fur le-tribunal, apres y avoir -fait étendre la peau
- Encyclopèdiatia*
I N S 5-77
fanglante de fon père, comme avait fait autrefois
Cambyfe, roi de Perfe.
IN Q U IS IT IO N . Philippe I I , roi d’Efpagne,
fut curieux de voir pafter la proccftïon du. faint-
office. Les malheureux qu’ on clevoit brûler défilèrent
devant lui , & l’un d’entr’eu-x, malgré fon
effroyable habillement, ne biffa pas de s’attirer
l’attention de ce prince, qui touché de compaf-
-fi.on , ne put s’empêcher de dire d’un ton de voix
affez haut : C’ejl dommage. Un officier ayant par
hafara entendu ces paroles, , en alla faire le rapport
au grand mqu.fiteûr, qui ne manqua pas dès
le lendemain de fe rendre au lever du roi, qui
lu? demanda ce qui l’amenoit : un fujet important,
firè, lui 'répondit l’inquifiteur ; votre majefté me
permettra de lui dire qu’ en voyant pafter la
proçeflicn, vous caufâtés. hier 'un horrible fean-
dale par'une pitié facrilège. Vous plaignîtes un
mi fera blé que le faint-office venoit de condamner
aux fiâmes. Cela peut- produire un mauvais effet,
& diminuer le refpcét qu’on doit à nos arrêts,
qui font toujours juftes.
Je fuis fâché, dit le roi, d’avoir fait éclater
indiferettement ma corr.paffion ; mais b faute en
eft faite. Vous pourriez b réparer, fire , h vous ^
vouliez, répartit le grand inquifitéur. Vous n’avez'
qu’à fouffrir qu’on vous cire du bras deux ou trois
gouttes de fan g & qu’on les faffe biûiev par
l’exécuteur du faint-offiçe. On prétend que Philippe,
après avoir penfé & repenfé à cotte pro-
pofition hardie, fe bifid fagner fans rien dire.
Un pilote de l’ancien monde, qui avoit.enfin
obfervé les vents, n’employa qu’un mois de
! Ceylan au -Pérou, au lieu d’un an qu’on y métroit.
ll-'paffa pour forcier ; l’inquifition, qui eft
-ridicule par fon ignorance, quand elle n’eft pas
odieufe par fes fureurs, le fit arrêter. Son journal
le juftifia ; on reconnut que , pour avoir le même
fuccès, il ne falloit que s’éloigner des côtes, &
cette méthode fut adoptée généralement.
INSCRIPTIONS. Le lendemain qu’on reçut
à Venife la .nouvelle de la préconifationî d’un
nouveau patriarche de b république, on trouva
à la porte du féo.at un placan qui contenoit les
lettres fuivantes , écrites en gros caractères:
P. P. P. J-J. J. R/R. R. l’inquifition d'érat fit
publier auflitôt qu’ejle donneroit une récompenfe
à celui qui découvriroit le fens de ces caractères ,
& qui en dénonceroit l’auteur. Le lendemain oa,
trouva écrites, fur la même porte, ces paroles:
Vrudentia patrum periit ,
Imprudentia juvenum imperat,
Refpublica recens ruit.
Et plus bas, gratis.
Dd d d .