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Il eft l’auteur de cette épitaphe dû maréchal
de Turenne.
Turêne a fon tombeau parmi ceux de nos Rois ;
C’eft le prix glorieux de fes fameux, exploits.
Louis voulut ainfi fignaler fa vaillance,
Afin d’apprendre aux fiecles à venir
Qu’il ne met point de différence
Entre porter le fceptre & le bien foutenir.
■ CHEVREUSE. ( Marie de Rohan Monbafon
duchefTe de ) , née en 1600, morte en 1679 : cette
dame fut célèbre par fa beauté , par fon efprit
& par fes intrigues.
cc Je n’ai jamais vu qu’ elle , dit- le cardinal
de Retz , en qui la vivacité fuppléa au jugement.
Elle avoit des faillies fi brillantes qu’elles paroif-
foient comme des éclairs 5 & fi fages qu’elles
n’auroient pas été défavouées par les efprits les
plus judicieux de fon fiècle
Elle conferva toujours de l’ afcendant fur l’efprit
de la reine Anne d’Autriche. C e fut elle qui la
porta à confentir à la difgrace du fameux fur-
intendant Fouquet.
C H I C A N E .
La chicane eft un des fléaux
Que renfermoit la boîte de Pandore;
E t ce monftre infernal qu’à Domfront on adore ,
N ’eft pas un de nos moindres maux.
Ses 'fmefl.es, fes artifices ,
Ses fubtilités, fes malices,
Au fiecle d’or ne fe connoiffoient pas:
. C’eft vainement que Barthole & Cujas,
On commenté le code & grolîï le djgefte,
Ils n’ont pu triompher de cette hydre funefte.
La fureur des procès qui eft l’aliment de la
chicane a eu de tous les temps de zélés fe&ateurs.
Il y avoit à Rome Afraine, femme de Lîcinius
Buccio , qui faififloit volontiers l’occafion d’avoir
un procès , plaidoit toujours elle-même au tribunal
du préteur, bien qu’ étant la femme d’un
fénaeur, elle n’eût pas manqué de défenfeurs.
Cette femme fe fit tellement connoître par la
futilité d. s chicanes qu’ elle foutenoit, que fon
nom p fia en proverbe, & lorfque quelque femme
élevoît une mauvaife querelle, on la nommoit
une Afraine. Il feroit bien à defirer qu’au lieu
de prendre cette Afraine pour modèle , les-
femmes fuiviflent l’exemple d’une autre Afraine
dont la fage retenue femble avoir réparé l’honneur
du nom dans la poftérité j cellé-ci étoit fille de;
Ménénius Agrippa î fa mère inftitua pour feule
héritière fa foeur Pétronie , &.ne.laifla que vingt
mille écus au fils- d*Afraine. Cette femme ver-
tueufe refpeéta les dernières volontés de fa mère,
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malgré fon injuftice, pouvant les faire déclarer
nulles, en jurant devant les centumvirs qu’elle
avoit été déshéritée fans caufe légitime.
Parmi nous, la chicane a aufli fes héros.’ Sous
Louis X I , Miles d’Iliers, évêque de Chartres,
fe* fingularifa par fon amour pour les procès ; le
roi lui ayant un jour propofé de les terminer
en l’accomodant avec fes parties, ah : Sire ,
répondit le prélat, je fupplie votre majefté de
m’en laifîer au moins vingt - pour mes menus
plaifîrs.
CHIEN. Il femble , dit Voltaire, que la
nature ait donné le chien à l’homme pour fa
défenle 8c pour fon plaifir ; c’eftj de tous les animaux
le plus fidèle, c’eft le meilleur ami que
puifle avoir l’homme.
C e qu’on raconte de la fagaçité, de l’obéiflance,
de l’amitié, du courage des- chiens 3 eft prodigieux
8c eft vrai. Le philofophe militaire Ulloa,
nous afliire que dans le Pérou les chiens efpagnols
reconnoiflent les hommes de race indienne , les
pourfuivent 8c les déchirent ; qifê les chiens péruviens
en font autant des efpagnols. Ce fait femble
prouver que l’une 8c l’autre efpèce chiens
retient encore la haine qui lui fut infpirée du
tems de la découverte, 8c que chaque race combat
toujours pour fes maîtres avec le même attachement
8c la même valeur.
« Quand le fage Ulyfle, que de longues guerres
8cde nombreufes tempêtes avoient tenu éloigné
de fon pays, regagna enfin fa terre natale, il
ne fut reconnu, ni de fes amis , ni de Pénélope
même. Seul, pauvre 8c vieux , fes travaux 8c
fes foucis fe lifoient fur ion. vifage , 8c avoient
blanchi fes: cheveux. Il demandoit fon. pain dans
fon propre palais , méprifé de fes efclaves que
fon ancienne bonté avoit nourris, 8c oublié de
tous fes domeftiques. Mal nourri, négligé, 8c
couché dans la boue, fon chien fidèle fé voyoit aufiâ
traité comme un vieux ferviteur qui n’eft plus bon à
rien. Tant d’ingratitude le pénetroitde douleur, 8c
augmentoit le defîr qu'il avoit toujours eu devoir
fon ancien maître. Dès qu’il le voit, il fe lève ; &
fe traînant à fa rencontre , ( c’étoit tout ce qu’il
pouvoir faire ) , le carefi’e' 8c lui baifeles pieds ,
faifi d’une joie muette : puis, tombant de côté,
lève les yeux , regarde Ulyfle, 8c meurt ».
( Homère )
Plutarque , racontant comment les Athéniens
furent obligés d’abandonner leur ville du tems
de, Thémiftocle, fait une digreflion exprès pour
décrire les cris lamentables 8c les hurlemens des
chiens qu’ils laiffbient à Athènes. Il fait mention
d’un de ces animaux, qui fuivit fon maître en
traverfant la mer jufqu’à Salamine , où il mourut,
8c fut honoré d’une tombe par les athéniens ,
qui donnèrent le nom dé tombeau du chien à cette
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partie de l'ifle où il fut enterré. Ce refpeâ: pour
un chien, de la part du peuple le plus poli de
la terre, eft très-remarquable.
Leibnit£ fait mention, comme témoin oculaire
d'un chien qui parloit j il appartenoit à un payfan
de la Mifnie. Le chien étoit d'une grandeur médiocre
8c de la figure la plus commune. Un
enfant l’ayant entendu pouffer quelques fons qui
lui parurent reflembler à des mots allemands,
' fe mit en tête- de lui apprendre à parler. Le
maître n’épargna ni foins ni peines, 8c le disciple
qui avoit des difpofitions heureufes , répondit
à fes foins. Au bout de quelque tems , ^
le chien prononçoit très-d-iftinélément une centaine
de mots ; de ce nombre étoient caffé3 tké3 chocolat
, ajfemblée , termes françois qui ont pafle
à l’idiome germanique. Il eft à remarquer que le
chien avoit trois ans , quand il fut mis à l’école ,
8c qu’il, ne parloit que par écho , c ’eft-à-dire ,
après que fon inftituteur avoit prononcé un mot.
En 1616, le pont Saint-Michel étant tombé,
un enfant fut enfeveli fous les ruines ; mais
heureusement, il- fe trouva à couvert fous deux
poutres qui s’étoient croifées , 8c ne reçut aucune
bleflîire. Un chien qui s’étoit trouvé à côté
de lui dans le tems du danger, en fut préfervé
comme lui. Ce chien ferré entre les ruines qui
l’empêchoient de s’échapper , aboya de .toute
- fa force , & attira par fes cris quelques perfonnes
qui le dégagèrent, ayant ainfi recouvré fa liberté ,
il s’en réjoûit d’abord ; mais ne voyant point
l ’enfant qui avoit. partagé fon malheur, il rentra
fous les débris qui le cachoient, fe mit àjaper,
8c vint enfin' à bout de faire découvrir l’enfant.
En 1 7 une barque traverfant la rivière,
près d’Àberdun , ville d’Ecoffe, fut renverfée.
De trois hommes 8c un jeune garçon qui étoient
dedans , deux regagnèrent le bord en nageant
, mais le troifième 8c le jeune garçon cou-
roient rifque de fe noyer, lorfqu’un gros chien
fe jetta dans la rivière , 8c les attira fur le bord
l ’un après l’autre.
L ’hiftoire a confacré la- fidélité du chien de T .
Sabinus. Cet animal n’abandonna jamais fon
maître dans la prifon , il le fuivit au fupplice,
témoignant fa douleur par des hurlemens lamentables,
refufant le pain qu’on lui offroit, 8c le
portant à la bouche de fon maître. Lorfque Sabinus
eut été précipité dans le T ib re , fon chien s’y
jetta avec lu i, croyant Ion maître encore vivant
il foulevoit fa tête au-dèfîiis des flots.
Grébillon le tragique avoit pour les chiens le plus
tendre penchant ; ilramafloit 8c emportoit fous fon
manteau tous ceux qu’il rencontroit dans la rue ;
beaux ou laids, propres ou non, ils trouvoient chez
lui i ’hofpitalité , mais il exigeoit d& chacun d’eux
certain exercice , 8c 'quand au terme prefcrit,
C H I aSj
l’élève étoit convaincu de n’avoir pas profité de
l’éducation qu’on lui donnoit, l’auteur de Ra-
damifte le reprenoit fous fon manteau , i'alloit
pofer fur le pavé où il T avoit ramafle , 8c détournant,
les. yeux en gémiflant, il l’abandonneit
à fon mauvais fort.
CH ILO N , l’ un des fept fages de la Grèce,
Ephore de Sparte vers l’an .5 avant J. C .
Le philofophe Chilon voyant quelqu’ un qui fe
plaignoit de fes maux : « Eh ! mon ami, lui
»• dit-il, confideres ceux des autres , 8c les tiens
» te paroîtront légers ».
CHIMIE. La chimie eft une fcience qui a
pour objet la recherche de la vérité en phyfique.
Elle demande une étude très-longue 8c une application
foutenue > mais il y a differentes parties
de la chimie qui préfentent moins de fécherefle
8c de difficulté , 8c qu’on pourroit nommer la
chimie des gens du monde.-
Nous allons donner le détail de quelques expériences
qui prouveront qu’ on peut trouver dans
la chimie des recréations très-intéreflantes.
Moyen de rallumer, une chandelle avec, la pointe
d’un couteau.
Mettez au bout de la pointe d’un couteau
un petit morceau de phofphore d’Angleterre de
la grofleur d’un petit grain d’avoine , 8c ayant
mouché une chandelle , éteignez - la à deffein ;
prenez aufix-tôt votre couteau pôfez la pointe fi r
le luminon de la chandelle, en écartant la meche',
8c vous la verrez aufli-tôt fe rallumer. .Obfervez
qu’il né faut-pas la moucher fort près afin qu’ il
refte aflez de chaleur pour animer les parties du
phofphore.
Couleur qui paroit & difparoîtpar le défaut d’air.
Mettez dans un flacon bien bouché de I’alkali
volatil, dans lequel vous aurez fait difioudre de
la limaille de cuivre , 8c vous aurez une belle
teinture bleue ; fi on bouche le flacon cette co.u-
leur difparoîtra peu après , 8c fi enfuite on le
débouche, la couleur bleue reparoîtra aufli-tôt,
ce qui peut fe répéter un aflez grand nombre
de fois.
Imitation du Tonnerre.
Mettez féparément en poudre trois parties
.de falpêtre fin 8c bien féché, deux parties de
fel de tartre , deux parties de foufre ; mêlez
enfuite ces trois drogues , 8c en ayant mis
deux gros dans une cuiller de fer ou fur
une pèle , faites chauffer cette compofition fur
un feu de charbon qu’il ne faut pas trop poufler j
ce mélange prend feu ; la flamme s’élançant avec
; rapidité , ébranle l’air par une fecoufle violente,
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