
M les plus ilîuftres de ce royaume , à favoir,
» M. Figg, M-Sparks, M. Sutton, M. Jonhfon,
» M. Gill , 8c autres grands hommes 5 je ne
« manquerai pas de joindre M. Bishop au lieu 8c
» au temps d®nt il fera convenu , & je faurai
» maintenir contre lui l’honneur dû à mon épée
» 8e à mon pays. Qu’il prenne garde fur-tout
M que je ne lui rafle porter une paire de béquilles,
» comme cela m’eft déj a arrivé à l’égard de
« quelques-uns de fes compatriotes ». Votre ftr-
yiteur,
♦ Félix Maguire.
Voici un fécond cartel à-peu-près du même
genre que le premier.
C A R T E L .
M o i, Jacques M illet, fergent, de retour depuis
peu des frontières de Portugal, & maître de la
noble fcience qui apprend à manier les armes ,
ayant oui-dire, dans la plupart des endroits où
j'ai é té , que Thimotée Buck de Londres, maître
de la même fcience, s’y eft acquis une grands
réputationv.je l’invite à venir me trouver, avec les
unes ou les autres de ces armes, à fon choix, foit
avec le fabre , l’épée 8c le poignard ; l'épée & le
bouclier , le fimple coutelas recourbé, le coutelas
à deux trar.ehans,- ou avec le bâton à deux bouts.
R É P O N S E .
M o i , Thimotée Buck de Clare de Matket,
maître de la. noble fcience qui apprend à manier
les armes , informé qjue le braye aggreffeur s’eft
battu avec maître Parles de Coventry, ne manquerai
pas, Dieu aidant, de l’ aller joindre au
temps 8c à l’endroit marqué. Je ne demande qu’un
théâtre libre , 8c point de faveur. Vive la reine !
Un peuple humain peut-il fe faire un amufe-
ment de voir des forcenés fe déchirer ou fe couper
par morceaux ?
Ces combats ceffent d’être en vogue .‘ les gens
honnêtes y affilient rarement; il n'y a plus que
la populace qui ofe en faire fes délices ; c;u , ce
qui eit pire, ces nobles qui ne craignent point de
penfer 8c d’agir encore plus, balfement que le
peuple.
Mais fi d’un côté on ne s’émprefle plus de voir
les gladiateurs de l’autre les combats à c&dps de
poings cenfervent tou jours.l’eftime publique : la
noblefle dîfpute journellement au peuple l'honneur
du triomphe- Un milord eft la terreur des fiacres;
un chevalier Baronnet fie fe contante pas de pafler
pour le premier lutteur de la Grande-Bretagne,
il afpire à la gloire d’être le Iégiflateur de la lutte,
8c a publié un livre fur l’excellence de la lutte,
où il excelle. Un jour un membre du parlement»
à qui il a donné des leçons, fut le voir dans fa
campagne ; comme ils fe promenoîént, parlant de
de cet art merveilleux, 8c des avantages que la
fociété en peut retireri le vieux chevalier faifit
fon homme par derrière, 8c le jetta par-deffùs.fa
tête. Celui-ci, un peu froifle de fa chute, fe relève
tout en colère Milord, lui dit cet habile
» lutteur, d’un ton grave 8c important, il faut
» que j’aie bien de l’amitié pour voüs ; vous êtes
» le feul à qui j’ai montré ce tour-là ».
Souvent les femmes fe battent entr’elles. On
en voit même combattre contre des hommes.
Toute perfonne offenfée peut prendre fur le champ
vengeance d’une infulte qu’elle ne s’eft point attirée.
Si l’aggreffeur meurt des coups qu’ il a reçus,
l’ôfFenfé n’a aucune recherche à craindre ; la lot
le mec à couvert, quoique le meurtre en Angleterre
foit le premier 8c le plüs capital de tous
les crimes.
Le célèbre maréchal de Saxe, connu par fa
force, 8c dont la France regrette encore la perte,
fut un jour infulté par un boueur dans une des
rues de Londres : il laifla venir fur lui fon adver-
faire, le faifit par le chignon du cou , 8c l’enlevant
en l'air, il le jetta dans fou tombereau. Les rieuis»
ne furent pas du côté de l’infolent, toute la populace
applaudit à ce tour de force du maréchal.
G LAN D E PINEALE. On lit dans les lettres
de Broffette à Racine le trait fuivant. Après une
union paifibîe 8c heureufe pendant dix ans avec
Marguerite Chavigny, Broffette eut le malheur
de la perdre; il ne crut pouvoir mieux témoigner
combien la défunte lui étoit chère, qu'en portant
toujours fui lui une partie d’elle même. Pour ces
effet,.il fit tirer de fon cerveau la glanepinéale,
la fit encadrer dans le chaton d’une bague d’o r ,
8c la porta à fon doigt le refte de fa vie. Iî
ordonna même, par fon teftament, qu’elle fût
enterrée avec lui. On peut faire ici la remarque
que Broffette eft peut être le premier mari qui ail
coufervé des reliques de fa femme.
Onaobfervé que dans l’Elan, animal du genre
des cerfs, 8c que l’on regarde comme Palcée des
anciens , la glande pinéale eft d’une grandeur extraordinaire,
puifqu’elle a plus de trois lignes de
long , aittfi que celle du dromadaire. « Cette ©b-
» fervation , remarque à ce fujet M Vahnont de
» Bomare-y eft favorable à ceux qui attribuent, à
» la différente conformation des organes du cer-
» veau, les diverfes opérations des fensintérieurs ;
» car on remarque, ajoute-tll, que les lions, les
» ours, le Joup 8c les autres bêtes courageufes 8s
» cruelles ont cette partie fi petite, qu’elle eft
» prefqu’ impereepdble;î au lieu qu’elle , eft fort
» grande chez les animaux qui, comme l'élan*
» font timides
On fait que Defcartes logeoit 1*ame dans là
glande pinéale. « Cette idée bifarre exerçoit l'ima-
>» gination des philofophes, dit à cagfujet M. Laffus
» dans fon excellent dîfcours hifior. 6? crit. fur
*> L‘anatomie y lorfque le prefefleur Nuck crut
»» devoir la tourner en ridicule , en compofant
» l’épitaphe de cette glande , comme Bartholin
» avoit compofé celle du foie ». La voici telle
Quelle eft tirée de fon Adenographia, p, 1 y 2 :
Viator,
Gradum filte,
Omnique conatu Conarium
Refpice fepultum,
Partem tui corporis primam*
Ut olim volebant,
Anima; primam,
Glandulam pinealem
Hoc fæculo jiatam & extinâam
Cujus majèftatem fplendoremque
Eama firmarat,
Opinio confervarat,
Tandiu v ix it,
Donec divin» particulæ aura
Avolaverit tota ,
Lymphaque limpida
Locum foppleret.
Abi fine glande viator ;
! tympharrique , ut a liis, conario concédé,
Ne tuam pofteri
Mirentur ignorantiam.
Voici la tradiuftion littérale de cette épitaphe.
Arrête-toi, voyageur, 8c regarde très-attentivement
la glande pinéale enfeyelie» la principale
partie de ton corps , la première de l’ame, comme
on vouloit autrefois , la glande pinéale, née 8c
morte d_ans ce fièçle, dont la renommée avoit
établi l'opinion , çonfervé Ja majefté 8c la fplen-
deur. Elle a vécu jufqu’ à ce qu'une partie du
fouffie divin fe foijt entièrement diflipé, & ait été
remplacée par une lymphe limpide. V a - t - e n »
Voyageur, fans glande y 8c accorde à la glande
■ pinéalp , copime aux autres, une lymphe , crainte
que la poftérité n’admire ton ignorance^
On voit par cette épitaphe, que Nuck prétend
que la glande pinéale fert à la production de la
•lymphe; mais il ne le prouve pas mieux, que
Defcartes 11’a prouvé qu’ elle étoit le fiège de l’ame.
Convenons de bonne foi que nous ignorons le
véritable ufage de cette glande. Cet ufage bien
connu ne nous rendroit d’ailleurs ni plus fains,
ni plus heureux; ç ’elt le cas de fe taire,
d’admirer.
GLOBE AÉROSTATIQUE . Le duc de Cum-
pej and dit, en préfence de M. le Marquis de
yûle&e ; ?? dowexois txiille pujnées pqur que
»» l’auteur du globe aénoftatique fût anglois, — C ’ eft
■n peu, reprit ce dernier ».
GLOIRE. C ’cfl l ’éclat d’une bonne réputation.
La gloire eft le charme des belles âmes. Comment
veux-tu, difoit un ancien philofophe, que
je fois fenfible au blâme, fi tu ne veux pas que
je fois fenfible a l'éloge ?
Qui a été plus fenfible à la gloire que le maréchal
de Villars ? Le maréchal difoit qu’il n’avoit
eu que deux plaifîrs bien vifs en fa vie ; celui de
remporter un prix au collège, 8c celui de gagner
une bataille.
Le maréchal de Boucicault ne laiffa qu’un fils,’,
âgé de trois ou quatre ans, qui fut depuis maréchal
de France , & gouverneur de Gênes ; H ne
s’étoïc pas fbucié de lui amaffer de grands biens;
8c fur ce qu’un jour fes amis le blâmoient de
n'avoir poinr profité de la faveur du roi Jean , fon
maître : Je n\airien vendu, leur répondit-il comme
un autre P-hocion , de l'héritage de mes pères, & je
riy ai rien non plus augmenté, Si mon fils efi
homme de bien, m en aura ajfeç ; mais s'il ne vaut
rien , i l aura trop , & ce fera grand dommagem
C'eft une erreur ,de croire
Qu’jl eft grand, qu’il eft beau de pouvoir ce qu’on veüc |
Faire .ee que Fon d o it, & non tout ce quon peut :
Voilà la véritable gloire.
De quelque dignité que l’on foit revêtu,
Le bonheur eft toujours borné par la vertu,
Séneç. Ocïav. v. 45 5. 6* Troas v, 334,
. G LU C K , célèbre cpmpofiteur mufîque $
mort en^iySS.
L'opéra françpis fut le théâtre de fa gloire. C e t
homme de génie a fenti que la forme 8c les accef?
foires d'un popme lyrique étoient favorables à fes
vues, 8c propres à produire de grands effets. Les
deux Iphigénies , Alçefie , Orphée , Armide , font les
titres de fon immortalité.
Le chevalier Gluck a dit plufieurs fois à fes amis:
ce Avant de mettre un opéra en mufique, je ne
fais qu’un voe u , celui d’oublier que je fuis mu*
» ficicn
G O D E A U , (Antoine) évêque de Vence &
cle Graffe, né à Dreux, l’an iûpj , mort eti
167%.
Lorfque Fabbé Godeau préferità au cardinal de
Richelieu , la paraphrafe qu’il avoit faite en vers
du cantique Bénédicité omnia opéra Domini Do-*
mino; le miniftre lui dit ; M. l'abbé, vous me
donnez le Bénédicité, 8c moi je vous donne Grafii'
L’évêché de Graffe lui fut en effet conféré quêta
ques jours après*
Q q q i