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Trente fi les cardinaux avoient àufli befoin d'être
reformés , Barthdemi élevant; la voix • dit : oui ,
les tres-illujlres cardinaux ont befoin d'une très-
illuftre réforme.
C e prélat vifitoit & foulageoit avec foin les ma
lades. Je fuis , difoit-il, le premier médecin de qua-
ceati hôpitaux qui font les paroijfts démon
dzocefe.
B A RW IC K . Jacques Filtz-de-James , duc de
■ Barwick, maréchal de France , étoit fils naturel
de Jacques I I , roi d'Angleterre, & d'Arabelle
•Churchild demoifelle des plus diftinguées par
fon eforit & par fa beauté. Ce général , l'un des
plus îlluftres qui ait commandé les armées fran-
çoifes, fut tué au fiège de Philisbourg en 1734,
d un coup de canon, entre milord Edouard & le :
duc de Duras. Le premier fut couvert du fang de
fon père, & le dernier fut bleffé par le piquet
d un gabion.^ Barwick s'immortalifa fur-tout par
la bataille d Almanza, qui fe donna le 2 $ Avril
1707. Le marquis Las-Minas, général des Portugais,
perdit tous fes bagages 5 Ta maîtreflfe , vêtue
en Amazone, fut tuée auprès de lui. Cette victoire
fignolée , qui afluroit. à Philippe V la couronne
d'Efpagne , ne coûta à fon armée que deux
mi e hommes -, . tant tués que blefles. Après la bataille
, on prir tous les bagages , quatre cents
charriots , & Von fit encore plus de quinze cents
prifonniers. L'abondance fut telle dans le camp,
que les chevaux s'y donnoient pour unécu, les
habits pour quinze . fols , les fufils pour quatre
fols, & les mulets pour rien.
BAS. Cette partie de l’habillement qui fert à
garantir les pieds & les jambes des injures de l'air,
étoit autrefois en France de drap , ou de quelque
autre étoffe de laine drapée. On eft à préfent dans
l’ufage de faire les bas au tricot & au métier, en
laine , en foie , en coton , &c.
Les anglois ont voulu fe faire honneur de la découverte
du métier à bas ; mais il eft bien certain
que cette utile & ingénieufe machine eft due à
un françois , qui n'ayant point obtenu un privilège
qu'il defiroit pour s-établir à Paris, pafta en Angleterre
, où il fut magnifiquement récompenfé j
mais il lui fut défendu 3 fous peine dé mort, de
donner à aucun étranger aucuns détails fur cette
belle invention. :
Cependant un françois qui étoit refté quelques
temps à Londres, reftitua, par un effort de mémoire
, l’héureufe découverte de fon compatriote,
& établit' à Paris un méfier à bas qui a fervi de
modèle à tous les ouvriers de l'Europe.
On dit que Henri II porta le premier en France
des bas de foie faits au métier.
C eft au thateau de Madrid, près Paris , que ■
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fut établie la première manufacture de bas en ce
genre, en 16 ç6.
BASILE ( S. ) , furnommé le &rand , né en z io ,
mort en 3 7 9 . ?
Il fut eveque de Céfarée. L'empereur Valens
vouant rengager par force dans l'arianifme , lui
envoya Modefte, préfet d’Orient. « Vos me-
» naces , lui dit Baftle 3. ne m’effraient point:
» quiconque ne tient à rien ne craint point là con-
« nfcation. Quant à l’exil, je ne le connoispoint:
»toute la terre eft à Dieu-5 par-tout elle fera ma
» patrie, ou le lieu de mon paflage. Si vous m’en-
” *emez dans une prifon , j’y trouverai plus de
» contentement a,ec moi-même que les çourtifans
«auprès de Valens. A l'égard de la mort, elle
” *ffa Pour m©i un bienfait, en me réunifnnt à
» 1 etre fupremé ». > ■
/ Modefte paroiffant étonné de la hardiefle de fa
repenfe : « Apparemment, lui'répliqua Bajile -, que
» v o u s n a v e z j a m a i s r e n c o n t r é d 'é v ê q u e » . . ■
BA SIN E , femme de Bafin, roi de Tfeuringe,
q ^ ta fon mari pour venir en France époufer le
roi Childerie I. « Si j’avois cru \ lui dit-elle ,
» trouver au-delà des mers un héros plus brave
” & plus galant que vous , j'aurois été l’y
« chercher ». • 1
BASOCHE. La Bafocke eft une jurifdidion
tenue par les clercs des procureurs au parlement
de I ans, & de quelques autres Tribunaux, pour
connoitre des différends qui peuvent s'élever parmi
les clercs , & pour régler leur difeipline.
Le roi Philippe-le-Bel voulant engager lesjeu-
nes gens a prendre connoiffance des affaires en fe
fixant a- Paris , de l'avis de fon parlement, leur
permit d avoir entre eux une jurifdidion fous le
titre de royaume de la Bafocke. Il fut dit aufli que
tous les ans le roi de la Bafocke feroit faire montre
a tous les clercs du palais , & à tous fes autres
fujets ou fuppôts.'
Cette montre étoit une efpèce de carroufel, &
attiroit beaucoup de monde. En 1540, François
premier defîra la voir, & fe rendit exprès à Paris
î il s'y trouva fept à huit cents clercs.
En 1548, les habitans de la Guienne s'étant
montres rebelles envers Henri I I , au fujet de la
gabelle , le roi de la Bafocke & fes fuppôts offrirent
d’accompagner le connétable de Montmo-
renci qui commandoit une armée confidérable ÿ
ils marchèrent au nombre de dix mille hommes ,
& firent fi bien leur devoir , qu’a leur retour
Henri II leur laifla le choix de la récompenfé 5
mais ils eurent la délicateffe de n'en point demander
Cependant le roi leur accorda* le droit de
couper dans fes forêts tels arbres, qu'ils voudroient
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pour fervir à la cérémonie du Mai qu'ils plantaient
ordinairement devant l’efcalier du palais. - Il permit
au roi de la Bafocke & à fes fuppôts , d’avoir dans
leurs armoiries ( qui font trois écritoires ) timbre,
cafque & morion , pour marque de fouveraineté.
Ils eurent encore d'autres privilèges dont queF-
ques-uns ont été détruits avec le temps.
.Pour ce qui eft du titre de roi de la Bafocke,
ils le perdirent fous Henri I I I , qui voyant que
le nombre des clercs augmentoit confîdérablement
ne voulut plus qu'aucun de fes fujets portât le
nom de roi. Les prérogatives attachées à cette
dignité ont ’ été tranfmifes au chancelier de là
Bafocke, qui eft maintenant le premier officier de
çette jurifdidion.
Comme les caufes férieufes ne fe préfentent
que rarement à ce tribunal, on eft dans l’ufage
d’en faire plaider de fictives l'un des jours gras,
ce qui a fait donner à ces caufes le nom de caufes
grajfes.
BASSESSE. La bajfejfe eft en morale un défaut
d'élévation dans les fentimens. La bajfejfe n’eft
que trop fouvent le chemin de la fortune j mais
l'homme qui a l'ame élevée dit avec un de nos"
poètes
Q ui, m o i, pour mendier les biens les plus frivoles,
3’irois de porte en'porté en c enfer des idoles,
Et feindre d’adorer l’objet de mes mépris !
La plus haute fortune eft trop chère à ce prix.
Parmi tant de traits de 'bajfejfe que nous pourrions^
citer nous n’en choifirons qu’un que la dignité
du perfonnage rend plus frappant.
L'empereur Caligula faifoit de grandes proyi-
fions de toutes fortes de marchandîfes & fes re-
vendoit enfuite à un prix exorbitant. Un jour
qu'il ’faifoit vendre des gladiateurs à l ’enchère ,
le prêteur Saturninus s'endormit dans la falle.
Çaligula s'en étant apperçu fit remarquer au crieur
le gefte du prêteur endormi, qui laiffant tomber
fa tête en avant fembloit approuver les enchères,
& qui ne s'éveilla qu'au moment où on lui ad-
jugeoit treize gladiateurs pour i,i2 j,o q p Hy . qu'il
fallut payer.
BASSE-TAILLE. C e genre de voix qui avoit
obtenu la préférence du temps que Thevenard-le
faifoit valoir à l'opéra, a été vidime de la mode.
Les rôles de Boland , d’Egée , d'Amadis de Grèce
font faits pour une bajfe-taille. Les femmes qui
décident de tout par ce qu'elles appellent le fen-
timent, & qui pourtant ne fuivent que leur'' in-
conftance naturelle, ont depuis long-temps donné
la préférence à la haute-contre, elles aflurent
que c ’eft la voix du coeur. Il faut maintenant que
les héros d'opéra aient une haute-contre. La
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bàjfe,-taille ne fied qu’ aux tyrans , aux magiciens
ou.aux amans difgpaciés. Un-temps reviendra où
ce genre de voix obtiendra fans doute' le beau
furnom de voix du coeur. Il ne faudroit peut-être
qu'un nouveau Thevenard.
BASSOMPIERRE ( François de ) y colonel-
général des; Sujlfes &; maréchal de France , né en
Lorraine en x £75^ d’une famille noble & ancienne ,
mort le 1 1 octobre 1646.
Bajfompierre s'attacha de bonne heure à la France
& fe diftingua pâr fa valeür & fes fervices. C'é^
toit l ’homme dé fon temps qui avoit le plus d'enjouement
& de vivacité dans l’efprit j ce qui paroit
affez par les répohfes plaifantes & i'ngénieufes
qu'il faifoit à propos en toutes fortes d’occafions.
Il avoit aimé une demoifelle d'Entragues ■ & en
avoit obtenu des faveurs. Çette demoifelle pu-
blioit qu’il fubfiftoit entre M. de Bajfompierre 8c
elle une promeffe de mariage j & en conféqôence
fe laiffoit appelîer madame de Bajfompierre. Ç e
maréchal fe promenant en carroffe avec la reine ,
un jour qu’il y avoit un grand nombre de carofles
au cours , il arriva que la voiture de mademoifelle
d’Entragues fut obligée de s’arrêter quelque temps
proche de celle de là reine à caufe de la foulei
La reine regardant le maréchal : Voila, lui dit-
elle , madame de Bajfompierre. Ce n’eft que fort
nom de guerre, répon,dit-il affez haut pour êtré
entendu de fon ancienne maîtreffe. Vous êtes uii
fot y Bajfompierre, dit celle-ci. I ln a pas tenu à
vous 3 madame , reptit-il, & là-deflus les carofles
recommencèrent à marcher.
Henri IV voulant un jour pafler fur un baflin
d’eau pris par la glace, Bajfompierre s’y oppofa.
Le roi lui ait : « Il n’y a rien à craindre , voilà
» bien des gens qui y ont pafle avant moi ». Oh l
fire , lui dit Bajfompierre , vous êtes d'un plus
grand poids qu'un autre.
Marie de Médicis étoit parvenue en 1616 à
s’aflurer du prince de C ondé, qu'elle ne trouvoit
pas aflez fournis à fes volontés. T hémines, pour
avoir arrêté prifonftier le premier prince du fang ,
défarmé & fans défenfe, dans la chambre de la
reine , fut fait maréchal de France. Tous ceux
qui contribuèrent, de quelque. manière que ce
fû t, -à cette expédition , furent revêtus des plus
"grands honneurs. Bajfompierre feul dédaigna cette
' voie d'avancement, '« Qu'eft-ce que cela ? lui dit
33 la reine dans fà bonne humeur : tu ne demandes
» rien aujourd’hui ? Madame , lui répondit-il avec
î 33 fierté 3 je n'ai pas rendu un fervice fi confidtra-
» ble, que j'en doive demander la réccrrpenfe à
» vôtre majefté. J'ai fait mori devoir ; j'ai ebéi
!» aux ordres que vous m avez donnés, en ce
j-» qui ’ concerne les fondions de ma charçe de'
i» colon.el-général des Suifles. Quand j'aùraî mé-
* » rité' 3 par quelque adion plus belle &: plus