
Befme , affaffm de l ’amiral de Coligny , eut ^imprudence
de paffer par la Saintonge , où les huguenots
avoient des troupes : il fut pris & enfermé au
château de Boutteville, dont Berta nvillc étoit gou- .
verneur. B e fm e , ayant gagné un foldat de la gar-
nifon , fe. fauve. Lé^ôuverneur en ayant été.informe,
monte aufli-sôt à cheval, court feul après
lui & l’arrête. Alors Befme , prenant un de fes pif-
tolets, dit au gouverneur : « Tu fais que je fuis
» un mauvais garçon ; » en même-temps il tire fon
coup, & le manque. « Je ne veux plus que tu le
» fois, » répliqua le gouverneur, en lui paffant
fon épée au travers du corps.
Odet de Châtillon , évêque de Beauvais, frère
de l’amiral de Coligny, avoit été fait cardinal à
l’ âge de feize ans. il fut depuis, dégradé de cette
dignité par le pape Pie IV ; il fe maria publiquement
en habit de cardinal à une demoifelle de Normandie
, nommée Elifabeth d'Auteville 3 qu’il fît
appeller çomteffe de Beauvais. Le parlement de
Paris lui fit fon procès en 1 569, pour crime de
lèfe-majefté. 11 fut depuis envoyé par Charles IX.
en Angleterre , pour y négocier aup ès de la reine
Elifabeth. Il mourut en 1 ^71 , e ■ npoifonné par fon
valet-de-chambre , comme il fepréparoit à repaffer
en France.
COL IQU E . Boufquet qui fe fignala dans l’emploi
de fou du R oi, fous les règnes de Henri I I ,
François II & Charles IX , fe mêloit auffi défaire
la médecine. Etant allé voir , par l’ordre de François
I I , un ambaffadcur qui avoit une violente
colique ,-il lui dit, qu’étant lui-même fort fujet à
cette maladie, il ufoit alors d’un remède qui le
foulageoit três-promptement. « Quand la colique
» me tient, dit-il, je mets le doigt d’une main par
» le bas , & le doigt de l’aiitre main par le haut,
s» c’eft-à-dire, l’un dans la bouche, & l’autre dans
m l’endroit le plus oppofé.,. & les changeant de
» temps en temps pendant l’efpace d’une detni-
» heure, les vents fe difïipentpar les deux endroits,
*> & je fuis foulage ».
Brantôme , qui a donné fur ce fou un mémoire
fort étendu , dans la fécondé partie de fes Capi*
mines étrangers , dit que l’ambaffadeur le crut , &
en fit l’effai une bonne demi-heure à bon efcient,
& qu’il en fit le conte dans la chambre du roi où
en fut ri.
Le même auteur rapporte que M . d’Imbercourt,
de la famille de Brimeu ; dans les Pays-bas , étoit
attaqué, dès qu’il fe voyoit fur le point de combattre
, d’ une violente colique d’entrailles , qui le
fbrçoit de defcendre de cheval, pour aller dans un
coin facisfaire un befoin naturel. Il ne faut pas ,
dit Brantôme, inférer de-là , que M. d’Imbercourt
eût quelque crainte : il étoit très-brave ; mais
l’ardeur avec laquelle il fe portoit à combattre,
occâfionnoit en.lui ceite révolution, dont les médecins
peuvent rechercher la caufe.
Il y a dans le Mercure de France, Juillet 1717a
une ode fur la colique. Voici quelques vers qui
nous ont paru pouvoir trouver place ici :
Cruel bourreau de ma famille, '
Tyran fougueux , hydre inteftin ;
Colique, inexorable fille
De la trifteftè & du chagrin ,
Faut-il qu'une innocente v i e ,.
Sans celle ;à ta, rage a f l o u y i e -,
Succombe enfin fous tes-efforts ? .
A peine je vis la lumière,
Que j’éprouvai tes traits perçans: rf
Barbare, tu fus la première
Pour qui j’eus un corps & des fens.
Quel bras contre moi fe déploie?
Quel Dieu s’arme contre mes jours ?
Mes flancs dev'iennenr-ilc la proie
Ou des corbeaux ou des vautours ?
CO L LE TË T (Guillaume) , mort en 9.
Le cardinal de Richelieu fit préfent de fix cens
livres à Colletet 3pour fix mauvais vers à fa louange.
Colletet eut râifon-de lui dire aüfli-tôt :
Armand, qui pour fix vers m’as donné fix cens livres,
Que ne puis-je à ce prix te vendre tous mes livres!
Colletet éponfa de fuite trois de fes fêrvantes $
les gages qu’il leur devoir leur tenoït lieu de dot.
Claudine étoit la dernière; cé ft fous fon nom
qu’il faifoit dès vers : c’eft pourquoi après la mort
de ce poète, Lafontaine lui fit cette epitaphe :
Les oracles ont ce ffé,
Collètet eft trépafl’é.
Dès qu’il eût la bouche clofe
Sa femme me dit plus rien ;
Elle enterra vers & profe
Après le pauvre chrétien.
En cela je plains fon zèle;
, Et ne fais au par-deflus ,
Si les grâces font chez e lle ,
Mais les Miifes n’y font plus.
Sans glofër- fur le myftere
Des madrigaux qu’elle a faits ;
Ne lui parlons, déformais
Qu’en la langue de fa mère.
Les oracles ont_cefl’é ,
Colletet eft trépaflé.
L ’admirable carâ&ère qae ceflii du complaifant
-M. Colletet, s’écrie- M. Chevreau ! Nous allions
bien Peuvent manger chez lui, à condition que
chacun ,y: fer oit porter fon pain, fon plat, avec
deux bouteilles de Champagne ou Bourgogne, &
ar ce moyen nous n’étions pas. à charge à notre
ote. Il ne fourniffoit qu’une vieille table de pierre, -
fur laquelle, Ronfard , Jodelle , Beileau , Baïf,
Amadis, Jamin , &c. , avoient fait en leur tems
d’affez bons repas ; & comme nous ne nous occupions
que du préfent, l’ avenir & le pafle n’y en-
ti oient jamais en ligne dé compté.
COLOMB , mort en 1 . ■
Chriftophe Colomb ,. fils d’un cardeur • de laine
dans le territoire de Gênes , par la feule infpec-
tion d’une carte de notre hémisphère , jugea qu’il
devoit y en avoir un antre, & réfolut de le découvrir.
Il eft traité de vifionna.re par fes patriotes
; Jean I I , roi de Portugal fe rit des propôfi-
tions que lui-fait Colomb-, qui enfin, ’.après bien
de.s humiliations à Ia .courd’Bfpagne , obtient trois
vaiffeaux, avec lefquels il va mouiller aux' îles
Cana Ls. Delà il ne mit que trente-trois jours,
pour déc...uvrir là première île de l’Amérique ik
y aborder.
Pendant le voyage audacieux qu’entreprit Chr.f-
tophe Colomb poür la découverte-du nouveau
monde, fa petite flotte effuya, un coup de ' vent
terrible qui la mit dans le plus- grand danger* Tous
les officiers murmuraient & vouloient abfolument
fajre tourner les voiles, renoncer à l’entreprife ,
& chercher une rade où ils puffent abriter leurs
vaiffeaux. Colomb feul s’oppofa à cette réfolut'on :
«c MeffieufS ; leur dit-il avec colère , il faut fuivre
» notre d e ftin é e c e n’eft que dans l’autre monde
» que vous pouvez efpérer de trouver un abri
C e t illuftre voyageur fait une defçente à la
Jamaïque', où il veut former un écabliffement. Les
infulaires s’éloignent dù jrivage & laiffent mm-
uer les Caftillans de vivres. Un ftratagême très-
ngulier eft mis en ufage dans cette oecafion
preffante.
c! Il doit y avoir bientôt une éclipfe de lune.
Colomb fait avertir les chefs .des peuplades voifînes
qu?il. a des chofes très-importantes à leur communiquer1.
Après leur avoir, fait des reproches
très-vifs fur leur dureté, il ajoute d’un ton affuré :
Vous ent fere% bientôt rudement punis : le dieu puif-
fant des ' espagnols, que j ’adore , va vous frapper
de fes■ plui, terribles coups., Pour preuve de ce que
je vous dis , •ôoiis allef voir , des ce foir, la lune
rougir, puis s'obfcurcir & volts refufer fa lumière.
Ce ne fera la due le prélude de vos malheurs , f i Vous
ne profite£ de l'avis que je vous donne.
L’ éclipfe commence en effet quelques heures
après. La défolation eft extrême parmi les ftrivages.
Iis fe profternent aux pieds de Colomb, &
jurent qu’ils ne le laifferont plus manquer de rien.
Cet homme habile fè laiffe toucher, s’enferme
comme pour appaifer la colère célefte j fe montre
quelques inftans après, annonce que dieu eft ap-
paifé & que la lifne va reparoître. Les barbares
demeurent perfuadés que cet étranger difpofe à
fon gré de toute la nature, & ne. lui laiffent pas le
temps même de defirer*
Chriftophe Colomb parloir avec .fimplicité de fa
découverte du nouveau monde ; & quelqu’un
voyant qu’il s’abaifl'oit, dit qu’en effet fon entre-
prife n’ c-toit p..s furpren.mte : « Encore moins ,
:» répliqua l’illuflre Gênpis , que de faire tenir cet
» oeuf fur fa point#». On effaya, perfonne ne
put y réuffir. Alors Colomb prit l’oe u f , en caffa
un peu le bout, & le fit tenir aifément. On voulut
fe mocqu^r de cet expédient,; «Voilaco.i;nme vous’
m êtes, reprit il alors , vous trouvez; toutes chofes
». faciles apres qu’ elles font faîtes ».
COLOMBIERES. Âu fiege de Samt-Lo en
iy‘74, Çolombreres qui commandoit. dans cette
place ne voulut jamais fe rendre : il s’avança fut la
brèche, ayant à fes côtés fes deux f i l s , l’un âgé
de dix ans & l’autre de douze. «Mes c-mpagnons,
» dit-il à fes foidats, avec votre vie & la mienjie,
3? j’offre encore à Dieu céque j’ a.vois de plus cher,
» celle de ces deux enfans ; j’aime mieux que leur
» fmg pur & fans tache foit ici confondu avec'lé
» mien, que de ie laiffer au pouvoir des .tyrans
33 qui veulent forcer nos çonfciences.,& contra.in-
3> dre notre foi ». Il fut tué. >Ses en fan s ’ ne reçurent
point la moindre bleffure.
COMÉDIE , COM ÉD IEN N E S , C OM E DIENS.
Les philofophés fe moquent des' folies>
des hômmté, les marchands en profitentjpmais les
comédiens s’ en moquent & en profitent.
•En lé cp , des çornédlens de province obtinrent
la permiffion de s’établir à Paris. Ils ouvrirent leur
théâtre à: l’hôtel d’Argent, rue de la Poterie. En
1609 , à l’occafion de quelques défordres arrivés
à la porte du fpeéfacle & de celui de l’hôtel de
Bourgogne, le juge de police rendit une ordonnance
, dont voici quelques articles: «Sur la
-a? plainte faite par le procureut du Roi que les
33 comédiens de l’hôtel de Bourgogne & de 1 hôtel
33 d’Argent finiffent leurs comédies à heures in-
>3' dues & incommodes pour la fâifon d’hiver, Si
33 que fans perm-ffion ils éxigent du peuple des
33 fomtnes exceffives ; étant néceffaire d’y pour-
33 , voir Sc de leur faire taxe modérée, nous avons
» fait & faifons très-expreffes défenfes auxdits
» comédiens, depuis le jour de la Saint-Martin
>3 jufqu’âu quinzième février, de jouer pafle quatra
» heures & demie au plus, tard; auxquels pour
33 cet effet enjoignons de commencer précifément
33 avec telles pêrfonnes qu’il y aura à deux heure*
s* après midi, & finir à ladite heure de quatre
33 heures & demie, & que la porte foit ouverte
» à une heure précife. Défendons aux comédiens
» de prendre plus grande fomme des habitans Sc