
^os ennemis y ont fait des merveilles ; vos troupes
encore mieux. Pour moi , fire , je n'ai "d'autre mérite
que d'avoir exécuté vos ordres. Vous m'aveç
dit de prendre une ville & de donner une bataille J je
l'ai prife.j & je l'ai gagnée.
Lorfque Louis eft inftruit des particularités de
•cette terrible journée, il dit : Luxembourg a attaqué
en prince de Condé y & le prince d'Orange a fait fa
retraite en maréchal de Turenne.
BATAIL LONS. Remarquons, dit Voltaire ,
que Tordre 3 la marche , les-évolutions des bataillons
tels , à peu-près, qu'on les met aujourd'hui
en ufage ont été rétablis en Europe , par un
homme qui n'étoit point militaire 3 par Machiavel
3 fecrétaire de Florence. Bataillons fur trois 3 ■
fur quatre 3 fur cinq de hauteur ; bataillons mar-
chans à Tennemi ; bataillons quarrés pour hêtre
point entamés après une déroute, bataillons de
quatre de profondeur foutenus par d'autres en
colonne ; bataillons flanqués de cavalerie ,■ tout
eft de lui : il apprit à l’Europe Tart di la guêrr'e.
On la faifoit depuis long-temps, mais on ne la
favoit pas. _•
B ASTARD . Quoique les grecs ne puffent
époufer qu’une femme , il paroît cependant que"
dès les premiers temps , il étoit permis de la répudier
, lorfqu’on croyoit en avoir des fujets légitimes
j mais ce qui eft flngulier, c ’eft que les commerces
illégitimes n’avoient rien alors de déshonorant
; la naiffance des enfans qui en pro-
venoient h étoit point regardée c«nnme honteufe.
Agamemnon , dans l'Iliade, voulant encourager
Teuce r , Frère d’Ajax , à continuer fes exploits |
lui repréfente, que, quoiqu'il ne fût pis fils légitime
de Télamon , il n'en avoit cependant pas
moins pris foin de fon éducation. Ulyffe, dans
rO d y fiee , fe dit fils d'une concubine. Chez nos
ancêtres la bâtardife n'avoit rien de deshonorant.
Les hiftoriens donnent à quantité de perfonnés
très-llluftres la qualité de bâtards.
En Efpagne les bâtards ont toujours hérité.
Leroi Henri de Tranftamare ne fut point regardé
comme roi illégitime,quoiqu'il fut enfant illégitime,
& cette race de bâtards a régné en Efpagne jufqu'à
-Philippe V ,
La race d'Arragon qui règnoit à Naples, du
temps de Louis X I I , étoit bâtarde.
On a des lettres du duc de Normandie, roi
cTAngleterre , {ignées Guillaume le Bâtard.
Le fameux comte de Dunois n'eft pas plus connu
fous ce nom que fous celui de Bâtard d'Or-
léans. . ' i
.Enfin on peut mettre en tête des illuftres bâ- J
tprds Salomon , Rémus ,8c Romulus, Alexandre- |
le-Grand , Ramir, roi d'Arragon, Clov is , notre
premier roi chrétien, l'empereur Confiance y Jean
Sforce & Erafmei
Parmi nous, les bâtards ne fuccèdent point à
leur père & mère > maisvils ont droit d'exiger une,
penfion alimentaire. Les bâtards ne peuvent être
présentés à des bénéfices fimples, ni admis aux
moindres ordres fans avoir obtenu des' difpenfes1
du pape.
ù Les armes d'un bâtard doivent être croifées
d'une barre, d'un filet, ou hune traverfe de la
gauche à la droite.
BATHILLE , fameux pantomime, qui parut
à Rome fous Augùfte. Le phiiofophe Démétrius ,
attribuant Tillufion de la pantomime aux inftru-
mens, aux voix.& à la décoration , Batkille lui
répliqua : regarde-moi jouer feul, & dis après de.
mon art tout, ce que tu voudras. Il joüa fans le fe-
cours de la mufique. Démétrius , rsanfporté,
s ecria,: Je ne te vois pas. feulement, je t'entends ,
tu mé parles des mains..
B A TO N . Le bâton eft, pour Tordinaire, une
marque de dignités ;. quelquefois c'eft une arme
offenfive ,. & même défenfive, dont il eft honteux
d'être frappé.
Lz bâton de maréchal de France , celui de capitaine
des gardes , le bâton paftoral, celui de chantre
, font autant d'attnbuts de ces différentes dignités.
Les lacédémoniensqui ne portoient jamais d'épée
en temps de paix, portoient pour leur dcfenfeun
bâton épais & crochu qui leur étoit particulier..
Autrefois ceux qui fe fervoient de bâtons feulement
pour s'appuyer, étoient obligés de le quitter
en fe tenant debout pendant qu'on lïfoit l'évangile.
Cette pofture étoit une marque de refpeél &
de réfignation aux volontés divines.
La loi des lombards veut' que ceux à qui elle
permet le duel combattent avec le bâton.
Nos loix puniffent févéremént les coups de
bâton.
Par un réglement des maréchaux de France,
fait en 16 $$. Il eft ordonné que celui qui frappera
un autre avec le bâton, fera puni d'un an de pri-
fon> ou de fix mois , en payant 3000 liv. En outre
, Tagreffeur doit demander pardon à genoux à
Toffenfé.
B A T T O N -, ce brave Dalrhate, avoit fouvent
excité fes concitoyqps à'la révolte, & avoit fait
long-temps la guerre aux romains avec quelque
fuccès. Enfin il -fut pris & conduit devant l'empereur
Tibère, qui lui demanda qui T avoit porté
à fe' révolter ainfi ? « Vous-même, répondit?-
» Batton, qui envoyez pour garder votre tfou-
» peau, non des chiens 8c des bergers, mais des
» loups ». •'
BAUDRIER. Le baudrier .étoit autrefois une
partie de l’habillement des guerriers , qui fervoit à
porter leur épée. Les militaires admis a la table du
prince où du général, avoit coutume de quitter
leurs baudriers.
Chez les anciens , les baudriers étoient couverts
de lames d’or & d’argent, 8c fouvent de pierres
précieufes regardées comme des talifmans qui
affuroient les fuccès dans les batailles. Les figures
d’ aigles & de fçarabëes étoient fur-tout en grand
crédit parmi les guerriers qui avoient ce genre de
fuperftition.
B AU TRU . Guillaume Bautru, comte de Sén
a t , né à Paris , en 1 f88, morp en 166 f , 8c-
l ’ un des premiers’membres de l’académie françoife,
ce fut, dit le di&ionnaire des grands hommes ,
une .efpèce de Gorgibus. Il avoit un foin égal de
fa cuifine 8c de fa bibliothèque. Il étoit homme
à bons mots. Après avoir vifité la bibliothèque de
TÈfcurial, dont le bibliothécaire étoit fort ignorant
, il dit au roi d’Efpagne : « vous devriez
« plutôt, fire , lui donner Tadminiftration de vos ■
» finances; c’eft un homme qui ne touche pas au
« dépôt qui lui eft cônfié ».
Bautru, pour favoir fi un homme donnoit à
manger ,. demandoit : le voit-on â midi ?
Langeli, fou de profeflion, étoit dans une compagnie
où il y avoit long-temps qu'il faifoit fon
rôle. Voyant arriver Bautru : « Ah! lui dit-il,
» vous venez bien à propos pour me féconder,
« je me laffois d’être fèul ».
Bautru confidéroit un morceau de fculpture,
'repréfentant la-Juftice & la Paix^qui s'embraf-
foient : voye%-vous , dit-il, elles s'embrasent & fe
difertt adieu pour ne fe revoir jamais.
Bautru fe promenoit au Luxembourg par une
chaleur exceffive ', la tête découverte , avec le
duc d'Orléans. C e prince lui ayant dit qu'il étoit
fort attaché à fes amis : f i votre altejfe, reprit
Bautru, ne Us aime bouillis , elle les aime au moins
bien rôtis.
I l ne faut point, difoit Beautru , s'abandonner aux
plaifirs , il ne faut que les côtoyer.
Bautru difoit qu'au cabaret Ton vendoit la folie
pat bouteille.
Il dit au furintendant des finances Defmery,en
lui préfentant un poète : voila un homme qui vous
donnera Vimmortalité mais il, fedt que vous lui
donniez dé-quoi vivre,.
BAY ARD ( chevalier de1) ; l’ un des’plus grands
capitaines de fon fie clé , s'.ppeiloit de fon nom
de famille Pierre Terrail, maifon ancienne du
Dauphiné. Il naquit en 1476 , & mourut, ainn
que 1-a -plupart de fes ancêtres , les armes à la
main , en 1 ^24, âgé de quarante-huit ans.
Les vertus de cet illuftre gtièrrier lui firent accorder
par fes contemporains le glorieux titre de
Chevalier fans peur & j~ns reproche. Sa valeur h étoit
ni farouche , ni brutale.
Quoique le chevalier Bayard ne fût point riche,
il fe priva néanmoins plufieürs lois de parts con-
fidérables de butin qui lui revendent légitimement,
pour les répandre dans le fein de quelques mdi-
gèns , ou pour les diftribuer aux compagnons de
fes viéloires. La pudeur alarmée a trouve plus d une
fois un afyîe affuré auprès de lui. Suivant lé portrait
que les hiftoriens Expiili 8c Champier donnent
du chevalier Bayard, çe guerrier avoit la
taillé légère & dégagée , le teint blanc , les yeux
noirs & pleins de feu. Il étoit extrêmement gai,
d'une humeur égale, 8c fes propos, meme dans
les occafions les plus fëneüfes , étoient remplis
de"faillies. Son grand courage fouffrok impatiemment
T ufage des arquebufes , comme s’il eût prévu
qu'il en dût mourir ». C'eft une honte, di-
» foit-il, qu'un homme de cûeur foit expofe a
îi périr par une miférable fiiquenelle , dont il né
» peut fe défendre ».
En 1 yoo:, plufieurs villes du Milanois qui s e-
toient foulevées contre Louis X I I , fe fournirent
à Tapproehe des nouvelles, troupes que ce prince
envoya pour les, faire- rentrer dans fon obeiffance.
Les députés de ces villes, dans la vue de fe rendre
favorable le général françois, lui firent préfent
d'une très-belle vaiffelîe d'argent. C e géneral ap-
percevant Bayard, 8c Tachant qu il n étoit pas
riche 3 lui dit de la prendre. « M e . préferve le
» ciel , répondit le généreux chevalier, de laiffer
» entrer chez moi rien de ce qui vient de gens
» aufti perfides ! Cela me porteroit malheur ». Il distribua
aufti-tôt cette vaiffelîe pièce à pièce à ceux
qui fe trouvoient là , fans en rien réferver pour
lui.
Les hiftoriens rapportent une multitude de traits
femblables de la générofité 8c de la grandeur d ame
du chevalier Bayard. Mais l'a&ion la plus remarquable
de fa vie , eft celle dont la ville de Breffe
. fut témoin. Cette ville s'étant révoltée en 1 f 12 ,
contre lés françois qui en étoient les maîtres de--
puis la bataille d'Aignadel „ fu t attaquée, prife &
faccàgée avec, fureur. Bayard 3 qui avoit été
bleffe au commencement du fiège,. fe fit porter
chez des gens de qualité-, qu'ilpaffura par fes dif-
coùrs , 8c par la précaution qu'il prit de placer a
I leur porte deux foldats auxquels il donna une fom-
me de huit cents écus , pour les dédommager du
! fadrifice :qu'ils lui faifoient en ne pillant point. Au
; bout de quelques jours , fon impatience de rejoindre