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falves accoutumées de la garnifoti & des canons
de la forterefle, parce que Ton craignoit d’effrayer
la jeune Chriftine. Guftave fit dire qu’on pouvoit
tirer; elle eft, ajouta-i-il, fi lie d'un fo lda t,il faut
quelle s'accoutume au bruit de l’artillerie, ( Hill. de
Çhriftine ).
G U Y O N , ( Jeanne-Marie Bouvières de la
Mothe ) née en 1648, morte en 1717. Cette
femme myftique avoit une imagination ardente ,
que le P. Lacombe, fon confeffeur, pervertit.
Elle fe qualifioit de femme enceinte de Vapocalypfe3
de fondatrice d'une nouvelle églife ,* elle prophe-
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tifa que tout l'enfer fe banderoit contre lie, que fa
femme feroit enceinte de lefprit intérieur ; mais que
Le dragon fe tiendroit-debout devant elle, &c. &TC.
Les rêveries de madame Guy on produisirent mal-
heureufement la querelle du quiétifme, entre
Boffuet & Fénélon.
Cette femme célèbre compofa plufieurs ouvrages
de fpiritualité , tant en profe qu’en vers.
Quelqu’un demandoit un jour à Voltaire ce qu’il
en penfoit : «« Madame Guy on > répondit i l , fait
» des vers comme C o tin , & de la profe comme
» Polichinelle».
H.
Î lA B I L L E M E N S . Il feroit inutile de remonter !
aux différens thoyens que les premiers hommes
employèrent pour fe garantir des injures des
faiions. Comment fuivre les révolutions des habille-
mens depuis les peaux, les plumes & les feuilles
dont on fe fervit d’abord, jufqu’aux rafinemens
des ufages modernes ? La mode a fouvent changé
lorfque les matières reftoientles mêmes. Les matières
ont été différents , parce qu’elles ont été
fucceflivement dénaturées par les arts , qui
convertiffoient la peau d’un animal, en cuir» la
laine de la brebis, en étoffe} le cocon d’un ver, en
foie ; le lin & le cotdn, en toile de différentes .
efpèces. On multiplia aufli les parties du vêtement :
les ornemens furent entaffés fur les oniemens avec
une variété prefqu’mfinie, produite par les caprices
de la vanité humaine , ou par les nouveaux
befoins auxquels l’homme fe rendit fujet.
Cependant les hommes s’établirent en fociétéj
on mit des bornes à la licence de l’imagination »
dans les changemens des, modes, par des régle-
mens & des prohibitions. Cés réglemens eurent
pour objet de mettre quelques diftinétîons entre
les différens ordres Hes citoyens, 8Hur-tout entre
les deux fexes, ou de prévenir des fuperfluités
nuifibles qui corrompoient les moeurs ou appau-
vriffoient l ’étàt. Aujourd’ hui les européens ont
une fi grande liberté de fe livrer à leurs fantaifies,
pour la forme &.les matières de leurs vêtemens,
que l’habit eft devenu une forte d’index pour
l’ame j & le cara&ère d’un homme fe découvre,
à quelques égards, aufîi aifément, par fa manière
de fe mettre» que par le ton de fa con-
verfation.
On peut obferver , en général, que les vêtemens
des européens font gothiques ; car ceux des
hommes font militaires, puifqu’ils font courts,
& que Xhabillement n’eft pas complet, fans une
a,rtrie pffenfive. Les anciens habits civiques étoient
longs > & font encore employés en certaines
occafions : le marchand & le commerçant, quand
ils pareiffôient comme citoyens 3 portent une robe
& un chaperon 5 il y a aufli de longues robes
affeéfcé.es aux profeffeurs de médecine & û e droit»
aux grands officiers de l’état & aux pairs de chaque
ordre : mais tops ces différens perfonnages, excepté
dans les cérémonies publiques, portent
l’habit çourt & l’épée, qui çompofent Yhabillement
militaire » dont les irruptions des goths, qui
n avoient d’autre métier que la guerre, ont rendu
rufâgé univerfel.
Encyclopédiana^
Quant aux habillemens des femmes , comme
ils nont jamais été militaires» ils n’ont jamais été
courts} mais.» outre les changemens que la convenance
& le caprice y ont introduits, il y en
a qui ont une caufe plus fecrètte & moins innocente.
Les habits des femmes ont été long-temps
confidérés comme l’ornement de la beauté, &
l ’aiguillon des defirs 5 & dans cette vue, ils ont
été l’objet de beaucoup de foins , de réflexions &
d’induftrie î mais il ne paroît; pas que celles qui
ont cherché, à multiplier & affiner leurs conquêtes
par la parure , aient toujours fu employer ce
moyen de la manière la plus avantageufe à leur-
deffein.
Lorfqu’ une dame angloife juge à propos de
laifferavoir fa gorge entière , le gentilhomme an-
glois regarde bien-tôt cet objet avec autant, d’in-;
différence qu’un indien- regarde le corps nud
d’ une indié’nne : mais celle-là entend bien mieux
! fes intérêts» qui couvreia gorge de manière que
le hafard paroît découvrir quelquefois ce qu’on
avoit deffein de cacher. C e coup d’oeil dérobé
frappe l’imagination, 8c l’on épie tous les mou-
' vemensqui peuvent procurer la répétition de cette
; bonne fortune. Ain f i , lorfqu’ une damé découvre
! par hafard la moitié de fa jambe, l’imagination
; s’allume à l’inftaht, tandis que l’ adrice qui montre
I la fienne toute entière, eft un objet d’indifférence,
& fouvent même de dégoût. C ’eft pour la même
1 raifon qu’une Vénus toute nue fait moins d’im-
preflion qu’une figure de femme habillée, dont
îe cotillon fera relevé pour laiffer voir la jarretière.
Il en refaite que, fi celle-là feule s’habille
; immodeftement qui excite le plus de defirs licen-
tieux, celle qui découvre le plus de fes charmes
fera plus décemment vêt.ue que celle qui les couvre
de manière à laiffer au hafard le foin de les
découvrir. '
Ç ’eft fur ce principe que le légiflateur grec,
voyant que les jeunes , gens avoient de l’éloigne-
tnent pour le mariage , ordonna que les femmes
porteroient de longues robes qui çouvriroient tout
le corps, depuis les épaules jufqu’aux pieds, au
lieu de laiffer voir, comme auparavant, la gorgé
8c là'Moitié de la jambe. Il vou’ut .auffi que ces
robes fuffent fendues depuis la hanche jufqu’aux
g.enoux : de forte que » quand une femme étoit
afllfe ou debout, les deux côtés de fes ouver-?
tures topaboient ensemble & fe joignoient ; mais
èn marchant, ou en faifant d’autres mouvemeosj