
autrement on eft expofé à faire comme celui qui
voyant M. T . Ciceronis opéra 3 traduifoit opéra de
Motifieur Thomas Cicéron. Cette ignorance nous
rappelle la piété aveugle d'une bonne femme, qui,
en finiflant fon action de grâce, adreifoit au ciel
avec ferveur ces mots qui fe trouvoient à la fin
fon livre de prières , ex typis vidas. Vincent, viâ
Jacobeâ M. D C C. L X X V I . & croÿoit dire
une oraifon fort agréable au feigneur.
A. E. I. O. U. Charles-Quint avoit pris, par
abréviation, ces cinq voyelles pour devife, dont
le /ens eft :
jAuftriaconün Eft Imperare Orbi Univerfo.
On donna & Lully un prologue d’opéra que Ton
trouvoit excellent ; la perfonrie qui le lui préfenta,
pria ce muficien 4c youloir bien l’examiner devant
elle. Lorfque Luîiy fut au bout, la perfonne
lui demanda s’il n’y trpuv'oit rien à redire : Je
n’y trouve qu’une abréviation à faire , répondit-il,
c’eft qu’au lieu qu’i l y a fin du prologue , il deyoit y
avoirfi du prologue.
ABSENCE. C ’ eft pour un amant que l’abfence
de l’objet chéri eft un tourment cruel.
L'attente d’un retour ardemment defiré
Donne à tous les jnftans une longueur extrême,
Et l’abfence de ce qu'on aime
Quelque peu qu'elle dure a trop long-temps duré.
Mo h e r .e, !
Pour un mari Y abfence eft dangereufe.
Un jeune homme , époux d’une .Agnès,
Contraint, d'aller aux champs, la pria d'être honnête :
Si quelqu’autre que mofjouit de tes attraits,
caie ae rrocope, vis-a-vis de 1 ancien théâtre
rrançpis. La ce fameux aboyeur déchiroit à belles
dents les pièces nouvelles 8c les talens des aéteurs
qui les repréfentoient. Les comédSns délibérèrent
fur le moyen de fermer la bouche à ce terrible an-
tagonifte , 8c fe déterminèrent à lui offrir fon en-
tree gratis, pendant tout le cours de l’année, «c Je
'3 fuis, Meilleurs, leur répondit-il, on ne peut
3 Pas pius ferifible à votre honnêteté} mais en
* acceptant votre offre, il faudroit me taire ou
3 vous louer, 8c j’aime mieux conferver le droit
0 de dire mon fentiment ». •
ABUS. Il y a douze abus dans le monde , dit
un auteur italien : un fage fans les oeuvres , un
vieillard fans religion, un jeune homme fans docilité,
un riche fans charité, une dame fans pudeur
, un religieux fans chriftianifme, un pauvre
fans humilité , un évêque fans fouci, un clergé
fans difeipline, un peuple fans police, un gentilhomme
fans coeur, 8c un roi fans bonté.
ABUS DE M O T . Voici un fingulier abus de
mot rapporté par Voltaire. Dans le temps que
» les fragmens de Pétrone faifoient grand bruit
» dans la littérature, Meibomius , grand favant de
» Lubeck, lit dans une lettre imprimée d’un autre
» favant de Bologne : nous avons ici un Pétrone
» entier, je l’ai vu.] de mes yeux 8c avec admka-
» tion ». Âulfi-tôt il part pour l’Italie, court à
Bologne, va trouver le bibliothécaire Capponi ,
lui demande ’s’il eft vrai qu’on ait à Bologne le
Pétrone entier. Capponi lui répond que c’eft une
chofedès long-tems publique. -Puis-je voir ce Peî
trône ? ayez la bonté de me le montrer. Rien n’eft
plus aifé , dit Capponi : il le mène à l’églife où
repofe le corps de S. Pétrone. Meiboniius prend
la pofte 8c s enfuit.
Il me viendra, d it-il, dès cornes à la tête.
Des cornes 1 Que dites-vous la ?
Revenez comme vous v o ilà ,
J’aime bien mieux être fidelle.
U part ; à fon retour qu’elle trouva trop prompt,
N e lui voyant rien fur le front :
Que vous êtes mçnteur! dit-elle.
Bo u r s a u i t ,
ÀBOYEUR. On appelle ainfî un homme har- i
gneux qui fait plus de bruit que de mal.
Il y a des gens dans Paris qui méritent bien le !
titre a aboyeurs qu’on leur dohne. On les trouve
dans certaines fociétés, aux promenades, dans les
cafés, aux fpe&acles. La ils décident des talens ,
.s’échauffent pour ou contre tel livre, tel artifte,
ou tel a&eur. Ils font leç inftrumens des haines
cacfrées 8c 4es intrigues faméliques. *
Il y a un peu plus de quarante ans qu’un nommé J M. D.., tenok fes aftifes dans une falie du |
A Ç A C E , évêque d’Amide , fur ie T igre , en
420, vendit les vafes façrés de fon églife pour
racheter fept mille efclàves perfes qùimouroient
de faim & de mifere ; il leur donna quelque argent,
& les renvoya libres à Véranius leur roi. Ce prince ,
touché de ce trait de bienfaifance fi extraordinaire,
voulut ayoir avec Acace une entrevue, dont le
fruit fut la paix entre Véranius & l’empereur
Théodofe le jeune, entre l’empire de Conftanti-
nople 8c l’empire des perfes.
A CADÉMIE . Il y avoit dans un fauxbourg
d’Athènes une maifon dont le propriétaire fe nom-
moit Académus} Platon & fes fe&ateurs s’y af-
fembloient pour traiter des matières philofophiques;
c ’eft de là que font venus les noms d’acàdémi-
ciert 8c d’académie qui font encore en üfage parmi
nous. On fe fert ordinairement du mot académie
pour défigner une compagnie de gens de lettres,
établie pour-la culture 8c ^avancement des arts 8c
des feiences.
A C A
Alcum nous a tranfmis par fes lettres quelques
détails fur une académie établie par Charlemagne,
& dont ce prince étoit lui-meme un des membres.
Les plus beaux génies de la cour qui la compo-
foient portoient chacun le nom de l’auteur ancien
qu’il avoit lu 8c pour lequel il avoit le plus de goû t..
L ’empereur fe nommoit, d’après ce. choix;, David 5
Alcuin fe nommoit Flaccus Albinus j un autre fe
nommoit Homère , Adélard, eveque de Corbie,
je nommoit Auguftin, -8cc.
L’âcadémie françoife a été inftituée en 163 y par
le cardinal de Richelieu pour perfectionner la
langue, & en général elle a pour objet^ toutes les
matières de grammaire, de poéfie 8e d’éloquence j
fa devife eft a l'immortalité.
Les places d’académiciens font devenues des brevets
d’honneur, qui figurent avec ceux des maréchaux
de France 8e desminiftres, elles font même
recherchées par des princes, par des héros, que
la renommée exalte , que la gloire couronne.
L ’académie royale des inferiptions Se médailles
fut d’abord compofée de quatre membres feulement.
MM. Charpentier, Quinault, l’abbé Tal-
lemant>& Félibien le père. C ’eft fous le miniftère
de M. Colbert, qu’ils commencèrent leurs travaux,
qui confîftoientà s’occuper des inferiptions,
devifes , médailles, monumens deftinés à transmettre
à la poftérité les principaux traits de notre
hiftoire, 8e fur-tout de celle de Louis X IV .
M. de Louvois ayant fuccédé à M. Colbert ,
Racine 8e Defpreaux furent nommés de Y académie
.des inferiptions. On v o it , dans le livre des médailles
qui compofent l’hiftoire de Louis X IV ,
celle qui a été frappée au fujet de- l’ établiflement
de Y académie des inferiptions. Elle repré fente
Mercure écrivant -avec un ftyle fur une table d’ airain
} il s’appuie fur une urne pleine de médailles.
La légende eft \rerum gefiarum fides y &
l’exergue , academia regia inferiptionum & numis-
matum 3 inftituta M. D C. L X I I I . La devife de
cette académie eft : vetaimori.
L’ académie royale des feiences eft redevable de
fon établiffement aux foins de M. Colbert. Elle
fut établie en 1666 } elle eft maintenant compofée
de géomètres, d’aftronomes, de méchani-
çiens , d’anatomiftes, de botaniftes & de c h y - '
miftes. Elle a pour devife : invenit. & perfide*
L ’ académie royale de peinture 8e de fculpture
<l°it fa^naiflance aux démêlés qui furvinrent entre
les maîtres peintres 8e fculpteurs de Paris , 8e les
peintres privilégiés du Roi. Lebrun , Sarrafin,
Corneille & les autres peintres du Roi formèrent
le projet d une académie particulière , 8e obtinrent
le 20 janvier 1648 un arrêt tel qu’ils le defi-
roient.
Les académies feTont multipliées confîdérable-
njenten France 8e chez, les étrangers». Frédéric I ,
Encyclopédiana%
A C A *
roi de Pruffe, établit à Berlin, en 1700, une célèbre
académie 3 fous le nom d’académie royale des
feiences 8e des belles-lettres dePrufle , 8e M. Leibnitz
en fut préfident. L’académie royale des feiences
à Paris eut l’honneur de choifir parmi fes
membres un préfident à cette ill,uftre compagnie ;
8c ce choix tomba fur M.- de Maupertuis.
Le Czar Pierre I avoit eu le projet d’établir I
Pétersbourg une académie , qui s’occupât des
feiences 8e des belles-lettres j fa mort, arrivée en
1725", réferva la gloire de cette inftitution à la
Czarine Catherine, qui fonda cette académie en
172(5. Elle a cette devife modefte, paulatim.
L’ Italie feule a plus d’académies que le refte du
monde enfemble : on en compte vingt-cinq dans la?
ville de Milan. La plupart des académies d’Italie
ont des noms finguliers 8c bifarres } on en peut ju-
?er par ceux-ci : Impatienti, Itiabili, Indomiti 9
nquietiy Alterati, Humidi lnfernati , Lunatici ,
Volanti , Infenfati , Infipidi , Audaci , Fantaftici ,
Infecondi , Notturni 3 Ombrofi , Erranti , Extravagante
, Oftinati , Vagabondi , 8cc.
L ’académie de la Crufca eft la plus célèbre dtf
toute l’Italie. Crufca en italien veut dire fon3 8c
ce mot fait allufion au but de fes travaux, qui
confiftent à perfectionner la langue italienne, 8c *
fépârer les mauvaifes expreffions, pour ainfi dire y
comme .on fépare le fon de la farine. Les meubles
de la falle font tous allégoriques} la chaire eft faite
, en forme de trémie, dont les degrés font des
meules de moulin : une meule fert auflî de liège
au direéleur} les autres lièges font faits en formes
i de hottes , 8c le doffier en forme de pelle à four.
La table eft un pétrin. L’académicien qui lit quelque,
mémoire a la moitié du corps palfé dans urr
blutoir. Les portraits même qui décorent la falle
ont la forme d’une pelle à four.
cc Le mot d’ académie devint fi célèbre, dit Voltaire
, que lorfque Lully, qui étoit une efpèce de
favori, eut obtenu retablilTément de fon opéra
en i 6 j i 3 il eut le crédit défaire inférer dans fes-
patentes que c’étoit un e académie royale de mufique,
& que les gentilshommes 6 les demoifelles pourroient
y chanter fans déroger. 11 ne fit pas le mêmehon-
neur aux danfeürs 8c aux danfeufes ; cependant le-
public a toujours confervé l’habitude d’aller à
l’opéra, 8c jamais à Y académie de mufique ».
On voit enfin dans Paris plufieurs académies qui
ont dans leurs établiflemens des vues toutes différentes
8c oppofées les unes aux autres j académie
de mufique pour exciter les pallions, académie de
philofophie pour les calmer 5 académies d’éloquence
8c de peinture, qui apprennent à immorta-r
lifer les hommes 5 académies d’armes qui enfeignent
à les tuer } académie de chirurgie qui s’étudie à les
conferver.
Les académies 3 comme toutes les inflitutions-
£