
p en fé e , qu’elle chantoit en danfant la vol te.. La
reine avoir choisi, ne veuille^, ôfire! fur 1 air de
la chanfon des bouffons* Le foi de Navarre ,
Antoine , prit revanche-moi , prends, ma. querelle ,
qu'il chantoit en danfant le branle de Poitou >
ainlï des autres ».
La Sorbonne préfenta des remontrances à François
L pour qu’ il défendît le chant de ces pfeaumes j
te Maroc fit contre elle de nouveaux vers, pour
qu'elle cefsât de le perfécuter. Il y difoit qu elle
ne lui vouloit tant de mal que parce qu'il l'avoit
démafquée, & qu'au moyen du renouvellement
des fcit-nces 8c des arts, on avoit découvert 7«
pot aux rofes.
Ces pfeaumes continuèrent d'être chantés, &
à foi ce de les entendre, on les g< ûta & .on 'n y
trouva rien de repréhenlibie. La Sorbonne elle-
m'ême les approuva fous Charles I X , 8c le pape
les déclara conformes au texte hébreux : mais fi
on compare cette veifio n-à l'original, elle elt bien
loin d’y atteindre. Maroc chantoit les merveilles du
Tout puiliant, du même ton qu’il avoit chanté les
charmes d’Alix.
Le poète1 Charleval fut un des plus grands
admirateurs de Marat. Il avoir mis cette épi-
gramme à la tête des oeuvres de ce poète, en
les envoyant à une dame gui 1 avoit prié de les
lui prêter.
Les oeuvres de maître Clément
Ne font point gibier à dévote ; ■
Je vous les prête feulement,
Gardez v' us bien qu’on vous les ôte.
Si quelqu’un vous les. efçamotte,
Je le donne au diable Aftarot :
Chacun eft ib u de fa marotte ;
Mo i, je fuis fou de mon Marot.
M. Broffette,-connu par fon commentaire fur
Deipréaux , écrivoit à R ou fléau , le poète : Je ne
conçois après Marot, que trois perfonnes en
France, qui aient parfaitement réuffi dans le genre
épigrammatique ; ces trois perfonnes font Def-
préaux , Racine & vous. Je fuis feulement fâché
que Defpréaux en ait fait .quelques-unes de trop s
que Racine n'en ait point fait allez , & que vous
n en fa liiez plus.
M A R SA IS , (Céfar Chefiieau du ) né en 1676 a
mort en 1756.
Du Marfais fe vit toujours la dupe des efpé-
rances flatteufes que lui -donnoient (es protecteurs
, & ne trouva dans le mariage , au-lieu
d'une union douce ifc heureufe qu'il fe promettoit,
qu3embarras domefliques & chagrins , à ca-tife de
l'humeur infociable de fon époufe. Il regrette à
eette occafion, dans un écrit de fa main trouvé
aprèt fa mort parmi fes papiers, que notre religion
, fi attentive aux befoins de l'humanité, n'ait
pas permis le divorce aux particuliers, comme
elle l’a quelquefois permis aux princes. Il déplore
la condition de l'homme qui, jetté fur la terre au
hafard , ignorant les malheurs, les pallions & les
dangers qui l’attendent, n'acquieit d’expérience
que par fes fautes, & meurt fans avoir eu le
temps d'en profiter.
Du Marfais école entré fort jeune chez un
avocat au confeil. Des promeffes trompe u fs s
l’avoient engagé dans cette profefïion , & la lui
firent abandonner. Il fe chargea de l'éducation
du fils du préfident de Maifons. Mais, lorlque
ce magiftrat s’occupoit du foin de procurer une
retraite honnête au précepteur de fon fils, il vint
à mourir. Du Marfais fe trouva par cette mort
privé du fruit de douze années de travaux, 8c
fut contraint de recommencer la même carrière
chez le fameux L aw , dont le fils étoit alors âgé
de feize à dix-fept ans : mais la fortune qui fem-
; bloit l’avoir placé chez cet étranger, devenu en
-France miniftre des finances, lui manqua encore.
Il avoit des a étions qu'il vouloit convertir en
un bien plus folide : on lui çonfeilla de les garder 5
bientôt après ces actions tombèrent dans le dif-
crédit, 8c le célèbre charlatan qui les avoit
créées, obligé lui-même de fort'ir au royaume,
& d’aller mourir dans robfcurité àVenife. Tout
le fruit que du Marfais retira d'avoir demeuré
dans cette maifon, ce fut de pouvoir rendre
des fervices importans à plufieurs perfonnes d’un
rang fupérieur au fien , qui depuis n ont pas paru
s'en Convenir;-& de connoître, ajourait-il, la
baffeffe, la fervitude & l'efprit d’adulation des
grands.
On a prétendu que du Marfais étant appelé
pour préfider à l'éducation de trois frères dans
une des premières maifons du royaume, avoit
demandé dans quelle religion on vouloit quil les
élevât. Cette queftion fingulière avoit été faite à
Law , alors delà religion anglicane , par un homme
d'efprit qui avoit été. pendant quelque temps
auprès de fon fils. Du Marfais avoit fu le fait,
& l’avoit Amplement raconté : mais on trouva
plaifant de le lui attribuer, 8c ce petit conte
malin répété, 8c même orné en paffant de bouche
en bouche, eft peut-être celui qui a le plus nui à
du Mar fais.
Cet homme de lettres fe vit ob lig é ,' jufques
dans un âge très-avancé, d.e s’adonner à l’éducation
de la jeuneffe pour pouvoir fubfifter. Peut-être s’il
eut eu moins de délicateffe & plus de talent de fe
faire valoir , il eût trouvé chez quelques citoyens
riches & .généreux, les fecours qu’il étoit obligé
de fe procurer par un travail laborieux. Mais-*/«
Marfais, ajoute l’auteur de l’éloge que nous avons
c ité, avoit allez vécu pour apprendre à redouter
les bienfaits quand l'amitié n'en eft pas le principe
, ou quand on ne peut eftimer la main d'où
ils viennent. C'elt parce qu’il étoit très-capable:
de reconnoiffance, 6c qu'il en connoiffoit tous les
devoirs, qu'il ne vouloit pas placer ce fentiment
au hafard. 11 racontait à cette occafion avec une
forte de gaîté, que fes malhe-Urs ne lui a voient
point fait perdre ,• un trait que Molière n'eût, pas
laiffé échapper, s'il eût pu le connoître : M. du
Marfais 3 difoit un riche avare, eft un fort honnête
homme ; il y a quarante ans q u il eft mon ami ,
il eft pauvre , i l ne m a jamais rien demandé.
On a donné depuis la mort de ce profond
grammairien une nouvelle édition de fon Traité
des;tropes. Cet ouvrage, dansTequei il explique
les différens fens qu'on peut donner au même mot,
eft: regardé, avec rai fon, comme un chef-d'oeuvre,
de logique, de juftefTe, de clarté 8c de précifion.
Les obtervàtions & les règles font appuyées partout
d’exemples frappans fur l’ufage & fur l'abus
des tropes. Il développe en grammairien de génie
ce qui conftitue le ftyle figuré; il fait voir combien
ce ftyle eft: ordinaire non-feulement dans les écrits,
mais dans la converfation même. Cet ouvrage fi
excellent fut néanmoins peu vendu & prefque
ignoré à fa naiffance.. Quelqu'un voulant un jour
,fair# compliment*à l'auteur fur ce livre, lui dit
qu’il avoit entendu dire beaucoup de bien de fon;
Hiftoire des Tropes : il prenoit les tropes pour un
nom de peuple.
Du Marfais paflbit dans la rue aux Ours , le!
jour & au moment où l’on brûlait l'effigie du
fuiffe devant l’image de la fainte Vierge, au coin
de la rue Salle-au Comte. Il s'arrêta pour voir
cette cérémonie , qui fe fait tous les. ans le trois
juillet. Une bonne femme prefïoit la foule, afin
d’arriver plus vite devant la Vierge, & y faire
fa prière ; elle coudoya rudement une autre femme,
•qui fe fâcha, & lui barra le pàffage, en lui difant :
cc Si vous voulez prier, mettez-yous à genoux
» où vous êtes ; éft'-ce que la bonne Vierge .n'èftj
93 pas par-tout 33 ? Du Marfais, qui étoit à côté-
d'elle, voulut charitablement la reprendre, & lui
dit: « Ma botîne, vous venez de proférer une
» héréfie ; c'eft le bon Dieju feul qui eft par-tout
93 8c non pas la fainte Vierge ». Voyez donc ,
s'écria cette femme en s’ adreffant au peuple,
voyez ce vieux coquin, cet huguenot, ce p ar-’
. pàiilot, qui prétend que la bonne Vierge n’eft pas
par-tout ! Ces mots furent les lignes du foulève-
nient général du peuple. On quitta la fainte Vierge
& le fuiffe pour coürir après du Marfais, qui
eut heureufement le temps de fe fauver dans une
allée. Le peuple bloqua la maifon ^ 8c vouloit
abfolument qu'on lui livrât le'blasphémateur. La
garde vint le délivrer ; mais fut forcée, pour le
mettre en fûreté, de le conduire --chez te com-
miflaire du quartier, qui n’ofa le laiffer fortirque
fort avant dans la nuir.
M A S C A R O N i ( J u le s ) né à M a r& illesT a ti
1634, mort en 1705.
M. de Harlay, archevêque de Rouen, 'ayant
affilié àToraijbn funèbre de la reine par lé pèle
Mafcaron., en fut enchanté 5 & en paila avec tant
d'éloge, qu'il contribua beaucoup à la réputation
de l'orateur. L'oratoiien n'oubüà jamais ce fer-
vice ; & la dernière fois qu'il vit cet éloquent
prélat, il lui 'dit : Aperuiftijanuam-fama.
Mafcaron prêcha un jour fi vivement à la cour
fur la médifance , que 1e rai lui dit : vous nous
faites fûrement plus méchans que nous ne fommes.
M. Boffuet, qui fe trouva là , répartit avec ref-
pe£t : lire, il y en a encore plus qu'il n'en'dit. ’
Le père Mafcaron ayant été nommé en 167/ ,
à l'évêché de Tulle , le toi lui demanda avant fon
facre deux oraifons funèbres, celle du duc de
Beaufort, & celte d Henriette d'Angleterre. Le
maître des cérémonies fit obferver au ro i, que
les fervices fe faifoient à deux jours l'un de l’autre,
8c que cela pourrait embarrâffer l’orateur :
non, non , dit Ce prince , c'eft l'évêque de Tulle ;
à coup sûr il s’en tirera bien. L’applaudiffement de
ces deux pièces fut univerfel.
Au dernier fermon que M. de Mafcaron prêcha
avant d'aller à fon évêché , il fie fes adieux. Le
roi lui dit : vous nous avez touché dans vos autres
fermons pour Dieu 5 hier vous nous touchâtes pour
Dieu 8c pour vous.
M. de Mafcaron réfufa de faire l'oraifon funèbre
de M. de Harlày , archevêque de’ Palis ,
fous prétexte qu'il éroic incommodé. -Monfeigneur,
lui 'dit l'évêque de Noyon, vous ne dites pas tout ;
c'eft que la matière eft incommode.
On appeloit tes fermons de M. Mafcaron, des
recueils d'épigrammes.
MASQUE RUSE. A Venife, un tuteur avara,
& moins amoureux de fa pupille que de fes
biens; éconduifoit tous les parts qui fe prefen-
toient. Un jeune homme employa pour tromper
le vieil Argus, les déguifemens du carnaval. La
deoioifelle étoit de moitié dans la rufe. Son tuteur
lui reprochoit fa légèreté. Feignant d’être piquée
de ce reproche, elle paria avec ce gardien févère
d’être quinze jours fans parler & fans quitter de
mafque. Le pari accepté , la jeune fille choifir une
perfonne de fa taille à laquelle elle fit la leçon à
fa premiète fortie 5 cette confidente deguifée la
remplaça. Pendant ce temps la pupille intéreffa
fes parens, & obtint leur contentement pour
époufer fon amant. Le tuteur, de fon■ cô té ,
cherchoit tous les moyens de toucher la confidente
qu'il prenoit pour fa pupille. Loirfque le
terme du pari fut arrivé, la faufle pupille répondit
par un oui à la proportion qu'il lui faifoit tous
, les jours de i’époufer. Elle fe démafqua en-même