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armes ». A Ton retour il fit ériger cent temples
fuperbes aux dieux tutélaires de cent villes a Et
gypte , 8c voulut que les captifs, qu’ il avçÜt faits
pendant Ton expédition, fuflent les feuls qui travaillaient
aux monumens de fes victoires. Lorsqu'il
paroifioit dans quelque cérémonie publique ,
il faifoit traîner fon char par les rois & les chefs
(des nations fubjuguées. Quelle ambition !
Lucullus , dévoré de cette paflîon terrible , ne
dédaigna pas, pour obtenir le gouvernement de
Cilicie, de fe mettre aux pieds de la courtifane
Précie , 8c cet illuftre romain aima mieux s’ avilir en
obtenant cette dignité du caprice d’une femme,
que de faire le facrifice de fon ambition.
On lifoit devant Charles XII les ouvrages de
Boileau. Voici comme ce poète peint l’ambitieux
Alexandre dans la fatyre huitième.
Cet écervelé qui mit l’Alie en cendre,
Ce fougueux l’Angeli, qui de fang altéré,
Maître du monde entier, s’y trouvoit trop ferré.
L’enragé qu’il é t o it , né roi d’une province
Qu’il pouvoit gouverner en bon & fage prince,
S’en alla fo llem en t, & fe croyant un dieu,
Courir.comme un bandit qui n’a ni feu ni lieu ;
E t traînant avec lo i les horreurs dé la guerre,
D e fa vafte folie emplir toute la terre.
Heureux fi de- fon temps, pour cent bonnes raifbns,
La Macédoine eût eu des petites-maifons,
E t qu’un fage tuteur l’eût en cette demeure,
Par avis de parens, enfermé de bonne heure.
A ce portrait Charles X I I qui avoit goûté les
vers précédens , fe mit en fureur , 8c déchira la
page qui peignoit l'ambition fous des couleurs fi
défavorables.
Sixte V fut tourmenté par 1’ambition la plus
démefurée. Voici les moyens qu’il employa pour
parvenir à la fatisfaire. Il étoit cardinal } Grégoire
X III s’ affoibliflbit de jour en jour & paroifioit
menacé d’une mort prochaine : alors Sixte V contrefit
l’infirme 8c le moribond, afin que les cardinaux
le choififlent dans l’efpérance de voir bientôt
la place vacante. Il marchoit appuyé fur un
bâton, le corps ' courbé à moitié vers la terre , fa
voix étoit tremblante 8c caflee. C e fut par mille
ftratagêmes de cette nature qu’ il parvint au fouve-
verain pontificat } mais à peine fut-il .élu, qu’il
xenonça à la feinte pour fuivre ouvertement fa
paflîon dominante.
L’ambitieufe Sémiramis , après avoir obtenu de
la fimplicité du roi des aflyriens le droit de régner,
abfolument fur tous fes fujets, l’efpace de cinq
jours, abufa tellement de fa nouvelle pùiflance ,
qu’ elle commanda qu'on le fît mourir , ce qui
fut exécuté.
A ME
Un cardinal, miniftre très - ambitieux, "offrît
un abbaye à un évêque , qui la refufa, parce qu’il
ne croyoit pas pouvoir pofleder plus d’un bénéfice.
Le cardinal furpris de ce défïntérefiement ,
lui dit : Si vous n’aviez pas écrit fur certaine matière
, je vous canoniferois : « Plût à Dieu, mon-
” feigneur, que vous en eufliez le pouvoir, 8c que
î9,.jç vous en eufle donné le fu je t,lu i répondit
” }^v^que 3 nous ferions contens tous deux ».
C ’étoit finement lui reprocher fon ambition.
AMBOISE. George d‘Amboife naquit en 1460, de
1 illuftre maifon connue fous le nom de cette fei-
gneurie. Lorfqu’il eut changé l’archevêché de Narbonne
contre celui de Rouen, qu’il avoit accepté
pour fe rapprocher de la cour , il réprima les abus
de toute efpèce qui rég'noient en Normandie.
Louis X II étant monté fur le trône, d3 Amboife
fut nommé premier miniftre. A leur avènement,
les rois avoient coutume de mettre fur le peuple
une taxe extraordinaire ; Louis X I I , par le çonfeil
d Amboife} ne fuivit point cet ufage, & bientôt
au contraire il diminuâtes impôts d’ un dixième.
Ferme, laborieux, & cependant doux 8c honnête*
d Amboife travailla à la réforme des monaftères &
à celle de la juftice. Il fut nommé cardinal & légat
du pape, & ne joignit à ces dignités le revenu
d aucune abbaye. Le cardinal ! à3 Amboife eût été'
honoré de la tiare, s’il eût eu plus de politique
que de bonne-foi.' C e furent les intrigues des
Vénitiens qui l’éloignèrent .du fouverain pontificat.
Un gentilhomme de Normandie liii ayant offert
une terre qu’il defiroit vendre pour former la dot
de fa fille} d’Amboife dota la demoifelle, & força
le père dé garder fa terre. Le cardinal à*Amboife
attaqué de la goutte, mourut à Lyon en i j i o *
âgé de cinquante ans. On dit qu’il répetoit fou-
vent au frère infirmier qui le fervoit dans fa ma-
Jadie : frère Jean , que n’ ai-je été toute ma yie
frère Jean.
AMBROISIE. lAambrozfe étoit, félon les payensile
mets dont ils fuppofoient que leurs dieux fe nour-
riflbient, 8c qui rendoient immortels ceux qui en
mangeoient.
Lucien fe moquant des dieux de la fable, dit
qu’il falloir que Yambroijte ne fût pas fi excellente
que les poètes le difoient, puifque les dieux def-
cendoient du ciel pour venir furies autels fuccer
la graille & le fang des viétimes, comme font des
mouches fur un cadavre.
A M E . Dans une compagnie où êtoient
Marivaux 8c Fontenelle, la converfation s’étant
tournée fur la métaphyfique, & de-Ià fur Yame L
quelqu’ un demanda au premier ce que c’étoît donc
que Yame ? Il répondit modeftement qu’il n en
A M E
voit rien. Eh bien, reprit l’interrogateur, deman-
dons-le à M^de Fontenelle. « Il a trop d’efprit,-
sa dit M. de Marivaux, pour en fayoir plus que
» moi là-deflus ».
AMÉRIC - VESPUCE. Amène ƒ Vefpuce ,
qui a donné fon nom au (nouveau monde , naquit
en 14JI à Florence, d’une famille ancienne. Son
goût pour les voyages fe manifefta dé bonne hepre.
Ayant appris que Colomb venoit de découvrir un
autre hémifphère, il conçut le projet de participer
à fa gloire. R obtint de Ferdinand, roi d’Efpagne,
quatre vaifieaux avec lefquels il partit de Cadix
en 1497. Au bout de dix-huit mois il revint en
Efpagne , laifiant à Colomb l’honneur d’avoir le
premier abordé aux îles de l’amérique, & fe ré-
fervant la gloire de la découverte au continent.
C e voyage fut fuivi d’un autre que Vefpuce fit
avec fix-vaifieaux toujours fous les enfeignes de
• Ferdinand. Il revint de ce fécond voyage en 1 coo,
rapportant à Cadix des pierreries 8c beaucoup d’autres
cho/es précieufes j mais il eut la douleur de voir
fes fouverains aufli peu reconnoifians que fes compatriotes.
Emmanuel, roi de Portugal, informé des chagrins
de Vefpuce lui fit offrir trois vaifieaux pour
un troifième voyage. Vefpuce les accepta 8c partit
de Lisbonne en iy o ï. Le foi de Portugal extrêmement
fatisfait des découvertes que Vefpuce avoit
faites pendant ce voyage, lui donna fix vaifieaux
pour en chercher de nouvelles. L ’illuftre navigateur
fut troublé dans ce quatrième voyage par
les vents contraires 8c le manque de vivres 5 il
revint en Portugal en I J04, & mourut en 1 5 14 ,
laifiant fon nom à la moitié du globe connue fous
ie nom d’amér-ique.
AMERIQUE. L ’hiftoire du monde n’ offre pas
d’événement plus fingulier aux yeux du philofophe
que la découverte du nouveau continent , qui,
avec lès mèrs qui l ’environnent, forme tout un
hémifphère de notre planete. Ce fut vers la fin
du quinzième fiècle que Chriftophe Colomb &
Americ-Vefpuce abordèrent le premier aux îles,
le fécond au continent de Yamerique^
Parmi les peuplade^ répandues dans les forêts
8c les folitudes de ce monde qu’on venoit de dé-,
couvrir , on ne peut en nommer que deux qui eut-.
Cent formé une efpèce de fociété politique, c’étoient
les méxiquains & les péruviens. Ils n’avoient point
d’ inftrumens de fer pour abattre les bois , ni pour
labourer les terres. Point d’animaux capables de
traîner la charrue dont ils ignoroient même la conf-
truélion. Le boeuf, l’âne &C le cheval y manquoient.
Les hommes , peu induftrieux 8c peu inventifs,
paroiffoient vivre dans une enfance perpétuelle} ce
n’eft que dans un âge aflez avancé qu’il leur pouf-
foit quelques poils au menton , & dans quelques
endroits du corps 5 cette différence eft la feule qui
A M I n
étoit entre leur conformation 8c la nôtre.
Les voyageurs ont raconté fur Yamerique des
chofes merveilleufes qu’un homme fage fe dif-
penfe de croire. Cependant il y. a des anecdotes
qui pour paroître extraordinaires n’ en font pas moins
vraies.
La foif de l’or que firent paroître les premiers
conquérans de Y Amérique a long-temps perfuadé
aux habitans, infortunés de cés''régions, que l’or
étoit Je dieu des européens : en 1 y n les caciques
ou petits fouverains de l’île de Cuba , s’étant af-
femblés afin de pourvoir à la défenfe du pays }
Harvey , le plus confidérable d’entr’eux, leur dit
que toutes les précautions feroient inutiles , fi avant *
tout on ne s’efforçoit pas de rendre favorable le
dieu des efpagnols. Il fe fait aufli-tôt apporter un
vafe rempli d’o r } la voilà, ajouta-t-il, cette divinité,
célébrons une fête en Ton honneur, elle
nous regardera d’un oeil favorable. Tous à l’inf-
tant fe mettent à fumer, à danfer & à chanter
autour de ce tréfor, jufqu’à ce qu’ils tombaflent
d’yvrefle 8c de fatigue.
Le lendemain marin, Harvey raflemble les caciques
a leur réveil , & leur tient ce difeours.,« J’ai
» beaucoup réfléchi fur l’affaire dont je vous ai
» parlé. Mon efprit n’eft pas encore tranquille,
» 8c tout bien confidéré, je penfe que pour que
» nous foyons en sûreté ii faut éloigner de nous
» le dieu des efpagnols. Par-tout où ils le trouvent
» ils s’y établifient pour le pofleder. Inutilement
»,1e cacherions-nous, ils ont un fecret merveilleux
» pour le découvrir. Si vous-Taviez avalé, ils vous
» éventreroient pour l’avoir. Je ne connois que,
» le fondvde la mer où ils n’iront pas le chercher,
» c’eft là qu’il faut le mettre. Quand il ne fera
» plus parmi nous , ils nous laifieront en repos.
v Car , c’eft uniquement ce qui les fait fortir de
» chez eux ». L ’expédient fut approuvé} les caciques
prirent aufli-tôt tout l’or qu’ils avoient,
8c le jettèrent dans la mer loin du rivage. Mais
leur précaution fut inutile , 8c les efpagnols reparurent
bientôt après.
A M I .
Qu’un ami véritable eft une douce chofe !
Il cherche vos befoins au fond de votre coeur ,
J1 vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même,
Un fonge , un rien, tout lui fait peur,
Quand il s’agit de ce qu’il aime.
En trouvant up ami vertueux & fidelle,
Crois de la main de Dieu recevoir un tréfor,
Crois , du fiècle de-fer , paffer au fiècle d’o r ,
Crois voir du feu célefte une vive étincelle.
Cambyfe ayant fait prifonnier Pfammenite, roi
d’Egypte , pour augmenter encore la douleur de mm