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” ce jeu là? — Des ducheffes, repliqua-t-il »:
Cette femme etoit la fille d'un traitante
BIENVEILLANCE. Les yeux de la bienveillance
, du un auteur moderne 3 font toujours
rians. Une femme rie regarde 'pas fon amant
ǰ T * un autre. Et le favori à qui fon maître
parklerieufemut, doit dire y comme le marquis
de / “ *u,s perdu ! le prince ne m'a pas demande
des nouvelles de ma femme & n'a point
carelie ma levrette ». *
BIERRE. Pendant les guerres de 16 1 13 une-
bonne femme qui vendoit de la bierre à l'armée
de Hollande , crioit de toute fa force, à deux
fols ma bonne bierre * à deux fols. Un foldat
crioit derrière fa tente, à fix liards ma bonne
bierre a fix liards. Hélas : difoit la bonne femme
, voila un malheureux qui s'èft venu camper
près de moi pour m'ôter tous mes chalans j car
tout le monde coüroit au meilleur marché. Enfin,
apres avoir bien lamenté fur ce qu'elle croyoit
que fa bierre lui rèfteroit, elle fut étonnée de voir
quil n y en avoit plus une goutte dans fon tonneau,
& cela parce que le foldat avoit trouvé le i
lecret de le percer de l'autre côté dé fa tente ;
**• p m t deux liards de meilleur marché , il
avoit débité- avant que la bonne femme fe fût
apperçue du tour.
BIGAME. On a dit en plaifantant , qu'un
homme bigame étoit plutôt pendu qu'un autre ,
parce qu’il a deux femmes qui filent fa corde.
BIGOT. Soit que le mot do bigot vienne de
1 allemand bey-gott, ou de l'anglois by-god., il lignifie
également pardieu & fe prend en mauvaife
part pour déligner une perfonne q u i, minutieu-
lement attachée, aux pratiques extérieures de. la religion,
en viole les devoirs elfentiels & laçrés.
On dit que les normands eurent lé furnom de
bigots 3 ï l'occafion dü duc Raoul * qui rèeèvant
IBle de Charles-le-Simple & avec
elle 1 inveftiture du duché de Normandie , feifula-
de Eaifer les pieds au roi en ligne de valîelage,
a moins que le-^oi de fon côté, ne le prêtât à la -
ceremonie. Cependant preffé de le faire, il répondit
vivement no. .by-god., non, pardieu ! &
fon jurement fit donner à tous fes fujets le nom
de bigots.
BIGOTERIE. Elifabeth ne fut jamais une pro-
feftante rigide : fa dévotion douce & liante favoit.
parfaitement fe concilier avec les petites foibleflfes
de.rhumanité. :
Pendant qu’ elle donnoit à fe!s amans fa flotte &,
fon armée à commander contre les efpagnols *
elle compofoit une prière: très édifiante qui devoif
être récitée tous les jours fu r j chaque vaifleau* f
B I L
O d donMra Une ide'e du ton de bigoterie qui
caractenloit alors la cour de cette reine & offrira
en meme-temps un exemple du ftyle épiftolaire
du fameux mimftre Cécile.
Lettre de mylord Cécile au comte d’EJfex.
Mon très-bon seigneur.
et J e v o u s e n v o i e i c i i n c l u s u n d i g n e e n c o u r a g
e m e n t p o u r v o u s } m a is q u i n o u s la ilT e i c i u n e
e x t r e n j e c o n f o l a t i o n : c a r i l n 'y a r ie n d e f i a g r é a b
l e a 1 o r e i ll e d u T o u t - P u i f i a n t q u e l a p r i è r e î
a u c u n e p r i è r e p lu s e f f i c a c e , q u e c e l l e d e s p e r -
l o n n e s q u i e n a p p r o c h e n t d a v a n t a g e p a r l e u r n a *
t u r e & l e u r p u i f l a n c e , n i a u c u n ê t r e q u i a p p r o c h e
a u t a n t d e f a p l a c e & d e f o n e f i e n c e e é l e f t e d a n s
u n c o r p s a u g u f t e : E t c o m m e f a d i v i n e m a je f t é a
u n oe i l p lu s p a r t i c u l i è r e m e n t a t t a c h é f u r l e s a é t i o n s
d e s p r i n c e s , a u f f i a - t - e l l e f a n s d o u t e u n e o r e i l l e
p l u s f a v o r a b l e p o u r é c o u t e r le u r s p r i è r e s . P a r t e z
d o n c , m y l o r d , p l e i n . d e c p n f o l a t i o n & d e c o n f
i a n c e d a n s c e l l e s ' d e la r e i n e , a y a n t v o s v o i l e s
e n n t .e s d e f o n f o u f f l e ç é l e f t e , a u l i e u d e v e n t e n
P ° 4jp^ * V o u s n o u s 1a i l l e z e n e ll e l a p r u d e n c e p o u r
• u / r \ e ^ e t a t r i c h e f i e ) p a r f a i t e m3 e^n t au n ie d a n s f o nc f if euinn er og ry aa nl .d. .e.
Si j o f e v o u s e n f a i r e p a r t , c e n ’ e f t p a s q u 'o n . m e
1 a i t c o n f i e j c e p a p i e r m 'e f t t o m b é e n t r e l e s m a in s
p a r u n h a fard : je p o u r r o i s à p e i n e m e j u f t i f i e r d ' y
a v o i r / e t t - é le s y e u x , b e a u c o u p m o i n s d 'e n a v o i r p r i s
c o p i e . A y e z d o n c e g a r d a m a p o f i t i o n j j e n e d e ^
m a n d e q u e l e f i l e n c è p o u r - p r i x d e m a h a r d i e f le ,
; & vous me trouverez, toujours, de votre gran-
: deur , le très-humble à vous faire fèrvice ». • -r
Q u e l j a r g o n bigot & e m p h a t i q u e l Q u e l l e p e t i t e
r u f e d e f e i n d r e s ’ê t r e l a i f i è d é r o b e r u n e p r i è r e
i q u e ç 1 o n o r d o n n e a I o n m i n i f t r e d 'e n v o y e r a u
g é n é r a l , p o u r , ê t r e j o u r n e l l e m e n t r é c i t é e d a n s
| c h a q u e v a if if e a u .
BILLAUT. Adam Billaut plus connu lotis lé
: nom de maître Adam , ménuifier de Nevers , fut
ï appelle par les poètes dé fon temps, le Virgile
; au rabot. Il forma plufieurs récueils de vers de
fa compofitîon, qu’il intituloit, fes éhévilles, fora
la M w fon rabot, &c. Le cardinal de Ri-
; chelieu & le duc d'Orléans lui firent des penfioris.
i B fut- épicurien fans libertinage & ftoicien fans
: fupçrlHtion. Gn difoit que fi Epicure & Zénora
avoient vécu de fon temps, il les auroit fait boire,
enfembîe., Le duc de Saînt-Agnan, dit de ce
: poe.te buveur^ que pour les vers & pour le nom
Il étoit le premier des hommes.
■ ÿ On ne peut s'empêcher, dit Voltaire , de citer
dé cet homme fingulier , qui fans aucune littérature
devint poete dans fa boutique, le rondeau fui va ns.
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qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de
Êenferade.
Pour te guérit de cette feiatique
Qui te retient, comme un paralytique,
Entre deux dr aps fans aucun mouvement,
Prends-moi d eux brocs d’un fin jus de farment,
Puis lis comment on le met en pratique.
Prends en deux doigts» & bien chaud les applique
Sur l’épiderme où la douleur te pique ,
Et tu boiras le refte promptement,
Pour te guérir.
Sur cet avis ne fois point hérétique »
Car je te fais un ferment authentique
Que fi tu crains ce doux médicament,
Ton médecin ,, pour toft foulagement,
Fera l’efl’ai de ce qu’il communique
Pour te guérir.
BION DE BORYSTHÈNE, philofophe cini-
que, floriffoit 276 ans avant Jéfus-Chrift.
Un envieux paroiffant chagrin, il lui demanda
« fi fa trifteflfe venoit de fes propres malheurs
, -ou du bonheur des autres.
L’impiété, difoit-il, eft une mauvaife compagne
de la fécurité , puifqu’elle la trahit toujours.
Il difoit à fes! difciples : « Quand vous éc ou terez
avec, la même indifférence les injures & les
com pümens, Vous pourrez croire alors que vous
aurez fait des progrès dans la vertu
m difoit encore : c< Honorons la vieilleffe, puif-
que c'eft le but où nous tendons tous ».
BIRAGUE. Réné de Birague , né à Milan,
d'une famille noblevint en France pour échapper
à la haine de Louis Sforce. François I le fit
confeiller au parlement de Paris, Charles IX le
fit garde-des-fceaux, & en 1J73 chancelier de
France. J1 s'unit aux Gondis, aux Guifes & à
Catherine de Médicis , pour diriger le complot
de la S. Barthelemi. Henri III lui ayant retiré les'
fceaux, obtint pour lui, de Grégoire XIII, le
chapeau de cardinal. Il avoit été marié avant
d’ei^rer dans l’état eccléfiaftique. Birague mourut
en 1 ft| j âgé de' 74 ans. Ses obfèques furent
pompeufes , le roi y affifta en habit de pénitent,
êc Renaud-cle~Beaune, archevêque de Bourges,
prononça par fon ordre l’oraifon funèbre.
Birague difoit ordinairement qu’il étoit cardi-
pal fans titre, prêtre fans bénéfice, & chancelier
fans fceaux.
L’avocat Servin a fait ainfi fon portrait : « Ce
a»1 chancelier étoit italienne nation & de religion ,
» bien entendu aux affaires de l'état | fort peu en
» juftic«. De favoir. il n'en avoit point, au refte
B I R
33 libéral", voluptueux, homme du temps, fervi-
>3 teur abfolu des volontés du roi, répétant qu il
» n'étoit pas chancelier de France, mais chance-
33 lier du roi de France ».
Birague gentilhomme italien, de la famille
du chancelier de ce nom, il fe diftingua dans les
guerres d'Italie , fous le premier maréchal de
Briffac. Il attaqua Cardé petite ville de Piémont,
défendue par 40Q bannis -qui^firent tant de refif-
tance que fes troupes demandèrent a faire retraite,
ce Quoi donc , leur cria Birague, feroit-il poflible
que le defir de la gloire vous infpirât moins de courage
que le défefpoir n’en donne à t es brigands « f
En. même temps il les conduifit a 1 affaut j « c eft-
là , dît-il, qu'il faut aller mourir plutôt que de
nous fauver par une retraite honteufe». Son exemple
& fon audace enhardirent les foldats. Toute
la garnifon fe fit tuer fur la brèche.
BIRON. Armaed deGontaut, baron de Biron ,
obtint par fa valeur les grades militaires dont il
fut honoré & les places importantes qu'il occupa
: Celle de grand maître de l’artillerie le
fauva du maffacre de la Saint-Barthelemi, car ayant
eu le temps de fe mettre en défenfe, il conferva
fa vie te celle de fes amis. Il fut un des premiers
qui reconnut Henri IV, après la mort funefte,
d'Henri III U mourut en 1 J02 , au fiége d'Epernai
enChampagné, d'un coup cle canon. Il avoir paffé
par tous les grades militaires, depuis celui de fimplé
foldat,. jufqu'à celui de général. Sa devife étoit
une mèche allumée, avec ces mots , périt fed in
armis. Il avoit été le parrain du cardinal de Richelieu,
auquel il avoit donné le nom d'Armand,
devenu depuis fi fameux.
Biron ( Charles de Gontaut, duc de ), maréchal
de F r a n c ené vers l'an 1^62. Il eut la tête
tranchée en léôi’.pour avoir confpiré contre l'état.
Il étoit fils d'Armand de Gontaut, baron de Biron ,
un des grands capitaines de fon fiècle.
Biron hérita de h bravoure & de l'ambition
de fon père , mais non de fa fidélité. Il accompagna Henri IV dans toutes fes victoires , & combattit
fouvent à côté de lui. Ce prince crut avoir trouvé
dans Biron un ami & même un défenfeur zélé de
fa couronne.
Après la -prife d’Amiens en 15-97, lorfque le
parlement vint haranguer le roi , ce monarque
dit, en montrant ce général : « mefileurs , voilà
„ le maréchal de Biron que je préfente également
» à mes amis & à mes ennemis ». Ce maréchal
fut comblé de bienfaits & de dignités 5 mais il
oublia bientôt la main dont il les^tenoit. a II étoit,
33 dit le Laboureur, d'un efprit fier & hautain & i’ » prefqu'ingouvernable , ne fe plaifoit qu'aux
» chofes difficiles & prefqu'impoflibles, & ea-
» vioit toute la grandeur d’autrui »,