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& produit un bruit qui reffemble a ff« à celui
du tonnerre.
Rendre une rofe changeante,.
Prenez une rofe ordinaire 8c, qui foit entièrement
épanouie * allumez de la braife dans un
rechaud , & jette.z y un peu de foufre commun
réduit en poudre ; faites recevoir la fumée & la
vapeur a la rofe, & elle deviendra blanche ; fi
on la met dans l'eau , elle reprendra cinq ou
hx heures apres fa couleur rofe ; on peut par
ce moyen faire préfent d'une rofe blanche à
quelqu un qui la trouvera rouge le lendemain.
CHIMISTE j un chimifte- cîtoit à tout mo-
4 ment Paracelfe dans, les ouvrages duquel il difoit
avoir trouvé le_ fecret de-faire un enfant -fans le
lecours d une femme. A ce difcours, les femmes
qui 1 ecoutoient dirent que c'étoit un fecret diabolique
& que l'auteur aiiroit du être brûlé avec
ion livre; en^ même tems elles- fe jetèrent fur
le- chamifle qui. fut trop heureux de trouver la
î?orte pour fe fouftraire à leur vengeance.
Au. bas d'une eftampe repréfentant le laboratoire
d un çhimifle 3 ou fit ces vers
Malgré les veilles continues,
Et ce vain attirail de chimique la v o ir,
Tu pourrois bien trouver au fond de tes cornues'
La.miiere & le défefpoir.
• Le madrigal fuivant peint au naturel le chîmifie.
J’eus.du.ciel en naiflant d’aflèz grands avantages,
J’eus toutes fortes d’héritages.
Dans le feu cependant j’ai confirmé mon bien
Après cent métamorphofes.
Dieu fit toutes chofes de rien ,
Et moi rien de toutes chofes.
CHINOIS. Un européen arrivé pour la première
fois^ dans l’empire de la Chine , acheta des
marchandifés d'un chinois qui le trompa fur la
quantité &,fur le prix. Les mar.çhandifes avoient
été portées à bord du vaifièau, & le marché ,
étoit .confommé.. L'eui;ppéen fe flatta, que peut-
être il toucheroit Je chinois par des représentations
modérées, il lui dit :■ chinois 3 tu m’as
vendu de maüvaifes marchandifes. — Cela fe
p e u t r é p o n d it Je r chinois 3 mais il faut payer,
— tu. as blefie les Joix de la juftice &. abufé de
ma confiance..—* Cela fe peut, mais il faut
payer. — Mais .tu n'es donc qu'un fripon, qu'un
malheureux ? —*: Cela fe peut, mais il faut payer .-
— Quelle opinion, veux-tu que je porte dan^mon ,
pays de ces chinois fi renommés pas leqr fageffe ?
Je dirai que vous n'êtes que de la canaille. "- Cela,
fe peut, mais il faut payer. —* L ’européen après
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avoir renchéri fur les injures de toutes-celles que
la fureur lui diéta,, fans avoir arraché que ces
mots froids | & froidement prononcés : cela fe
peut, mais il faut payer , délia fa bourfe & paya.
Alors le chinois prenant fon argent, lui d it:
européen , au lieu de tempêter comme tu viens
; de faire , ne valoit-il pas mieux té taire &com-
i mencer par ou tu- as. fini ? Car qu’y as-tu gagné ?
Un mandarin chinois avoit été. condamné a
! !?.ort P°,ur avo^" prévariqué dans fa place,' Son
ms., âge de quinze ans., alla fe jeter aux pieds
j de I empereur, & offrit fa vie pour conferver
cede. de fon père. L ’empereur, touché de la piété
de ce^ généreux enfant, lui accorda la grâce de
fon pere, & voulut lui donner des marques per-
fonnelles. d'honneur. Il les refufa, en difant qu'il
ne vouloit point d'une dillinélion, qui lui rap-
pelleroit 1 idée d'un père coupable.
A la Chine 3 au nom 8c de la part de l'empereur,
le gouverneur de chaque v ille , au commencement
de chaque année, après de bonnes
informations,, donne un grand feftin à tous ceux
qui, pendant lecours de l'année qui vient de. finir,
ont fait quelques actions vertueufes. C e feftin eft
préparé dans la place publique., & fous une tente
au haut de laquelle on lit ces mots hommes
: »» de tous états & conditions , c'eft la vertu qui
vous place^ & vous rend tous égaux » ; le
peuple confidère & examine tous les conviés, &
s i le n voyoit quelqu'un qui ne méritât pas. d'en
etre, il l'obligeroit par fes huées , de. fortir de
.table & d'allerfecacher.
Un chinois. juftement irrité des vexations des
I miniflres, fe préfenta à l’empereur & lui porta
fes plaintes : ce,je viens, dit-il, m'offrir au fupplice
; ” auquel de pareilles repréfentations ont fait traîner
: fixxenîs.de.ncs,. concitoyens, & je t'avertis de
” te préparera de.nouyellès exécutions : la a ine
| pofsede encore dix-huit mille bons patriotes qui,
I P°ur la mêmecaufe , viendront fucceffivement
te, demander le même falaire
La cruauté de î'emperenr ne put tenir contre
tant de fermete ; il accorda, à cet homme, vertueux
la récompenfe. qui le flattoit le plus , la •
punition des coupables &la fuppreffion desimpôts.
Un ernpereur pourfuivi par les armes vidéo-
neufes ;d'un- chinois 3 voulut, fe fervir du refpedt
aveugle qu'à la Chine un fils a pour les . ordres
de fa mère, afin d'obliger ce citoyen de défarmer.
II deput-e vers' cette mère, un officier q ui, le
poignard à-la main, lui dit qu’elle n’a que le
choix, de mourir ou d’obéir ; ton maître , lui
• répondit-elle,, avec, un fourire-; amer, fe feroit-il
flatté, que j’ignore les- conventions Tacrées qui
unifient Jes-,peuples aux fouverains, par lefquelles
les peuples s’engagent à obéir , 8c les rois à les
rendre heureux* U, a le premier Yiolé cesxon-
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vendons, lâche exécuteur des ordres d’un tyran,
apprends1 d'une femme ce qu’ en pareil cas on doit
a fa patrie. Elle arrache, à ces mots, le poignard
des mains de l'officier, fe frappe & lui dit :
»2 efclave , s’il te refte encore quelque vertu ,
22 porte à mon fils ce poignard fanglant, dis-lui
=>»■ qu'il venge fa nation, qu'il punine le tyran ;
» il n'a plus rien à craindre pour moi 3 plus
»> rien à ménager 3 il eft maintenant libre d'être
» vertueux ».
CHINOISES. On fait que de tous les agré-
mens celui que 1 es chinoises d’un certain rang-
eftisnent le plus , eft la petitefle de leurs pieds.
Pour le leur procurer, on a foin dès qu’elles
font nées de leur lier les pieds fi étroitement qu'ils
ne peuvent plus croîtra^ 8c que les jambes en
deviennent enflées. Audi ces malh'èureufés victimes
de l'ufage fe reffenterit-elles toute leur vie
de cette gêne , leur démarche eft lente, : mal
aflurée , 8c l'on peut dire qu’elles fe traînent,
plutôt qu'elles ne marchent.
CHIR IG U AN E S , les hommes de ce peuple
de l'Amérique méridionale vont tout nuds ; cependant
ils tint des culottes , mais ordinairement
ils les portent fous le bras comme nous notre
chapeau ( Saint-Foix ). «
'CHIRURGIE. Chez les oftrogots ou anciens
Goths, la chirurgie étôit très-cultivée & la médecine
très-négligée : ils employoient de préférence
les remèdes extérieurs dan$ toutes les maladies ,
&fur-tout dans les externes auxquelles les diffé-
rens exercices les expofoient bien davantage', leur
frugalité éloignant d’eux les' internes $ fi communes
parmi nous. Ils avoient-une manière de
panfer les plaies que certainement nos militaires
n'approuveroiènt pas : voici ce que dit à ce fujet
S'arxon le grammairien. Un bravé fermieï , nommé
Stackobd, 'ayant eu dans un -combat le ventre
tellement fendu^ que les inteftins en fortoiènt ,
fon chirurgien \es remit en place, & fit la future,
avec une aiguille faite de branche deTaule.
Le bon lens feul fuffit pour aflurer que là
chirurgie doit être le plus ancien de tous les arts.
Les chûtes, les rixes même ont dû donner lieu
à' des fractures ou à des luxations qu’il a failu
réduire , & on peut regarder comme le premier
chirurgien celui qui le premier s’eft-fait une étude;
de fecourir fes) femblables dans des circonfiances
malheureufes.
Moïfe eft peut-être le plus ancien auteur qui
faffe mention de la chirurgie, & des chirurgiens ,
lorfqu’il ordonne que celui qui frappera ou blefiera
un- autre , payera au blefïe fon tems , & le falaire
dû au chirurgien qui l’aura guéri.
Homere parle de' plufieurs priflees & chefs'
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d’arhiées qui panfèrerit les blefies pendant la
guerre de Troye.
Nous lifons dans Tite-Live , que Mafiinifla ,
roi de Numidie , guçnftbit les bleflures, .pendant
les guerres de Carthage, avec quelques Amples-.
Denis, tyran de Sicile, a auffi exercé la chirurgie,
& panfoit lés plaies.
Jofine, roi d’Ecofle, pendant qu’il s’étoit fauve
en Irlande', apprit la chirurgie, & , pour imiter
fon exemple, toute la nobleffe d’Ecofle étudia
cet a r t , en forte que cènt ans après il n’y avoit
point de gentil-homme écoffois qui ne fût chirurgien
, ainfi que nous l'apprend Boece dans
fon hiftôire d'Ecofle.
CHIRURGIEN. Les chirurgiens en Angleterre
ne font pas, comme en France, appellés les premiers
auprès des malades. C e font les apothicaires
qu'on fait venir d'abord , qui faignefit,
purgent , appliquent les vefficatoires, font en
un mot ce que nous- appelions ici aftèz improprement
la petite chirurgie. L'ufage de l'Angleterre,
dans le commerce des grandes Indes, eft bien
digne de louange, Le chirurgien dé chaque navire
reçoit avec fes appointemens une liv. fterling de
gratification, pour chaque homme de l'équipage
qu’il ramène en Europe.
j Un homme de condition «toit tombé malade
en Auvergne, dans une terre éloignée de tout
fecours : on lui propofa d'enVoyer chercher le,
médecin de Clermont. Je ri’eri veux 'point, répondit
il , qu’on aillé plutôt chercher le chirurgien
du village , il n’aura peut-être pas la hardiefie
t de me tuer.
L ’opéra comique a joué en 1736 une pièce
intitulée - arlequin., chirurgien de Barbarie , dont
voici le canevas : deux hommes amènent Sca-
ramouche , officier- François , blefifé à la bataille
de Parme d’un coup de. fufil, dont la balle eft
reftée dans le corps. Dans quel endroit, demande
Arlequin ? dans le bras droit, répond Scara-
mouche.. Arlequin, fans héfiter, lui coupe entièrement
le bras droit pour extirper, dit-il, la
caufe du maL Sc’aramouche fe plaint alors que'
la balle eft pafiee- dans le bras gauche : Arlequin
ne balancé pas & fait une nouvelle amputation :
enfin , il lui coupe- fueceflàvément les deux cuiflfes ,
où la balle s’étoit réfugiée. Lorfque Scaramouché
eft ainfi mutile-, on l'emporté & la paradé finit,
j Si la bale! fe fût aviféede fe réfugier dans la tête,
fans doute qu'Arlequin l’auroit auffi amputée.
Dans une épitre adreffée à un chirurgien par
Habicot, il raconte la converfation qu'il eut de-'
vant la reine mère avec la diichefte de Nemours.
Cette dame lui demanda un jour quel étoit le
meilleur chirurgien de Paris. La queftion étoit
embarrafiantè. Habicot y répondit avec efprit,