qu'on la prendroit avec des pommes cuites. Mais
on ne dira pas cela de Gibraltar.
A la bataille de P o itie r s , J e an , roi de France,
avoit quarante mille hommes ; il étoit fupérieur au
prince de Galles fon ennemi, qui étoit dans une li grande extrémité-, qu’il lui demandoit la pa ix,
& offroit de lui rendre toutes les conquêtes dés
anglois. Jean voulut combattre; il ne perdit la
bataille que parce qu'il porta fa cavalerie dans dç$
vignes où elle ne put agir. V oilà l'origine du nom
proverbial de Jean des Vignesqu'on donne à des
gens mal habiles, qui s’enferrent d'eux-mêmes.
Pierre qui roule n’amafle point de moufle. ‘
U n mauvais accommodement vaut mieux qu'un
bon procès.
L a voix du peuple eft la vo ix jde Dieu.
Les bons comptes font les bons amis.
L e s honneurs changent les moeurs.
Maifon bâtie & vigne plantée ne fe vendent pas
c e qu'elles ont coûté.
Amour & feigneurie ne Veulent point de compagnie.
A v e c le temps & la' patience on acquiert la
fcience.
La préfence du maître engraifle le cheval.
Q u i a 'te r r e , a guerre.
L 'ân è du commun eft toujours le plus mal bâté.
Pour faire un bon ménage, il faut que l’homme
fôit lourd & la femme aveugle.
Ménager le vin quand le tonneau eft à fa fin ,
c ’eft s 'y prendre un peu tard.
L'animal le plus féroce re fp e â e fon femblabje.
11 n'y a lï bon cheval qui ne bronche.
U n mors doré ne rend pas le cheval meilleur.
L e moine répond compie l’abbé chante.
A un bon jou eur, la balle lui vient.
Qu an d il fait b e a u , prends ton manteau ; quand
il p leu t , prends-le fi tu veux.
Belles paroles & mauvais jeu , trompent les jeunes
et les vieux.
P éché caché eft à demi parddnné.
I l faut avoir plufieurs cordes à fon arc.
11 n 'y a de fi belles rofes qui ne deviennent
gratte-culs.
Ventre affamé n'a point d'oreilles.
A bon appétit, il ne faut point de fauce»
Chien qui aboie, ne mord pas.
Chaque cifeuu trouve fon nid beau*
Qu i aime Bertrand, aime fon chien.
C h a t échaudé craint l'eau froide.
Fin contre fin n'efl: pas bon à fa're doublure.
Il n. eft point de belles prifons ni de laides
amours.
A u royaume des aveugles les borgnes font rois.
Chaque pays., chaque guife.
• Q u i fort tout le monde , n'oblige perfônne^
On.connoît les amis au befoin.
Dis moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.
: _ Jamais pains à deux couteaux ne .furent ni bons
ni beaux. .
On appelle pain à deufeou teaux celiii qui étant
trop humide & mal e i ïu y e , laiflV le couteau ii
;pâteux après qu'on l'a co u p é , que fi on tn ve,t
couper une fécondé fo i s , il faut prendre un autre
couteau.' C e pain eft pefant fur T e f tom a ch , de
difficile digeftion Semalfain.:
«Jamais vin à deux oreilles n enous fit dremer-
veilleS;«. C'e ft-à -d ire , ce vin-là n'eft pas bon , fi
après en avoir b u , on remue la tête à droite & à
g auche, & par conféquent les deux oreilles.
« Il fefle Matthieu ». On veut dire; il fait le Matthieu
, ou comme Matthieu ; c’cft-à-dire, il eft
ufurier, parce que faine Matthieu l'écoit avant fa
converfiori.
«Il fait comme le pourceau de'Saint Antoine, il
fe fourre par tout ». C'eft-à-dire, il va par-tout pour
chercher à manger, parce.que les pourceaux de
faint Antoine de V ien n o is , qui eft une grande
abbaye fituée dans le, diocèfe de Vienne en Daup
h in é , ont le privilège d'entrer avec leur clochette
au col qui les fait reconnoître , dans route*
Jes maîfons du lieu , & s 'y fourent à toute
h eu re , chacun donnant à manger > & aucun ne I
les'ofant ch afler, par refpeét pour le faint, auquel
ils font voués ou donnés en offrandes.
« L e greffier de Vaugirard qui ne fauroit écrire
quand on leregarde ». O n dit que ce greffier n'avoit
de jour que celui qui entrent par un<£ fenêtre fort
e'troite & fort baffe dans fon bureau, & que quand
on vouloit le regarder écrire par cette fenêtre,
( c e qui arrivoit fouvent) on lui ôtoit tellement la
lumière d u .jo u r , qu'il lui étoit impoflible d'écrire.
Proverbes espagnols.
Dans les confeils les murailles ont des oreilles.
La ch afle, la guerre, la galanterie, pour un
plaifir mille peines. .
• Fait
P U D
Faîs'bien, tu auras des en v ie u x ; fais mieux;
tu les confondras.
Le renard fait beaucoup, mais une femme amou-
teufe en fait davantage.
La fanté du corps eft le pavot de Famé,
II n'y a point de plus fidèle miroir qu’un vieux
ami*
La langue eft le témoin le plus faux du coeur.
L ’efpérance eft le viatique de la vie humaine. -
La négligence eft l'émail de la vraie beauté.
Chacun eft fils de fes oeuvres.
Les aéfions de chaque homme font le pinceau
de fon naturel.
Celui à qui vous donne z, l’écrit fur le fab le, &
celui à qui vous ô te z , l’éc iit fur l ’acier.
Proverbe rujfe.
On reçoit l'homme fuivant l ’habit qu’il porte,
on le reconduit fuivant l’efpric qu'il a montré.
Proverbes afiatiques.
A v e c le temps & la pa tien ce , la feuille du
mûrier devient fatie.
Quiconque croit pouvoir contenter fes defirs
par la pofleflion des chofes qu’ il-fouhaite, reflem-
ble à celui qui veut étouffer du feu avec de la
paille.
, Vinaigre donné vaut mieux que miel acheté:
ce proverbe eft arabe, & décèle le caractère in-
térefîe de cette nation.
P U D E U R . Un philofophe à qui l’on demandoit
quelle couleur convenoit le mieux au vifage
des femmes, répondit avec autant d'efpritque de
vérité, que c'é to it celle de la pudeur.
La pudeur eft l’attrait de la beauté le plus touchant
: les femmes que la vertu a abandonnées, en
font fi perfuadées , qu'elles prennent une faufle pudeur 3 lorsqu'elle n'ont plus la véritable. Ce tte
ombre de pudeur révèle encore leurs appas. Rien
ne prouve mieux combien eft eftimable la véritable
pudeur. Elle eft proprement la-vertu du fexe,
& elle doit être fa compagne inféparable. Si une
fille eft dans le danger de perdre la v ie , peut-
elle la cbnferver aux dépens de fa pudeur ? Je ne
dis pas aux dépens de la chafteté a car elle ne
doit point balancer alors à préférer la mort ; je
ne parle que de la pudeur, de cette vertu qui
cache avec tant de foin ce qu'elle doit cacher.
Pudeur des Angloises. Les angloifes, quoiqu'elles
ne foient pas toutes des inhumaines, ont
E ncyclopédiaua.
P Y R 7 9 3
eh général une efpèce de pudeur, qu'ri ne faut
pas abfolument confondre avec la chafteté. Elles
ne permettent point, par exemple, que leurs maris
affilient au moment du coucher & à celui du
lever ; ils ne doivent pas être témoins, lorfqu'un
tailleur prend mefure d'un co rp s , un cordonnier
celle d'un fotilier, & c . ; en forte qu'un anglois
ne connoît guère de la peau de fa pudibonde moitié
que ce qu'elle en montre à l'églife.
Une de ces rigides obfefcatrices des ufages
tranfmis, comme on prétend , par les germains ,
fe trouvant au lit de la mort , fe rappela que fon
mari, peintre de profeflion, avoit toujours marqué
le plus preflant defir de voir fes ép au les,
que leur tournure lui faifoit fuppofer belles. Il
n'en fallut pas davantage à cette femme pour
ordonner qu’ on l'enfevelît de fon vivant ;_elle ne
rendit l'arne que deux jours après.
On d iro it , à voir les différens ufages des na*».
t ie n s , que la pudeur ne feroit qu'une vertu locale.
On faifoit dans l'ifle de C os une gaze fi fine &
fi tranfparente, qu'elle laifloit entrevoir le corps à
nud : & il faut obfcrver qu'à Rome il n'y a vo it’
que les courtifanès qui ofaflent porter des habits
faits de cette gaze effrontée, au lieu qu'en Orient
au contraire, il n'étoit permis qu'aux feules filles
de qualité d'avoir un'pa reil vêtement.
P Y R R H O N , p h i l o f o p h e g r e c , v i v o i t d u t e m p s
d ' E p i c u r e & d e . T h é o p h r a n l t e , e n v i r o n 3 0 0 a n s
a v a n t J é f u s - C h r i f t . I l m o u r u t à 9 0 a n s f a n s a v o i r
l a i f l é a u c u n é c r i t .
Pyrrhon vit les philofophes de fon temps répandus
en une infinité d'écoles oppofées les unes
dans le ly c é e , les autres fous le portiquç, f e d i f -
puter le titre de. fag es, & prétendre pofleder
elles feules la vérité. Pyrrhon étoit un homme
d u r , il-regarda ces philofophes comme autant
de charlatans uniquement occupés à faire payer
cher leurs fyllogifmes, leurs diftinétions, leurs
fubtilité, & conclut fauflemsnt de cette variété
de fenrimens que la vérité n'étoit nulle part. I l
s’appliqua à trouver des raifons d’affirmer & des
raifôns de nier ; & après avoir bien _examiné le
pour & con tre, il fufpendoit fon confentement s
& fe réduifoit à dire non liquety cela n’eft pas:
évident.' C 'e f t cette philofophie pufiilanime &
douteufe que l'on a appelé fcepricifme de fa
nature & pyrrhonifme du nom de fon inftitu-
teur.
Diogène Laërce aflure que Pyrrhon doutant de
tout ne fe précautionnoit contre rien; qu'il ne fc
détournoit p o in t, qu'il alloit droit à un char , à
un p réc ipice, à un bû ch er , à une bêce féroce ;
qu’ il bravoit dans les occafions les plus périlleufes
i les témoignages de fes feos : ceci eft un peu d ifficile
à croire. Pyrrhon pouvoit raifonner cc ram:
un fo u , mais il falloir q u'il fe conduisît en h em m i
H h h h K