
dans fort Tableau ( de la calomnie} des trois', fiecles
de notre littérature.
Helvétius aimoit les difputes. littéraires non
par contradiction, mais parce que , fuivant Ton
exprefïion , il alloit a la chaffe des idées.
On a fait ces vers pour être mis au bas de fon
portrait :
Des fages d’Athènes & de Rome
Il eut les moeurs & la candeur ;
Il peignit l’homme d’après l’homme,
E t la vertu d’après fon coeur.
H E N A U L T , (Jean) mort en 1682.
C e poète infpira à madame Deshoulières le
goût de la poëfie, & lui'en apprit les règles. On
prétend même qu’il facrifîa à la gloire de Ton
é lè ve , plulïeurs morceaux dont il auroit pu fe
faire honneur.
Parmi les poëfîes de Renault , on diftingue le
Sonnet de l'avorton3 compofé à J’occafion de l’ aventure
arrivée'à mademoifelle de Guerchi, fille
d’honneur de Marie-Thérèfe d’Autriche, reine
France. Le voici :
Toi qui meurs avant que de naître,
Affemblage confus de l’être & du néant,
Trifte avorton, informe enfant,
Rebut du néant & de l’être I
Toi que l’amour fit par un crime,
Et que l’honneur défait par un crime à fon tour,
Funefte ouvrage de l ’amour,
De l’honneur funeite viâime !
Donne fin aux remords par qui tu t’es vengé ;
E t du fond du néant où je t ’ai replongé,
N ’entretiens point l’horreur dont ma faute eft fuivie.
Deux tyrans oppofes ont décidé ton fort ;
L’amour, malgré l’honneur, t’a fait donner la vie;
L’honneur, malgré l’amour, t’a fait donner la mort.
H E SN A U L T , ( Charles-Jean-François ) né
en 168 y , mort en-1770, fils d’un fermier-général ,
préfident honoraire au Parlement de Paris, de
l ’académie françoife, & furintendant de la maifon
dè la reine, auteur de Y Abrégé chronologique de
thiftoire de France, il eut à ces titres de la fortuné
, de la confidération , des honneurs & de la
gloire.
Il avoit le goût des plaifirs & celui d’ une bonne
table, où il raflfembloit une fociété diftinguée.
.II a aufli compofé des vers & des pièces de fociété.
Voici comme le peint Voltaire.
Les femmes l’ont pris très-fouvent
Four un ignorant agréable ;
Les gens en us pour un favant ,
E c le Dieu jouflu de la table,
Four un connoifl’eur fi gourmand, &c.
HENRI I I , roi de France, né en iy i8 , mort
ehiyyc,.
Ce prince, brave guerrier, d’une agilité fingu-
lière pour toutes fortes d’exercices, & d’un efprit
agréable , charmoit encore par l’élégance de fa
taille & par une phyfîonomie où fe peignoient la
douceur & la majefté royale. Il eut des goûts,
mais jamais des pallions bien vives , de-là peut-
être fa confiance dans fes attachemens. 11 aimoit
la juftice, récompeiifoit les belles a dion s & s’ap-
pliquoit aux affaires; mais pour ne vouloir' rien
de fon chef, il fut caufe de tout le mal que firent
ceux qui le gouvernoient.
Dans les combats, que Henri. 77 livra fouvent
lui-même en perfonne contre fes ennemis, ce
prince ménageoic fi peu fa vie & fa fanté, que le
connétable de Montmorenci crut devoir lui dire
dans ce fiyle naïf du temps. « Ah ! fire, fi vous
jj continuez cette v ie , il ne faut plus que nous
” faflions état du roi , .non plus que d’un oifeau
B fur la branche, & qu’ayons une forge neuve,
” pour en forger tous les jours de nouveaux, fi
» les autres veulent faire tout de même que
» vous ».
Diane de Poitiers eut un empire abfolu fur
l’efprit de Henri II. C e prince , trop foible pour
avoir une volonté à lu i, fe Iaifloit gouverner par
les caprices d’une femme ambitieufe & vindicative.
Il adopta fes maximes d’intolérance 3 & fut
perfécuteur parce que fa maîtreffe l’étoit. Anet,
ancienne maifon bâtie aux bords de l’Eure, & que
les poètes aux gages de Diane ont tant de fois
1 célébré fous le nom de Dianet, devint l’afyle des
plaifirs de la favorite & du monarque. Le long
attachement que Henri conferva pour fa mai-
treffe, qui avoit dix-fept ans plus que lui,, a donné
lieu à bien des fables. On n’ a pas voulu coii*
cevoir que Diane, parvenue à cet âge ou une
femme eft capable de diflimulation & de fouplefte,
où elle connoît mieux la foiblcfîe des hommes &
l’art d’en profiter, pouvoit retenir auprès d’elle
un prince qui aimoit plus par défoeuvrement que
parbefoin, & plus capable de fentimens tendres
que de mouvemens vifs & pafïïonnés. On a préféré
d’avoir recours à la magie & à un anneau enchanté
que Diane , au rapport de Pafquier ,
avoit donné à Henri.
La plupart des auteurs prétendent que la belle
devife du croifiant avec ces. mots : donec totum
impleat orbem, avoit été adoptée.par Henri comme
une marque de fon amour pour Diane.
On a remarqué que le règnede Henri I I avoit
commencé par un combat fmguliei i celui 4e h m q
H I N
& de la Châtaigneraie, & qu’il finit aufîi par un
combat fingulier, à la vérité d’un autre genre.
C e fécond combat fut le malheureux tournoi ou
le roi fut bleffé à mort par Montgommeri. Le roi
donnoit ce tournoi à l’occafion du mariage de fa ;
fille Elifabeth avec Philippe I I , roi d’Efpagne, & |
de fa foeur Marguerite avec le duc de Savoie, j
Après avoir remporté pendant deux jours toute
la gloire de ces fortes de combats qu’il aimoit
beaucoup, & dans lefquels il étoit fort adroit,
comme on étoit près de- finir , il voulut encore
rompre àifoit-il , une lance a l’honneur des dames,
ou, fuivant qùelques auteurs, de la reine^ fon
époufe. Cette princeffe le conjura deux fois de
fortir du tournoi, mais inutilement; le roi appella
Montgommeri, capitaine des gardes écofibifes.-
C e jeune feigneur refufa d’abord d’entrer en lice ;
mais il fut obligé d’obéir à un ordre exprès qu’il
reçut du roi. Les deux lances fe rompirent au
premier choc ; & Montgommeri, emporté par
fon cheval, donna dans l'oeil droit du, r o i, qui
avoit la vjfière de fon cafque le vée , du'tronçon
qui lui refioit à la main. Le roi chancela & fut
amli-tôt emporté au palais des Tournelles, (où
eft: aujourd’hui le Palais-Royal ) , près duquel le
combat s’ étoit donné. Il fe forma bien-tôrun
abcès dans la tête du prince, qui mourut le douzième
jour de fa bleffuré.
Montgommeri, auteur involontaire de ce funefte
accident, étoit le fils d’un autre Montgom-
' merï qui avoit brûlé le vifage de François I avec
une torche.
Après la mort du ro i,le s jurés-crieurs de Paris
firent leur cri public en ces termes : « Priez Dieu
» pour l’ame de Henri 77, en fon vivant prince
» bienfaifant, l’amour de tous fes états, accompli
» de bontés, libéral, & fecours des affligés ».
H EN R I I I , prince de Condé.
On lit dans l’hiftoire du duché de Valois, cette
anecdote de l’année 1611. Henri 77, prince de
Con d é , père du grand Condé, voulut affermer
la recette de fa terre de Muret, en Valois, à deux
particuliers. Pour éviter les follicitations & les importunités
à ce fujet, il fe propofa de conclure
promptement &en fecrèt.Il partit en conféquence
fêul & incognito de Muret, pour aller à la Ferté-
Milon, chez un notaire, nommé Arnoul Co-
cault. Le prince, arrivé dans la maifon de cet
homme fur le midi, demande à lui parler. II
dînoit : fa femme dit au prince de l’attendre &
de s’affeoir fur un banc. Le prince infifte : la
femme lui répète en fe fâchant, & dans fon patois,
cc II faut bin qu’Arnoul daine ». Le prince eft
obligé de céder *. il attend à la porte, afiïs fur un
banc , que maître Arnoul ait dîné. Le repas
fini, on introduit le prince dans l’étude du tabellion.
Arnoul, qui croyoit parler à un intendant
h e n y ri
de maifon , ne lui demanda point fes qualités. Il
dreffa le bail à loyer. Lorfqu’il fut queftion de
mettre le bail au net » le notaire pria le prince
de lui dire fes qualités. « Elles ne font pas lon-
» gués, répliqua le prince; mettez : Henri de
» Bourbon , prince de Condé , premier prince du
» fang y feigneur de Muret, » & c . Le garde-note
fut faifi à ces mots; il fe jette aux pieds du prince
& lui fait des exeufes de la réception de fa
femme & la fienne. Le prince le relève, & lui
dit : « Ne craignez point, brave homme : il n’y
» a point de mal : il faut bin qu’Arnoul daîne ».
On conferve encore le contrat à la Ferté-Milon;
la fignature.du prince eft au bas.
HENRI I I I , roi de France, né en 1551", mort
eh 1589.
Il eft à remarquer,. que la fête de la Pentecôte
étoit un jour heureux pour ce prince, fuivant
cette infeription :
Hocce die quo almus coelo defcèndit ab alto
Spiritus, ïnfLammans peâora Apoftolica.
Henricus Franco ter maximus Ortus in orbe eft:
Eleéhis populi rex quoque Sarmatici,
Et rex Francorum Carlo fucceffit amore :
Ipfe amor, & Franci deliciæ populi.
J’ajouterai, pour les curieux, que ces vers latins
fe lifent fur la première vitre du coeur du grand
couvent des Cordeliers , derrière le maître-autel.
Ainfi, non-feulement Henri III fut élu roi de
Pologne le jour de la Pentecôte; c’eft-à-dire, le
9 mai 1575, luccéda à Charles IX , fon frère,
le $0 mai 15 7 4 , jour de la Pentecôte de cette
année; mais il naquit encore le jour de la Pentecôte
15 5 1 , quoique plufieurs hiftoriens datent
fa naiflance au mois de feptembre.
Henri 777 | encore duc d’Anjou, n’avoît que
dix-fept ans lorfqu’il remporta les deux victoires de
JarnacN& de Montcontour. Elles lui firent une fi
grande'réputation, que les polonois crurent ne
pouvoir mieux remplacer le dernier des jagellons,
qu’en élevant ce prince fur le trône de Pologne
en 1573. Henri fut obligé, pour fe rendre dans ce
royaume, de pafier par plufieurs pays proteftans.
On avoit encore devant les yeux le maflacre de
la faint Barthelemi , & Henri efïïiya bien des
mortifications à cet égard. L’éleéteur palatin,
Frédéric I I I , le* reçut lors de fon paftage par le
paîatinat, dans une galerie où la journée de la
faint Barthelemi étoit repréfentée avec les circonf-
tances les plus afrreufes. C ’étoit le premier objet
qui fe préfentoit. Le roi d.e Pologne y jetta les
yei\x. Ave^-vous connu ces gens-la? lui dit l’électeur.
Le roi ne put s’empêcher d’en convenir. Ah !
reprit Frédéric , ces malheureux, f i cruellement
égorgés a Paris , étoient des- gens de bien ^ 6?