
de la forte à p^fieurs princes qui y étaient. « Mes
arms , c'cfi: aujourd'hui qvie vous po'uvéz témoi-
grser fi vous ainu-z-votre prince, & fi vous en
avez quelque foin ; car il eft à préfent en votçê.
pii: flan ce de „me fa uver •». Aufli-tôt que Xercès eut
parlé, ils fie § itèrent tous dans la mer , &p ar ce
moyen, le vaiffau étant déchargé, le roi arriva
fans péril en A fie. Aufli-tôt qu'il fut à terre, il
donna une couronne d'or au pilote, pour avoir
fauve le roi, & enfuite lui fit couper la tête pour
n’avoir point fauve les princes qui fe jettèrent dans
la mer.
Xerces ayant couvert l'Hélefpont de fes vaif-
feaux , vou ut faire fur c^tte mer un pont de ba-
• *ea‘jX. \ quç Ja tempête, emporta , lotfqu'il fut fait
a moitié > il fit donner trois cents coups de fouet
à la mer, & y fitjetter une paire de fers de ceux
qu'on mettoit aux pieds des criminels & des ef-
tlaves', afin de lui apprendre., difoit-il, à ref-
peéter les ordres.
C e prince avoir une armée de dix-huit cens
mille hommes, où il n'y avoit perfonne qui fût
d'une taille aufli grande,- & qui eut un port &
une mine aùfli-avantageufe que lui' : on dit de
cette armée que c'étoit un ; corps.'fans ame, puisqu'elle
périt enrèrement. La vanité, i’orgueil de
ce prince,- fes ridicules, fes délires, font affez
• connus par 1 hiftoire grecque. On a dit mille fois
qu'il avoit envoyé un cartel au mont Athos, dans
-lequel il le.mcnaçoit de le faire abattre, pour fe
. venger de ce que quelques - uns de fes foldats
-ayeient péri en le voulant traverfer. Toutes ces
folies ne prouvent tien* fi ce n'efl que ce monar- •
que étoit enivré de fa pinffance, abruti par la;
■ baffe adulation de fes courtifians. '
D'où vient rie trouve-t-on que dans Plutarque,
le'feül trait qui faffe honneur à l’homme, dans
la vie de ce monarque ? A la vue de cette armée
dniïombrable' qu'il trâînoit après fo i, Xerces ne
put retenir fes, larmes. Artaban, un de fes favoris
, ofa lui en demander la çaufe ; Hélas 1' répori- ■
dit ce prince, de dix-huit cens mille hommes que
voila , i l a‘en tft peut-être, pas un qui dans peu ne
fait la proie de la. mort. « Hé bien, lui répliqua le
favori , tâchez au moins de rendre aux hommes la
vie fupportable, & ne les coridiiifez point au
.tr cp a s^ ,'; , j ,; ; | T •; | 1 1 , V M S
X I MENE S, (François) premîer.miniffre' çFEf-
pagne, hé l'an 1437, mort en 1 ƒ vyÇ •
L'Efpagne compte Ximenès au nombre de fes
plus grands hommes. Il s'étpit élevé, par fon mérite
dé l'état de fiiqple religieux à f'épifeopat & à
la régence.du royaumeHl fut dans, tous ces portes '
exadt a remplir fes devoirs » . fiqupùleiix. qbfervateur.
de là règle 6c de la .jüftice* Son génie, étoit :
fait,pour dominer ; il avoit. Famé grande 6c fièr;e.
11 étoit le plus grand politique de foo fiècle, je
plus habile minirtre, le meilleur citoyen, le fit-
' 'jet le plus fidèle, L'équité, la probité, -a riobfefle
des fient mens le guidèrent toujours dans toutes
. fes aétions. 11 étoit magnifique, libéral, défen-
feur de i’mnocence,. protedh-ur des talens 6c des
■ vertus. Ii étoit attent f aux befoins du peuple, 6c
prompt à fecourir les ma'heir.ux. L'Bfpagne lui
doit la conquête d'Oran. Il fonda la,célèbre unj-
verfité d'Alcala où ilnaturalifa les fciences utiles
6c les arts qui ornent l'efpric, & polilTent les
moeurs. Il fonda dans la ville de Tolède un afyle
pour retirer les filles de condition. C ’eft lui qui
fit imprimer à grands frais la fameufe bible Poly-
giote de Complut qui a fervi de modèle à celles
qui ont été faites depuis. ( Abrégé chronologique
de L‘hiftoire d'Efpagne. )
En 1492, lorfque Ximenès étoit? gardien du
couvent de §alceda, Ifabelie, reine die C affilie-,
le choifît pour fon confeffeur ; ce fut le pronolbe
le plus fur de fon élévation. En effet l'archevêché
de Tolède étant venu à vaquer quelque temps
après, la reine y nomma fon confelfeur-, qui cependant
n'accepta cette dignité éminente qu'après
une longue réfîflance. Ifabelie avoit fait expédier
les bulles du nouvel archevêque., fans qu'il en fût
infil ait auparavant. Un vendredi qu'il venoit de
confeffer la princeffe , on l'avertit de fe rendre au
palais > la reine le reçut avec bonté > le fit afftoir
auprès d'elle ; & après, quelques difeours indiffère
ns , lorfqu'il v penfoit le moins, elle lui préfenta
les bulles de l'archevêché de Tolède qu’elle venoit
de recevoir , & lui dit : Mon père", voyc% ç.e
que mande fa Sainteté par ces lettres dpoftpliques. . .
Il prit ces lettres avec refpeét 5 6c après les avoir
baifées, il lut l'irifeription conçue en ces termes :
A noire vénérable, frire François X i menés de Crfne-
ros y élu archevêque de Tolède. Il parut troublé, 6c
rendant 3 la reine ce paquet qn':l ne voulut-, pas décacheter
: Madame, lui d t il, ces lettres. ne s3adref-
fent pas a moi. jEhfùke-'il; fe leva bru! eue ment
de fon fîèga fans prendre congé, pour for tir de la
chambre' 6c fè retirer. La reine crut qu'il falloit
biffer paffer ce premier trouble f qu'une aventure
rnèfpérée avoir jette dans fon efprit? elle fe contenta
de lui dire : Mon père, vous me permettre.ç
bien de voir ce que le pape vous écrit ; & le laiffa
fortir du palais , ne jugeant pas qu'il fût,de fa gravité
de le rappellèr. X i me nés & hâta de s'éloigner,
de forte qu'on ne.le trouva -plus; à Ion couvent de
Madrid où .quelques feigne lu s fe rendirent de la
part de la’'reine , 'pour lui perfùndër d'accepter.la
.dignité à laquelle il étoit•appèlly.’Ges féigneiirs prirent
des chevaux de porté, '&• fa^teignirèné-’à trors
lieues de la ville»5*ils le preffèrent er,vàih par tons
les-motifs capables- de faîrë imprefljon fur .lui j 8c
H fallût qu'un bref dû pape1 1,'u.i ordonnât d'acçepte^
fàhsr délâi l'archèvêchc--.--':
fltt; difoit affez. j publiquement;qu’un .bori-relif
gieux-j comme ‘Ximenès,, feroit tiop heureux 4®
jouir d’une partie du revenu de fon églife , & que
le furplas pouvoit être utilement employé à quelques
projets utiles du gouvernement j mais le nouvel
archevêque déclara hautement « .qu'il ne ccn-
fentiroit jamais à aucune condition qui fût contraire
aux faints canons , & aux libertés de (on
églife & qu'il r»e fouffriroit pas qu'un bien qui doi:
, fervir à nourrir les pauvres, fut ddiiné à d'autres
ufages ». Plufïeurs perfonnes penfoient que Xime-
nès , malgré fa réfifi.ince, avoit cherché à fe faire
nommer à l’archevêché de Tolèdcs mais-ce der-
;mer trait peut prouver le contraire 5 un homme
qui^ a follicité un bénéfice, elt ordinaitement de
meilleure compofîcion.
C e fut en i'yoô qu'il pofa les fondemens du
collège qu’il avoit'deffein de fonder à Alcala- Qi:o.-
qu’il eut affuré d’abord un revenu honnête aux pro-
feffettrs, il réunit par la fuite au collège pinfieurs
bénéfices. Il difoit quelquefois, qu'il avoit donné
à ces bonnes gens de quoi dîner.affez largement,
qu il étoit jufte, afin qu'ils n’euffent aucune
inquie'tude, de leur fournir aufli de quoi fouper ” .
Il purgea fon-diocèfe des ufuriers & des lieux
de débauche, caffa les juges qui rempliffoienc
mal leurs charges, mit en leur place d.s perfo:i-
^ nés dont il conno:ffoit l’intégr cé & le défi:;té-
reffement. Il tint un fynode. à Alcala, 8ç un autre
a Talarera , cù il fit des réglemens très-figes pour’
le clergé, régulier &' féculter. Ferdinand & Ifa-
' belle lui confièrent le foin de réformer les ordres
religieux, Ce -ne fut pas fans beaucoup de difficulté
que les dominicains, les auguitins & les
carmes fe fournirent à la réforme. Les Cordeliers
qui en avoient le plus de befoin s'y oppofèrent
avec une efpèce de fureur. Ils eurent recours à
toiires fortes de moyens pour perdre X i menés
jufqu'à mettre un poignard entre les mains de
fon propre frère pour le faire périr. Il étoit corde
ie r , Ôz s'appelloit Bernardin de Cifneros. Leur
général vint de Rome pour détruire Ximenès
dans l'efpric de la reine. Le moine fongueux ,
dans une audience qu'il obtint d'ifa'bejle, ofa
noire r la réputation d’un prélat autrefois , fon
confrère , & qui étoit le confeffeur & le miniffrë
de la reine. La princeffe étonnée de l’imprudence
du francifcain ,, le laiffa parler fans l'interrompre,
& lui adreffa enfuite ces fières p.-roles^
«Savez vous qui vous êtes, & à qui vous parle
z » ? Oui y madame y répliqua l’infolent cor-
delier : Je fais que je parle a Ifabelie qui y comme
moi , n éft que cendre & poujfière. Il difparut aufli-
tô t , & fortit du royaume. Les ccrddiers furent
réformés comme les autres moines.
En 1 y07, Ximenès fut honoré de la. pourpre
romaine par le pape Ailles II j & Ferdinand le catholique
lui confia l'adminiftration des affaires d'é-
rat. Son pie,mier_foin fut de décharger le peuple
.de pfufieurs fubfides onéreux ; & de ramener lès
Maures à la religion chrétienne. Il en baptifa plus
de trois mille dans une place fpaefeufe, où il fit;
brûler les livres de l'alcoran. On loueroit ici le
zèle de ce nouveau mini lire, s'il n'avoit jamais
employé les armes pour faire changer de. religion
à des peuples qu'il falloit auparavant éclairer. II
entreprit en 1509 la conquête de la ville d'Oran,
dans le royaume d'Alger. Il paroît néanmoins que
l’ambition d'étenâre la domination d'Efpagnechez
les Maures, & de fe faire un nom, entra polir
beaucoup dans les projets de Ximenès. Ferdinand,
qui étoit occupé à une guerre centre les Vénitiens,
n'avoit pas goûté le projet du cardinal; & ce.fn'i-
niftre qui l'avo t fort à coeur, fe chargea feul de
fournir aux frais de l'expédition , & de la conduire.
Mais au moment du départ, plusieurs officiers,
mécontens d'avoir pour chef un général qui
portoit la’ foutane fous, la cüiraffe , rèrusèfent de
s'embarquer. Les efprits étoient difpofés àda révolte,
Ximenès fort de fa tente pour les ram en et ;
mais à peine a-t-il -commencé à parler aux -rébelles
, qu'un foldat l'interrompt en criant ; De l'argent
y point de harangue. Ximenès s'arrête, cherche
des yeux l'infolent, l’apperçoit, l'e fait auêrër Ôc
pendre fur le champ en fa préfence puis il confirma
de parler. La rébellion étant calriïée par cec
exemple de févérité, la flotte, co.rapofée cle 80
vàifieaux., fortit dt Cai thagènè le .1 ôfmai'î ^’9, •&
débarqua heuveufement fur les,côtes, d'Afri qu,e. .
Le lendemain les troupes furent rargées en ordre
de bataille; Ximenès parut à la tête de l’armée,
revêtu de fes habits pontificaux, monté fur une
mule, entouré-d’une troupe de prêtres & de religieux.
F. Fernand, de l’ordre de St. François,
monté fur un cheval blanc, avec l’épée & le*baudrier
fur l’habit de cordelier , ainfî que tous les autres
pères 6c religieux, portoit la croix archiépiscopale
comme l’étenlard fous lequel l’armée devoit
combattre. Un fpeciacle f i nouveau , dit Fléchier,
frappa les foldats & les officiers d'un certain étonnement
qui redoubla leur ardeur & leur rclipion. M ar iana
dit qu'il les fit. rire, ce qui paroît plus vraifemblabie.
Le fuccès-de cette comédie héroïque fut plus
heureux qu'on avoit lieu dèl'efpérer ; les efpagnols,
après une attaque des plus violentes, enfoncèrent
la cavalerie des Maures, & en firent un horrible
- carnage. Oran fut le fruit de cette victoire. Les espagnols,
maîtres de cette Ville, pafsèrent tous les
Hahirans au fil de j'épée, fans diftinérion ci'âue ni
de fexe. Ximenès !a peupla de religieux , leur"aflï-
gna des fonds pouf leur fubfiftance , U proclama
Ferdinand feigneur de la ville d’Oran,' déclarant
toutes fois qu’ elle rtleveroit pour le fpirituel de
l’archevêché de Tolède.
Ximenès3 au retour de cette expédition, non
moins barbare que glorieufe , fut accueilli par
Ferdinand, qui alla meme au-devant de fon m:-
nilt-re jufqu’à quatre lieues de Séville, 6c mit pied
à terre pour l’embrafftr : mais ces marques extérieures
d’amitié étoient elles bien fine ères ? Ort