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L'ëfpéràneèeftla dernière chofe qui meurt dans
l'homme.
La liberté eft le- plus grand des biens Sç Je fondement
de tous les','autres. , .
Diogènes tendoit la îfiàin à une ffatuè polir s ac-
-coutumer, difoit-il, au refus : 1
5 Quelqu'un paroiflânt étonné de lui voir porter
une lanterne en plein jour >.il> lui d it ,, je. cherche
un homme.
Une autre fois voyant un vieillard qui cajoloit
une fille } ne crains-tu _ point , lui demanda-t-il .,
d'être pris aü Irïot: f ! •' ;
Zéiiçn. . . . , un ami eft un autre foi-même..
• J_.es plus fages ne font pas fâges en tout : &
les plus favàns ignorent fouvent les chofes les pliis
vulgaires.
. Nous n'avons qu'une bouche & deux oreilles :
là nature nous apprend par-là, qu'il faut peu parler.,
^ & beaucoup écouter. |
’ Les ambanadêürs d'un prince avqiént, engage
Zëno'n à un répas fplendiaè , & s'étonnoient de
ce qu'il ne difoit mot. Comme ils lui'deman>.J.oient
ce qu'ils rapporteraient à leur prince : » ditès4ui,
P lëur répondit-il, que voils avez vu un vieillard
*> qui favoit fe taire au milieu d'un feftin. »
B io n ... honorons .la .vieillefie puifque c'eft
©ù nous tendons tous- .
. ' L'avare ne poffede pas fon bien , mais c'eft fon
bien qui le poffède.
La prudence èft l'qèjl du couragé ", elle tient'fieu
deValeur’ aux vieillards, & la valoir fiipplée à la
prudence dans les jeunes gens. La prudence en
effet écarte les vieillards du danger*& la valeur
ta tiredes jeunes gens.
Chiiôfï. ' Defîrer de1 trouvée dans "une, epoufe la
beauté, la richéjfe & la naïftance réunies, c'èft
vouloir fe donner 1 une tnàîtreffe au lieu d'urte compagne.
. Une ame géhéreufe ne perd jamais la mémoire
des bienfaits -qu'elle a reçus ; mais elle oublie ai-
fémenf ceux que- fa main répand.
-Ç'eft moins ■ là' mort qui eft horrible , que le
phantôme fous lequel on nous la fait envifiager.
Les trois c-hofes les phis difficiles, font de taire
un jêcret-, d'oublier une injure, ;& de bien ufer de
Ton loifîr.
Il n'y a pas moins de lâcheté à attaquer un homme
défarmé. j qu'à parler mal (Je ceux qui ne peuvent
fe défendre.
La prudence eft à defîrer pendant qu'on eft jeune 5
là gaieté eft le baume de la vieillefie. C eft ce
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que ce philofophe vouloit exprimer, en difant :
» Qu’il falloir être jeune en fa. vieillefie, & vieux
» en fa, jeuneflè; ÉjL ,
L'or eft la pierre de touche-de l'homme. Un autre
fage^a-dit : ^ Qu'on éprouve l'or par le feu , la
« femme par T or} & l'homme par la femme. »
Ariftote. Les racines des fciences font amères ,
mais le fruit en, eft doux.
Il n'y a rien qui vieillifle fîtôt, qu'un bienfait.
Les prodigues .vivent comme s’ils avoient peu
de temps à vivre j & lès avares , comme s'ils ne
dévoient jamais mourir,
- L'amitié eft comme Tanne de deux corps. «Ajoutons
ici ce que dit un philofophe moderne. « Les
» âmes- humaines veulent être accouplées, pour
» valoir tout leur prix j & la force unie des amis ,
»'comme celle des lames d'un aimant artificiel,
» eft incomparablement plus grande que la Comme
» de leurs forces particulières. » Divine amitié !
c'eft-là ton triomphe.
Celui qui entre dans la carrière des fciences ,
doit jetter l'oeil fur ceux qui le devancent, & non
fur ceux qui le fuirent.
L'éfpèrànce eft le fonge d'un homme éveillé.
Soyons amis de Socrate & de Platon, mais en*
cote-plus de la vérité.
. Socrate. Ce.philofophe recommandoit, trois• chofes
à fes difciples : la fagefle, la prudence & le
filence.
, ' Comme Tes amis fç fâchoiént de ce que quelqu'un
qu'il avoir falué ne lui avoit pas 'rendu fon
folut : « Pourquoi Vous fâcher, dit-il, de ce qu'un
» autre n'eft pas fi civil .que moi ? »
On a recueilli plaideurs de fes maximes 5 mais
nous nous contenterons de rapporter ce trait qui
le caraÆtérife -le-plus. L'oràçle l'avoir déclaré le
plus fage des hommes. « Nous ne fovons dit-il^,
»? ni les - fophiftes >, ;ni les poètes , ni les orateurs ,
33 ni les artiftes, ni moi, ce que c'eft que le vrai,
33 le bon & le beau 5 mais il y a. entre nous cette
33 différence, que, quoique ces gens ne fâchent
33 rien, tous croient faVoir quelque chofe : au lieu
33 que m oi, fi je- ne fais rien, au moins je n'en fuis
»3 pas en doute. De forte, que toute cette fupériorité
33 de fagefle qui m'eft accordée par l’oracle, fe ré-
33 duit feulement à être convaincu que j'ignore ce
-s» que je ne fais pas. 33"
Antififiene. . . , les états font fur le point de
périr, lorfque la récompenfe du mérite eft devenue
le prix de l'intrigue.
La plus néceflaire de toutes les fciences eft d’apprendre
à fe garantir de là contagion du mauvais
exemple,
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Le féal bien qui ne peut nous etre enleve . eft
le plaifir d’avoir fait une bonne adtion.
Xénophon__ _ les bienfaits font des trophées
qu’on s’ érige dans le coeur des hommes,
Heraclite__ , les loix font les temparts de la
liberté, & de l’ état par conféquent.
Démocrue. . . . . les richeffes ne confiftent pas
dans la paffeffion dès biens 5 mais dans l’ufage qu’ on
en fait. <
Anax agoras. . . . L'âge & le fommeil nous en-
feignent peu à peu le chemin de la mort.
La fcience nuit autant à ceux qui ne favent pas
sîen-'fêrvir., quelle eft utile aux autres : ou ,
comme dit Montagne, elle eft un fceptre en de
certaines mains, & en d’autres une marotte.
Solon.. . . , ne jugeons point du bonheur d'un
homme, ayant fa dernière heure.
Un empire eft chancelant, fi le magiftrat s
beit aux loix, & le peuple au magiftrat.
Les loix reflemblent aux toiles d'araignées, qui
n'arrêtent que les mouches, c'eft fur la médiocrité
feule ajoute un auteur moderne , que s'exerce
toute la force des loix; elles font également im-
puiflantes contre les tréfors du riche & contre la
mifére du pauvre* Le premier les élude , le fécond
les échappe j l'un brife la toile-, l'autre pafle au
travers.
Cléobule . . . . Il y a deux chofes a craindre:
l'envie des amis & la haine des ennemis.
Pérrandre.. . . La bienfaifance doit être la garde :
des rois. k
On lui demandoit pourquoi il retenoit la domination
qui lui avoit été confiée ? C 'e f t , répondit
il, qu'il eft aufli dangereux de defcendre du
trône que d'y monter.
B îa s .. . . Il vaut mieux être jwge entre fes ennemis
qu’entre fes amis, parce que dans le premier
Ças on fe fait un ami , & dans l'autre un ennemi.
L'efpérance eft le pavot qui endort nos peines 5
mais l'amour du gain les réveille.
Parmi les bêtes fauvages, la plus à craindre ;
eft le tyran 5 parmi les domeftiques, c'eft le flatteur.
Vittacus. . . . Ne divulguez pas vos defleins ,
afin que s'ils font renverfés , vous ne foyez point
expofé à la rifée.
Thaïes . . . . La meilleure forme d’un état eft
celle où le partage des richefles n’eft pas trop
inégal : on n'a point alors de pauvres à défendre,
ni de riches à contenir.
Encyclopédiana.
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La trop grande envie de parler eft un ligne de
folie.
Là félicité du corps coniifte dans la fanté, 8c
celle de l'efprit dans le favoir.
Pythagore . . . . Le fpe&acle dii monde re£*
femble à celui des jeux olympique^. Les uns y
tiennent boutique de ne fongeht qu'à leur profit ;
les autres y paient de leurs perfonnes, & cherchent
la gloire j d’autres fe contentent de voir les
jeux, & la condition de ees derniers n'eft pas la
pire.
L'ami qui nous cache nos défauts nous fèrt
moins que l'ennemi qui nous les reproche.
Il n'y a rien de fi timide qu'une mauvaife confidence.
APOSTROPHE. Vapofirophe, fi l'on en juge
par l'étymologie du mot, eft une^ figure par laquelle
l'orateur femble oublier l'auditeur pour
s'adrefler à d’autres perfonnes, & même à d’autres
objets.
Les orateurs célèbres ont employé cette figure
avec tant de fuccès, qu'on cite par préférence
quelques apojlropkes comme des morceaux dignes
de pafler à la poftérité.
Le cardinal du Perron difoit que Vapofirophe
adreflee par Démofthène aux grecs tués à la bataille
de Marathon, lui faifoit autant d'honneur
que s'il les avoit reflufeités.
Cicéron , dans l'oraifon pour Milon, s'adrefle
aux citoyens illuftres qui avoient répandu leur
fang pour la- patrie, & les intérefle à la perfonne
d'un homme qui en avoit. tué l’ennemi dans la
perfonne de Clodius. Enfuite il apofirophe les
tombeaux, les autels , les bois facrés du mont
Albin. On regarde encore comme un des plus
beaux endroits de Cicéron Vapofirophe qu'il adrefle
à Tubéron, dans'l'oraifon pour Ligarius. Quid
enim Tubero, tuus ille diftrictus in açie Pharjalicâ
gladius agebat ? &c. C e morceau eft remarquable ,
& par la vivacité du difeours, & par l'effet qu'il
fit dans l'ame de Céfar. C e prince , qui tenoit
dans fes mains la condamnation de Ligarius, décidée
d'avance , la laifla tomber à fes pieds, tant
fon trouble étoit grand.
Nous .finirons par citer Vapofirophe de M. Bof-
fuet, dans l’oraifon funèbre de madame la du-
chefle d’Orléans. « Hélas 1 nous ne pouvons
arrêter un inftant les yeux fur la gloire de la
33 princefle, fans que la mort s'apprête auffi-tôt
î-> pour tout offufquer de fon ombre ! O mort !
i os éloigne-toi de notre penfée, & laifie-nous trom-
33 per pour un moment la violence de notre dou-
33 leur par le fouvenir de notre joie ».
APOTHÉOSE. C e mot vient du grec, Sc
N