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I X , |
Il faut louer fon ami à la manière de ceux à 1
qui-vous voulez en donnner une bonne idé e,
. & non pas à la vôtre ni à la fie une.
;X . .
Il ne faut, jamais louer les gens qfi’qu gnne &
. qu’on elliijqe, qu’.en général jamais : par lés
détails. , •. . . .
X T.
L ’homme qui marche à la fortune en fe faî-
-fant précéder par l’injuftice & l’oppreflion ne
fauroit jouir de les aeqtiifitioQs*
XII.
Si vous voulez êtr,e le favori d’un grand feignait;^
adreffez^yous à fies fp.ibleftes ; fi vous
vous attachiez à fa rai Ton , vous nespourriez pas
réuifir.
Sadi. — O fils d’Adam I que la vertu foit toujours
devant tes yenx , & re pré fente.-] a fi belle,'
qu’ il te foit irnpoflible de ne la pas aimer; fur-
tout ne t’occupe point de fes préceptes fans pen-
fer à fes effets & à fes charmes; donne-lui un
corps ; faifis-!a par tes feris.
Fais-toi des images vives du bonhejurqui doit
être la récompense des fages & des malheurs
de l’ infenfé , tu intérefferas ton coeur à être
vertueux.
N e renonçons jamais au-bonheur, les fources
du bien & du mai font cachées , & nous ignorons
laquelle doit s’ouvrir pour arrofer l’efpaee ;
de la vie. O.homme! o qui que tu fois , mon
frère! dans le malheur, fois patient 8c efpère.
Pour vous foumettre la fortune & les chofes,j
commencez par vous en rendre’ indépendant. ;
Pour régner par l ’opinion^, commencez par régner
fur elle.
Le monde réel a fes bornes ; le monde irhàgi- '
naire eft infini. N e pouvant élargir l’un, ré'trè-,
cififons l’autre ; car c’eft de leur feule différence]
que naifient toutes les peines quknous rendent)
vraiment malheureux.
Les grands befoins naifient des grands biens ;
& fouvent le meilleur moyen de fe donner
les chofes dont on manque , eft de s’ôter celleiS
qu’on a.
Les bonnes inftitutions fociales , font celles
qui favent le mieux dénaturer l’homme > lui ôter
fon exiftence abfolue / pour lui en donner une
relative, & tranfporter le moi dans d'unité commune;
enforte que chaque particulier ne fe croie
plus un , mais partie de l ’ unité 3 8c ne foit plus
fenfible que dans le tout.
Le feul moyen de connoîtr,e Jes véiitables
moeurs d’un peuple , c’ eft d’étudier fa viefrivée
m a x;
dansde-s .états le,s p us noioihreiiix ; car s’arrêter aux
■ gens, gui .représentent toujours, e’eft ne Voir que
ces comédiens.
Les citoyens qui ont bien mérité de la patrie,
•.doivent être récompenfés par des honneurs , 8c
jamais par des pnvü.èg.es ; car la république è'il à la
•veille de fa ruine, fîtÔt qu’on peut penfer qu’il eft
•beau de né pas obéir aux loix.
Le premier pas vers le'vice s eft de mettré du
myftère aux- actions' innocentes ; 8c quiconque
aime à fe cacher, a tpt bu tard raifon de fê cacher.
Un feul précepte de morale, peur tenir lieu de tous
les autres. C ’eft celui ci ; «Ne fais ni ne dis jamais
» rien, que tu ne veuilles que tout le monde voie
» & entende ».
T>efcuries. — Obéi fions en tout temps aux loix
,& aux coutumes de notre pays..
N ’enchaînons jamais notre liberté pour l’a-
veni-. • -
Décidons-nous toujours. pour les opinions
modérées y - parce que , dans le moral , tout ce
qui eft extrême eft prefque toujours vicieux.
TravaiHons a nous vaincre nous-mêmes , plù’ôt
que la fortune , parce que l’on çhangb Tes defirs
plutôt que l’ordre du monde , 8c que rien' n’eft-en
notre pouvoir que nos penfées.
Confidérez les differens états de la vie où la
naiffance & l’éducation peuvent vous deftiner, &
çoufultez votre génie avant d’en embrafiér aucun.
Ce qui perd.un homme, 8c pour fa fortune 8c
pour.fa réputation, c’eft de fe jetter dans une pro-
ièfiicn qui ne lui convient pas. ( Bacon •).
Vouloir errvbraffer tous Us objets que le tourbillon
des'aff ires offre à nos yeux, c’êft s’expofer
à n’en failli- aucun. N ’ayez qu’un but ; employez
tout le refte comme des moyens.
Vous vous croyez en p.uffe, parce qu’un homme
d’un nom ou d’un mérite dillingüé vous protège?
Ilh.fioh. C e n’ert pas toujours un bel inllrument
qu’il vous faut, mais un outil commode & maniable.
Quand vous recommandez vos intérêts à
quelqu’un, n’ examinez pas tant fon rang;iqïié.fôn
habileté ; fon crédit , qt:e fon afrVétion ; s’il fe
. prêté aifément ; s’ il fait du choix dans fes .en-
■ gagemens.
Attachez vous à la v en u , vous n’aurez pas à
vous p’aindre de la fortune.
La modefiie eft .une'très belle qualité, qui accompagne
ordinai1 emejit le vrai mérite, RLen ne
gagne ne prévient plus les, e.(prit® que la.mo-
defti? 5 iccmme au coi.traire rien ne. rebute 8c ne
chèque davantage que la préfomption &.l’éffr.on-
-fgrjç. On n’aime pas urs. hon-me quj veut toujours
I fe faire valoir , qui parle avamageufement de
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lui-même./ & mt, eft toujours le héros de fon
propre, roman.
Pope. — Un. homme ne doit jamais rougir
d’avouer qu'il a tort; car, en faifaiit cef aveu,
il prouve qu’il' eft plus fage aùjôardhùi qu’il
n’étoit Mf.
M A YN A R D , (.François) poète français, l’ un'
des Qu-rante de l’académie trançoifo mort en
164'6 / à 64 atis.
PUynard fut l’élève de Malherbe qui dffoit
de.fon difetple qu’il toOrrioit bien un vers, mais
que fon ftylc manquoit de force.
Maynard récrfiilfoit fttf-tout dans l’épigraMtae',
& danS cés'fdrt;S de p'oéfies appelées pnapéés,
geiiré facile, & qui annonce moins l’éfprit- que
la corïu'pSoh du coeur de celui quî s’tn occupe.
Le dépit que lui càufa fa mauvaîfe fortune,
lui jfït prêfénter cçs lfances' aü cardinal de Richelieu
'
Armand, l'âge afFdiblit m'etf yeux,
Et toute ma ch’àl'eur me quitte :
J e y é r r a i b ie n t ô t m es; aÿe’u x
Sur le r iv a g è^ d û 'C o c y t e , î
: 1 J e fe r a i b i e n t ô t ’ d e s fu iv a t is r
. j De ee bb*n nfiortàrqiîe de.Frahce, , • .
• 1 Q ü i fu t t e ;..plère d e s favàriS '
E n ûrii f i 'é c le rpîerrt‘ d ’i^ n b r a fie é .
L o f fq u e jta p b rô ch è rà i d e lui-,
i l ’ Y b ù d fa q’u'e jèl lu t ï 'à ç b n te ' . ;
Tôut’ .cé qüé't'u- fa is àu jb u rd ’M i
Pour combler rËfpâgnè de honte.
je côntentoj-àï foii defir ;
E t ' p a r le r é c i t de tà v ie
J e ,c a lid e r a i l é a ep l^ ifir . 1
Qu’i l irê çut au .carrip d e P a y iê . :
. feîâis.j ,s ’i l d ém a n d q à „q u e l em p lo i
, T u m ia s .o c q u p é .d ans le ..m o n d e , ,.....
E t qu e ls b ie n j’ ai reçu s dé t o i ,
. Q u e.veux ;-tU q u e je lu i r ép o n d e ?
Rien, répondit fèclien^ent le lcardinal , qui
voulait, d-mber d e jium êm é , & n vaim oit. .pas.
Qü’qnjui demandât.. May-nard ne cefîa dépuis, de
déchirer Je .cardinal .de Richelieu .darjs, fes?.vers ;
d lappelbit un tyran. Si Ce mini.fi.cè.lui: eut. fait
du bien -d "a.uroit été uq.dieu pour,.lui. . C ’eft
trop reffimbleî-ajqute- un auteur iJfuftre , à çes
^sudsans qui appel.eiK tes palfans Monfe'igheur .
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& qui les maudi'ffent s’ils n’en reçoivent point
d’aüm.ôme.
MaynardyJas de follicitet des grâces, s’éroit
retiré dans fa1 province, & avoit fait mettré fur
la porte de fou cabinet ces quatre verso; •
Las dlefpérer & de me plaindre
Des: mufès , des grands & du fôrt ;
C’eft- ici que j’attends la mort y
Safts la défi fer nv la craindre.
Il eut été peut-être encore plué pliilofo'phiqué
de ne^pas feidemerHi.fôngêr qii-il y but des gran ds
Quelque temps avant fa mort, il revint à Paris.
Dans les converfations qu’il avoit ayec fes amis j
dès qu’il vouloir parler, ôn lui difoit : Oé viâi-là
ri'efi> p Lus d’ufàge. Cela lui arriva tant de "fois,
qu’à la fih il fit ces quatre vers :
En cheveux blancs il me faut donc aller,
Comme un enfant, tous lés jouts à l’école ?
Que je fuis fou d’appreiidre à bien parler,
Loffqüe la mort vient ih’ôter là parole ! ’
MAZAR1N ( Jdfe? ) cardinal. & premier
rhiniftre: d’état en France, uë eiy /-mort en
U 6U r
Le.cardinal Ma^arin, jeune encore, inconnu ,
& fans auioiité quel celle de la, raifoq, s’élança
entré’denx armées prêtes à combattreen criant :
V'ous êtes hommes, vous êtes ƒ'reres ; je vous défends,
au nota, dp-.lhumanité y .de,:v.ous..égorger. Cet • év èner-
riiefit fi glorieux pour Ma^arjn^-èc .qui; fe. trouve
erfiVii feus, l.-s, repr-iches fans.nombre qu’on peut
lin fiaire d’avoir .trompé. les hommes , arriva
deviaot Calai le vingt fix qbiobre 163.0. Sp:nola
comm.andoit les efpugnols p>le maréchal de Schorti-
berg. les françois. Ma^arin fé$>ara les armées-,
comme s’il n.’,cût fépp.Té'que fieux, ccmbattans.. Il
ménager une tiêve, qui, par fes,foins, fut bientôt
fuivk...fie' la paix.,
Lê .çaraina\ M a ïq r in y étpit aufiî doux que le
cardinal de- Ruhclreu-étqit violent run.de fes plus
grands -alens fut de bien 'cpnhoître les hommes.
Le carafilere fie^ fa politique étoîç plutôt la fine (Te
& Ja patience , .que la force : c-ppofé à fiom Louis
de Haro ,gcommc lé; duq fie. Richelieu l’avoit été
au duc d’Ofivarèv, après etie.-parvenu au milieu
des tnmbY.s. ci y fi s fie la France , z déterminée
t'.ute. l’ A,lletnagpe' à nous céder de gré c-e: que fon -
prèdécelteur lui aW t enlevé, par la- guêtre, il fut
tirer un avantivif encore plus .précieux de J’opi-
riiâ.reté que lEfpagne fit-vo.r alors.;,* & après lui-
avoir.dimnë lejemps fie s’épuifer ,-.i! laimeua enfin
à la-.cqnclufion ce ce .célèbre matiage qui acquit
au .r.o,f des-droits légitimes & vainement conteftés
fur,une fies, plus puifisntes çnqnarchies de 1 uni vers.
Ce minfftre pèhfoit que la force ne doit jamais