
droit il de ce que ^incontinence & la débauche •
étant portées à leur plus haut dégté, les méde- J
cins ne trouvent pas de meilleur remède, pour
rétablir les tempéramens affaiblis & les organes
prefque détruits ? Ou ne Ceroit-ce qu'une affaire
de mode ? Car il faut .en convenir , la médecine
a. réellement fubi fon jôug. Quoi qu'il en fo it ,
dans les faux bourgs de Paris , il y a des troupeaux
d’aneffes , & Ton mène chaque matin la
nourrice à l'hôtel de moniteur, donc la poitrine
eft délabrée, &c. &c.
L Â L A , fille grecqueâ floriffoit à Rome 33 ans
avant Jefus Chrift.
Lala y grecque d’origine, & qui vécut en Italie,
s’ell diilmguée dâns la peinture»..EUé fctilptoit
très-délicatement en ivoire, & fit de cette maniéré
plu (leurs portraits.
Les talens de cette artifte, juftement applaudis,
engagèrent; les grecs à lui élever une ilatue, qui
eft parvenue jufqu'à nos jours.
Lala demeura toujours vierge, & ne voulut
j imais fe marier : elle difoit, pour excufer fa
conduite, que le trouble des pallions, 8c que les
embarras d'un ménage , caufoient des diftraCtions
qui pouvoienc éteindre le feu du génie.
LAN GU E. Quelqu’ un demandoit au philo-
fophe Ànacharfis ce que l’hopme avoit de meilleur
? « La langue, répondit-il »•
L angue Françoise. M. de Voltaire, dans
une féahce particulière de l'académie françoife,
fe plaignoit à fes confrères de la pauvreté de la
langue y & parla enfuite de quelques mots peu
ufités, & qu'il feroit à defirer qu’cn adoptât,
celui de tragédien, par exemple. « Notre langue
n eft une gueufe fière, difoit-il, il faut lui faire
m l'aumône malgré elle
On patloit des origines de la langue françoife
de M. Ménage, devant la reine Chnftine de
Suède : « Non-feulement, dit-elle, M. Ménage
veut favoir d'où vient un mot, mais encore où
v> il va ».
Les caraïbes ont trois fortes de langues. La
première, la plus ordinaire & cede que tout le
monde parle, eft comme affeCtée aux hommes.
La fécondé, eft tellement propre aux femmes ,
que bLn que les hommes l’entendent, ils fe croi-
roient déshonorés, s’ils l’avoient parlée, & s’ils
avo:ent répondu à leurs femmes, en cas qu’elles
eulfant la témérité de leur parler en ce langage.
Liles favent la langue de leurs maris , <5C doivent
s ’en fervir quand eilès leur parlent; mais elles ne
s'en fervent jamais quand eiles parlent entr’elles.
La tioifièrae, qui n'eft connue que des hommes
qui oqt eçé à U guerre, 8c particulièrement des
vieillards, eft plutôt un jargon qu’ ils ont inventé
qu'une languey ils s'en fervent quand ils font
.quelqu’alfemblée de conféquence, dont ils veulent
tenir les réfolutions feuettes. Les femmes 8c
les jeunes gens n'y entendent rien.
LA RG IL IER E , (Nicolas d e ) né à Paris 4
l'an 1656, mort en 1746.
Un magiftrat menait fouven.t Largiliére h une
de fes terres, où fe trou voit grande compagnie*
Un jour qu'on étoit à table, le mur d'une orangerie
, qui bornoit défagréablement la perfpec-
tive , choqua les yeux d'un des convives, qui
demanda à Largiliére fi fun génie ne lui four-
niroit rien pour corriger ce trifte afpeét : « Quand
» je voudrai, répondit Largiliére , je ferai paffer
» vos yeux au travers de ce mur ». U tint pa-î
rôle, en y peignant un grand c iel, avec différensi
oifeaux , & dans le bas un payfage, où l'oeil
fembloit fe perdre.
Largiliére dit un jour à l’un de fes amis , « qu©
» Iorfqu'il tenoit à la main fa palette chargée
» de couleurs, il la regardoit comme le fymbol©
» du chaos, puifqu'ayar.t devant lui une toile
» pre'parée 8c fon pinceau, pour exprimer les
« effets de fon imagination, il pouvoit donnée
» aux peuples les plus fauvages, une connoif-
» fance parfaite de la création du monde ».
Dans un grand tableau, placé à Paris, dans
i’églife de fainte Geneviève, pour acquitter un
voeu fait par la ville, en 1694, Largiliére s’eft
repréfenté parmi les fpeftateurs, & y à mis
Santeuil, qui l’en avoit prié ; mais, au lieu de
le peindre en furplis, il l'enveloppa , par malice,
dans un manteau noir. Santtud en porta fes
plaintes en beaux vers latins., au prévôt des, marchands
: on obligea Largiliére de donner fatis*
faélion au poète.
LA SU Z E , ( Henriette de C o l i g n y , cota-,
teffe de ) morte en 1673.
La jaloufie que M. de la Su^e conçut con-
tr’e lle , lui fit prendre la réfolution de la mener
à une de fes terres. On prétend'que la comtefte
pour éviter de l’y fuivie, abjura la religion pro-
teftante, qu’ede profeffoit comme fon ma i; ce
qui donna occafion à ce bon mot de la reme
de Suède, que madame de la Su^e s’étoit faite
catholique pour ne voir fon mari ni en ce inonde*
ni en l’autre.
La défunion augmenta entr’eux , ou par le
changement de religion, ou par la jaloufie continuelle
du comte ; ce qui infpira à la comtefte
le deftein de fe démarier, en quoi elle réuffit,
ayant offert à fon mari vingt cinq mille écus
pour n'y pas mettre d'oppofition, ce qu’il accepta.
Le mariage fut ainû cafté par arrçt du
parlement*
parlement. On dit encore ùri bon mot à ce fujet, ;
que la comtefte avoit perdu cinquante mule ecus .
dans cette affaire , parce que fi elle avoit attendu ;
encore quelque temps, au lieu de donner vingt- .
cinq mille écus,elle les auroit reçus de lui pour..
s’en défaire. ; î
On ne pouvoit pas voir des affaires plus de-
rangées que celles de madame de la Su^e ; un
exempt, accompagné de quelques archers, vint
un jour chez elle, fur les huit heures du matin,
pour faifir fes' meubles : fa femme de chambre *
l’alla avertir auffitôt. Elle fit entrer l’exempt étant j
encore dans fon li t , & le pria, avec inftance, ï
de vouloir bien la laifter repofer encore deux
heures, “parce, qu’ elle n’avoit point dormi de la )
nuit ; ce qui lui fut accordé. Elle fe renuormit ;
jufqu’ à dix heures qu’elle s’habilla pour ader_
dîner en ville , & paffa enfuite dans fon anti- ;
chimbre, où elle fit de grands complimens a
l’exempt, & le remercia fort de fon honnêteté,- <
en lui difant tranquillement/: Je vous laiffe le
maître, elle fortit ainfi de fa maifon.
Madame de Chatillon piaidoit au parlement
de Paris contre madame la .comtefte ue la Suqe. .
Ces deux dames, fe rencontrant tête à tête dans
,Ja failç du palais, M. de la Feuillade qui dorinoit
la main à madame de Chaéllon , dit d’un ton
gafeon à madame de la , qui étoit accom-
.■ pagr.ée . de B en fe rade -, & de quelques autres •
poètes de réputation : « Madame, vous avez la
» rime de votre côté, & nous avons là raifonp».
Madame de la Su^e , piquée de cette raillerie,
répartit fièrement, en faifant lamine : « Ce n’ eft '
» donc pas, monfieur, fans rime mi raifon que
» nous plaidons ».
L A T T A IG N A N T , < Gabriel - Charles de )
•mort vers l’an 1778.
L’àbbé de Lattaignant fut un de ces aimables
oififs qui font les délices d’un repas & l’amufe-
jnent des fociétés , par leur facilité à compofer
des couplets plus ou moins agréables, mais toujours
charmans pour les perfônnes qui en font
l’occ3fion ou le fujet. La littérature, dont il ne
prit que la fleur', fut pour lui un amufement
plutôt qu’une occupation. Il eût pu fe placer
entre Panard~-& Chapelle , s’il eût plus corrigé,
s’il eût moins cédé'à fa facilité; en un mot,
s’il eût travaillé pour le public, juge févère- &
difficile, qui ne compte pour rien les fuccès de
cotterie. Tous les amateurs des jolis vers ont
retenu un madrigal à madame Roflîgnol, qui eft
d’une {implicite ingémeufe, & que M. de Voltaire,
le modèle de tous nos écrivains pour ces
bagatelles brillantes & légères , n’eût peut-être
pas défavoué. L e voici :
Le nom de Roflîgnol vous convient à merveille ;
Jeune objet qui charniîz m&s yeüx ,-biqu oreille,
Lncyclofédianay
Vous avez le gofier qu’il pofl’ède aujourd’h u i,
Et les charmes qu’avoic autrefois Philoméle.
Qui vous entend, croie que c’eft lu i;
Et qui vous voit, croit que c’eft elle.
Quelques années après, l’abbé Lattaignant
rencontra encore dans la fociété madame Roffi-
gnol, & lui dit dans un heureux impromptu :
Je vous comparois autrefois
Au r&ffignol, à Philomèle :
Je vous entends, je vous revois;
C’eft .encor lu i, c'eft encor elle.
Il feroit difficile' de mieux faifir un à-propos,
& d'en tirer un parti plus agréable. On regrette
que l'auteur de ces vers n’ait pas appris l’art d’ea
faire difficilement : il voulut être poète (ans travail,
& ne fut riNen.
Quelque volumineufe que foit la collection de
fes nombreux opufculcs, on auroit bien de la
peine à y trouver ure. vingtaine de pièces de ce
mérite. Après avoir fcrupuleufement feuilleté le
recueil de fes poéfïes poflhumes, on n'a trouvé
qu’une feule pièce à conferver : au refte, elle eft
charmante, & peut-être n’a-t-il rien fait de mieux
dans fa vie. Elle courut dans, le temps manu fiente
5 mais beaucoup de gens, qui ne l'ont pas
ou qui l’ont oubliée, la reverront avec plaifir.
Adieux au monde•
3’au'ai bientôt quatre-vingts a n s,
Je crois qu’à cet âge il eft temps
De dédaigner la vie.
Auffi je la perds fans regret',
Et je f:is gaîment mon paquet :
Bon foir la compagnie.
Lorfque l ’on prétend tout favoir,
Depuis le matin jufqu’au fo ir ,
On l i t , 011 étudie.
On n’en devient pas plus favant ;
On n’en meurt pas moins ignorant : '
Bon foir la compagnie,
Lorfque d’ici je partirai,
Je ne fais pas trop où j’irai;
Mais en Dieu je me fie ;
Il ne peut que mener à bien;
Audi je n’appréhende rien ;
Bon foi;: la compagnie,
,• J’ai goûté de tous les plaifirs ;
J’ai perdu jufques aux defirs ;
A préfent je m’ennuje.
Lorfque l’on n’eft plus propre à rien,
On fe retire y & l’on fait bien :
Bon foir la compagnie.
G BS S