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fils de Mithridate , en triomphe dès. le premier
choc , & fait rentrer les rebelles dans les fers des
romains. O eft pour exprimer cette étonnante célérité
, qu’il écrivit à fes amis ces mots 3 devenus fi
fameux : « Je fuis venu, j’ai vu , j’ai vaincu ».
Lacédémone étoit menacée par les républiques
rivales de fa puifiance 3 tandis qu’Agéfilas 3 par fes
Viéloires, humilioit , dans le fond de l’A fie , le
fafte & l’orgueil du roi de Perfe. Sparte inftruit
ion roi de l’orage qui fe forme contr’elle* & ce
prince part aufli-tôt avec fon armée. Il pafférHel-
lefpont 3 traverfe la T hrace , & fe contente d’envoyer
demander aux différéns peuples qu’il trouve
fur fa route 3 s’il marche en pays d’amis ou d’ennemis
? Sans attendre la réponfe, il s’avançoit
toujours. Ceux qu’on appelloit Troadenfes, qui
avoient vendu bien cher à Xerxès.la liberté de
pafier chez eux , voulurent arrêter le monarque
ipattiate , exigeant cent talens &: cent efclaves ,
pour la liberté du pairage.« Je vais les leur porter 3
répondit en riant l’intrépide Agéfilas. » Il marche
contr’eux , les bat ,& tes diffipe 3 pafie tranquillement,'
& n’ayant mis que trente jours à parcourir
tant de contrées , par fon arrivée foudaine, il déconcerte
les Grecs conjurés & fauve fa patrie.
ADAGE. Qn peut définir ce mot , un proverbe
fententieux.
Le fils d’un gouverneur de province fut élevé
dans le palais d’Uglimith. Ce jeune homme 3 dans,
un âge encore tendre , avoit de l’efprit , de la
prudence & du jugement j le roi qui étoit fort
jeune en fit fon ami, & les jeunes gens de la coiir
le prirent en averfîon} ils lui tendirent des pièges,
ils cherchèrent à le perdre^ ou à le faire périr 5
mais ils ne purent y réuflîr, parce qu’il avoit dans
le roi un véritable ami. Un jour ce prince lui di-
foit « Quelle peut être la caufe de la haine que tu
infpires à mes courtifans ? Elle eft violente 5 ne
33 pourrois-tu la faire ceffer » ..." O roi, Répondit
le favori , j’ai fait ufage de ta .puifiance pour le
bonheur de tes fujets & pour ta gloire $ à mefure
que je conciliois l’affeélion de ton peuple fk ton
coeur, j’éloignois de moi mes anciens amis, mes
égaux • je ne'', connois qu’un moyen de les ramener
j c’ eft de faire des fautes «. pourfuis, & ne
33 crains rien , dit le roi ; le foleil ne doit pas cejfer
33 d1éclairer, parce que fa lumière blejfe les yeux des
» oifeaux de nuit*>.
Nous - Chirvam , furnommé le Jufte , roi de
Perfe, étant à la chaffe , vo'ulut manger du gibier
qu’il avoit tué } mais il on’avoit pas de fel. Il en
envoya chercher au village le plus voifin, en défendant
de lè prendre fans le payer, h Quel mal
33 arriveroit-il , dit un c.ourtifan , fi l’on ne payoit
33 pas un peu de fel? Si un roi, répondit Nous-
■ 33 Chkvam, cueille une pomme dans le jardin de
A D A
» fes fujets, le lendemain fes favoris couperont
» l’arbre ».
On peut citer encore comme d’excellens adages
les vers fuivans qui font en même - temps proverbes
& maximes.
Le feu qui femble éteint fouvent dort fous la, cendre.
Les noeuds les plus facrés font les plutôt rompus.
Le trop de confiance attire le danger.
Qui n’appréhende rien préfume trop de foi.
Celui-là fait le crime à qui le crime fert.
Qui veut mourir ou vaincre, eft vaincu rarement.
Le crime eft oùblié fi-tôt qu’on le répare.
Il part de bons avis quelquefois de la haine.
L’amour n’eft qu’un plaifir, l’honneur eft un devoir.
On garde fans remords ce qu’on acquiert fans crime.
A raconter fes maux fpuvent on les foulage.
Ce n’eft point obéir qu’obéir lentement. •
Qui peut ce qu’il lui plaît commande alors qu’il prie.
La parole des rois doit être inviolable.
Toute fourbe eft henteufe aux coeurs nés pour l’empire.
Qui commence le mieux ne fait rien s’il n’achève.
Tel donne à pleines mains qui n’oblige perfonne ,
La façon de donner vaut mieux que ce qu’ondonne.
Un fervice au-deflus de toute récompenfe,
A force d’obliger, tient prefque lieu d’offenfe.
Les foibles déplaïfirs s’amufent à parler.,
Et quiconque fe plaint Cherche à fe confoler. .
Quiconque, fans l’oüir, condamne un criminel,
Son crime eût-il cent fois mérité le fupplice,
D’un jufte châtiment il fait une injuftice.
Lorfque le déshonneur fouille l’obéiflance;
Les’ rois peuvent douter de leur toute-puifl’ance :
Qui la hafarde alors n’en fait pas bien ufer,
Et qui veut pouvoir tout ne doit pas tout ofer.
L’eftime & le refpeét font de juftes tributs
Qu’aux plus fiers ennemis arrachent les vertus. -
Co rn e i l l e .
Un bienfait reproché tient toujours lieu d’offenfe. -
Au travers des périls un grand coeur fe fait jour.
A d A
La gloire des médians en un moment s’éteint.
péteftables flatteurs, préfent le plus funefte
Que puiffe faire aux rois la colère célefte»
Nulle paix pour l’impie ; il la cherche, elle fuit.
On ne partage point la grandeur fouverainè ,
La haine des fujets ne fait pas les tyrans. ^ ACINE
Je fuis homme : tout homme eft un ami pour moi.
Le cruel repentir eft le premier bourreau
Q u i, dans un fein coupable enfonce le coûteau.
R a c in e fils.
Un fot trouve toujours un plus fot qui l’admire.
L’ignorance vaut mieux qu’un lavoir affeâé.
Pour chanter un Augufte, il faut être un Virgile.
Le mérite en repos s’endort dans la pareflè.
Le plus fage éft celui qui ne penfe pas l’être.
L’honneur eft comme une ifle efearpée & fans bords , .
On n’y peut plus rentrer dès qu’on en eft dehors.
Même aux yeux de l’injufte, un injufte eft horrible.
Et tel qui n’admet point la probité chez lu i, "
Souvent à la rigueur l’exige dans autrui.
. Un poëme infipide & fortement flatteur
Déshonore à la fois le héros & l’auteur.
B OI LE AU.
Où la guêpe a paflé le moucheron demeure.
Rien ne fert de. courir, il faut partir à point.
Nous nous pardonnons tout, & rien aux autrès hommes.
Qu’un ami véritable eft une douce chofe !
Rien n’eft fi dangereux qu'un ignorant ami j
■ mieux vaudroit un fage ennemi.
On fe voit d’un autre oeil qu’on ne'voit fon prochain.
Toute puifiance eft foible , à moins que d’être uni.
Un fot plein de favoir eft plus fot qu’un autre homme.
Plutôt fouffrir que mourir $
C’eft la devife des hommes.
Hélas ! on voit que de tout temps
:--Les petits ont pâti dés.fottifes des grands.
Patience & longueur de temps,
Ü” ' Font plus que force ni guerrage..
A D A 21
C’eft un double plaifir de tromper le trompeur.
En toute chofe il faut confidérér la fin.
Amour, Amour, quand tu nous tien s,
On peut bien"dire, adieu prudence!
De loin c’eft quelque chofe, & de près ce n’eft rien.
Chacun fe dit ami, mais fou qui s’y repofe ;
Rien n’eft plus commun que ce n om ,
Rien n’eft plus rare que la chofe.
Il n’eft pour voir que l’oe il du maître.
Quant à m o i, j’y mettrois encor l’oeil de l’amant.
Un tien vaut, dit-on, mieux que deux tu Vauras,
L’un eft sûr, l’autre ne l’eft pas.
Plus fait douceur que violence.
Aide-toi, le ciel t’aidera.
Le bien , nous le faifons : le m a l, c'eft la fortune.
On a toujours raifon, le deftin toujours tort.
Le monde eft vieux, dit-on, je le crois -. cependant
Il le faut amufer encor comme un enfant.
L’homme eft de glace aux vérités,
Il eft de feu pour les menfonges.
Ventre affamé n’a point d’oreilles.
L’abfence eft auflï bien un remède à la haine
Qu’un appareil contre l’amour.
L a F o n t a in e .
La crainte fuit le crime, & c’eft fon châtiment.
: Rarement de fa faute on aime le témoin.
Faifons notre _ devoir , les dieux feront le refte.
'C’eft un poids bien pefant qu’un nom trop tô t fameux.
La bouillante jeuneffeeft facile à féduire.
Qui fert bien fon pays n’a pas befoin d’aïeux.
La bouche obéit mal lorfquè le coeur murmure.
C’eft le foible qui trompe , & le puiffant commande.
On pardonne aifément à ceux qui font à craindre.
Le ciel donne fouvent des rois dans fa vengeance.
Les regards des héros produifent les grands hommes.
La vertu qui n’eft plus eft bientôt oubliée.
Malheur aux coeurs ingrats & nés pour les forfaits,
Que les crimes d’autrui n’ont attendri jamais.