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W a l l e r , (Edmond) poëte anglois, né en
1605 , mort en 1687.x
Waller changeoit de façon de penfer félon le
temps & les circonftances, 8c il eft ppu de. poètes
qui aient autant flatté leurs fouverains. Ce défaut
eft d' autant plus remarquable dans Waller, qu'il ,
n'en eft peut-être point qui aient vécu fous tant
de princes différens.
Waller avoit comblé de louanges l'ufurpateur
Cromwel pendant fa v ie , & compofa en vers]
fon éloge funèbre qui, malgré fes défauts, paffei
pour un chef-d'oeuvre. Lorfque Charles I I ,
après la mort de l’ufurpateur, remonta fur le-
trône, le poète courtifan ne manqua pas d'aller
lui préfenter une pièce de vers où l'encens étoit
prodigué au nouveau monarque. Charles , après
avoir lu ces vers, reprocha malignement au poëte
que les louanges qu'il lui donnoit, éto;ent bien
inférieures, à celles qu'il avoit- données à Grom-
wel. Sire , lui répondit Waller , nous autres
poëtes, nous ne réujjijfons jamais mieux que dans
les fixions.
C e poète avoit vécu dans la plus grande faT
miliarité avec l'ufurpateur Cromwiel. Il rappor-
toit à ce fujet qu'au milieu de leurs entretiens,
il venoit quelquefois un domeftique dire à Grom-
wel que tel ou tel demandoit à lui parler j fur
quoi il fe levoit, & alloit au-devant d'eux leur
parler à la porte. Il fe fervoit ordinairement- de
ces formules : le feigneur le révélera , Dieu y aidera
| & autres femblables ; 8c quand il revenoit
à Waller, il s'excufoit en difant : coufin Waller,
je fuis obligé de parler à ces gens-la a leur| mode.
Il reprenait enfuite la confervation où elle avoit
été interrompue. C e trait peut être ajouté à ceux
qui ont été raffemblés pour tracer le caractère
du fameux ufurpateur.
Waller a'imoit les plaifirs 5 mais jamais ce goût
pour la diflipation ne corrompit en lui l'efprit;
8c au milieu même dè la cour libertine de Charles
I I , il s'éleva avec force contre le duc de
Buckingham qui prêchoit l'athéifme : » Milord,
lui dit-il un jour, je fuis beaucoup plus âgé que
vous , & je crois avoir entendu plus d’argumens
en faveur de l'athéisme que vous ; mais j’ai vécu
allez long-temps pour reconnoître qu'ils ne lignifient
rien , & j'efpère qu'il en arrivera autant
à votre grandeur ».
C e poëte fut membre de divers parlemens ,
après le rétabliffement de Charles II fur le trône,
& il conferva toute la vigueur de fon efprit juf-
que dans un âge très-avancé. Waller , dit Burnçt
dans.fon hiftoire, charmoit encore tout le monde1 à
l’age de quatre-vingts anslorfqu’il opinoit dans la
chambre. Mais content de faire admirer fon ef •
prit, ajoute cet hiftorien, il ne s'occupait qu'à
dire de jolies chofés, fans s’embarraffer du tour
que prenoient Jes affaires.
Jacques II fit venir Waller dans fon cabinet,
& lui montrant un portrait, lui demanda comment
il le trouvoit : Sire} répondit Waller, fa i “
. la: vue un peu trouble , & je ne fais de qui eft ce portrait.',
f e roi reprit : C'eft la princeffe d’Orange ».
Elle rejfemble , répliqua Waller, a la plus illuftre
femme du monde », Qui appeliez-vous ainfi ». ?
La reine Elifabeth, „ Je fuis furpris , M. Waller,
que vous penfiez de cette manière; iJ faut pourtant
que j'avoue qu’ elle avo t de bons confeil-
lers. » Mais, fire> rep iqua Waller, votre majefté
a-t-elle jamais connu un fou qui en ait choift de
fages?
W A L P O L E , ( Robert ) c^mte d’Oxford ,
minilire d’Angleterre , mort en 1745 , âgé de
61 -ans...
Ce miniftre difoit que l’argent étoit la meilleure,
drogue de fa boutique, 8c qu'elle lui réuf-
J liffoir toujours pour adoucir les mauvaffes hun
meurs des oppolans.
Ayant un jour un bill important à faire pafftr #
& pour lequel il avoit befoin des fuffrages du
clergé, il engagea l'archevêque de Gantorbery
à répandre le bruit de fa mort prochaine : tous
les prétendans à fes riches bénéfices s’empref-
ferent alors d’opiner fuivant les defirs du miniftre
, & le bill fut accepté auflitôt : l’archevêque
de Cantorbery reparut bien portant, & fit
connoître l’aftuce du miniftre.
A l'avénement de Georges II à la couronne
de la Grande-Bretagne, l'argent de la nation
étoit employé d’une manière peu économe 8c
peu fidele ; ce défordre excita des plaintes générales.,
En conféquence, le roi réfolut d’examiner
lui-même les comptes avec le chevalier
Robert Walpole , alors à la tête des finances.
Comme il croyoit avec raifon une pareille affaire
très-ihftante , il donna rendez-vous à fort
miniftre pour le lendemain matin. Le prince en-
1 tra dans fon cabinet vers les neuf heures, 8c
le chevalier Walpole parut peu de temps après,
avec trois chariots chargés de papiers que l’on
fe mit à décharger devant la porte du palais.
Où font les papiers , dit le ro i, en voyant entrer
fon miniftre ? Sire, on eft occupé à les déballer
,
W A T w y c
baîler, la brièveté du temps ne m’a pas permis
d’en raffembler davantage. Pour aujourd’hui »
je n'en al pu faire apporrer à votre majefté que
trois chariots ; mais jeudi prochain , avec la
grâce de Dieu., j'efpère bien en avoir de quoi
charger'fept autres voitures. — Comment-! dsx
chariots de papiers, s'écria le roi qui ne pou-
voit revenir de.fon étonnement. Allons, allons,
qu'on remporte tout cela; je ferois plus aifément
les fondions dé dix généraux d'armée que d'un feul
contrôleur-général.
La reine Caroline ayant eu le deffein d’enclore
de murs le parc de Saint-James, 8cd'en faire un
jardin pour le palais, pria'Sir Robert Walpole dé
lui dire combien il en coûteroit pour cela. » Une
bagatelle , répondit Sir Robert. Une bagatelle !
dit la reine ; pour moi, je fuis peifuadée qu’il
faudra des fommes confidérables, 8c je voudrois
que vous pufliez me dire à quoi le tout pourra fe
monter. Mais, madame, reprit Sir Robert, je
crois qu’il ne vous en coûtera que trois couron1
nés. Sir Robert, dit la reine, je n'y veux plus
fonger ».
Un particulier de Londres ayant préfenté au '
miniftre Walpole le projet d’une taxe fur les
chiens : votre projet eft beau, lui répondit le mi
niftre, mais je me garderai bien de l'adopter, car
tous les chiens du royaume abojeroient après moi.
W A T T E A U , (Antoine) né l'an 1684, mort
en 1721.
Qui croiroit que Watteau, fi aimable, fi gracieux
dans tous fes ouvrages, étoit juifanthrope ,
& toujours piongé-dans une noire mélancolie. Sa
déplorable fanté, lorfqu'il n'étoit même qu'à la
fleur de fon âge, & le fpe&aele. d’une mort prochaine,
augmentoient encore fa màuvaife humeur.
Watteau vécu,t plufieurs années ignoré 8c dans
la misère; il fe\vit même réduit pendant quelque
tefaps à peindre à Paris des décorations. Il travailla
enfuite dans la boutique d’un maître peintre
, dont il copioit les ouvrages f 8c chez lequel
il faifoit des tableaux qui fe vendoient au plus modique
prix.' ' ! \m ’ v : 1
Le curé du village de Ndgènt, qui. l’exHorto't
à fon heure dernière., lui [préfenta,félon, l-'u-
fage., un crucifix, que Wàttéàu trouva‘très-mal
fculpté « — Otez-moi ce crucifix, s'écria t il:
comment un artifte a-t-il pu rendre fi mal les trai.s
d’un Dieu » 5 .
' C e curé avoit une phyfionomie agréable-: Watteau,
qui le connoiffoît depuis long-temps, le
peignoit dans fes tableaux, 8c lui faifoit repré-
lenter le perfonnage peu noble de Gilles : auffi
en mourant, l'artifte crut-il devoir lui en demander
pardon.
Encyclopédiana»
■ W E YM A R . Le duc de Saxe-Weymar , un des
plus illuftres élèves du grand GuftaVe, forme, après
la mort de fon maître, des liaifons intimes avec la
France.Ce capitaine illuftre, le cardinal de Richelieu,
le maréchal de la Force, le P. Jofeph, le cardinal
de la Valette & le marquis de Feuquières'1,
! s'affemblent durant l'hiver de 6 pour arrêter
le plan de la campagne. Le père Jofeph, qui n'a
jamais’ .va la. guerre,. 11'cft pas le dernier à dire
fon avis, &. à combattre quelquefois celui' des
plus habiles généraux. Sàhardieffe à contredire ‘6c
à décider déplaît à Weymar. Un jg^u* que le capucin,
quiformoic volontiers déS projets, montre
fur la carte les places qu’il faut prendre « Tout
cela feroic bien ,. monfieur Jofèph , lui dit Weyr
mar, fi on preuoit lés villes avec lé bout du
doigt ».
W H IS T O N , (Guillaume) né en 1667, mort
en 1 7 0 .
Whifton étoit favant, 8c fur-tout grand mathématicien
, mais il' avoit la foiblèlfe de vouloir êtfè
le réformateur, dé lëglife , c ’eft,araire 1 de la
, rendre à la pureté primitive des deux premiers
fiècles. En travaillant à expliquer les prophéties de
l’ancien & du nouveau teftament, il imagina avoir
Calculé jufte le temps précis du eommraencement
des mille ans.;, où tous les Tiens-devoiriit être^
c om m u n s& où les juifs ;fe réuniroient à l’évangile;
mais fon calcul Ce trouva faux, & il eut le
chagrin de furvivre à-fa prédiction. Il retoucha
fes calculs, réforma: fon erreur, & furvécut encore
: enfin, fe croyant, après un troifièmé travail
, bien certain de fon fait, il publia que le
règne des mille, ans commenceroit à l’année 1766 i
qu’il étoit bien affuré de ne. pas voir. On rapporte
à ce fujet une anecdote afïéz fingulière. Pour fubc-
venir à fes befoins, Whifton fe détermina à vendre
ûn petit bien de patrimoine : [celui à qui il
[e propofa étoit bien inftruit combien il étoit attaché
à fa prédiction, 8c il affeéta le plus grand
étonnement., lorfque le vendeur lui en demanda
ia valeur de trente .années de revenu : « Je ne fuis
point furpris , lui dit-il, que les autres poffeffeurs
déïterre exigent des acheteurs un prix pareil à
celui [que vous me demandez, ils. font de vrais
igqoràriS:, & ne fayen.t- pas calculer rimais vous,
monfléurWhifton, le plus grand 8c peut-être l ’u-
niqueiçalculateur.des trois royaumes , vous fav.ez
bien qu’ avant la moitié de ce terme, tous les
biens feront communs, 8c les propriétés particulières
de chaque homme ne vaudront pas un
demi fchelling ». Le favant Whifton garda un
inftant le filenpe; il embraffa enfuite l’acheteur,
8c le marché Fut conclu, en conféquence du pn>
chain règne des mille ans.
W Y C H E R L E Y , (Guillaume) né en 1640J
mort en 171 y.
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