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que l’on doit faire fur les nouvelles; on m’avoît
d i t , à moi, que vous aviez retrouvera vôtre.
Madame de Cornuel étant en la compagnie de
jeunes gens mufqués & quinteffencés, drfôit qu’ il,
lui fembloit être avec des morts, parce qu ils Jen-
toient mauvais & ne parlaient point.
En parlant de la comteffe de Fiefque, elle di-
foit , que ce qui confervoit fa beauté 3 cefl qu elle
était falée dans la folie.
Madame de Cornuel ayant à fe plaindre de gens
d’affaires 3 alla trouver un intendant des finances,
& attendit fon audience dans l’antichambre ,
avec les laquais ; comme l’intendant lui en fit Tes
exeufes : Hélas J dit-elle, Jétois fort bien avec
eux 3 je ne les crains point tant qu ils-ont la livrée !
CORRÉGE ( Antonio Ailegri 3 dit le ) | né
dans la petite ville de Corregio, au duché de
Modene, l'an 1494, mort en 1534. 1
Selon toute apparence 3 le Corrége naquit dans
la pauvreté. Le prix médiocre qu’il- mettoit à
fes ouvrages , & fon penchant à fecourir. les-
malheureux , lui procurèrent une vie peu ailée.
11 ne dut qu’à la nature fes .t liens & l;a délica-
telle de fon pinceau.. Sans, guide^ fans modèle y
il étoit devenu l’un des premiers artiftes de Ton
fièc’e 3 & ne foi pçonnoit aucunement fa fupé-
riorité, jufqu’ à l'événement qui lui en donna
quelque idée. 11 eut occafion de voir un tableau
de Raphaël, le confidéra quelques ififtans en
gardant un profond filence, & s’écria tout à Colip,
d’un air fatisfait: AncKïo fon pittôre ! Et moi auflï,
je fuis peintre !
Le Corrége avoit coutume de dire, que fa
penfée étoit au bout de fon pinceau.
C et artifte peignit fur lin mur des capucins de
Parme, une Annonciationy-fi généralement eftimée,
que loriqu’on rebâtit" lëtfr-eghfe, on prit un foin
extrême pour tranfporter en entier la muraille fur
laquelle on voit cette excellente peinture 5 ce
qu’on fit à l’aide de plufieurs machines.
Les peintures du dôme de la ‘ cathédrale de
Parme, où le Corrége a fürpafie lés beautés de>
l ’a r t, ne furent point goûtées des chanoines qui
avjoient commandé l’ouvrage. Quoique le prix
convenu fût très-modique, il leur parut trop au-
delfus du mérite de 1 ouvrier ; & , après en avoir
rabattu ce qu’ils voulurent, ils le fixèrent enfin
à la fomme de deux cents livres,, qu’ils eurent
encore l’ indignité de payer en monnoi.e de cuivre.
L ’infortuné Corrége, courbé fous le poids de ce
qu’il venoir de recevoir, fe mit en chemin pour
fe rendre à l’endroit de fa demeuré , à deux ou
trois lieues de Parme. L ’incommodité de cette
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charge , la chaleur du jour, la longueur du chemin,
le chagrin & le dépit qui lui perçoient le
coeur, l’emp.rtfTement qu’il avoit de porter du
fecours à fa famille indigente, l’eau fraîche d’une
fontaine dont il but avidemment , tandis qu il
étoit en fueur ; tout fe réunit pour lui occafionner
une pi eu réfie -, qui, au bourde trois jours , termina
fa vie & fes infortunes.
Ün françois de beaucoup de mérite fe trouvant
à Parme, dit au. chanoine qüi lui faifoit
voir l’admirable coupole de la cathédral; : « En
33 honneur & tn confcience , votre chapitre dé-
as vroit établir à perpétuité un anniverfàiré àu
35 malheureux Corrége. -— En voulez vous faire
*> la fondation ,^ « répondit le chanoine en lui riant
au nez.
Annihal Carrache , dans, une lettre à fon cou-
fin Louis .Carrache , décrit, avec la plus grande
chaleur , l’impreftion que la vue des ouvrages du
Corrége avoit faite fur fon amer — « Tout ce
« que je vois ici me confond, dit-il: quel co-
53 loris 1 les beaux enfans! ils vivent , ils refpi-
33 rent, ils rient avec tant de. grâce & de vérité,
,33' qu’il faut absolument rire & fe réjouir, av^e
33 eux. Mon coeur fe brife de douleur, quand je
33 fonge au fort malheureux de ce pauvre Cor-
33 rége. Un fi grand homme, fi toutefois il ne
33 méiite pas plutôt d’êtr.e appelé un ar.ge, finir
33 fes jours fi miférablement, dans un pays où
33 fes talons n’étoient point connus l «.
Le Corrége ayant peint, avec fon coloris ordinaire,
une Vierge fur le mur de la maifon de fon
compère , à Parme, le peuple, frappé de la
beauté de cette image, fentit redoubler fa dévotion
pour la Vierge qu’il repréfer.toit, & vint en
foule lui rendre hommage , en révérant la copie,
objet de fon admiration, à laquelle il crut bientôt
devoir plufieurs miracles. Le nombre"des dévots
’ qui ïmploroiënt la Maddnna délia S cala ,-( Notre-
Dame de l’échelle, à caufe de plufieurs marches
qu’on monte pour entrer dans cette e'glife ) fut
fi grand , que les offràndes qu’on y faifoit,
étant raifemblées, fe trouvèrent fuffifantes pour
acheter la maifon, & pour y bâtir à la place une
magnifique chapelle (oratoire). On a coupé le
mur pour mettre fur le .grand autel cfttë Vierge
du Corrége,, à laquelle le peuplé continue de témoigner
fon eftimë par la ferveur amente de fa
dévotion, & pat lé grand nombre de Tes offrandes.
Les Fairnèfes, ducs de Parme, témoignèrent
le defir le plus vif de joindre le tableau d’une
Sainte-Famille, fait par le Corrége y à leur im-
menfe collection. Mais les chanoines de là cathédrale,
Tentant enfin le'mérite d’un .peintre dont
ils avôient caufe là ’mort ; &' tràighafiî d’etfe
privés d’un de fes meilleurs ouvrages, déplacèrent
le tableau , & , fe le palliant furtivement de maia
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en main, ils le dérobèrent par ce manège , qui
dura quarante ou cinquante ans, ; a l’emprefte-
ment & aux recherches du fûuverain.
CO R T E Z ( Fernand ) , gentilhomme efpagnol,
mort en 1 ^ 4 , à 63 ans. Il conquit le Mexique ,
& exerça des cruautés épouvantables .Contre le fou *
verain & les peuples de ce pays. Ses foldats mirent
fur des charbons ardens l’empereur Gati-
mofin avec un de fes favoris, pour: les forcer
à découvrir leurs tréfprs. Le favori jettoit des
cris perçans ; mais fon maître, le regardant avec
fierté , lui dit : Et moi , fuis-je donc fur des rofes ?
Corte^j de retour en Efpagne, fut à peine accueilli
de Cnarles-Quint 3 un jour il s’élança vers
la portière de fa voiture, & comme l’empereur
lui dit, qui êtes vous!’ — ■ Je fuis un homme (lui
dit fièrement le vainqueur des Iodes ) qui vb us a
aonné plus de provinces que vos pères, ne vous ont
la'ijfé de villes.
COSMÉTIQUES. Le defir de plaire, naturel au
fexe , a fait imaginer , dans tous ies teins & dan*s
tous les.pays, différeos, cofnétiques dont les femmes ,,
font ufage pour- s'embellir.
Que n’eft-il poflïble de réunir dans un petit
coin du'" monde le fpeétacle des-belles de tous
les climats & des moyens qu’elles employent pour
féduire. Il feroit fans doute bien plaifant de voir
une groëulandoife, le vifage bariolé de blanc &
de jaune, à côté- d’une zemblienne, avec: des
raies bleues au front & au menton ; une japo-
noife à fourcils & lèvres bleus, à -côté d’une
uégreffe du Sénégal, dont la peau eft brodée
de différentes figures, d’animaux & de fleurs de
toutes couleurs', près d’une caraïbe qui s’eft bar-'
botiille’e dé rocou ; une femme du royaume de
De'can qui s’eft fait découper la chair en fleurs
de diverfes nuances; enfin des têtes en pointe,
des faces appîaties, des vifages plâtres de verd ,
de jaune, de blanc , de rouge ; d’autres piquetés
à ramages avec une aiguille, tk peints d’un vermillon
ineffaçable; des paupières, des fourcils
teints avec de la mine de plomb , des yeux noircis
par le moyen de la tutie injectée, des nez
écrafés, des.pieds devenus petits à force de torture
, des bras & des lèvres piquetés; de bleu,
des cheveux, des pieds & des mains teints en
couleur jaune & rouge, des narines 8c des
oreilles percées pour porter des coquilles , des
perles, des pierres précieufes.
A ce tableau des fantaifies nationales, très-,
piquant par lui-même, fi l’on joint le coftume
des habillemens & la bizarrerie des modes, on
aura.le fpeétacle.Ie plus fingulier & le plus pit-
torefque qui fe puifie imaginer.
Les anciens péruviens s’arrâchorerit la barbe
avec le plus grand foin 5 les hutis recouroient i
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un autre expédient, ils brûloient ou ils coupoient
la peau du vifage de leurs enfans , afin qu’en la
cicatrifant il n’y crût pas de barbe.
La plus cruelle injure qü’ on puiffe faire aux
indiens de Guito, c’ eft de fleur couper les cheveux
; & , à moins que les groënlandoifes ne foient
en deuil, ou-qu’ elles ne veuillent renoncer au
mariage, c ’eft auffi un déshonneur pour elles de
(fe<rafer la tête..
Les? anciens gaulois aimoient, une grande cri-
'nière , ils la rougiffoient avec une pommade.
i Les g-ermàins rendoient blonds leurs cheveux
avec - un ftivon compofé de fuif de chèvre & de
cendre de hêtre.
Lê^ femmes des îles Mariannes blanchiffent
leurs 'cheveux avec des eaux préparées.
Jofephe dit que les juives les jaunifloient avec
de la poudre d’or.
Les maldivois les rafent tous les huit jours,
: jufqu’ à ce qu’ils foient parfaitement noirs.
i On; ne peut entretenir fa barbe fans en avoir
foin , afin de la mieux parer on l’arrange d.e mille
façons différentes. Loyer vit un roi d’ïfini, qui
portoit la fien.ne treftée en 20 petites boucles
mê.ées de 60 pierres précieufes. D'autres nègres
y attachent,des grelots.
Il ÿ a des yeux qui font pltis d’impreflion les
uns que les autres , & lorfqu’ on eut imaginé de
les peindre, on leur donna la couleur qu’ on aimoit
le mieux.
Il paroît que cet ufage eft fort ancien, puif-
que les femmes de la Floride fe frottoient [’intérieur
& le tour des yeux avec de la mine de
plomb, & que les grecques èc les romaines fe les
bruniffoient.
Les femmes turques y mettent de la tutie
brûlée , -pour les rendre plus noirs. A l’aide d’un
poinçon d’or ou d’argent, mouillé de falive,
elles font pafler doucement cette poudre entre les
paupières & les prunelles.
A la Chiné on aime les petits yeux. Les femmes
font, ce qu’elles peuvent pour empêcher qu’ils né
parodient grands; les jeunes'filles fe tirent continuellement
les paupières, afin de les avoir petits-
& longs.
Un vifage fans fourcils nous paroît difforme ;
cependant les nègres de Sierra-Léona , les fem-
: mes de l’île Nicobas, celles de plufieurs pays
, de l ’Afîe , les bréfiliennes , les anciennes Mofco-
vites, les.japqnoifes de la province de Eifen , fe
i les arrachent,
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