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» ne puis faire un aufii habile homme qu*Albert
» Dure/, »
C et artifte , dans un de fes tableaux, peignit
Adam & Eve , & les repréfenta fi beaux, fi in-
térelfans, que Gafpard, poëte du quatorzième
fiècle , envoya au peintre ce diftique latin:
Angélus hos cemens miratus dixit : ab horto
Non itaformofos vos ego depuleram.
DU RYER C Pierre-) né à Paris en 160$>
mort en 16 j8.
Du Ryer étoit aux gages des libraires. On . lui
donnoit $o fols* ou un écu, pour la feuille de
fes tradudtions. Le cent des grands vers lui étoit
payé 4 livres, & le cent des petits vers, 40
fols.
L'abbé d’Aubignac, après avoir dit beaucoup
de bien delà tragédie de du Ryer, intitulée : Efiker3
ajoute que le fuccès en fut beaucoup moins heureux
à Paris qu’à Rouen, & qu’on s’ en étonna
fans en favoir la caufe. Mais, pour moi, dit-il,
j’ cftime que la ville de Rouen étant toute dans
le trafic , eft remplie d’un grand nombre de juifs,
& qu’ainfi les fpeétateurs prenoient plus de part
dans les intérêts de cette pièce toute judaïque,
par la conformité de leurs moeurs & de leurs
fentimens. D ’autres ont penfé, avec plus de probabilité
, que cela venoit de ce qu’on n’ eft pas fi
difficile dans les provinces qu’ à Paris.
Du Ryer, dit un écrivain, traduifoît les auteurs
à la hâte , pour tirer promptement du libraire Som-
maville, un médiocre falaire qui l’ aidoit à fubfifter
avec fa pauvre famille, dans un petit village auprès
d u y
deParîs. Un beau jour d’été, nous allâmes, plufieur<
enfemble, lui rendre vifite. 11 nous reçut avec
joie, nous parla de fes deffeins, & nous montra
fes ouvrages > mais ce qui nous toucha ; c’eft que,
ne craignant pas de nous laifler voir fa pauvreté,
il voulut nous donner la collation. Nous nous rangeâmes
fous un atfbre : on étendit une nappe fur
l’herbe î fa femme apporta du lait & lui des ce-
rifes, de l’eau fraîche & du pain bis. Quoique
ce régal nous femblât très-bon, nous ne pûmes
dire adieu à cet excellent homme, fans donner
des larmes à fa vieillçfie, 81 aux infirmités dont
il étoit accablé.
D U T O R T ( madame ) morte vers 1720. Cette
dame fit plufieurs ouvrages enprofe & en vers;
mais elle eft principalement connue par les vers
que Fontenelle, en jouant fur le mot, mit au ba$
de fon portrait1 :
C’eft ici madame Dutort,
Qui la voit fans l'aimer, a tort;
Mais qui l ’entend 5e ne l’adore î
A mille fois plus Æort encore.
Pour celui qui fit ces vers c i ,
11 n’eut aucun to r t, dieu merci.
D U V E R N E Y , célèbre anatomifte François. Il
alloit quelquefois à Sceaux, chez madame la du-
chefle du Maine. 11 y vit mademoifelle de Lau-
nai , depuis , madame de Staal, & en devînt
amoureux, quoiqu’il fût alors fort âgé. Voulant
faire valoir les talens de fa maîtreffe, il dit un
jour, en grande compagnie, que cette demoi-
felle étoit la fille de France qui connoiffoit-le mieux
le corps humain. Ce trait fingulier d’éloge fut re*
le vé, & fournit beaucoup à la plaifanterie.
r L AUX MINÉRALES. Fraylope, médecin, appelle
les eaux minérales un remède empyrique,
qui fait, d it-il, plus d’infidèles qu’il ne guérit
de malades»
Rierre Dumoulin dit, dans fes prophéties, que
lorfqu’une-famame,^-fi-peritre qu’elle foit, a quelque
vertu diurétique, défopilative ou confortative
des nerfs & deleftomac, on met aufli-tôt un petit
faint auprès.
Guillaume Rondelet, fameux médecin de Montpellier,
a beaucoup contribué à accréditer les
eaux de Balaruc. On lit,dans l’Hiftoire Naturelle
de Languedoc, que Guillaume de la Chaume de
Pouffans fut le premier qui ufa de ces eaux par
Je confeil de Rondelet. Voici un exemple fingulier
de la vertu de ces eaux. M. Dijfes, médecin à Ville-
franche en Rouergue, envoya en 1718, à l’académie
des fciences, l’hiftoire d’une dame, qui, à la fuite
d ’une inçifion faite au mufcle crotaphite gauche ,
voyoit les objets plus de dix pas à côté qu’ils n’é-
toient, & qui fut guérie par l’ufage des eaux de
Balaruc.
Les eaux de Bath font très-accréditées en Angleterre
pour plufieurs maladies. Des médecins,
dans un cas très-preffant, vouloient y envoyer un
îiche particulier. Le malade prit de l’humeur con-
tr e e u x , les traita d’ignorans, trouvant ridicule
qu’on le f ît aller aux eaux dans une faifon ou il
n’y avoit plus de compagnie, comme fi c’eût été
la compagnie qui eût dû le guérir.
Le fonnet fuivant peint au naturel la vie que
mènent à Bourbon qgux qui y yont prendre les
eaux :
Toujours boire fans fo if, faire mauvaife chère,
Du médecin Grifet demander le con fe il,
Voir de mille perclus le funefte appareil,
Se trouver avec eux compagnon de misère j
Sitôt qu’on a dîné ne favoir plus que faire,
Eviter avec fein les rayons du fo le il,
Se garder du ferein, réfifter au fommeil,
E t voir pour tout régal arriver l’ordinaire ;
Quoiqu’on meure de faim, n’ofer manger fon fou,
Tendre docilement les mains , les p ieds, le cou ,
Deffous un robinet auflï chaud que la braife ;]
N e manger aucun fruit, ni pâté, ni jambon ,
S’ennuyer tout le jour alfis dans une chaife,
V o ilà , mes chers amis , les plaifirs de Bourbon.
On lit dans les mémoires de l ’académie de
Dijon î le diftique fait par M. Juvet, pour le
bâtiment de la fontaine minérale de Bourbon les-
Bains.
Aurtferas dives jaclet Ba&olus arenas :
Ditior heec volvit mortalibus unda falutem.
Dancourt a fait une comédie en un a été, en
profe, intitulée •* les Eaux de Bourbon. Dans le
ballet de cette petite pièce , deux perfonnages ,
équipés en malades , buveurs d’eau, paroiflent dan-
fer dans des fauteuils.
M. de BoifiTy, auteur de plufieurs comédies, en
a fait une entr’ autres, intitulée : le Mari Garçon ,
en trois a&es, en vers libres, & repréfentée aux
Italiens, le 10 février 1 7 4 2 , dont il établit la
fcène aux eaux de Forges. Voici comme Finette ,
fuivante de la pomtefle, fait le portrait du médecin
la Joye qui préfide à ces eaux.
L’aimable homme : c’eft un modèle
Que devroient fuivre fes rivaux.
Il veulent que les buveurs refpirent
Le plaifir en tout tems, la joie à tout propos.
Plus on a foin , d it-il, de tracafler ces eau x,
Plus elles font de bien, 8c plus elles tranfpirent.
Comme elles font d’ailleurs naître un grand appétit»
Il les exhorte, il leur prefcrit
De faire fur-tout bonne chèr e,
Et de ne dormir que de nuit.
V a.rtu des eaux minérales.
Çes eaux portent au coeur de fi douces vapeurs,
Qu’une belle en buvant, prefque fans qu’elle y penfe ,
Guérit en un moment de toutes.fes rigueurs,
Et le galant de fa fouffrance.
ECHECS. Le jeu des échecs eft dû aux Indiens.
Ce fut un Bramine, tiommé Sifla, qui l’imagina ,
pour donner une leçon à un prince ivre de fon
pouvoir. Dans ce jeu, le roi, quoique la plus importante
des pièces, ne peut ni attaquer, ni fe défendre
fans fes fujets & fes foldats. Le prince indien,
entendant parler de ce jeu, manda le Bra-
mine pour en favoir les règles. Le philofophe, au
milieu de ces leçons frivoles, en mêla d'utiles, &
le prince jceconnoîfiant, voulut le rccompenfer.
Siffa demanda qu’on lui donnât le nombre de
grains de bled que produiroit le nombre des cafés
de l’échiquier, un feul pour la première, deux
pour la fécondé, quatre pour la troifième ; ainfi de
fuite, en doublant jufqu a la foixante-quatrième*
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