
A
 , première lettre de l’alphabet dans toutes les
langues connues , l’éthiopique exceptee, ou a
eft la treizième lettre.
I l n'a point fa it une panfe d'a , expreflion fami-
'W îière pour défigner quelqu’un qui n’a point tra-
vaillé à un ouvrage qu’on lui attribue, ou qu il
devoit faire.
Ou dit d’un ignorant qu’il ne fait ni a ni b.
Ci-defl'ous gît M. l’abbé ,
Qui ne favoit ni a ni b,
Dieu nous en doint bientôt un autre
Qui fâche au moins 1à patenôtre.
MÉNAGE.
Le peuple, potïr louer un homme de mérite &
d’honneur , dit qu’il eft marqué à Va.
Cette expreflion fait allufion aux monnoies,
dont celles réputées de meilleur alioi, ou fabriquées
dans la capitale, étoient marquées d’un a.
Ce caraélère a forma, fuïvant l’hiftoire , un ta-
lifman favorable à Antiochus Soter , dans une bataille
contre les gaulois. Ce prince vit en fonge
y Alexandre, qui lui dit que s il donnoit à fon armée
la tablette d’ordre en forme de pentalpha ou
quintuple A , ce qui répond à un pentagone équilatéral
, il feroit vainqueur. Antiochus Soter fe
conforma à l’ avis qu’il eut en fonge, & remporta
en effet une grande vi&oire.
Les romains appelloient Va la lettre falutaire >
voici pourquoi : lorfqu il s’agiffoit d’abfoudre ou
de condamner un accufé, on difttibuoit à chaque
Magiftrat trois efpèces de jettons , fur lefquels
étoient gravées les lettres fuivântes, A qui figni-
fioit -abjolvo, j’ abfous j fur un autre C qui vouloit
dire, condemno 3 je condamne ; & fur le troilîème
N L y non liquet3 le crime n’eft pas prouvé .
A étoit encore à Rome une lettre de fuffrage.
Quand-on propofoit une nouvelle loi, on’ diftri-
boit au peuple deux ballottes de bois, fur l’une
étoit un A qui fignifioit antiquam volo , je m’en
tiens à l'ancienne Toi ; & fur l’a u t r e U R 3 uti ro-
• gas, comme vous le propofez.
Dans une féance de l’académie françoife, M. de
Voltaire parla du dictionnaire de l’académie,
prétendant qu’il falloit le retoucher j il partagea les
lettres entre fes confrères, & prit pour lui Va ,
comme la lettre la plus chargée ( quelle activité à
quatre-vingt-quatre ans !) « Meilleurs, leur dit-il
. »-en riant, je vous recommande i’entreprise ail
'*« nom de l’alphabet ».
Encyclopédiana.
AARON-RASHID. Le père de Raskid ayant
démêlé fes talens ,1e déclara Ion fucceffeur, au préjudice
du droit de Mufa fon frère ame > mais a la
mort du calife , Raskid refpeétant^le droit de la nature
, obligea tous les grands à prêter à fon frère le
ferment de fidélité qu’ils lui dévoient. C et aéte de
générofité & de juftice ne détruifit point la haine
que le nouveau calife avoit contre Raskid j &
méprifant la loi qui afluroit le fceptre au plus âgé
de la famille, il déclara fon fils héritier du califat.
Cette injuftice fcandalifa les zélés mufulmans ;
Mufa crut devoir étouffer ces murmures dans le
fang de fon frère j mais la mère des deux princes
fit périr un fils indigne de vivre, pour conferver
les jours du vertueux Raskid, qui fut proclamé
calife l’an 786.
Des viéloires fignalées furent les premiers, titres
que le calife s’acquit à Vamour de fes fujets.
Après celle qu’ il venoit de remporter fur l’empereur
Nicéphore ,1e prince vaincu lui envoya de
riches préfens , entr autres plufieurs épées de
prix. Le calife les coupa avec fon cimetere, en
préfence des ambaffadeurs. Rapportez , dit-il,
a votre maître ce que vous venez de v oir , pour
le convaincre que fes armes ne réfifteront jamais
aux miennes > je pourrois encore lui faire don de
mon cimetere j mais il lui faudroit mon bras pour
s’en fervir.
Raskid fit neuf fois le pèlerinage de la Mecque,
avec une magnificence que fes fucceffeurs ne
purent égaler. Sa marche reffembloit à une pompe
triomphale ; les peuples s’empreffoient en foule
fur fon paffage , les chemins étoient couverts de
riches tapis, & la terre fembloit produire partout
des parfums & des fleurs.
Charlemagne fut le feul prince de fon temps
dont il rechercha l’amitié. Il lui fit préfent d’une
horloge fonnante qui paffa pour une merveille.
Un jour que ce calife marchoit à la tête de fon
armée, une femme vint fe plaindre que des foj,-
dâts avoient pillé fon champ, N ’ as-tu pas lu datis
l’ alcoran , lui dit Aaron , que les princes défirent
les lieux par où paffe leur armée. J’ai lu aufli,
répondit la femme, que les maifons des princes
feront détruites â caufe de leurs injuftices. Rashid
ne la défapprouva p as , & la fit indemnifer. Ce
prince mourut en 809, âgé de quarante-fix ans ,
dont il avoit régné^vingt^trois, avec gloire & avec
équité,
ABAILARD. Pierre Abailard naquit à Palais,
près de Nantes, en 1679, d’une famille noble.
A