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la bague pour la porter à Elifabeth ; mais comme
elle en favoit le miftère , cette femme aima .mieux
garder la bague, & la-.ffer couper la tête à fon
amant, j que de le voir infidèle.
. C O U TUM E S . Tl nV a point de nation au
monde qui n’ ait quelques coutumes. Les chinois
en ont une que les médecins doivent défapprou-
ver. Chaque Mandarin a fon médecin qui 1 accompagne
par-tour: & qui veille fans ceffe fur fa
famé. Si par malheur le mandarin tombe malade ;
& vient à mourir , on affomme à coups de bâton \
Ion malheureux doéteur.
C’eft auffi un emploi r rès-défagréable en Tu rouie, i
d'être médecin du palais du grand feigneur. "Si
quelque fultane devient malade , on attend qu’elle
ibit à l’extrémité avant qu’on s’avife d’appeller
le médecin ; il trouve en entrant dans la chambre
de la moribonde , une foùle d’eunuques qui
entourent fon lit & qui empêchent le dofteuc
de la voir comme d’en être vu ; ce n eft pas tout,
il ne lui eft permis de tâter le pouls qu’au travers
d’un crêpe ou d’une gafe fi épaiffe , quelle
plus ibuvent ii ne peut diftinguer fi c’eft l’artère
ou bien les teodons dont il lent le mouvement.
Les eunuques lèvent un petit coin du pavillon du
lit pour laiilèr paffer le bras de la malade. Si pour
mieux faire Tes obfervati-ns il demandoit à voir
le bout de la langue de la fultane ou fes yeux ,
ou bien -à tâter quelque partie de fon corps , il
feroit poignardé fur le champ fans mifericorde.
De forte qu’à la feule infpe&ion du bras enve- ■
loppé , il eft obligé d’ordonner un remède au
hafard. Il faudroit qu’il fûtoin peu plus que forcier
pour être alluré qu il ne fe trompe point, puifque
nos médecins , pour qui nos femmes n’ont rien de
coché , ne favent le plus fou-vent par quel bout s’y
prendre. [
Anciennement dans la Chine , la veille du
couronnement de l’empereur,tous les fculpteurs
de la ville de Pékin lui préfentment chacun un
morceau de marbre , afin qu’il choisit celui
duquel il vouloit qu’on fit fon tombeau, parce
qu’on devoit commencer à y travailler dès le
jour de fon couronnement. Le fculpteur qui
avoit préfenté le marbre que l’empereur choi-
fiffoit , étoit auffi celui qui étoit 1 chargé de
faire l’ouvrage, & c’étoit la ville qui le payoit
d’avance. Cette préfentation des marbres fe
faifoit en cérémonie & avec une grande pompe,
& étoit pour le peuple, & fur-tout pour l'empereur,
une importante leçon.
■ Dans la cérémonie du couronnement des rois
Abyflins, on leur préfentoit un vafe plein de
terre & une tête de mort, pour les avertir de ce
qu'ils dévoient être un jou r , fans que la^ co talonne
pût les préfervsr du fort commun a tous
les hommes. Encore aujourd’h u i, à l’inftallatiofe
du pontife romain, un clerc porte un peud etoupe
au bout d’une canne de roleau, & , approchant
l’étoupe de la lumière d’un cierge , fi la fait
brûler fous les yeux du pontife, en lui difant ;^
« Saint père, ainfi paffe la gloire du monde
Suivant le père Gumilla , dans fon livre de l O-
rénoque illuftrée, les caraïbes font jeûner leurs
filles pendant quarante jours, avant que de les
marier. Les cérémonies de leurs mariages font a {fez
finguîières. Les hommes & les femmes , couronnes
de fleurs, s’affemblent dans un bois , au fon d une
grande quantité d’inftrumens. Le Cacique, ou
chef, marche à leur tête; & avant que de fortir
de la,forêt, fe fait apporter un plat de viande ,
qu’il jette à terre , en difant : » {Tiens, prends
« cela , chien de démon , & laiffe-nous tran-
» quilles pour aujourd’hui «. Le cortcge;v a , en
; danfant, à la porte des nouveaux mariés , qui
I marchent entourés de vieilles femmes,^dont les
! unes pleurent & les autres nent de tres-bonne
foi. Les premières chantent ces paroles : » Ah ,
» ma fille 1 fi tu connoiffois les embarras & les
» chagrins du ménage , 'tu ne prendrois pas un
» époux «. Les fécondés : » Ah , ma fille ! fi tu
» connoiffois les plaifirs du ménage , il y a long-
» tems que tu aurois un époux «. Ainfi, les
hommes danfant, les vieilles pleurant & riant,
les muficiens faifint un vacarme epouvanrab.e ,
les enfans criant de toutes leurs forces, &. les
nouveaux mariés ne Tachant quelle contenance
faire au milieu de cette orgie, 1 on fe met autour
d’une table couverte de tortues, & chacun ,s enivre
jufqu’ au lendemain.
La manière dont ces peuples élifent leurs chefs,
les qualités néceffaires pour parvenir au comrnan-
dement, les tourmens qu’il faift fouffrir pour
être élu, ne font pas moins extraordinaires. Il
faut d’abord que la nation entière iffure que: le
récipiendaire a fait fes preuves :/de_ légèreté , d a-
drefle & de valeur. On le conduit enfuite tout
nud au milieu d’une plaine, pu les autres capitaines
& les notables indiens lui diftribuent chacun
à leur tour autant de coups de^fouet qu’ils en
peuvent donner, fans . qu'il lui foit permis de
pouffer un feul.foupir. Le lendemain on le couche
dans un hamac, & chacun y jette une poignée de
groifes fourmis, qui s’attachent tellement a leur
proie, qu’ on eft obligé de les couper en deux *
pour leur faire lâcher prife. La troifieme epreuve
eft celle du feu. Ôn - fufpend le candidat a
un arbre , au - deffous duquel les caciques
allument de grands fagots, dont on diminue cependant
la quantité, dès qu’on s apperçoit que
le malheureux capitaine ne peut plus foutenir les
tortures. S’il laifle échapper la moindre plainte
dans le cours de ces trois fupplices., il eft
déclaré indigne d’être jamais à la tete de la
nation: _ ,
Quand
C O U
Quand le roi de Monomotapa éternue ^de
chambre en chambre dans fon palais on fait des
acclamations qui s’entendent dans la ville , qui
retentit de tous côtés des cris que 1 on fait pour
la profpérité dé ce prince.
Une coutume fingulière chez les hottentots,
c’ell que fi une fille n'a pas de goût pour le
mari qu’ofi. lui propofe, on lui permet de coucher
une nuit avec lu i, pendant laquelle il la
frappe , Ja pince , & lui fait tous les traitemens
que fa paffion lui fuggère en fa brutalité. Si elle
réfifte, elle eft déclarée libre; fi elle fuccombe,
il faut qu’elle l’époufe. Le lien fe contrarie au,
milieu d’un cercle de parens tous accroupis. Le
prêtre s'avance vers le milieu , & répand fon
urine fur leurs têtes-, jufqu’à ce que le pouvoir
lui manque pour continuer cette dégoûtante
afperfîon. Toute la famille en fait autant & le mariage
eft fait.
A la Chine , chaque père de famille eft obligé ,
fous de grandes peines, de mettre à la grande
porte de fa maifon, un écriteau qui contienne
les noms & la qualité de tous ceux qui demeurent
chez lui & un officier de ville , ,
a foin de tenir le rôle de dix familles. Les
chinois prétendent qu’il n’eft pas honnête
d’avoir des fenêtres fur la rue & de s’en fervir.
Chez eux toute la nobleffe vient des fciences ;
on n-’y a égard â la naiifance que dans les familles ,
royales.
11 s’obferve une coutume cruelle dans une cafte
d ’indiens. Quand le 'premier enfant d'une famille
fe marie , la mère eft obligée de fc couper avec
«n cifeau de charpentier, les deux premières
jointures des deux derniers doigts de la main :
& cette coutume eft fi indifpenfable qu’on ne
peut y manquer fans être dégradé & chaffé de la
cafte. Les femmes des princes (ont privilégiées,
& elles peuvent fe difpenfer de ce facrifice ,
pourvu quelles offrent à leurs dieux deux doigts
jd’or.
Chez les cannares, peuples fauvages de la
province de Quito, dans le Pérou, en l’Amérique
méridionale , les femmes cultivent les terres,
pendant que leurs maris filent & travaillent à des
ouvrages de coton & de laine dans la maifon.
En Perfe , quand le roi eft dehors avec fes
femmes , il eft défendu à aucun homme , fur
peine de la v ie , de fe trouver fur le chemin par
oïi il doit paffer. Cette défenfe s’appelle courouk.
On fait auffi de tems en tems couroux de volailles,
de poiffons, & autres denrées; c’eftrà.r
«dire, qu’ il n’eft permis d’en vendre pour autre
$u£ pour Le roi.
i l n'y a pas cent ans que les polonois obfer-
EfpcyUopédianÇz
C O Y tfg?
voient une coutume bien extraordinaire. Les
femmes, avec la permiflïon de leurs maris, avoient
des amis qu’elles appelloient coadjuteurs, parce
qu’ils aidoient à . fupporrer en tout les charges
du mariage. L’on prétend que cet abusa ceffe
à la perfuafion de quelques favans que le pape
Eugène y envoya.
La coutume d’expofer les efclaves vieux, inutiles
ou malades, dans une île du Tibre pour
y mourir dé faim , paroît* avoir été affez commune
à Rome. Quiconque en réchappoit apres
avoir été ainfi expofé, étoit déclaré, libre par
un édit de l’empereur Claude, par lequel il eft
auffi défendu de tuer aucun efclave uniquement
pour caufe de vieilleffc ou de maladie. Mais
fuppofons que perfonne ne défobeit a cet edit,
pouvoit-il rendre meilleur le traitement domefti-
que des efclaves ? Leur vie en devoit-elle être
beaucoup-plus douce ? Nous pouvons imaginer
ce que faifoient les autres , loifque c’étoit la
maxime connue de Ca ton l’ancien , de vendre
fes efclaves furannés £ quelque prix que ce fû t ,
plutôt que de les entretenir dans un tems , où il
ne les regardoit plus que comme un fardeau
inutile.
C O Y P E L ( Noël ) , peintre , mort en 1707.
A l’âge de quatorze ans, Noël Coypel commen-
çoit à donner de grandes efpérances.Paffant un jour
par la rue faint-Honoré,l’en vie lui prit'd *e ntrer dans
l'églife des Jacobins. Un artifte, nommé Quillerier,
y peignoit alors une chapelle , & s’apperçut que le
jeune Coypel regardoit fon ouvrage avec beaucoup
d’attenrion.——■>’ Apprenez-vous à peindre « ? demanda
t-il au jeune homme ; Coypel répondit
auffi-tôt, que , s’il vouloitMui prêter un pinceau ,
il verroit fon favoir-faiye. Quillerier , 1 ayant mis
à l’épreuve , fut très-content de fes difpofitions,
& le fit travailler pendant quelques mois avec
lui.
Enfuite Charles Errard, qui entreprenoit toutes
les peintures qui fe faifoient pour le ro i, s’em-
preffa dç l’employer. Comme il lui donnoit une
paie auffi forte qu’aux plus habiles peintres , M. de
Ratabon , furintendant "des bâtimens , témoigna
qu’il en étoit étonné ; Errard lui répondit, qu’il
ne falloir pas payer félon la g f i, mais félon 1«
mérite.
C O Y P E L , ( Antoine ) fils de Noël Coypel.
Antoine Coypel, fe préparant à peindre la grande
galerie du Palais Roy al, pria quelques dames de
la cour, de vouloir bien fervir de modèles , pour
les déeffes qu’il devoir repréfenter ; chacune
d’elles brigua auffi tôt l’honneur d’être admife
dans le cercle des dieux; & l’artifte , qui avoit
çomrpençé par demander une grâce , finit par en