
ph'Ie furvint, gui les condamna toutes, s’ attachant
à la conno’iffance du poulx. Sa doctrine fut
ruinée par Afclepiade, qui en fubftitua en fa place
Ur.e autre plus-, iacile. Themifon fon écolier la
changea ; & enfu:te Mu fa ayant guéri Augufte
par une pratique contraire, forgea une méthode
toute nouvelle. Du temps de Meffaline , Veérius
Valens en établit une autre. Sous l'empire de
Né ron, Theffalus renverfa avec furie les opinions
de fes. devanciers, & fonda la fedte des
Méthodiques. Crinas de Marfeiile l’abolit enfuite,
& intrôduifit la méthode de régler toutes les opérations
de \a médecine} au mouvement des aftres,
boire , manger & dormir à l’heure qu'il plairoit
à la Lune ou à Mercure. Son autorité fut bientôt
après Yuinée par Charinus, qui condamna toute
la médecine des anciens.
Les égyptiens avoient un livre, que Diodore
appelé livre facré, que ceux qui pratiquoient la
medecme étoient obligés de fuivre : enforte que ,
ü en ayant fuivi les préceptes, ils ne.pouvoient
pas fauver leurs malades, ils étoient exempts de
blâme ; mais s’ils s'en étoient écartés de quelque
maniéré que ce fût, & que le malade fût venu
a mourir* on les condamnoit comme des meurtriers.
Tibère ( i ) était incrédule fur larticfe de la
medecine, & il avoit coutume de raillerSceux qui
ayant paffé trente ans, étoient obligés de demander
confeil fur les chofes convenables ou
Buifîbles a Jeur fanté. C’étoit aüfli le fentiment
oe Democrite, qui difoic à Hippocrate, que tous
les hommes dévoient favoir la médecine y 8>c que
chacun devoit être fon médecin , paffé trente
ans.
On peut juger de la confidération où étoient
les anciens médecins, par ce qui eft rapporté
dans Suidas, que Dexippus, difciple d'Hippocrate
, ayant été appelé par Hécatomnus, roi
de Cariej ce médecin ne voulut y aller, qu'à
condition qu’Hécatomnus, cefferoit de faire la
guerre à fa patrie.
payé. S’il eftropioit quelqu’un en le faignant,il
payoit une amende. Si le malade mouroit auflîtôt
après la faignée, le médecin e'toit livré aux parcns
dîi mort, pour Je punir à leur gré, lorfqffe le
défunt étoit une-perfonne libre. Si le malade qui
étoit mort auflîtôt après la faignée, étoit un ferf,
le médecin en étoit quitte pour donner un autre
ferf à fa place.
Jammabos. On appelé ainfi des hennîtes qui
exercent la médecine au Japon. Le peuple a d'autant
plus de confiance dans leur art, qu'ils n'emploient
point de remèdes naturels pour la gué-
rifon des maladies , mais des efpèces de-fortileges.
Pendant que le malade fait un rapport fideîe de
tout ce qu’il-fent, le Jammabos trace fur fon
papier certains caractères analogues au tempérament
de celui qui Je confûlre, & à la nature
de la maladie dont il eft attaqué. Il place enfuite
cette efpèce de mémoire, fur l'autel de la divinité
favorite, & pratique certaines cérémonies
myftérieufes, qui, félon lu i, font capables de
donner à ce papier une vertu médicinale. Après
quoi il le broyé, & en foi me plufieurs | petites
pilules, qu'il prefcrît au malade de prendre tous
les matins à )eûn. L’ufage de ces pilules exige
quelque préparation j il faut, avant de les prendre,
que le malade boive un verre d’eau jde rivière
ou de fource, & le Jammabos a foin de remarquer
fi c'eft au nord ou au fud, qu’on doit puifer
cette eau.
Un médecin célèbre, qui avoit l’honneur de
s’entretenir avec M. le régent, entendant ce
prince difcourir avec efprït, de la médecine ,
comme d’un art conjeétural, trancha ainfi la convention
« Suppofons quç Paris foit tout à coup
33 couvert de ténèbres aufli épaiffes que celles
33 d'Egypte} n’eft-il pas vrai, monfeigneur, que
» vous préféreriez de vous laiffer conduire dans
” cette ville par un aveugle, plutôt que par un
33 clairvoyant, qui .vous menéroit tout de travers,
» tandis que l’aveugle, accoutumé à parcourir
33 différens quartiers avec fon bâton ne vous
» égàreroit pas ? »
Les anciens médecins fe faifoient accompagner
de leurs difciples dans les vifites qu'ils rendoient
aux malades. C ’eft ce que Martial (jLib. y, £pigf. 6 )
nous apprend, où il fe plaint que fon médecin
lui a fait venir la fièvre, en lui faifant tâter le
pouls par les. cent mains glacées de> fes difciples.
5 Parmi les vifîgoths, les médecins conyenoien
d’une fomme pour la guérifon d'un malade
& fi le malade mouroit, le médecin n etoit paS
( i ) Sutton, in Tib . cap. 68. Tacit.
IP f Hift. d u L a n g u e d . 1 . 1 , 1. 7 , p . 383*
MEDE C IN. Un célèbre médecin, vifitant fes
malades opulens, alioit toujours dans la cui.fine
embraffer les cuifiniers & les chefs d’office, en
leur difant : m.s bons amis, je vous dois delà
reconnoiffance pour tous les bons fervices que
vous nous rendez à nous autres médecins ; fans
vous, fans votre art empoisonneur, la faculté îroit
bientôt à l'hôpital.
M. Guenot, fameux médecin, étant dans fa
voiture, fut arrêté fur le pont-au-change par un embarras
de voitures, qu'il étoit impoflibîe de paffer
fans accrocher. Un charretier cria à ses camarades
: « rangez-vous, laiffez paffer ce médecin ;
9» je le' Connoîs : c'est lui qui nous'a rendu le
v fervice de tuer le cardinal Mazarin». :
On a cité un médecin fuiffe, qui ne paffoit ja - ,
mais auprès d'un ci met" ère fans fe couvrir le v idage
avec un mouchoir} & quand on lui én de-
mandoit la raifon : « c’eft, répondoit-.l, qtiebien
„ des gens étant ici arrêtés par mon ordonnance ,
» l'ai peur que quelqu'un ne me reconnôiffe & ne
».s'avife ;dê me prendre au collet«.
Le doéfeur Malotiin, médecin de la reine,
eroyoit à la certitude de fon art'comiiie un mathématicien
à! celle de. la géométrie. Ayant ordonné
beaucoup de remèdes à tin homme dé lettres
célèbre, & qui les prit èxaékmqit & ne
laiffa pas de guérir, nôtre êfcülapeJui dit en’ l'em-
braffant : « vous êtes digne d’être malade'».
Un homme d’efprit ayant plaifanté devant çe
même M. Malouin fur les médecins , ce docteur
qui n’entendoit point raillerie en pareille matière,
dit à la perfonne qui bientôt après eut befoin de
fon fecours : c< je viens, je vous hais, je vous
» guérjrai & je né vous verrai plus ».
M. Malouin étoit, comme a dit Molière, tout
médecin de la tête aux pieds. Il repréfentoït un
jour à un incrédule, que tous lès grands hommes
avoient honoré la médecine. C ’eft dommage , lui
répondit le mécréant, qu’il faille rayer de cette
lifte de grands hommes un nommé Molière. « Aufli
» répliqua fur le champ le médecin , voyez, comme ■
»il eft mort».
Le célèbre Vernage, renonçant à la pratique de
la médecine qu’ il avoit exercée avec un grand fuc-
cès pendant plus de trente ans, difoit : « je me;
» retire 5 je luis las de deviner ».
André Banins, habile médecin de Florence,,
mais très-fantafque, ayant été appellé pourvoir
une femme malade, commença par lui tâter le
pouls, & lui ayant trouvé une groffe fièvre, lui;
demanda, entre autres chofes, l'âge qu'elle avoit ?"
elle n’ eut pas plutôt dit qu’elle avoit quatre-vingts
ans, qu’il repouffa fon bras , & lui dit tout en colère
: « combien de temps voulez-vofîs donc refter
au monde»? & fe retira, fur le champ.
. Triller raconte qu’ un médecin de fa connoiffance
avoit toujours fa poche pleine d’ordonnances &
de recettes. Lorfqu'il étoit confulté pour des malades,
il I eur difoit de prendre au hafard, & de fe
taire une poti n de la recette qu’iis tireroient, & que
ce feroit fûrement la plus convenable à leur maladie.
Une dame, tourmentée d'un grand mal de gorge,
eut recours à cet efculape, fouilla dans fa poche j
& voyant que c’étoit l’ordonnance d’un clyftère j
elle fe p.,t fi fort à rire, que fon abcès creva ôi
elle guérit.
Un vieux médecin , avare, biufque , & peu
couru, avoit pris chez lui un petit garçon de la
campagne, pour lui rendre compte des perfennes
qui viendroiént le demander. Rentrant' un foir
chez lu i, de fort mauvaife humeur de n'avoir rien
gagné, il interrogea le payfan , qui n'ayaîit pas
encore dîné , fe brouilla dans fon récit. Le médéem-y
impatienté, lui dit avec colère : « eh bien , pet je
coquin, veux tu t'expliquer promptement?,qu’eft;
il arrivé ici pendant mon abfence ? moniteur, répliqua
le jeune affamé , puifque vous voulez que
je vous le d r e , il eft venu un prêtre voiis dire que
votre malade; étoit mort} un apothicaire crier
contre votre recette, qui ne vaut rien , une vieille
femme vous donner au diable, parce que vous
l’avez empoifonnée} un huiflier vous demander
de l’argent} maïs (il n'eft arrivé, ni pain , ni vin*
ni viande, & je meurs dé faim».
Un médecin y ayant un cheval malade , fit appeler
un maréchal. Celui-ci ayant guéri le cheval
3 le médççin Jui dit : « mon: ami, qu’eft-ce
•que je vous, dois » rien, répondit le. maréchal î
nous ne prènons point d'argent de ceux de la même
profeflion.
|| Un homme qui fouffroit'beaucoup, appercevant
plufieurs médecins autour de fon lit, s’avifa de faire
comme un foldat qu’on va paffer par fes armes.
Il fit approcher celui de tous les médecins qu’il
crut le plus habile, & lui dit : moniteur, je vous
prends pour mon parain.
Un médecin oélogénaire jouiffoit d’ une fante
inaltérable. Ses amis lui en faifoient compliment
tous lès jours. M. le doôteur, lui difOient-ils, que
faites-vous donc pour vous porter fi bien ? je vais
vous le dire, meflieurs, leur répondit-il,. & je
vous exhorte en même temps à fiiivre mon exemple.
« Je vis du produit de mes ordonnances, fans
prendre aucun dés remèdes que j’ordonne’ à mes
malades ».
L’empereur Maximilien étant malade, manda
plufieurs médecins, plus pour sTen divertir que
pour fuivre leurs ordonnances} il demandai chacun
d’eux en particulier quot ? Ils démeuroient
confus, ne concevant pas l’idée du prince. Un
vieux routier d’entr'eux comprefiànt que ce prince,
par le mot quoi y lui demandoit combien il avoit
fait mourir de perfonnos, , prit à pleine main fa
barbe et lui dit tôt y Voulant dire qu'il avoit fait
mourir autant de malades que fa barbe avoit de
poils; ce dernier fut le mieux reçu, parce qu'il
parut par fa réponfe plus fpirituel & plus fincère.
Les médecins tuent beaucoup de monde pat
ignorance , & en fauvent quelques-uns par hafard.
Un roi de Perfe envoya au calife Muftapha , un
médecin très-célèbre, qui demanda, en arrivant,