
JÔO À R A
Un jour qu’ un galant' homme, poiïeffeur ' d’ufiè
b®nne partie des vignes de B eze, traitoit quelques
uns de fes amis , un des conviés chanta ce
triolet j qui plut beaucoup à la compagnie 3 par
1 heureux à-propos des noms rapprochés de celui
du maître du feftin.
Beze qui produit ce bon vin
Doit paflér pour très-catholique*
J’eftime plus que Cham-Bertin
Beze qui produit ce bon vin.
Si le difciple de Calvin ,
B e z e , paile pour hérétique»
Beze qui produit ce bon vin,
Do it paflér pour très-catholique.
APULÉE 3 auteur de la fameufe fable de l’âne
d’o r : il époufa une riche veuve , ce qui fit dire
aux parens de cette femme , qu’il s’étoit fervi-de
la magie pour avoir fon coeur & fa bourfe. « Vous
30 vous etonnez 3 dit Apulée aux juges, qu’une
*> femme fe foit remariée après treize ans de viduité ?
g? Etonnez-vous plutôt qu’ elle ait tant attendu :
vous croyez qu il a fallu de la magie pour qu’une
as veuve de fon âge épousât un jeune homme ! C ’eft
»> fa jeunette au contraire qui prouve que la magie
» étoit fuperflue.
ARABES. Les Arabes 3 enivrés delà nobleffe de
leur antiquité & de leur defcendance des patriarches
3 réfervent toute leur eftîme pour eux-mêmes ,
& tout leur mépris pour le refte des nations.
Les arabes font grands & bien faits , ils entretiennent
leur vigueur par des exercices pénibles ,
& par une vie aétive. La frugalité qui leur eft
ùifpirée par la ftérilité de leur climat , ‘femble en
eux une vertu naturelle. L ’eau eft un breuvage
qu’ils préfèrent à toutes les boiffons aromatifées
qui troublent la raifon & énervent les forces.
Uniquement occupés des moyens de fubfîfter &
du plaifir de fe reproduire, ils n’ éprouvent ni les
tourmens de l’ambition ni ceux de l’ennui. Ils ne
connoiflent point cet eflaim de maladies qui affligent
les peuples abrutis par l’intempérance. Ils n’ont
d’autres lits que le gazon & la moufle , ni d’ autre
oreiller qu’une pierre. Cette vie tranquille les conduit
à une longue vieilleffe ; & quand il faut payer
le tribut que la nature impofe à l’humanité , ils
fèmblent plutôt cefleir d’ être que mourir. Leurs
vertus & leurs vices tiennent à l’influence du climat
3 & le peu de cas qu’ils font de la vie eft la
fource de leur dureté & de leur peu de feniïbilité.
L ’hiftoire des arabes offre des traits de cruauté &
des traits d’une rare bienfaifance. Peres tendres 3
enfans refpeéhieux , ils écoutent avec une déli-
cieufe émotion la voix de la nature ; c’eft avec
leur fang . qu’ils fcellent leurs alliances , pour leur
imprimer un caraâère plus facré. Les, droits de
l ’amitié font inviolables. Deux amis contractent des
A R C
obligations réciproques, dont ils ne peuvent fe
difpénfer fans être traités de profanateurs.
Varabe3 au milieu des fureurs de la guerre, eft
un tigre qui ne refpire que le carnage ; revenu dans
fa tente , on trouve en lui la douceur de l’agneau :
tantôt on le voit dans les déferts & fur les routes
dépouiller le voyageur, & tantôt exercer la plus gé-
nereufe hofpitalité envers l’étranger qui fe réfugie
dans fa tente, & qui fe confie à fa foi. Dans chaque
canton habité on allume pendant la nuit des feux
qu on nomme feux de l’hofpitalité , pour appeller
les voyageurs qui s’ égarent dans leur route, ou'
qui ont befoin de fe repofer ; & après les avoir
bien réga lé s, on les reconduit au fon des inf-
trumens , & on les comble de préfens.
C h e z les anciens arabes, le jour même du couronnement
du nouveau ro i, on prenoit les noms
& on faifoit une lifte de toutes les femmes enceintes
de huit ou neuf mois : on les enfermoit
dans un palais : on en avoit beaucoup de foin , &
l’infent de celle qui accouchoit la première, lï
c ’étoit un garçon , étoit dès-lors défigné l’héritier
préfbmptif de la couronne. L a ro yau té, difoient-ils ,
ne doit pas être dévolue à une feule famille, elle
appartient à toute la nation.
Un fage arabe avoit diflipé fes biens au fervice
d’un ca life , & le monarque, noyé dans les délices ,
lui difoit ironiquement : connois-tu quelqu’un qui
fatte profefljon d’un plus grand détachement que
toi? — O u i , feigneur. Qu el eft-il? —— Vous î
je n’ai facrifié que ma fortune, vous facrifiez votre
gloire.
A R A G O N O IS . Lorfque les affaires de Philippe
V paroifloient entièrement défefpérées, & que
l ’on croyoit qu’ il alloit abandonner l’Efpagne &
revenir en France , un aragonois aima mieux perdre
la vie par la main du bourreau, que de violer
* la foi qu il lui avoit jurée 5 il ne voulut jamais prêtey
ferment à l’archiduc; & fes enfans, lorfque Philippe
V fe^vit enfin paifible fur le trô n e , ne demandèrent
à ce prince, pour toute récompenfe, que
la permiflion d’avoir des armoiries , & de porter
dans leur écufîon une fleur de lys & un homme
attaché à une poten ce, pour marquer à toute la
terre que la mort la plus ignominieufe n a rien que-
d honorable, quand on l’endure fon roi pour la défenfe de
A R C . Il eft inutile de décrire là forme de l'arc ,
qui eft univerfellement connue. C e tte arme offen-
five eft la plus ancienne. Les g re c s , les romains ,
mais fur-tout les parthes, s’en fervoient fort avantageusement.
File eft encore en ufage en Afie , en
Afrique & dans le Nouveau Monde. Les anciens,
en attribuoient l ’invention à Apollon. Avant l’invention
des armes à feu , on nommoit archers
ceux qui fe fer voient de Y arc pendant la- guerre»,
A R C T O I
Les habitans des villes étoient obligés de s exercer
à tirer de Y arc ; c'eft-là l'origine des compagnies
de Y arc , qui fubfiftenr encore dans plufieurs villes
de France. Louis XI abolit en 1481 l'ufage de Y arc
& de la flèche, pour y fubftituer les hallebardes,les
piques & les fabres.
En Angleterre il y à des loix & des réglemens
pour engager le peuple à fe perfectionner dans l’art
de tirer de Y arc. Ce fut en effet à leurs archers que
les anglois durent lé gain des batailles de C re c i,
de Poitiers & d’Azincourt*
A R C ( Jeanne d’ ) , dite la Pucelle d’Orléans ;
elle fe prétendit envoyée de dieu pour délivrer la
France de l’oppreflion des anglois. Comme on lui
demanda des preuves de fa miffion : qu’on me
mène à Orléans , dit-elle 3 & on en verra des fignes
certains.
En effet, la ville fut délivrée. Les anglois 3 fe re"
tirant avec précipitation, abandonnèrent leurs malades,
leurs vivres, leur artillerie , leur bagage :
laijfons-les fuir, dit cette héroïne, l’objet efl rempli,
point de carnage inutile.
Elle affiégea Gergeau avec un détachement fran-
çois, commandé par le duc d’Alençon. Avant ,
gentil duc 3 à l’a faut , s ’écria la P ucelle ; ne craigne?
rien , f ai promis à la duchejfe d Alençon de
vous ramener fain 6\ fauf.
A la journée de Patay en Beauce, on lui demanda
s’il fâlloit combattre les anglois qui étoient
fupérieurs en nombre. Oui 3 certainement, répondit
elle , fujfent-ils pendus aux nues.
Elle ajouta, ave^-vous de bons éperons ? Quoi, dit
le duc d’Alençon , faudra-t-il prendre la fuite ?
Non 3 dit Jeanne à’Arc , mais les ennemis la prendront
3 & i l faudra les pourfuivre, ce qui arriva.
On fait que cette fille guerrière conduifit
Charles V I I à Reims , où ce roi fut facré ; elle
parcourut les provinces du royaume ; elle fut prife
au fiège de Compiegne, par un archer anglçis,
fans que les françois fittént le moindre effort pour
la délivrer. Jean de Luxembourg - Ligny, général
des troupes Bourguignonnes, qui l’ avoit en fa pottef-
fion, la vendit aux anglois dix mille francs : &
Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, pour fatis-
■ faire les anglois , pourfuivit fa condamnation fous
de faux prétextes : elle fut brûlée vive dans une
place publique de Rouen, le 14 juin 1431.
Charles VII fit revoir fon procès, & réhabilita
la mémoire de cette héroïne en 145:6.
Une.fauffe Jeanne qui lui reffembloit parfaitement
, prit fon nom, & époufa un gentilhomme
de la maifon des Armoifes ; elle reçut même à
Orléans les honneurs dûs à la libératrice de la ville.
ARCÉSILAS, philofephe de l’école dç Platon,
A R C
mort Vers l’an 300 avant J. C . Il difoit que la
mort étoit de tous les maux le feul dont la préfence
n incommodoit jamais perfonne , & qui ne ehagri-
noit qu’en fon abfence.
Quelqu’un lui- demandant pourquoi on voyoit
tant de difciples quitter l’école de leurs maîtres,
excepté ceux d’Epicure qui ne l’abandonnoient
jamais, il répondit : parce que des hommes on peut
faire des eunuques , mais que des eunuques on ne peut
point en faire des hommes.
A R C H E L A U S , roi de M acédoin e, mort vers
l’ an 399 avant J. C . 11 attira à fa cour les phi-
lofophes & les plus célèbres artiftes de fon temps.
Mais Socrate y ayant été appellé, répondit qu’ il ne pouvoit fe réfoudre à aller voir un homme de
qui il recevroit des biens qu’il ne pouvoit lui rendre.
U n homme en p la c e , qui s’ étoit rendu coupable
| de. plufieurs infidélités ch ez les lacédémoniens
foumroit impatiemment qu’on l’appellât traitre ; il
s’en plaignit à Archélaus : ^ les macédoniens ,
5» lui répondit ce prince, font fi grofliers, qu’ ils
55 appellent les chofes par leur nom.
A R C H ID A M E , fils &: fucceffeur d’Agéfilas-
le-G ran d , roi de Sparte, fe rendit célèbre par
fes vertus guerrières.
L a première fois qu’Archidame v it des arbalêtres ,
il dit que la véritable valeur périroit b ien tôt, puisqu’on
alloit fe battre de fi loin.
Quelqu’un lui demandoitun jour jufqu’où s’ éten-
doit l’empire des lacédémoniens. Par-tout où ils
peuvent etendre leurs lance s, répondit-il.
Il écrivit à Philippe, roi de M a c éd o in e , trop
fier du fuccès de fes armes : regarde ton ombre
au foleil, tu ne la trouveras pas plus grande qu’elle
n’étoit avant la victoire. C e prince mourut les armes
à la main, l’an 338 avant J. C .
A R C H IL É O N ID E , femme lacédémonienne ,
ayant appris que fon fils avoit été tué dans un comb
a t , demanda s’il étoit mort en brave homme ? Des
étrangers , témoins de la valeur du jeune guerrier,
en firent de grands éloges à fa mère , & lui dirent
qu’ ils ne croyoient pas qu’ il y eût à Sparte un plus
vaillant citoyen. 5? Vous vous tromp ez, répondit
*5 cette généreufe mère : mon f ils , il eft v ra i, avoit
55 du courage 5 mais, grâce au c ie l, il refte encore
» à ma patrie plufieurs" citoyens qui valent mieux
1 5» que lui >5.
A R C H I L O Q U E , poëte g r e c , mort vers l’an
664 avant J. C .
Les furies mfipvcèxtnt Archiloque3 & , pour mieux
fervir fa ra g e , elles l’armèrent le premier du vers
ïambe, dont la cadence vive & précipitée eft très-
propre à exprimer la fureur & l’emportement.