
ectceflWe. L ’ un des poètes difgraciés fe vengés
par l'épitaphe: fuivante. jpg
Cy-gîE l'affamé Panciace,
, Hopime expert en paperace,
De. qui la plumé vorace.
Mangea, jufqu’à la beface,
, Tous fès çliens & leur race. ‘
Partant,, ris de fa difgrace :
Maintenant, froid comme glace >
Le. bourreau fait la grimace
Dé; ce qu’un curé tenace
A pour loger fa careafle
Vendu trop cher cette place.
t PRODIGUE. Un homme qui n’avoit que
vingt miile francs pour tout bien, les mangea
dans un année,, il.d it qu’ il étoit bien aife de
voir comment vivait-, un homme qui avoit vingt
mille livres de rente.
t PROTOGÈNE. .Contemporain d’ Apelle, il
éprouva long te ms une extrême .pauvreté , il
fut réduit jufqu’ à l’ âge de cinquante ans à ne
peihdre quefur des m.ivires^ocçupariors ordinaires
aux plus mauvais artiiVes de la Grèce, &
q u i,. de nos jours ,.eft en Hollande Je partage dés
barbouilleurs.
■ Vrotogene . fut fcjpt ans à faire un tableau ;re-
préfentant le chrtl.ur Yalife , fondateur d’une
ville dans l’ifle de Rhodes.
Pendant qiul travailloît à cet ouvrage,.ne pouvant
rendre à fon gré l’écume qui fortoit de la
gueule'd’un chien , haletant.,. il jctta de dépit
contre l’ouvrage fon éponge imbibée des couleurs
qu’il avoit efTuy.ee s de fe s pinceaux 5 il
arriva que le ha fard en fit plus .que tous fes efforts
: l’éponge alla directement frapper contre
la gueule du chien , & les couleurs qui en rejaillirent,,
formèrent une écume admirable, que l’art
n’auroit jamais pu imiter, auffi. parfaitement.
La première fois qu’AppèlIe vitrcet excellent
tableau, il fut fi fur pris '8c fi tranfporté d’admiration,
que la voix lui manqua tout-à-coup; enfin
revenu à lui-même, il s’écria : « travail qui
paffe l’effort humain,. chef-d’deuvre de l’art ! il
ne te manque, que ce je,.ne fais quoi, çes grâces,
que je donne à tous mes ouvrages ».
Vrotogene Voulant aflurer à .fon tableau du
Yalyfe. une •dtiréej.q.ui furpaffât celle de tous les
ouvrages de;,peintufe .,, le-.couvrit de quatre couches,
différentes, afin qu’à mefure que le temps
effac’eroit une couleur, on pût en faire reparoître
une autre auffi fraîche que l’ancienne.
Pendant les fept- années qu’il travailla-à cèt
ouvrage , il ne vécut que de pommes de terré
bouillies dans l’eau , qui appaifoient en même
temps 8c la faim & la foif, : il craignoitjqu’une
nourriture plus fucculente ne „troublât la. vivacité
de fes idées , 8c ne le détournât de fon ap-
, plieation. • •• . s
Vrotogene avoit fon a/telier à l’extrémité d’un
des faux bourg s de Rhodes, lorfque -Qe méirius,
fils' d’Antigone , vint former le ‘ fiège de cette
ville j la préfence drs ennenr's, au milieu def-
quels il fe troua o ;t , ; & le bruit des armes qui
retentiliotent à fes oreilles, ne lui firent point quit.
ter fa demeure-, ni interrompre fon travail. Dé-'
me tri us apprit avec étonnement la fécarité de ce
peintre , le fit venir , & iui demanda pourquoi
il travatlloic avec tant d’ affurance dans lés' dehors
d une ville affiégée :— Je fais , répondit
Vrotogene, s’armant d’une noble fermeté, je fais
que Démétrius fait la guerre aux Rhodiens, &
noii pas aux arts; ~ <
Démétrius, charmé de cette réponfe , fît pla<
cér une gardé autour de l’attelier de Vrotogene,
afin que Tartifte^ au milieu même du camp ennemi,
fut en repos ou du moins en fureté :
ce prince alloit fouvent le voir travailler, & ne
fe laffoit point d’admirer Fon application à l ’ouvrage,
8c fon extrême habileté.
Cependant Démétrius fe vit réduit à brûlerie quartier
de Rhodes, dans lequel étoit TYalife, ce chef-
d’oeuvre de Vrotogene. Le fils d’Antiçone auroit
bien voulu n’en pas venir à cette cruelle extrémité,
afin de fe procurer un tableau dont il
c.onnoiffoit tout le. prix ; mais , ,contraint parla
néceffité, & fachanc d’ailleurs, que l’endroit
qu’il avoit en vue étoit le plus foi blé . il alloit
donner ordre d’attaquer la ville de ce côté-là ,
lorfque les députés vinrent lé Trouver delà part
des Rhodtens. = « A quoi vous amüfez-vous,
grand prince, lui dirent-ils, de vouloir détruire
ce quartier avec le tableau eftimé de la Grèce
entière? Qu’y gagnerez-vous, quand vous aurez
tout réduit en cendre,s? Vous trouverez encore
des murs de l’autre côté, auffi redoutables que
ceux des dehors de notre place. Ne ferojc il
pas plus digne de vous, de nous attaquer par
un autre endroit, & de nous conferver ce chef
.d’oeuvre de notre peintre , ou pour vous ou
pour nous ? Si vous l’emportez par la voie qui
vous eft indiquée, nous ferons tous à votre
diferétion, 8c vous triompherez noblement, à
la face-de Tunivers , 8c de .npws & de notre
Yalyfe » au-lieu que., fi vous yous obllinez à
brûler le quartier où eft le tab'eau, 8c -qije vous
ayez Je mdheur d’échouer contre le relie, prenez
garde qu’on ne'dif& dans l,e mbri.de, que,
n'ayant ofé attaquer les Rhodiens d’une manière .
noble & généreufe , vous, vous êtes amufé .à
faire la guerie., à , un • peintre & à un tableau
». —
Ce difeours , qui paroîtroic fort fingulier dans
le fiècle où nous tom m e s fit une vive impref-
fion fur Démétrius, 8c lui foin n t une belle oc-
cafîon de faire éclater fa grandeur d’ame. Prcffé
par Ahtigpne, qui le rappelloit, & craignant d’é chouer
dans lbn entreprifc* il feignit habilement
de tout facrifier aux arts, 8c peut-être même
fut-il enchanté de montrer t’amour qu’ il leur p.or-
tbjf f il leva le fiège, & fe ré..c;ra, •*. -
PROVERBES. Maxime populaire, ou façon
de parler fenrentieufe, qui cil dans la bouche
de toutes fortes de per Tonnes. Il y a des proverbes
cù la métaphore n’ entre pas ; mais ordinairement
ils font expdmésen termes figurés. Les
proverbes étrangers nous parodient en général
avoir , foit pour le Cens , toit pour l’expreflion,
plus de finelfe & d’agréme'rt que les proverbes
françois. La plus .grande familiarité, que nous
avons contractée avec ceux-ci, & l’habitude de
les voir employer par le peuple peuvent fans
doute contribuer à nous les rendre infipides.
’ U y a flirt! des proverbes qui font de véritables
bons mots, quand l’àpphcàuiori eh ell ingéhieufe.
Louis XLV ayant permis aux maîtres des requêtes
dé porter à leur chapeau le cordon d’or,.
& d’avoir une ceintiire de même, pour les ré-
compenfer de la dépenfe qu’ils firent à l’entrée
de la" reine; Monfieur de Talemanr maître des
requêtes, homme bien fait 8c d’une mine avanta-
geufe, entroit au palais avec cette marque de
dittinéfcion ; quelqu’un dit à monfieur de Cou-
lange, ces dorures • fié'roient auffi bien à mef-
iîeurs du parlement , qu’à meffieurs les maîtres
des requêtes ; cv moniteur* repartit-M. de Cou-
» lange, «bonne renommée vaut mieux que cein-
. » ture dorée».
Cetoit la coutume, de fe donner mutuellement
à l’églife le baifer de paix, quand le prêtre ,
qui difbit la melle , avoit prononcé ces paroles' i
« Que la paix du fèigneur foit toujours avec
vous » 1 La reiiié Blanche, époufe de Louis V I I I ,
âyant reçu ce baifer de paix, le rendit à une
fille publique, dont l’habillement annonçoit qu’elle
etoit mariée, & d’une condition honnête. L'a
reine offenfée de la méprife, obtint une ordonnance
qui défendolt à ces fortes de perfonnes,
•r-v: / v
do'n't le nombre étoit alors très-confidérable, de
« porter des robes à queue, à collets renverfes, &
avec une ce-nture dorée. « Ce réglement étant mal
obfervé , les honnêtes femmes s’en confo’èrebt
par ce proverbe : Bonne renommée vaut mieux
que ceinture dorée.
Bourfauit raconte dans fes lettres, qu’un jeune
manant de vingt-deux ou vingt-trois ans , étant
allé à confeffe à fon curé, s’accufa d’avoir rompu
la haie de fou vo.ifin pour aller reconnoître un
nid de merles. Le curé lui demanda, fi les merles
étoieüt pris? — No n , lui répond t - i l ; je ne
les trouve pas affez forts, 8c je n’irai les déniché
r famedi au. foir. Le curé plus allerte ,
y. alla le •-famedi matin , 8c les dénicha lui-même.
L’ autre ayant trouvé la -place vuide, ne douta
point de la fupercherié du curé; mais il n’ofa
lui en rien dire. Un jubilé l’ayant obligé de re-
rourner à confeffe, trois ou quatre mois après,
il s’accufa d’aimer une jeune payfanne extrêmement
jolie, & d’en être affez aimé pour obtenir
fes faveurs. Quel âge a-t-elle, dit le curé?
— Dix fept ou dix-huit ans , t lui répondit-il —
Belle, fans doute?— La plus jolie de tout le
village , vous dis-je. >— Hé dans quelle rue nè-
i meure-t-elle, ajoupa promptement le- curé ? —
A d’autres , dénicheur de merles, lui répliqua
le manant ,• je ne me laiffe pas attrapper deux
fois.
On dit tons les jours de quelqu’ un qui fe
trouve dans l’embarras d’un choixxà faire v il en
eft de lui comme de l'âne de Buriddn : & peu dé
de perfonnes font ihftruîtes dé l’origine de c.e
diéfon, ou pour mieux dire, de cette conipa-
raifon ; la voici.
Jean Buridan * né à Bethiine , en Artois , vers
la fin du treizième fiècle, redeùr de l’univerfité
de Paris, & fameux-diale&icien, fe rendit moins
célèbre par fes commentaires fur Arillote , que
parfon fbphifme de Yâne. Il fuppofoit un de ces
animaux ftupides, également preffé de la foif 8c
de la faim, entre une mefure d’avoine 8c un
feau d’eau, faifant une égale impreffion fur fes
organes. Le do&éur demandait enfu te. Que fera
cet âne. Si ceux qui vouloienc bien difeuter avec
lui cette importante queftion, répondoient : Cet âne,
monfieur le doéieur, ne fera pas affe^ âne pour
fe laijfer mourir de faim donc ,.(fcontinuoit--i! , )
il fe retournera plutôt d'un côté que de Vautre.
; Donc il a le franc arbitre.
C e fophifme embarraffa les plus grands perfon-
nages de f«j»n temps, & fon âne devint fameux’
parmi ceux de fes écoles.
Anciennement, lorfque pour prouver fon in-
; nocence ou la juftice de ffs prétentions, le
; duel étoit en ufage, il falloir fe préfenter devant