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appuya enfin par des fourberies néceffaires une
doûrine qu'il croyoit mile à fa fortune & à fon
ambition.
Son fecrétaire commençoît à découvrir 8e à
publier fes impoftures , Mahomet égorgea ce
malheureux dans fa propre maifon y & mit le feu
aux quatre coins, faifant croire au peuple que
c’étoit le feu du c.iel qui l’avoit confumé-pour
le punir d’avoir ofé changer quelque chofe dans
TAlcoran.
II fut profiter des convulfîons épileptiques auxquelles
il étoit fujet pour perfuader à fa femme
que c ’étoient des extafes pendant lefquelles un
ange venait de la part de Dieu lui annoncer des
chofes concernant la religion.
Les hiftoriens de fa vie rapportent aufli qu’ayant
fait cacher un de fes compagnons dans un puits
fec , il lui avoit dit de crier quand il pafferoit,
que Mahomet étoit Venvoyé de Dieu. Il le fit , de Mut le monde admira cette merveille. Mais
le faux apôtre craignant que fon artifice ne fût
découvert, ordonna aufiitôt à ceux qui le fui-
voient de combler le* puits , de peur qu’il ne
fût profané à l’avenir, ce qui fut exécuté furie
champ.
Mahomet avb’t commencé à répandre fa nouvelle
doctrine dans la Mecque. On parla bientôt
de fes prétendues révélations dans toute la ville :
mais . comme nul n eft prophète eh fa patrie , le
confeil des magillrats qui craignoit d’ailleurs une
•révolution , avoit réfolu de faire arrêter Mahomet.
C e lu i-c i en fut averti..Il fe fauva de
la Mecque en 6i i . Cette fuite que les Arabes
nomment Hégire , devint l’époque de fa gloire
& de la fondation de fon empire. 11 fubjügua
par la force de fes armes, ceux qu’ il n’ avoir pu
iéduire par fes impoftures. Le périt nombre fous
lui vainquit toujours- lé plus grand. Ses foldats
étoient autant de fanatiques qui,, fur la foi de
leur général, croyoient entrer dans le paradis
promis par l’Alcoran , s’ils mouroient les armes
à là main.
C e qui affermit le plus la religion naifiante de
Mahomety ce fut la déclaration d’Abulfofian, commandant
général de la ville de la Mecque & fon
ennemi déclaré. Ce général fe voyant vaincu ,
s’ écria dans une nombreufe affemblée : « J’ atrefte
» qu’il n'y a qu’un Dieu, qu’il n’a ni compagnon,
» ni âfTocié, 8e que l’invincible Mahomet- eft fon i
» ferviteur & fon prophète ». Il gagna par cette
conduite adroite la confiance du vainqueur qui
ne lui ôta aucune partie de fes biens* de qui même
y en ajouta de nouveaux.
Mahomet maître de l’Arabie & redoutable à
tous fes voifins, fe retira à Médine où il fut attaqué,
àPage de foixante de trois ans de demi,
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d une maladie mortelle; il n’oublia point fon rôle
dans- cette dernière fcène ; il s ’ écria fur le lit de
mort : Que celui a qui f a i fait violence & injuftice
paroijfe 3 & je fuis prêt de lui faire réparation Un
homme fe leva qui lui redemanda quelqu’argent ;
Mahomet le lui fit donner, & expira peu de
temps après*
On a rapporté qu’ il mourut des fuites d’un
poifon., qu’une fille Juive lui avoît fait piendre,
en lui feivant une épaule de mouton qu’il ai-
moit beaucoup. « Cette fille avoit commis ce
» crime, parce que, difoit elle, fi Mahomet eft un
» prophète, il n’en reffentira aucun mal; s’il ne
« P eft pas,-je délivrerai ma patrie d’un tyran qui
» la défoie ».
Indépendamment de plufieurs éponfes que fa
main droitepofféda, fuivant le ftyle de l’Alcoran,
& qui régnèrent tqur-à tour dans fon coeur , il
fe procura plufieurs concubines. Il remplit à leur
égard tous les devoirs' qu’il preferit par fa loi ; &
fes travaux journaliers fupérieurs à ceux de l’ancien
Alcid e, n’avoient pas peu contribué à le faire
regarder comme un homme fingulièrement favo-
rifé entre les autres hommes. Il prétendoit que
le commerce ides femmes excitoit fa ferveur dans
la prière. La plus chérie de fes époufes fut Ayesha.
Elle n’avoit que fept ans lorfqu’elle fut mariée;
de c eft la feule vierge que Mahomet, tout grand
prophète ^u’il- étoit , pût jamais rencontrer.
Aum.le pere de cette fille qui s’appelloit Ad-
dollah, p rit, par ordre de Mahomet, le nom
d Aboubécre , c ’eft-à-diré, père de la pucelle. Çette
époufe-bien aimée ne fut pis toujours fidèle; de
comme il auroit été indécent que l’envoyé de
Dieu qui fjvoit tourner à fon gré les coeurs des
hommes, n’eût pas pu fe. rendre maître de célui
de fon époufè, il fit defeendre exprès du ciel
un chapitre de l’Alcoran pour prouver à toute
la terre,-la vertu de fa chère Ayesha, & avertir
fes difciples de ne pas ajourer foi aux calomnies
que l’on pourroit répandre contre l’honneur. &
la pureté de cette époufe. Un mufidman infidèle
ayant néanmoins ofé fe vanter des bontés ineffables
de la tendre Ayesha envers lu i, Mahomet
lui fit donner charitablement quatre-vingt coups
de fouet, ainfi que le. ciel l’avoit ordonné par la
loi inférée dans le même chapitre.
C e prophète avoit défendu à fes difciples de
difputer fur fa doctrine avec les étrangers. Il
voulut qu’ ils ne répondiffent aux objections des
contradicteurs que par le glaive. « Chaque
» prophète, d fi it i!, a fon caraCtère. Celui de
» Jefus-Chrift a été la douceur, de le mien elt
» la force ».
MAHOMET I I , empereur des turcs né en
1430, mort en 1481. |
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£»s moines, dit Voltaire-, ont peint Mahomet I f
comme un barbare infenfé , qui tantôt coupoit
la tête à fa prétendue maitrefle Irene, pour a^>-
paifer les murmures de fes Janilfaires , tantôt
faifoit ouvrir le ventre à quatorze de fes pages,
pour voir qui d’ entr’eux avoit mangé un melon.
On trouve encore ces hiltoires abfurdes dans
nos dictionnaires, qui ont été long-temps, pour
la plupart, les archives alphabétiques du men-
fonge.
Toutes les annales turques nous apprennent
qne Mahomet J/, avoit été le prince le mieux
élevé d? f.n temps. On ne peut d-ftonvemr que
Mahomet n’ait écouté le devoir-d'un fils, de n?ait
étouffé fon ambition quand il fallut rendre le
trône qu'Amurat lui avoit cédé. II le ievint deux
fois fujet, fans exciter le moindre trouble. C ’eft
un fait unique dans, l’hiftoire, & d’autant plus
fingulier, que Mahomet joignoit à Ion ambition,
itf fougue d’un caractère violent.
Il parloit le grec , l’arabe, le perfan ; il enten-
doit le latin , il defïinoit ; il favoit ce ‘qu’on
pouvoit fuvoir alors de géographie de dé mathématique;
il aimoit la peinrure. Aucun amateur
des arts, n’ ignore qu’il fit venir de Venife le
fameux Gentili-Bellino, de- qu’ il le recompenfa
comme Alexandre avoit recompenfé Apelles ,
par des dons de par la familiarité. Il lui fit
prefént d’une coupe d’o r , d’un collier d’o r , de
trois mille ducats d’o r , & lé renvoya avec honneur.
Je nepeux m’empêcher de ranger parmi;
les contes improbables, celui de refclàvé auquel
on prétend que Mahomet fit.couper la tête,
pour faire voir à Bellino l’effet des mufclés, &
de la peau fur le col féparé de f>n tronc- Ces
barbaries, que nous exerçons. fur les animaux ,
les hommes rie les exercent fur lés hommes,,
que dans la fureur des Vengeances , ou dan^ cêj
qu’on appelé le droit, de la guerre. Mohomçt I f :
fut fou vent fanguinaire & féroce, comme tous
les conquérans qui ont ravagé le monde; mais
pourquoi lui imputer dés cruautés fi' peu vrai-
femblables l A quoi bon multiplier les horreurs
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Il étoit âgé de vingt-deux ans quand il monta
fur le trône des fnltans, & il fe prépara dès-1
lors à fe placer fur celui de Conftantmople,'tandis;
que cette ville étoit toute divifée pour lavoir, s’il
faifoit fe fervir du pain azyme , de s’ il falloit prier
en grec ou en latin.
Mahomet I I marcha dev,conquête en conquête, ;
fans que les princes chrétiens, fe iliguaffent contre
lui : car ii ne faut pas appeler ligue un moment j
d’ihîeliigçnÇe entre Huniade , prince dé Tran-,
filvanie , le roi de Hongrie, & .u n defpote de I
la Ruftie. On laiffa Mahomet, après des fortunes
div-erfes, faire lu paix avec le P a lan , de prendre
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en fui te Trébizonde avec la' partie de la Cap-
padoce qui en, dépendoit ; tourner vers la Grece,
faifir le Ne’grepont, retourner au fond de la
rrier-Noire, s’emparer de Caffa, l’ancienne Théo-
dofie, rebâtie par les Génois; revenir réduire
Scutari , Zante , Céphalonie ; courir * jufqu’à
Triefte, à la porte de Venife, de établir enfin
la puiffance Mahométane au milieu de la Çalabre,
d’où il menaçoit le refte de l’ Italie , & d’où fes
lieutenans ne fe retirèrent qu’après fa mort. Ses
armeVs ne prirent point Rhodes; mais cette petite
Ifle ne le rendoit pas moins terrible au refte
de TQccident. Il alioit porter fes armes vi&o-
rieufes contre les fultans Mammelucs d’Egypte,
tandis que fes lieutenans étoient dans le royaume
de Naples ; énfuite il fe flâtoit de venir prendre
Rome comme Conftantinople ; & en entendant
parler de la ceremonie dans laquelle le doge, de
Venife époufe la mer Adriatique , il difoit
qu’il l’enverroit bientôt au fond de cette mer
confommer fon mariage. Une colique en délivra
le monde à l’âge de cinquante de un ans;
M A IN T EN O N , (Françoife d'Aubigné ,.mar-
quife d e ) née dans les prifons de la conciergerie
de N iort, le 27 novembre 1636 , & morte
à Saint-Cyr le 15 avril 1719 , âgée de 84 ans.
Françoife d’Aubigné, qui devoir éprouver toutes
les rigueurs de la fortune avant d’ en goûter les
faveurs, fut Conduite, dès lage de trois ans én
Amérique. Pendant ce voyage-, Françoife eut
une grande maladie, & fut a une telle extrémité,
qu’elle ne donnoit aucun ligne de vie. Sa
mère la prend entre fes bras, pleuré , gémit Sc
la réchauffe dans fon fein. Fatigué de fes cris ,
le biron d’Aubigné veut lui arracher l’enfant donc
la raort & la préfence caüfént de excitent fon
défêfpoir. Un matelot ‘va lajètter dans la mer.
Le canon eft prêt, à tirér. Madame d’Aubigné
demande qu’un der'niét baifer lui foit du moins
permis:, porte la main fur le coe.ur de fa f i le ,
de ioütietit qu’elle n’èll pas^' morte. Depuis ,
madame-de Maintenon racontant ce trait' à Marly ,
l’évêque de Metz qui étoit préfent, lui dit :
« Madame, on ne revient pas de fi loin pour
» peu de chofe, ».
De. retour en France elle époufa à l’âge de 16
ans .Paul Scarron perclus de tous fes membres ,
& qui n’avoit qu’ un bien très-médiocre. C e fut
cependant une fortune pour mademoifelle d’A u bigné.
Devenue la compagne & l’amie de fon
mari plutôt que fon époufe, elle s’étoit affujettie à
ne le pasjquitter.;Elle fe çonfoloit de la gêne de
fon état., en y envifageant la fureté de fa vertu
& les; progrès de fa réputation. Sa fageffe étoit
même fi bien établie, qu’un courtifan difoit :
« Je ferois. plutôt une propofition impertinente
» à la reine qu’à cette femme-là » : & mademoifelle
Scuderi dans fon jargon précieux : « L’air