
gna fon pari, 9e ces têtes ne font pas les moindres
de fes ouvrages. 11 mourut à Parisien 1661.
BOURGEOIS.
Se croire un perfonnage eft fort commun en France >
On y fait l’homme d’importance,
Et fouvent on n’eft qu’un bourgeois ;
C’eft proprement le mal françois.
Une bourgeoife prenoit le titre de marquife , afin
de.paffer ppur une femme de qualité; madame,
lui dit quelqu'un , prenez garde à ce que vous
faites , le fobriquet de marquife pourroit bien vous
relier.
j Deux bourgeoifes qui fe piquoient de nobleffe ,'
s appeîoient toutes deux C olin, fans être parentes.
L une dit à l'autre : « Au moins, madame , vous
» ne descendez pas des bons Colins, comme moi».
Celle-ci lui répondit avec,vivacité : « C'eft vous ,
» madame, qui defcendez des faux Colins ; pour
a- moi, je fuis de la bonne roche». Enfin, après
bien des difputes fort v ive s , elles convinrent de
prendre pour juge un célèbre avocat, qui con-
«oiffoit parfaitement leur famille. Cet arbitre fut
fort embarraffe. Il ne youloit fâcher ni T une ni
l'autre, ni entretenir la folie d'aucune. Un tour
ingénieux le tira d'affaire. « Mefdames, leur dit-il,
** voici le moyen de vous accommoder. Il y a deux
** Colins auffi anciens l'un que l'autre; Colin-Mail-
» fard & Colin-Tampon. Que l'une de vous deux
*> fe fafTe defèendre de Colin-Maillardy, l'autre re-
•* connoîtra Colin-Tampon ; & vos deux faillies
* feront également anciennes ».
L a pièce où Molière a peint le rîdicuîe des bourgeois
qui veulent finger la nobleffe, eft un de fes
ehef-d'oeuvres. On voit que nous parlons du bourgeois
gentilhomme.
BOURIQUES. Laeaufe d'une farfîe de'vingt-
quatre bouriques chargées de plâtre, ayant été portée
aune jurifdiétion, le préfident renvoya l'affaire
au plus ancien avocat pour la juger. Comme un de
fes confrères s'en fcandalifoit, l'avocat lui dit: Ne
voyez-vous pas bien que ces meilleurs ne peuvent
pas juger en cette caufe > ils font parens au degré
île l'ordonnance.
BOURREAU. Voltaire en parlant de rhîftoire
«les différens peuples , difoit : « Pour les anglais,
ce fer oit au bourreau, à écrire la leur ; c’eft toujours
ce gentilhomme là qui termine toutes leurs
querelles
Un déferteur qu'on aîîoît pendre, étant fur
l ’échelle , donna une taflè d'argent à fon confef-
feur , qui étoît un Cordelier. Le bourreau piqué
de ce qu'il ne la lui avoir pas donnée, dit à l ’au-
Bionier : Hé bien ^ monpere ^pende^-le*
BOURSAULT (Edme), né en Bourgogne es
1638, mort en 1701.
nourjautt ayant fait en 1671 , par ordre du roi,
pour I éducation du dauphin , un livre qu-La pour
titre, / etude des fouverains ; ce prince en fut fî
content qu il nomma Bourfault fous - précepteur
de Monfeigneur ; mais comme Bourfault n'avoir
jamais étudié le latin, il ne put pas occuper un
pofte fi honorable.
Thomas Corneille aimoit tendrement BourfauRj.
& vouloît abfolument qu'il demandât â être de
I académie ; & fur' ce que celui-ci lui alléguoit
toujours fon ignorance, 8c lui difoit de bonne-
foi ce que feroit l'académie d’un fujet ignare &
non lettré , qui ne favoit ni latin ni grec ? 11 n’eû
pas queftion , lui répondit-il , d"une académie
grecque ou latine, mais d'une académie fr an çoife $
eh 1 qui fait mieux le françois que vous ?
Defpréaux étant allé aux eaux de Bourbon ,
pour une extinétion de voix , & y étant refté beaucoup^
plus de temps qu'il ne l'avoit c ru, Bourfault
qui étoit receveur des tailles à Montluçon en
Bourbonnois , apprit par un de leurs amis communs,
que fon cenfeur étoit dans fon voifinage L
& qu'il y manquoit d'argent. Il n'héfita pas un feu!
moment à l'aller trouver à Bourbon , & il lui
porta une bourfe de deux cents, louis. Defpréaux
fut fî furpris, 8c en même temps fî touché d'une
générofîté qu'il avoir fi peu méritée , qu'il fe réconcilia
fincérement& lia avec lui une étroite
amitié. .. ■ '
Bourfault prétend, dans-la préface de fon Ger-
manicus, que cette pièce brouilla les deux- plu*
grands tragiques que la France ait eus-. Corneille ,
dit-il, parla fî avancàgeufement de cet ouvrage,
à l’académie , qu’il lui échappa de dire qu’il ne lui
mânquoit que le nom de Racine pour être achevé,
dont Racine S’étant offenfé; ils en vinrent à des
paroles piquantes; & depuis ce temps-là ils ont
v é cu , non fans eftime fun pour l’autre, mais
fans amitié..
Bourfault faifoit en vers tous les huit jours une
gazette qui plaifoit beaucoup au roi & à toute la
cour. Une femaine s’étant trouvée ftérile en nouvelles
, le gazetier fe plaignit à la table de M. le
duc de Guife, de n'avoir rien de divertiffant dont
il put remplir fa gazette. Ce prince s'offrit d'abord
à lui donner un fujet très-propre à réjouir le roi
& la cour. C ’étoit une aventure arrivée à la porte
de l'hôtel de GuffeVchez une brodeufe fort en
vogue, ou les çapucins.du Marais faifoîent broder
^ un Saint François. Un jour que leur facriftain
étoit allé chez la brodeufe pour voir où en étoit
l'ouvrage , il s'endormit profondément, la tête fur
le métier où il regardent travailler ; l'habile & malicieufe
ouvrière, qui en étoit précifément à broder j
le menton du faint, faifit l'occafion favorable d a-
jufter artiftement la longue barbe du révérend pere,
pour en compofer en diligence la barbe de 9? François.
Au réveil le religieux fut auffi étonne qu indigné
de fe trouver pris par un endroit qu il
croyoit fî refpe&able ; il y eut un débat affez plai-
fant entre lui & la brodeufe à qui refteroit cette
barbe.
C e fut de cette aventure , que Bourfault fit la
plus jolie de toutes fes gazettes , par un efprit de
badinage & nullement d'impjfté. Le roi qui etoit
jeune en rit beaucoup & n’y trouva rien à dire. L.a
vertueufê reine Marie-Therefe qui étoit la pieté
même, ne laiffa pas d’en rire auffi, 8c n'en fut
point feandalifée. Toute la cour à l'envi en apprit les
vers par coeur. Mais le confeffeur de cette princeffe
qui étoit un cordelier efpagnol, n’entendit pas raillerie
; irrité par les capucins qui crioient vengeance
contre l’outrage fait à leur féraphique pere, il mit
le fcrupule dans l'efprit de cette pieufe reine , 8c
l ’obligea de demander au roi une punition exemplaire.
Sa majefté voulut par bonté tourner la chofe
en raillerie , 8c dit même à cette princeffe tout^ ce
qu'il put pour l’adoucir ; mais la voyant obftinee a
le prendre fur le férieux , il la laiffa maitreffe de
faire ce'qu'elle voudroit.
La reine excitée toujours par le père confeffeur
qui lui en Faifoit un point de confidence^,
manda le chancelier Séguier,à qui elle ordonna de
retirer le privilège accordé à l’auteur, & de 1 envoyer
à la baftille jufqu'à nouvel ordre, pour lui apprendre
à ne plus badiner avec les faints. Ce
grand chef de la juftice , prote&eur de tous les
gens de lettres , 8c qui honoroit particulièrement
Bourfault de fes bontés, ne trouva pas le délit
auffi grand que Fétoit la colère de la reine ; ainfî
en obéiffant aux ordres de fa majefté, il eut 1 attention
d'ordonner à l'officier qu'il chargea^ des
fîens, de laiffer à l'auteur, quand il iroit 1 arrêter,
tout le loifir néceffaire pour écrire au roi 8c a fes
protecteurs,Bourfaült 3 qui, bien content de lui-
même & d u fuccès de fa gazette , ne s'attendoit
à- rien moins qu'au compliment de cet officier qui
étoit de fes amis , commença par le prier de fe
mettre à table avec d'autres jeunes gens d'efprit
qui déjeunaient ce matin-là chez lui ; 8c quoiqu'il
«e fut pas fort content du gîte où il devoit
coucher, il ne perdit rien de fa belle humeur, 8c
il fe fervit du tems qu'on lui laiffoit , pour écrire
une lettre en vers au grand Condé , fon protecteur
déclaré. C e prince eut la bonté d'en parler
auffi-tôt au r o i , qui fit révoquer fur le champ l’or-
. dre d’aller à la baftille ; mais qui, par confidération
pour la reine, fit défendre au coupable de continuer
une femblable gazette, fous le titre de mufe enjouee,
qu’ il faifoit tous les mois , pour le divertjftement
de monfeigneur le dauphin. Comme c'étoit dans
le tems de là guerre qu'on nommoit du prince d ü -
range, il lui échappa dans fa mufe enjouée, quelques
de travailler à la gazette, & de plus, lui
retira la penfion de deux mille livres.
Bourfault obtipt dans la fuite un privilège pour I
traits un peu trop vifs , pour répondre à
une médaille frappée en Angleterre, ou d un cote
étoit le portrait de Louis X IV . avec ces mots : Lu-
dovicus Magnus, & de l'autre, celui du ro1 Guillaume
, avec cette infeription : Guillelmus Maxi-
mus. Le récit de Bourfault, finiffoit par ces
mots :
Et quand Louis eft grand par de grandes vertus,
Si Guillaume eft très.-grand, c’eft par de très-grands
«rimes.
On commençoit alors à parler de paix, & l'o n
n'eût pas été bien «ûfe qu on eut a uous reprocher
de pareilles apoftrophes y ainfî le roi ôta à Bourfault
fon privilège, en lui faifant dire par M. le
chancelier ,■ qu’il ne le faifoit point^par aucun mécontentement
qu'il eût de lui; mais par des rai-
fons fupérieures & qui lui étoient étrangères.
BOURSOUFLÉ. On dit vulgairement que fe
ftyle d'un auteur eft bourfouflé , lorfque voulant
donner de la nobleffe à fon fujet, il prend un ton
trop élevé, & finit par devenir ridicule.
Danchet fut un jour confulté par un jeune poète
, fur une petite pièce qui commencoit par c«
vers :
Maifon, qui renfermez mon aimable maîtreffe.
Danchet interrompit le poëte , & lui dit: le
mot de maifon eft bas : mettez, palais ; l'auteur
! recommença fon vers de la meme façon ; je vous
ai déjà dit de mettre palais, dit vivement Dan-r
chet. E h , Monfieùr ! répliqua le jeune homme ,
vous voulez que je mette palais , tandis que ma
maîtreffe eft à l'hôpital.
BOURVALAIS. Paul-Poiffon Bourvalais, fils
d’un payfan des environs de Rennes , porta d a-
bord fa livrée chez un fermier-général , nommé
Thevenin.' Il retourna dans fon village , où il devint
fergent. M. de Pontchartrain, premier préfident
au parlement de Rennes, le fit entrer dans
fà maifon , & l’employa dans les affaires , dès
qu'il fut nommé intendant des finances. Sous ce
protecteur, Bourvalais fit une fortune rapide 3
dont il jouit pendant feize ans ; mais en 1716 > le
régent ayant érigé une chambre de juftice, Bourvalais
fut accufé d'avoir abufé des néceffités de
l'état, & condamné à une reftitution de plus de
quatre millions. Il fut enfuite rétabli dans Tes biens
par arrêt du confeil ; mais^ le chagrin qu'il avoir
I éprouvé de fe voir dépouillé de fon bien , lui caufa
I la mort. Il mourut en 1719.