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mîs au premier rang des interprètes du droit romain.
Il enfeîgna avec la plus grande réputation
dans plufieurs univerfités. Son attachement pour
fes écoliers , l’affe&ion avec laquelle il leur fai-
foit part de fes lumières, 8c même les aidoit de
fes propres biens, le firent regarder moins comme
leur profeffeur que comme leur père.
Cujds avoit, au rapport de Papyre Mafifon
qui à écrit ;fa vie, pris la fingulière habitude d'étudier
tout de fon long fur un tapis, le ventre
contre terre, ayant fes livres autour de lui.-
C e jurifconfulte profeffoit extérieurement la religion
catholique & évitoit de s’expliquer fur
fes fentimens intérieurs. Lorfqu'on lui demandoit
ce qu’il penfoit des matières théologiques qui
s’agitoient de fon tems , il répondoit toujours :
N ih il hoc 'ad edi Sium prêtons.
Il fe maria en fécondés noces, & èut de ce
fécond mariage une fille afTez jolie, mais très-
coquette, & qui-écoutoit volontiers les propos
galans. Les écoliers quittoient fouvent les leçons
du père pour fe rendre auprès de la fille. Ils ap-
peloient cela ,* commenter les oeuvres de Cujas.
Ceci donna occafîon à l’épigramme fuivante :
, .Viderat immenfos Cujacincua îabores
Ætern'tm patri eommeruijfe decus r
Ingenio . haud poterat tam magnum oequare parentem
Filia} quod potuit corpore fecit opus.
Cujas avoir ordonné par fon teftament que fes
livres fuffent vendus en détail. Il crargnoit peut-
être que fi une feule perfonne s’en rendoit pro-
' priétaire , elle ne recueillît les remarques écrites
fur les marges, & n’en compofât différens ouvrages.
Pafquier, dans fes recherches, dit que Cujas
étoit fi révéré en Allemagne, qu’ordinaîrement
lorfq.ue les profdfeurs parloient de lui en chaire ,
ils méttoient la main au Jaonnet pour marquer le
refpedl qu’ils .portoient à la mémoire de ce jurifconfulte.
Charles IX lui avoit accordé le glorieux privilège
de prendre féance avec les confeillers au
parlement de Dauphiné, comme un des plus îl-
luftres interprètes des loix.
CU R E . Un évêque demandoit à un cure 3 ce
que lui valoit fa cure ? Autant que votre évêché 3
monfeigneur > répondit le curé ,* le paradis ou
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l’enfer 3. fuîvant l’ufage que nous ferons de nos
talens. *
Un moine 3 voyageant, entra chez un pauvre
curé de village, & lui demanda Phofpitalité. Le
curé le reçut de fon mieux, mais le fit fervir en
vailfelle de terre, cuiller d’étain, fourchette de
fer , 3cc. Lemoine , qui aimoit fes aifès, ne s’accommoda
pas de cette fimplicité ; il ouvre fa
valife, en tire tous fes uftenfiles en argenterie >.
& les pofe fur la table. Le curé ,. à la vue de
ce farte 3 lui dit : Mon père, nous ferions un
bon religieux à nous deux —— Pourquoi? dit
celui-ci. C ’eft que vous avez fait voeu de pau-
; vreté j 8c moi je l’obferve.
• Un curé du diocèfe de Troy e s, grand amateur
d’enterremens, avoit habitude, après avoir
àdminirtré un malade, de rédiger, conjointement
avec le maître d’ école, fon afte mortuaire. Un
: particulier ayant eu occafîon de compulfer le re-
gîftre de la paroiffe 3. fut fort furpris de s’y
trouver au rang des morts 5 il va trouver le
; curé 3 8c lui d it: Tai été malade , vous mdve%
adminiflré , cela efi vrai ,• mais êtes vous bien fûr
de m avoir enterré ? Non , répondit le étiré ,* mais
c‘efl égal 3 i l faudra bien que vous y venie^ tôt ou
tard. |
Un évêque fort riche félicitoit un pauvre curé
fur le bon air qu’il refpiroit dans le pays de fa
cure } ou i, monfeigneur , reprit le curé, l’air y
feroit bien bon en effet fi je pouvois en vivre.
C Y R U S , roi de Perfe * mort vers l’an 529
avant Jéfus-Chrill.
Cyrus loua avec toute l’eftîme pofltble un de
fes capitaines, nommé Chryfantas, de ce qu’ayant
un jour , dans un combat, fon ennemi en fa puif-
fance, il le laiffa aller , parcequ’étant prêt de le
tuer > il entendit fonner la retraite.
Cyrus refufoit de voir Panthée,. reine de la Suzanne
, fa prifonnière. Arafpe, un de fes favori*,
lui vantoit la beauté de cette princeffe, & lui
difoit que c’étoit un fpe&acle digne d’un roi :
» Et c’eft précifément parce qu’elle eft belle, ré-
» pondit Cyrus y que je la fuis ; fi je vais la voir
» aujourd’hui que mes affaires me le permettent,
» die me plaira tant, que j’y retournerai encore
m quand ma préfence fera néceffaire ailleurs, & ,
» pour relier auprès d’elle , je. négligerai les foins
» les plus importons, je rifquerai mes devoirs &
» ma vertu v.
D A C I E R C Anne Lefevre > depuis Madame )
née à Saumur, l’an 1 «5 i , morte en 1720. .
Monfieur Lefevre ne penfoit nullement à élever
fa fille dans les lettre^ >. mais; le (hafard en
décida autrement. C e favant avoit un fils qu’il
élevoit avec un grand foin. Pendant qu’il lui
faifoit des leçons , Anne Lefevre » qui avoit .alqrs
onzè ans, étoit préfente & travailîoit en^ tapif-
ferie. Il arriva un jour que de jeune, écolier répondant
mal aux queftions de fon père >, fa: foeur
le fouffloit en travaillant), & lui fuggéroit ce .qu’il
devoit répondre. Le père l’ entendit, 8c ravi de
cette découverte, il réfolüt d’ étendre fur elle fes
foins, & de l’appliquer à l’étude. Elle fut très-fâchée
d’avoir tant parlé , car dès ce moment elle
fut affujettie à des leçons réglées. Elle fit en peu
de temps de fi grands progrès, * que fon père
charmé d’un fi excellent naturel, s’appliqua entièrement
à l’inftruire. De Ion écolière elle devint
fon confeil, de forte qu’il ne faifoit rien
fans le lu; communiquer.
Un gentilhomme allemand, très-favant, vint
voir madame Dacier, & lui préfenta fon livre
en la priant- d’y mettre fon nom 8c une fen-
tence. Elle, vit dans'.cé livre, le nom d’un des
plus fav.àns hommes de l’Europe, cela l’effraya ;
mais vaincue par fes importunités, elle écrivit
fon nom avec un vers: de Sophocle , qui veut
dire : Le filence efi Vornement des femmes.
Madame D acier étoit fi charmée des Nuées
d'Ariftophane , qu’elle a traduites, qu’ elle affûte
avoir *lû avec plaifir cette piece, jufqu'à
deux cens fois. Peut-être quelques perfonnes regarderont
elles cela comme un^e marque de fa
prévention pour les ouvrages de l’antiquité.
Quand Molière eut publié fon Amphytrion3
madame Dacier avoit entrepris une differtation
pour prouver que celui de Plaute étoit fort
fupérieur} mais apprenant que le comique moderne
devoit donner une comédie fur les femmes
fa va n te s , elle fupprima fort, prudemment fa differtation.
„.Madame Dacier étoit très-charitable. Son mari
lui repréfentant un jour qu'elle devoit modérer
fes aumônes. Ce ne font pas les richeffesjqqe nous
avons, drtrellë, qui nous feront bien vivre, ce font
les charités que nous ferons. Elles feules peu
vent nous rèridré amis de Dieu. ’
D A C I E R S André ) , né ^en i 6j i , mort
en 17 11. Il a mis dans fes ouvrages beaucoup
i d’érudition 8c peu de goût 5 fa plus grande gloire
eft d’avoir donné fon nom à la favante le Fevre,
fa femme. On dit, à l ’occafion de fon mariage,
que c ’étoit l’union du grec 3c du latin.
Ces deux do&es époux partagèrent leurs travaux
& leur vie dans la plus grande intimité.
Us eurent un fils & deux filles qui ne leur fur-
| vécurent point. Le fils dès l’âge de dix ans mon-
1 troit de grandes difpofitions & portoit déjà un
jugement fain fur les auteurs de l’antiquité. Il
! difoit qu1 Hérodote" eft un grand enchanteur, &
' Polybe un homme de- grand, fens.
Lors de la difpute qui s’éleva fur le parnaffe
au fujet des anciens & des modernes. Pavillon
i difoit » qu’il feroit un livre fous le titre de
!>r Guerre des auteurs i ôù il traveftiroit Dacier
!» en un bon gros1 mulet chargé du bagage de toute
» l’antiquité ». -
On demandoit un jour à M. Dacier lequel
étoit le plus beau d’Homère ou de Virgile, Un
railleur qui e'toit • préfent, prévint M. Dacier ,
8c dit : Homère eft plus beau de mille ans.
Defpréaux- appelloit les interprétations fingu-
Iières que Dacier faifoit des anciens poètes , les
révélations de M. Dacier.
: Quand Dacier & fa femme engendrent de leurs corps,
Et; quand de ce beau couple il naît enfans, alors
Madame Dacier eft la mère ;
Mais ils engendrent d’efprit,
Et font des enfans par éc rit,
Madame Dacier eft le ’ père.
D A G O B E R T I . , onzième roi de France,
mort en 63 8 , âgé d’environ trente-fix ans.
Dagobert fubjugua les Saxons & eu t la cruauté
de faire' couper la t,ête à tous les prifonniers.
qui excédoient la longueur de fon épée.
L’ auteur des geftes de Dagobert raconte bonnement
que ce prince étant mort fut condamné
jau jugement de Dieu / 8c qu’un faint hermite ,
; nommé Jean, qui demeuroit fur les côtes de
,1a mer d’Italie, vit fon âme enchaînée dans
une barque , & des diables qui la rouoient de
•coups, en la conduifant vers la Sicile, où iis
i dévoient la précipiter dans les gouff es du mont
; Etna, mais que faint Denis avoir tout-à-coup paru:
{dans un globe lumineux, précédé des éclairs &
jde la foudre, & quyayant mis en fuite ces'ma-
llihs efprits , 3c arraché cette pauvre âme des
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