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O R M
de Nemours j appartient, depuis trois fiecics , à la
famille le Fevre , de la branche à'OmeJfon.
Olivier le Fevre d’Ormt-/70« né en 1525 , attaché
au daupiiin depuis Henri II, fut marié quatre jours
apres la mort funefte de fon roi & de Ion ami en
1559. Il confacra la mémoire des bontés de fon roi
par ion bulle qu’on voir encore au chateau d'Ormef-
fon. Le chancelier de l’Hopital le fit entrer au conleil
fous Charles IX , & il accompagna ce prince qui
vifitoit fon royaume, ayant fa femme en croupe
derrière lui. 11 refufa la furintendance des finances
en 1566. Charles IX dit : « J'ai mauvaife opinion de
» mes affaires, puifque les honnêtes gens ne veulent
i> pas s’en mêler >». Il fut cependant intendant des
finances en 1 573 : il quitta cette place orageufe en
1^77; fut reçu prélident en la chambre des comptes
en 1579. M. de Nicolai lui dit au nom de fa compagnie
, qu’elle fc fentoit honorée de l’avoir pour pre-
iident. Henri IV, infiruit de fes fentimens patriotiques
en 1589 lors du fiege de Paris, défendit à fes foldats
de toucher à la terre CCOrmefon : le château devint
la lauve-garde despayfans; plus de deux cens ménages
s’y retirèrent. Pendant les guerres de la fronde,
on eut le même ménagement pour fon fils. Il mourut
fort âgé en 1600, & fut enterré aux Minimes de
Chaillot. Son petit-fils fut le magiifrat le plus intégré
de la cour de Louis X IV , mort en 1686. Journ.
£ncycl.2. jidlUt tyyo. (C.)
ORMUZ , Ormufia, {péogr?^ ville d’Afie , à l’entrée
du golfe Perfique, bâtie lur un rocher ftérile par
lin conquérant Arabe dans le xi^fiecle , devint, avec
le teins , capitale d’un royaume qui, d’un coté , s’é-
tendoit allez avant dans l’Arabie , & de l’autre, dans
la Perfe. Orrnujavoit deux bons ports: il étoit grand,
peuplé , fortifié. Il ne devoir fes richcfi'es & fa puif-
lance qu’à fa fituation : il fervoit d’entrepôt au commerce
de la Perle avec les Indes ; & avant les découvertes
des Portugais, le commerce de Perfe étoit
plus grand qu’il ne l’a été depuis , parce que les Per-
làns faifoient pafl'cr les marchandifes de l’Inde par
les ports de Syrie ou par Caffa.
J^ans les laifons qui permettoient l’arrivée des
marchands etrangers , Ormu^ étoit la ville la plus
brillante & ia plus agréable de l’Orient. On y voyoit
des liommes de prelque toutes les parties de la terre
faire un échange de leurs denrées, & traiter leurs
affaires avec une politefTe & des égards peu connus
dans les autres places de commerce.
Ce ton étoit donne par les marchands du port qui
commimiquoient aux étrangers une partie de leur
affabilité. Leurs maniérés, le bon ordre qu’ils entre-
lenoient dans leur ville , les commodités, les plaifirs
de toute elpece qu’ils y ralfembloient, tout concou-
roit à y attirer les négocians. Le pave des rues étoit
couvert de nattes très-propres, & en quelques endroits
de tapis ; des toiles qui s’avançoient du haut
des maifons, rendoient les ardeurs du foleil fuppor-
tables : on voyoit des cabinets des Indes ornés de
vafes dorés ou de porcelaine , dans lefquels étolent
des arbriffeaux & des herbes de fenteur. On trou-
voit dans les places des chameaux chargés d’eau. On
prodiguoit les vins de Perfe , ainfi que les parfums
les alimens les plus exquis. On entendoit la meilleure
mufique de l’Orient.
Ormui étoit rempli de belles filles de différentes
contrées de l’Afie. On y goùtoit toutes les délices
que peuvent attirer & réunir l’abord des richeffes,
un commerce immenfe , un luxe ingénieux , un
peuple p oli, des femmes galantes.
A fon arrivée dans les Indes, d’Albuquerque afiié-
gea cette ville , battit la flotte des Ormuziens avec
cinq navires , bâtit une citadelle , & força une cour
corrompue & un peu amolli à fe foumettre en 1 5 07.
O R N
Le fouverain de la Perfe envoya demander un tribut
au vainqueur. Le vice-roi fît apporter devant les am-
baflàdeurs, des boulets, des grenades & des labres :
Foi/à , leur dit-il, lu monnaie des tributs que paye le roi
de Portugal. Mais en 1622, Schab Abas, roi de Perfe ,
s’empara de la ville & de i’ile , qui font reliées aux
Perles. Hißoire du cornnurce des Indes » tome I. >yy^*
(C .)
§ ORNANS , {Gèogrd) petite ville de la Franche-
Comté , liege d’un bailliage relfortilfant à D o le, fur
la Lou ve , à trois lieues de Belançon, d'environ
deux mille habitans.
Le puits qui ell auprès ÿOrnans ell une des fin-
gulariiés de la nature : il ell très-profond ; il arrive
loiivent qu’après les grandes pluies il regorge de maniéré
à inonder les campagnes voifmes. Les eaux
débordées de ce puits laiflent après elles quantité
de poiflbns , appelles timbres dans le pays, qui repeuplent
la riviere.
Monthier, lieu de bailliage, offre aux curieux des
cavernes aulfi belles que celles de Quingey , Ôc aufii
remplies de congélation. Lafontaine pctnfietoui ce
q u i, à fon approche , ell imprégné de fon eau. On
découvre au village de Loz des entroques , des
ourlins, des vertebres de poilfons , des aflroides Sc
du bois pétrifié. (C.)
ORNITHOGLOSSE , f. m. {Pharmac.) On donne
ce nom aux femences du frêne. (Z?.)
ORNITHOLOGIE, f. f {Hiß. nat.) c’efl la partie de
l’hllloire naturelle, qui a pour objet les oifeaux.Une
connoilfance dillinéle Sc méthodique de ces animaux
doit en être le but ; dès-là elle doit comprendre une
dillribution méthodique, établie, s’il lé peut, lur
les rapports les plus naturels & en même tems les
plus faciles à failir : des deferiptions exaéles de chaque
individu; & l’hilloire des moeurs ou des habitudes
propres à chacun ou communes à plufieurs :
mais il ell très-difficile de réunir ces objets dans un
certain degré de perfeélion. La maniéré de vivre des
oifeaux les met la plupart tellement hors de notre
portée , la faculté qu’ils ont de s’élever à de prodi-
gieufes hauteurs & de franchir en peu de tems de
très-grands efpaces , les fondrait fi ailcmeni à nos
recherches, qu’un grand nombre de faits de leur
hidoire nous échappe néceflàirement. La didinflion
des efpeces & des genres, ou la nomenclature ne
fouffre pas moins de difficultés ; les couleurs du plumage
font prefcjue les léuis carafleres bien marqués
par lefquels on peut didinguer les efpeces ; & elles
varient fi fort dans une même efpece , félon le fexe ,
& quelquefois dans un même individu, félon les
différens âges , fur-tout parmi les oifeaux de proie ,
qu’il ed très-facile de s’y méprendre, & de regarder
deux individus d’une même efpece , & même
un feul individu, vu dans différons âges , pour des
efpeces didinéles , à moins qu’on ne fe foit habitué
en obfervant de près ces oifeaux & en fuivant
leurs accrolffemens & leur génération , à reconnoî-
tre fous ces différentes livrées les individus de chaque
efpece.
\Jornithologie a fans doute la même origine que
les autres parties de l’hidoire naturelle. Dès que les
hommes ont penfé à faire une étude des êtres naturels
, les oifeaux ont du être auffi les objets de leur
attention. Aridote les a embraffés dans fes recherches
, & a jetté les premiers fondemens de ['ornithologie
, en donnant des deferiptions & l’hidoire de
plufieurs oifeaux qu’il avoir raffemblcs , quoique ,
comme c’ed le fort de toutes les fciences au berceau,
il y eut dans fon travail beaucoup d’imperfeélions,
foit par l’inexaftitude des deferiptions qui ne pré-
fentent pas des carafteres fuffifans , foit par le
défaut de figures qui fuppléent aux deferiptions, &c.
O R O
Après un vuidc de plufieurs ficcîes ps.nit n in e , '
cmincmment dilungué dans le petit noinbi c cie ceux
qui étudièrent la nature, ck dans le dixième livre
de fon hijloirc ruuureUe, il a donné beaucoup de
lionnes ebofés fur les oileaux , lefquclles cependant
n’ont nas lérvi de beaucoup à la perfeflion de la
feience , par le defaut de deferiptions & par la cre-
cluüté fuperditicuic avec laquelle il a recueilli toutes
fortes de fibles.
( f ’ell-ià tout ce cjuc Xornithologie doit aux anciens :
car fi quelques autres en petit nombre en ont dit
quelque chofe , ils n'ont fait que copier ou commenter
Arifiote. Ce n’efl qu’au milieu du xvi*^ fiecle de
notre cre que Xornithologie a commencé à fornrde
l’enfance ou de l’oubli. Le célébré Gefner en fut le
rcfi:uirateur,&en quelque façon le pere. Il recueillit,
obférva beaucoup, rédigea ce qu’avoient donné
les anciens, ôe forma du tout un corps d’hilloire
ran‘’c dans un ordre auffi méthodique que ces tems
îc p'.-rmetroieut, & accompagné du l'ecours des gravures
en bois. Belon , contemporain de Gefner ,
contribua beaucoup de fon cote à l’augmentation des
connoilfances par les obfervations qu’il fit dans fes
voyages , par les deferiptions tk les figures qu’il
donna d’oileaux auparavant peu ou point connus.
Alctrovande , venu après eu x , ne fit prefquc qu’abréger
Gefner. Johnfton , poflérieur encore à celui-
ci, ne lit prefque qu’en donner des extraits , & n’eut
pucie d’autre mérite que de donner des figures
mieux gravées, mais cependant copiées. Wilhugby,
gerullhomine anglois , fut le premier qui chercha à
réduire Xornithologie en fyfiême. Il fit, clans cette
vue , divers voyages par TEurope , il obi'erva beaucoup
; & aidé de Kay , il donna une hiltoire plus
.régulière , avec de bonnes deferiptions. Ray per-
fecllonna la méthode de Wilhugby. Dès-lors le gout
de cette fciencc s’étant plus répandu , plufieurs fa-
vans ont contriimé à la perfeèionner, les uns par
des deferintions exaéles de quelques oifeaux, ou par
des deffins d’après nature , comme MM. Dodart,
Eradley , Seba, Edwards , les auteurs de la Zoologie
Britannique, M. Pennant, M. Frifch, &c. foit en travaillant
à former des cîlflributions méthodiques ,
comme MM. Klein , Mochring, BrifTon, Linné, &
autres. Mais rien , fans doute, n’égalcra l'ouvrage
commencé par MM. de BiilTon & d’Aubenton , qui,
à une hiftsire des oifeaux , clans laquelle brillent
egalement la clarté , l’éloquence, la précifion & une
faine critique , réunit une coUeclion de planches coloriées
d’une magnifique exécution.
Tel cfi l'état aéluel de Xornithologie. Il nous refie
'1 defirer cpie la nomenclature fe débrouille & fe
perfectionne , & que le Pline françois puifTe finir du
moins encore cette partie de la vafle carrière qu’il a
cmbrafi'ée clans fon p'an. (D.)
ORODE , {H'fi. anc. H i f des Parches.^ roi des
Parthes , fut élevé, par le lufl'rage des peuples , fur
un tronc que fon trero Mithridate avoit fouillé de fes
crimes. Le prince dégradé le réfugia dans Babylone ,
qui fut auffi tôt afiiégée. La ville prefi'ée par la famine
fe rendit après une longue réllllance. Mithridate fe
flattant que les droits du i'ang fléchiroient fon vainqueur,
fc remet à fa diferétiou ; mais O rode ne voyant
C il lui que le rival de la pulfi'ancc , le fit maffacrer à
fes yeux. Les Romains lui déclarèrent la guerre, &
le riche Crafilis entretint, à ics dépens , l’armée qui
• marchacontre lui. Oro.Llui oppofa destrouoesnom-
breuiesl'ous la conduite de f ou fils Pacorus, qui s’avança
dans la Syrie avec ordre d'ex terminer tous les Romains
: CrafTus vaincu dans un combat fanglant y
perdit la vie avec fon fils ; toutes les aigles romaines
tombèrent au pouvoir du vainqueur, qui fit prifon-
niers tovis ceux qui avoient échappé à la mort dans
la mêlée. Le roi barbare s'étani lait apporter la tête
Tome IV,
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c!c Cramis, fit fondre cle l'or dans fa bouche , poul*
lui reprocher l’avance criminelle dont il avoit été
dévoré. Pacorits, couvert de gloire , devint fufocCl
à l'on [)cre, qui le rappella auprès de lui. Caffius
Eongmus, quellcur de Crafilis , profitant de Fab-
/cnce de ce jeune héros , fondit lur les Parthes dont
il fit un horrible carnage.
La rivalité de Céfar & cle Pompée ayant allumé
une guerre civile , Orode fe déclara pour ce dernier
cju il avoir connu dans la guerre contre Mithridate.
La politique lui fit encore embraffer cette querelle; II
redoutoit le reîTentimem du jeune CrafTus, oui s'etoit
déclaré pour Céfar. Ce fut par le même motif qu’il
envoya (lu fecoiirsàCafuiis& Bnituscontre Au<rufl2
& Antoine. Lorfque la journée de Philippe ciu décidé
du fort des Romains , ils ne furent pas moins
conflans dans leur attachement pour les vaincus. Ils
fe joignirent à Labiéinis , èk ravagèrent la Syrie : ils
infulterent même Vendidius dans fon camp, Paco-
n is , qui avoit été rappelle au commandement, fc
comporta en grand capitaine : mais étant mal fécondé
, iTtomba percé cle coups , & fa mort vengea les
Pvomains cle la défaire de Crafi'us. Orode fut fi \-ivc-
ment touche de la perte de fon fils ck de !n défaite
de fon armée, qu'il tomba en démence. Tous lc5
hommes lui devinrent odieux ; & déd.lignant de
leur parler, il ne fortoit de fa taclturnité que pour
prononcer le nom de Pacorus qu il croyoit voir &
entendre. Quand le tems eut un peu adouci fa ciou-
j£ur , il fe fenrit dévoré de nouvelles inquiétudes.
>11 avoit trente fils , & fon cfprit flottant ne ponvoit
fe déterminer à faire choix d’un fuccefTeur. Scs maî-
treffics rempüÜbient fa cour d’intrigues , &abufanC
de l’afcenclanr que la beauté a fur i’efprit d’un vieillard,
chacune le follicicoit d’clever fon fils. La ciefli-
née des Parthes fut d’être toujours gouvernés par
des rois parricides. Orode fixa fon choix fur Phraate,
le plus fcélérat de fes fils. Ce prince dénaturé , impatient
cle régner, monta fur le tronc fouillé du fang
de fon pore. \T—n)
ORPHIQUES £' ORPHÉE, ( LuUraturc & H i f )
On défigne ordinairement parle terme A'erphiqué';
les poemss & ics vers détachés que Ie.s anciens êk
lc6 modernes ont attribués à Orphée .y & dont nous
tâelicrons de donner ici une notion plus precife que
celle qu’on pourroît fe procurer en confuliant les Fa-
briclens &: les bibliographes ordinaires, dont aucun
n’a vu avant l’an 1764 un recueil bien complet de
CCS pièces fmgulicres, puifque ce n’cfl qu’en cette
annce-Ià que la colleélion en a paru ; & M. Gdhcr,
auquel on en efl redevable, n’a point eu le bonheur
cle vivre afiez pour pouvoir la publier, tcllemenî
qu’un cle fc6 amis a dû fe charger de réclltion. A.nrès
tout cela nous éclaircirons l’hlfloire même d’6Vÿ,hv,
perfonnage afl’ez célèbre pour intcrefîer la curiofité
des phllolophes.
Les orphiques, dans l’état où ils font r.u’ourà’hur,
comprennent en tout un poème de milic rroi.s ccn.s
foixante-treizevers, intitulé Argonautiques. quatre-
vingt-fix hynmcs, un fécond poème où l’on traire
des propriétés des pierres précieufes en vingt cf-
peces de chants ou de fcélions, & enfin fi.x fr.ag-
mens ôc des vers détaches, recueillis des écrits de
différens auteurs anciens, comme Plutarque , iMa-
crobe , Se.xtus-Empiricus, Eufebe , Porphyre, Pro-
clus, Clément d’Alexandrie, Stohce,6'’c. qui ont cité
ces vers & ces fragmens comme étant réellement
^Orphée.
D'aborclles argonaiitiques formentun poème afTez
bizarre, qui a quelques caraclercs de l’épopcc, mais
il s’en faut beaucoup qu’il les ait tous. On y décrit
l’expédition des Argonautes, fujet qu'on fait auffi
avoir été traité par Apollonius de Rhodes & par
A a ij