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i. 5 8 P A T l,c fentiment qu’infpire un perfonnagc , eft que^
quefois analogue à celui qu’il éprouve ,
différent & quelquefois contraire : ana ogue, lorlque
l’afteur nous pénétré de fon effroi, de la douleur,
'comme Héciibe , Philoaete , Mérope , Sémiram.s,
Hiulromaque, Didon , & c. différent, lorfque de la
litiiation naiffént des fentimens de crainte &L de pitic
qu’il ne reffent pas lui-même , comme OEdipe , 1 olixene,
Britannicus ; contraire , lorlque la vi^olence
de l'es tranfports nous caule des fentimens de tra^yeui
& de compalfiün pour un autre & contre Uu-meme ,
comme Atrée, Cléopâtre & Néron. C clt alors ,
comme nous l'avons d i t , que le lilence morne, a
difiimulation profonde, le calme apparent d une ame
atroce, & la tranquille lécunte dune ame_ mno-
cente & crédule, nous font frémir de voir l un
expofé aux fureurs que l’autre renferme. Toutparoit
tranquille fur la Icene , & les grands mouvemens du
pathétique fe palTent dans l’ame des fpeflateurs.
Jettez les yeux fur la llaïue du gladiateur mourant
; il expire fans convullions , & la douce lan-
nueur , exprimée par Ion attitude & répandue iiu
fon vifage , vous pénétré & vous attendrit j ainli,
lorfqu’Iphigénie veutconfoler fon pere qui l’envoie
à la mort, elle nous arrache des larmes : amli,
lorfque les eiifans de Médée careffent leur mere qui
médite de les égorger , on frémit. Voyez un berger
& une bergere '[ouant fur l’herbe, & prêts a fouler
un ferpenr qu’ils n’apperçoivent pas ; voyez une
famille tranquillement endormie dans une raailon
que la flamme enveloppe : voilà l’image de ce pat ic-
tique indireft.
Rien de plus déchirant fur le théâtre que les tranl-
ports de joie de l’époux d’Inès quand fon p^^c hui
a pardonné; & rien de plus contraire à la joie que
le fentiment de pitié qu’elle excite dans tous les
coeurs.
Mais l’éloquence des paffions agit tantôt directement
fur les aaeurs qui font en feene, & par
réflexion fur les fpeaateurs ; tantôt direaement fur
les fpeaateurs, fans avoir d’objet fur la feene : un
conjuré comme Cinna , CalTuis , Manlius qVeut inl-
pirer à fes complices fes fentimens de haine & de
vengeance contre Céfar ou le fénat ; il emploie 1 elo-
qiierice de ces paffions , il en réfulte deux effets,
l’un fur l’ame des perfonnages, qui conçoivent la
même haine &: le même relTentiment ; 1 autre liir
l'ame des fpeaateurs , q u i, s’mtereffant au ialiit
de Célar ou de Rome, frémiflent des fureurs &;
du complot des conjurés. De même , lorfqu’iine
amante paffionnée,comme Ariane ou Didon,déploie
toute l’éloquence de l’amour pour loucher un ingrat,
pour ramener un infldele, pathétique en eft
dirioé vers l’objet qu’ elle veut toucher ; ôc ce n’eft
qu’e°n fe réfléchiffimt fur l’ame des fpeaateurs , qu’il
les pénétré de pitie pour la malheureufe viaime d un
fentiment fi tendre & fi cruellement trahi. Mais, fi
la paffion ne s’exhale que pour s’exhaler, comme
lorfque cette même Didon , cette Ariane abandonnée
laiffe éclater fon défefpoir ; lorfque Phi-
loftete , Mérope, Héciibe ou Clytemneftre, fait
retentir le théâtre de fes plaintes ôi de fes cris, le
pathétique alors fe dirige uniquement fur les fpeéla-
teurs ; & f l , comme il arrive dans de vaines dccla-
mations, il manque de frapper les âmes de compal-
fion &£ de terreur, c’ eft de l’éloquence perdue
verberat auras.
De l’étude bien méditée de ces rapports , réfui-
teroit peut-être une connoiflance plus jufte qu on
ne paroît l’avoir communément, des moyens propres
à l’éloquence des paffions, & de l’ufage plus
modéré, mais plus fù r , qu’il feroit poffible d’en
faire.
P A V
A l’égard du pathétique de l’aéllon , C a t A- STROPHE, INTÉRÊT, RÉVOLUTION, & C ,
Suppl. {M. Ma rm o n t l l .)
PATRIARCHALE , adj. f. {terme de Blafon.')
fe dit d’une croix haute à deux traverfes, là première
moins longue.
Oritel de la Vigne , de la Porte , en Bretagne ;
d’azur à la croix patriarchale d'or. Le montant accote
de deux chefs adofj'és d'argent, les pannetons en bas,
{ G .D .L .T . )
PATRON, ( TIi(î. eccléf. ) Saints patrons de certains
métiers. Les Mégiffiers ont choifi la Magdelaine ,
parce qu’ils font amas de laine.
Les Rôtiffeurs, l’Affomption, à caufe du mot
aff'nm: ailleurs ils ont choifi S. Laurent, parce quil
été rôti fur un gril.
Les Chapeliers, S. Léonard, parce qu’ils font
happe'- les liés &L les prifonniers.
Les Naiicrs, la Nativité de N. D. par allufion au.
om.
Les Menuifiers , fainte Anne, parce qu’on l’a
peinte afjife dans une chaife de bois.
Les ta illeu r s , Fripiers , la Trinité , parce que de
plufieurs pièces ils en font une , ou à caufe de leur
cil'eau qui a trois pièces.
Les Couvreurs,l’Afcenfion, parce qu’ils montent
fur les toits. ,
Les Armuriers, S. George , parce qu’on le repre-
fente armé.
Les Archers, S. SébaRien , parce qu’il fut.tué à
coups de fléché.
Les Cordiers, la Converfion de S. Paul, parce
qu’ils travaillent à reculon.
Les crocheteurs, S. Chriftophe, parce qu’on le
peint portant J. C. fur fes épaules. Voy. Taillepied,
Aniiq, de Rouen iSc)o ^ è'ô. La Mothe-le-Vayer
nous a confervé cette lille qui prouve affez le choix
ridicule de plufieurs de ces artifans. ( C. )
PA T T E , f. f. ( terme de Blafon. ) jambe de lion ,
d'ours, de lévrier ou d’autre animal quadrupède ,
féparée de leur corps.
Les pattes jointes au corps d’un quadrupède , ne
fe nomment en blafonnant que lorfqu’elles fe trouvent
d’émail différent.
Les pattes de l’aigle & autres oifeaux font nommées
membres.
De Gérard de Hervillers, en Lorraine; d'argent
à la patte de lion de fable, au chef d'a\ur, chargé de trois
étoiles d'or.
De Brignac de Montarnaud, à Montpellier ; de
gueules , au lévrier rampant d argent, accolle d or , les
deux pattes dextres de même.
P A T T E , ÉE, adj. ( terme de Blafon. ) fe dit du
fautoir , de la croix & autres pièces, dont les branches
s’éiargiffent à leurs extrémités. Foye^pl. I I I ,
fg . iS(S & tSy de l'art Herald, dans le DiB. raif. des
Sciences, &c.
Rongé du Pleffis-Belliere, en Bretagne ; de gueules
à la croix patcée d'argent.
De Savonieres de Lignieres, en Anjou ; de gueules
à la croix pattée & alefée d'argent.
Barlot du Chatellier , en Poitou ; de fabU à trois
croifettes pattées d’argent, ( G. D- I^- T. )
§ PAVANE , ( Mufque.') Quelques auteurs donnent
à ce mot une autre origine que celle qu’on
trouve à Varticle PavaNE du DiB. raif des Sciences
, &c. Selon ces auteurs , la pavane, qui en Italien
fe nomme paduana ou padoana, eft une danfs
inventée à Padoue , d’où lui vient fon nom.
Au refte l’air de la pavane avoit ordinairement
trois reprifes de huit, douze ou feize mefures chacune
mais ne pouvant jamais en avoir moins que
huit / à caufe du pas qui demande quatre mefures
P A U pour être achevé. La pavane ctoit à quatre tems.
( F. D. C. )
p a v i l l o n , {Botanique. ) fignifîe , i° . la partie
évafée d’une fleur en entonnoir; 2°. on nomme pavillon
ou étendard, en latin vexiLlum, le pétale fupé-
rieiir des fleurs Icgumineufes. ( -f-) Pavillon d’o r , ( Monnoie. ) monnoîe d’o r ,
fabriquée pendant le regne de Philippe de Valois ,
en 1339- Cette monnoie , ainfi appellée parce que
le roi y étoit repréfenté aftîs fous un pavillon, n’eut
cours que jufqu’au 7 février 1340; elle étoit d’or
fin à la taille de quarante-huit, & valoit trente fols.
( + )
PAUL {Saint'), Hiß. facr. apôtre des gentils,
êi celui de tous qui contribua le plus à étendre la
foi de Jéfus-Chrift par fes prédicatio ns & fes travaux
apoftoliques , fut d’abord un des plus grands perfé-
cuieurs du chriftianifme. Né à Tarie en Cilicie, d’un
pere qui étoit de la fefte des pharifiens, il fut envoyé
à Jérufalem pour y erre inûruit dans la fcience
de la loi & des écritures ; & il eut pour maître le
célébré doéfeur Gamaliel. Tant qu’il regarda le
judailme comme la feule véritable religion, il en
foutint les intérêts avec cette ardeur & cette im-
pétuofité qui lui étoient naturelles , & crut honorer
Dieu, en perfccutant , dans les nouveaux chrétiens
, ceux qu’il croyoit les deftruéteurs de la
loi judaïque. Ce fut lui qui garda les habits de
ceux qui lapidoient faint Etienne. II brigua auprès
du prince des prêtres un emploi que le zele
leul de fa religion pouvoit lui faire ambitionner:
c’ étoit une commiftion pour aller à Damas fe faifir
de tous les chrétiens qu’il y trouveroit, & les amener
charges de chaînes à Jérufalem. Il l’obtint, & fe
mit auffi-iôt en chemin, ne refpirant que le carnage.
Lorfqu’il approchoit de Damas, il fut tout-à-coup
environné d’une lumière éclatante , & , tombant à
terre , il entendit une voix qui lui difoit : « Saul,
» Saul , ( il portoit alors ce nom ) pourquoi me
» perfécutez-vous ? . . . Qui êtes-vous. Seigneur?
» répondit Saul. Je fuis, dit la vo ix, ce Jefus que
» vous perfécutez.. . . Seigneur, que voulez-vous
» que je faffe ? repartit Saul.. . . Levez-vous, lui dit
» le Seigneur, & entrez dans la ville ; là , on vous
» dira ce que vous devez faire ». Ceux qui accom-
pagnoient Saul, demeuroient immobiles d’étonnement
, parce qu’ils entendoient la voix , fansapper-
cevoir perfonne. Saul fe leva, & fut bien furpris
de ne rien v o ir , quoiqu’il eut les yeux ouverts.
II fallut le conduire par la main à Damas, où il
demeura trois jours aveugle, fans boire ni manger.
Il y avoit à Damas un difciple nommé Ananias,
auquel Dieu ordonna d’aller trouver Saul, lui indiquant
le lieu où il étoit logé. Ananias, furpris d’un
tel commandement, repréfénta au Seigneur que cet
homme étoit le plus grand perfécuteur des Chrétiens,
& qu’il n’etoit venu à Damas que pour les
emprifonner. « Obéis , répondit le Seigneur. Celui
» vers lequel je t’envoie eft un vafe d’éleftion, il
» eft cleftiné à porter mon nom chez les nations ,
» chez les rois & chez les enfans d’Ifraël ». Ananias
fe rendit fur le champ dans la maifon où étoit Saul,
il lui impofa les mains, & auffi-tôt il tomba des yeux
de Saul des efpeces d’écailles, & il recouvra la vue
reçut le baptême, & prit enfuite quelque nourriture
pour rétablir fes forces.
_ Ce zele ardent que Saul avoit témoigne pour le
judaifme,ne fit que changer d’objet après fa converfion.
On le vit confondre les Juifs & s’élever contre
eux avec autant de vivacité qu’il en avoit marqué
peu de tems auparavant à perfécuter les Chrétiens.
J .4 ? fallut que fon zele ne lui coûtât la vie. Les
Juifs indignes de voir leur plus grand défenfeur fe tourner
contr eux, conjurèrent fa perte; mais les Chré-
U
liens le dérobèrent au reffentiment de fes ennemis^
en le defeendam pendant la nuit par-deffiis les murs
de la ville dans une corbeille. Saul étant retourné à
Jérufalem, fut préfenté aux apôtres par Barnabe,
qui leur raconta le miracle de fa converfion. II courut
dans cette ville le même danger qu’à Damas;
mais les Chrétiens le fauverent, en le conduifant à
Céfarée, d’oit il fe rendit à Tarfe. Quelque tems
après, Barnabé alla le chercher dans cette ville, &
le conduifit à Antioche. Ils y opérèrent un nombre
prodigieux de converfions; & leurs difeipies furent
les premiers qui reçurent le nom de Chrétiens. Saul
& Barnabé étant de retour à Jérufalem, Dieu fit
connoître que c’étoit fa volonté qu’ils allaffent prêcher
l’évangile aux nations. Ils partirent donc, Sc s’en
allèrent à Séleucie & dans l’île de Chypre. Le pro-
conful de cette île, nommé Sergius Paulus, homme
prudent, vouloit entendre les difeours de Saul & de
Barnabe ; mais il en étoit détourné par un magicien
& un faux prophète nommé Barjéfu. Saul, auquel
S. Luc commence à donner dans cette occafion le
nom de Paul, peut-être à caufe de la converfion du
proconful Sergius Paulus ; Paul, dis-je, plein du faint
Efprit,dit au magicien ;« Fils du diable, pétri de
» fraude & d’artifice, ennemi de toute injuftice, Dieu
» va te frapper d’aveuglement ». Dans l’inftant même
la clarté du jour fut ravie au magicien Barjéfu,
& il cherchoit quelqu’un pour lui donner la main.
Le proconful, touché de ce miracle, fe fit Chrétien.
Paul &c Barnabé pafferent enfuite à Antioche de
Plfidie , & y prêchèrent dans la fynagogue ; mais les
Juifs ayant blafphcmé contr’eux, ils dirent à ce peuple
obftiné ; « Notre devoir étoit de vous annoncer
» avant tous les autres la parole de Dieu; mais,
» puifque vous la rejettez, & que vous vous jugez
» indignes de la vie éternelle , nous allons prêcher
» aux gentils». Peu touchés de ces menaces, les
Juifs les chafferent honteufementde la ville. Paul 6c
Barnabé fecouerent en fortant la pouflîere de leurs
pieds, fe rendirent à Icône. Les Juifs leur fuf-
citerent encore dans cette ville une perfécution qui
les obligea de s’enfuir à Liftres. Ce fui-là que Paul
rendit l’ufage des pieds à un homme qui n’avoit jamais
pu marcher depuis fa naiffance. Les habitans,
témoins de ce prodige, s’écrièrent : ce font des dieux
qui viennent nous vijiter! Ils appelloient Barnabé Jupiter
, & Paul Mercure, parce que c’étoit lui qui portoit
la parole. Le prêtre de Jupiter vint avec une
grande foule de peuple, dans le deffein de leur offrir
un facrifice. Il apportoit exprès des couronnes, &
conduifoit des taureaux. AlorsPaul Sc Barnabé déchirèrent
leurs vetemens, & s’écrièrent ; « Peuples
» que faites-vous ? Nous fommes des mortels, fem-
» blables à vous, & nous venons vous annoncer
» le véritable Dieu ». Quelques Juifs venus de
Pifidle ôc d’Icone, fouleverent de nouveau la multitude
contre les apôtres, & Paul fut lapidé & laiffé
pour mort par ceux meme qui vouloient, un inftant
auparavant, l’adorer comme Dieu. Le lendemain il
fe rendit à Derbe avec Barnabé. A près y avoir prêché
quelque tems l’évangile, il repaffa par Liftres, Icône
6c Antioche de Pifidie, annonça la parole de Dieu
dans la ville de Perge & d’Attalie, & revint à Antioche
l’an 48 de J. C. II s’éleva une efpece de fchifme
entre les fideles de cette ville. Les uns prétendoient
qu’il falloir joindre au chriftianifme l’obfervation
des cérémonies de la loi judaïque ; les autres foute-
noient qu’on n’y étoit pas obligé. Paul & Barnabé
furent envoyés à Jérufalem pour confulter les apôtres
fur ce fujet, & ils apportèrent leurdécifion aux fidèles
d’Antioche.
Quelque tems après, Piz«/voulant retourner vers
les églifes de Cilicie & de Syrie , eut une contefta-
tion avec Barnabé, au fujet d’un certain Jean, fur-
K k ij
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