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Hme fécondé , parce que l’accord perd par-îà de fa
'clarté. Lorfqu’un accord diffonant eft à plufieurs
parties , il faut fur-tout faire attention à bien dillri-
buer les intervalles , enforte que l’oreille les puifle
tous faifir. Dans un accord il faut confidérer chaque
intervalle, en le rapportant au fon fondamental,
aux autres intervalles du même accord. Plus il y a
de diffonances par rapport au fon fondamental, plus
il faut que les intervalles qui compofent l’accord
foient confonnans entr’eux , au moins faut-il les
diftribuer, enforte que chaque ton paille être diftin-
gué , c’eft pourquoi il ne faut point de plus petit in-
lervalle que la tierce mineure dans un accord com-
pofé de plufieurs tons diffonans contre la balTe. Un
accord diffonant eft le plus facile à faifir, lorfque
chaque intervalle conlonne avec le fuivant ; mais
s’il y a des fécondés dans l’accord, il devient plus
obfcur, & cela à mefure qu’ il s’y trouve plus de
fécondés ; voilà d’oii vient qu’on peut frapper fans
préparation la neuvième dans un accord de dominante
tonique , pourvu que tout l’accord foit difpofc
par tierces, ^ o y e i N e u v ièm e , ( Mujîq. ) S u p pL
Voilà encore d’où vient qu’on ne peut pas renverfer
tous les accords dilTonans , ou du moins employer
tous leurs renverfemens : on peut remarquer en général
qu’un accord diffonant de plufieurs tons, dans
lequel la diffonance accidentelle eft à la baffe, eft
toujours le plus dur le moins facile à faifir.
Après avoir expliqué ce que c’eft que les vrais
accords fondamentaux & leurs ufages, examinons
maintenant plufeurs accords qui paroiffent très-fm-
guliers, & dont nous efpérons rendre bon compte
luivanc nos principes.
L’accord de fixte fuperflue n’eft , comme l’a très-
bien remarqué M. Rouffeau, qu’un accord de petite
ftxte majeure, diéfée par accident. Quand nos anciens
muficiens vouloient pratiquer un repos fur la
dominante-tonique d’un mode mineur , ils le fai-
foient à l’aide de l’accord de petite fixte majeure qui
conduit naturellement à l’accord de dominante-tonique.
f^ oy e ifig . 1 , 17°. 1, planche X V I . de M iifiq.
Supplément ; iis voulurent rendre cette cadence plus
piquante , & diéferent le ce qui rendoit l’accord
de dominante tonique fur le mi abfolument nécef-
faire , & faifoit mieux fentir le repos ; mais pour
éviter la fauffe relation qui réfultoit du f a de la
baffe 6c du rs ^ du deffus , fauffe relation rigidement
défendue alors, ils diéferent auffi en même
tems le f a , & arrangèrent leur harmonie comme
f g . ! , n ° . 2 y p lanche X V I de M u jiq u e , S u p p l, ce
qui donne un véritable accord de petite fixte majeure
renverfé d’un accord de dominante tonique.
Les modernes voulurent conferver ce que cette dernière
cadence avoit de piquant, mais ils changèrent
\ Q fa ^ t x \ fa 't \ , parce que ce f a ^ éloignoit trop la
modulation du mode mineur de la régnant, & par ce
moyen ils eurent l’accord de fixte fuperflue, tel qu’on
le pratique aujourd’hui Sc qu’on peut le \ o 'ir f ig . 1 ,
n®. 3 ^planche X V I d e Mujîq. S u p p l, Cet accord de
lixte fuperflue n’eft au fond qu’un ornement tranf-
porté du chant dans l’harmonie, elle occupe toujours
la place d’une flxte majeure , c’eft pourquoi
elle ne porte aucun changement dans l’harmonie
fondamentale, & peut encore moins être un accord
fondamental. L’accord de fixte fuperflue a donc toujours
pour fondamental la quinte fauffe au-deffous
de la note qui porte cet accord; & fi l’on fubftitue
la quinte au triton dans l’accord de fixte fuperflue ,
cette quinte n’eft au fond que la neuvième du ton
fondamental.
De même que la fixte fuperflue n’eft qu’un accident
qui ne change en rien l’harmonie fondamentale
, de même la quinte fuperflue ne change en rien
l ’harmonie fondamentale, & n’eft qu’un diefe acci-
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dentel, auquel on ne fait pas attention dans la baffe
fondamentale. Ainlila baffe fondamentale de l’accord
de quinte fuperflue & de tous fes renverfemensf i g . z ,
/2®. /, a 6- 3 , planche X V I de Mufiq . S u p p l, eft toujours
ut avec la triade majeure.
En général , par-tout où la marche de l’harmonie
n’eft pas changée par un , on peut regarder ce ^
comme nul, & on ne doit pas plus le compter dans
l’harmonie fondamentale que fi c’éioit une diffonance
accidentelle.
L’accord compofé de l’oélave diminuée de la fixte
& tierce mineure eft encore dans ce cas. On trouve
cet accord prelque par-tout aujourd’hui, & l’on s’en
fert principalement pour parvenir à une cadence fur
la dominante-tonique du mode régnant. Lorfque dans
cet accord l’oélave diminuée 6c la fixte font préparées,
alors l’harmonie fondamentale ne fouifre aucune
difficulté , parce que ces deux diffonances n’étant
que des fufpenfions de la feptieme &c de la fauffe
quinte, ne font comptées pour rien, & la baffe fondamentale
eft telle qu’on peut le v o \ r,fg . 2 , planche
X l l I de M u jîq u e , Suppl, où l’on frappe la feptieme
& la neuvième fans préparation comme il eft permis
dans ce cas, 6i. on les fufpend de loélave diminuée
& de la fixte mineure.
Que fi l’on trouve quelquefois l’oélave diminuée
fans aucune preparation , que même cette oôave
foit liilpendue par une neuvième, nous répondrons
que toujours la véritable baffe fondamentale eft la
tierce majeure au-defious de la note qui porte l’accord
d’üâave diminuée, & qu’il eft impoflîble de
rendre railon des extravagances des compofiteurs
modernes.
Tous les muficiens favent' que pour rendre le
chant de la baffe continue plus agréable, on y inféré
des notes de goût, & que quand le cbant d’une des
autres parties l’exige , on donne à cette partie aulîi
des notes de goût, mais qui conviennent à celles de
la baffe continue ; ce qui produit quelquefois en apparence
des accords dont la marche n’eft pas régulière
: de même on inféré fouvent entre un accord
un autre , un troifieme accord qui rend la tranfi-
tion plus piquante , fans que pour cela l’harmonie
fondamentale foit changée, 6c que cet accord y
entre pour rien. Les exemples fig . 3 , n ° . 1 , 2 &
planche X V I de Mufiq. S u p p l, feront mieux comprendre
cela que les paroles; nous les avons choifis,
parce qu’ils font les plus fingiiliers.
L’accord de fixte ajoutée de M. Rameau, doit
aufiî être confidéré fous ce point de vue, &c non
comme un accord fondamental. D ’abord l’accord
de fixte ajoutée paroît toujours dans le tems foible
de la mefure & entre deux accords fondamentaux,
dont la fucceftion eft des plus naturelles, c’eft-à-dire,
entre 1 accord de la tonique & celui de la dominante
tonique ; enfuite, fi l’on veut regarder la fixte ajoutée
comme un accord fondamental, parce qu’il fert à
paffer de la tonique à fa dominante, il faudra aulîi
regarder tous les féconds accords de h fig . 3 , n^. /,
^ ^ 3 ^ ietplanche X V I d e M u fiq . S u p p l, comme
autant d’accords fondamentaux ; ce qui eft abfurde.
Mais, repliquera-t-on, il arrive fouvent que l’accord
de fixte ajoutée eft fur le tems fort de la mefure
, & qu’il procédé irrégulièrement, fi l’on veut
le confidérer comme renverfé d’un accord de fimple
dominante.
Nous répondons d’abord que le tems fort & le
foiblc font non feulement relatifs à la mefure même,
mais encore à la diftribution de cette melure; dans
V alla-brev e, il arrive fouvent que toute une mefure
eft un tems, 6c qu’ainfi la premiere mefure eft le
tems fort, 6c la fécondé le tems foible, enforte
que dans ce cas la fixte ajoutée peut fe trouver dès
le commencement de la mefure, 6c ne point avoir
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une marche conforme à un accord de fixte quinte,
fans pour cela être un accord fondamental.
En fécond lieu, il peut y avoir une ellipfe après
l’accord de fixte ajoutée, enforte que cet accord
foit réellement un accord de fixte quinte , quoiqu’il
n’en ait pas la marche régulière.
Pour prouver ce que nous venons d’avancer, examinons
la fuite d’harmonie, jÇg’. q., n^. 1 , planche
X V l de Mufiq. Suppl. En regardant la fixte ajoutée
comme un accord fondamental 6c dont la fixte re
doit fe fauver en montant fur le tiii, la baffe fondamentale
eft telle que dans le /, fuccelîion qui n’eft
certainement pas naturelle, ou , pour mieux dire,
fucceffion tout-à-fait impolTible, au lieu qu’en regardant
l’accord de la fixte ajoutée comme un vérl-
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table accord de fimple dominante renverfé, 8c fai-
fant une ellipfe, on a la baffe fondamentale n®. 2
qui eft beaucoup plus naturelle & où l’on a marqué
d une croix la note dont l’accord eft omis par ellipfe.
^ Voilà comment on peut expliquer toute l’harmonie
par le moyen de deux accords, celui de tierce-
quinte ou triade , 6c l’accord effentiel de feptieme.
A préfent il s’agiroitde déterminer toutes les pro-
greflions poflîbles de la baffe fondamentale; mais
comme cela nous meneroit trop loin, nous nous
contenterons de dire que la plus naturelle eft celle de
quarte ou de quinte, enfuite celle de tierce en def-
cendant, & en troifieme lieu celle de fécondé dans le
cas où un ton monte de fécondé fur une fimple dominante
, ou fur une dominante tonique. { ^ F ,D .C . )