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P o ito u h tous égards : il y eut prefque fon berceau
étant ^Is d’Eléonore de Guyenne, comteffe de Poitiers
: il y a long-tems vécu, & il y a Ibn tombeau.
13. Jean de la Balue de fils d’un tailleur d’habits
de Poitiers, devînt évêque d’Evreux, enfuite d’Angers
, cardinal & minifire du roi Louis XI. On
fait que le roi qu’il avoit trompé , le fit enfermer
onze ans dans une cage de fer au Plefiîs-lez-Tours :
il en fortit en 14b’o pour aller à Rome , devint évêque
d’Albe & mourut légat de la Marche d’Ancqne,
en 1491, à 70 ans , ôc fut inhume à Sie Praxede à
Rome, avec une épithaphe qui finit ainfi :
InfoeUcitatis humanct & foe ü à ta iis
txtmplum mernorabiU,
II avoit raflèmblé des rares manuferits dont il en-
richitla bibliothèque qu’il fit bâtir dans fon évéché
d’Evreux : l’auteur de VAtlucntum romanum le met au
nombre des favans cardinaux qui ont publié des ouvrages
; & rhifioire de France parmi les mauvais
miniftres qui ont facrifié la patrie & la gloire de leur
maître à leur ambition & à leurs intérêts.
14. Anne Larchevêque de Parthenai,femme d’Antoine
de Pons, comte de Marennes, ne tut pas moins
illufire par la vivacité de Ion efprit, l’étendue de fes
connoiflances, fon ambition même, que par fa nait-
fance. Elle fut l’ornemcntde la cour polie & favante
de Renée de France , ducheffede Ferrare.
15. Jean Bouchet, procureur de Poitiers, fut littérateur,
poète 6i. hillorien ;il a donné beaucoup d’ouvrages
dont on peut voir le catalogue dans le P. Ni-
ceron, l’abbé Gouget & M. Duradier au z® volume
de izB ib lio t lu q u é du P o ito u : il mourut vers le milieu
du xvi'^ fiecle.
André Tiraqueau, né à Fontenai - le • Comte en
3480 , fénéchai de Fontenai, confeiller au parlement
de Paris , un des plus profonds jurifconfultes du
royaume.
On a dit qu’il donnoit chaque année un livre à la
république des lettres & un enfant à l’état. Mais, dit
Daurat, Lucine fut obligée à la fin de céder à Minerve.
Le nombre des livres excéda celui des enfans.
Ce fécond auteur, comblé d’éloges & d’honneurs,
admiré de toute la France , mourut en 1558.
16. Barnabe Briffon ,né à Fontenai-le-Comte, célébré
Avocat-Général, fi efiimé de Henri III, que ce
prince difoit que perfonne en Europe n’cgaloit_/ô/z
BriJJon en fcience : aufii Sainte-Marthe dit de lui ;
S e d qui zhreacîo g ravier B rlÿ onîu s orphio
ïdumauas tentât fa cu n d is vocibus aures.
Nommé confeiller d’état, il compofa le code de
Henri III qui lui acquit le nom de grand jurifeon-
i'ultc.
Briflbn ayant demeuré à Paris pour fon malheur,
fut nommé premier préfident par la ligue. Il l’accepta
forcément, & n’en refta pas moins fidele au
roi. Les feize quife défioient de lui , l’arrêterent le
15 novembre 1591 il neuf heures du matin , le firent
confeffer à dix, & l’étranglerent à onze avec les deux
confeillers Larcher & T ardif, & leurs corps furent
pendus à la Grève,avec cet écriteau fur celui du préfident
; Barnabe Brijjhn , Vun des chefs des traîtres &
hérétiques ; enfin le corps enlevé fut inhume à Sainte-
Croix de la Bretonnerie.
Mezerai dit que cette catafirophe étoit indigne d’un
homme fi doéle & fi excellent, mais qu’elle ell ordinaire
à ceux qui nagent entre deux partis.
En 1 59^ , on vit dans Paris, dit M. Thomas, un
éloge dont le fiijet efi à jamais refpeélable : c’étoit
relui du préfident Briflbn pendu quatre ans auparavant
pour la caufe des rois. Ce citoyen tropéclairé
pour être fanatique , & trop vertueux pour être rébelle,
parla aux feize comme un homme qui préféré
fon devoir à fa vie : il en fut rccompenfé en mourant
pouri’état. L’infamie de fon fupplice fut un titre
de plus pour fa gloire. Il faut louer l’orateur qui
s’honora lui-meme en faifant un pareil éloge.
C ’eft à ces viôimes immolées au fanatifme de la
ligue, quel’auteur de la Hcnriadey ch. I V , adreffe
ces beaux vers.
Brijfon , Tardif y Larcher , honorables viclimeSy
Vous n’êtes point flétris par le honteux trépas.
Vos noms toujours fameux y vivront dans la memoire
,
Et qui meurt pour fon roi, meurt toujours avec
gloire.
17. Nicolas Rapin, né à Fontenai-le-Comte en
I 540 , grand-prévôt de la connétablie , bon poète ,
& qui fervit utilement Henri III & Henri IV , mort
en 1Ö08. Voici l’épitaphe qu’il s’étoit faite lui-mcme:
Tandem Rapinus Idc quiefcitillequi
Numquam quievil , ut qules effet bords,
Irnpuné nunc grafftntiir & fur & latro.
Mufa ad fcpuhrum Gallicoe & Latlce gtmunt.
18. Armand-Jean Dupleflis, cardinal duc de Richelieu
, miniflire d’état fous Louis X I I I , né au château
de Richelieu en Poitouen 1 58 5,trop connu pour
être obligé d’en rien dire ici.
19. Guillaume Rivet de Saint-Maixent, favant
minirtre proteflant, mort en 1651.
20. FrançoisCitoys, né àPoitiers en médecin
du roi & du cardinal de Richelieu , mort en
1652.
zi.Théophrafie Renaudot, né à Loudun en 1584.
II futafléz hardi pour faire l’éloge d’Urbain Grandier,
brûlé vif en 1634, auteur du Mercure français depuis
16 36 à 1646 & delà vie du maréchal de Gaflion.
2 2. George Broflin, chevalier de Meré, cadet d’une
maifon difiinguée de Poitou , ami de Balzac , de la
Rochefoucault, de Pafcal & de Menage , mort fort
âgé eniÔ90.
23. Jean Fileau de la Chaife , auteur de la vie de
S. Louis in-4°. 1688. Il mourut en 1693 avec une
réputation de piété égale à fes talens.
24. Philippe Goibaud du Bois, de l’académie fran-
çoife , bon traducteur de S. Auguftin & de plufieurs
ouvrages de Cicéron. Il donna lieu à la belle lettre de
M. Arnaud fur l’éloquence de la chaire , & mourut
en 1694.
25.11maël Boulliau , néà Loudun en 1605, l’ami
des Dupui, des Guyet, Huet, de Thou , fut un favant
altronome , philofophe profond 6c d’une vafte
littérature : il finit fes jours dans l’abbaye de S. Viélor
le 25 novembre 3694. Sa defancîo Benigne
efi connue & eftimée.
26. André Martin, prêtre de l’oratoire , publia en
1667 la philofophie chrétienne extraite de S. Au-
guftin, en cinq volumes, eftimée dans le tems.
27. Michel Lambert, fameux muficien du r o i, né
à Vivone à quatre lieues de Poitiers en 1610. Il n’y
avoitpoint de partie agréablefi Lambert n’y étoirton
fe l ’arrachoit : à quoi fait allufion Boileau dans fa
fatyre du repas.
Mollen avec Tartufe y doiijouer fon rôle ,
Et Lambert , qui plus efl , ni a donné fa parole.
C’eß tout dire en un mot, & vous U conno 'ife^.
Quoi ^ Lambert! Oui, Lambert, A demain; c'eft
Il fut inhumé dans î’églifedes petits peres en 1696,
fous la même tombe de Liilli qui avoit époiifé la
fille unique , & qui l’avoit efface.
28. Urbain Chevreau , mort à Loudun fa patrie,
en 1702, auteur fécond; l’hiftoire du monde en
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deux volumes i7z-4®., lui fit honneur. Nous avons le
Chevreana en deux volumes 1700.
Z9. Etienne Gabrlau deRiparfont,néâ Poitiers
en 1641, fe rendit célébré à Paris dans le barreau :
voici l’infcription que lui confacra M. Froland fur
la riche bibliothèque léguée aux avocats :
Qiiam vides hîc bibliothecain
Sibi charifîmo paironum ordini
Teflamento dédit
D.Gabriau de Riparfont,
în primo j'enatu Galilee patronus»
Origine nobilis ,
, fngenîo , docîri/id , virtute , famâprcecellens , . . .
Soeculi Jiù dejîderiuin , fiituri invidia.
Toc f in t venerati homines quoi noveriint,
Quïfquis efi tant beni-rnerid tefiaioris nomen
Anni , memento , coU.
30. Matthieu Iforé d’Hervaut, favant, pieux &
ferme, archevêque de Tours, l’ami du cardinal de
Noailles, mort de la pierre à Paris, tres-regretté , en
3716, fut inhumé au cloître des petits-Auguftins ,
où on lit une épitaphe qui en fait un jufte éloge.
31. Françoife d’Aubigne, marquife de Maintenon,
née à Niort en 1635 : la vie 6c les lettres imprimées
de cette illuftre dame nous difpenfent d’entrer dans
aucun détail : nous lui devons le chef-d’oeuvre de
Racine, fon ami, Aihalu , qu’il fit pour S. Cyr.
Elle donna 2000 liv. de penfion à mademoiielle de
Scuderi, en 1685 ; elle engagea l’abbé de Choifi à
renoncer au goût léger qui l’avoit occupé , pour'tra-
vailler à des ouvrages dignes de lui & de fon état :
elle décida l’abbé Teftu , pour le goût de la piété,
qui s’établit à la cour ; & mourut en 17 19 , dans la
plus haute dévotion , à Saint-Cyr, monument éternel
de fa vertu. L’abbé de Vertot compofa fon épitaphe
, qu’on voit fur une tombe de marbre : il y efl:
dit qu’elle fut une autre Efther dans la faveur , une
fécondé Judith dans la retraite & l’oraifon , l’afyle
des malheureux, la mere des pauvres.
Quand on drefla le contrat de mariage deScarron
avec mademoifelle d’Aubigné , Scarron dit qu’il
reconnoiffoit à Vaccordée quatre louis de rente, deux
grands yeux fort malins, un très-beau corfage , une
paire de belles mains, 6c beaucoup d’efprit. Le notaire
demanda quel douaire il lui affuroit, ïimnior-
tal'uéy répondit Scarron : le nom des femmes des
rois meurt avec elles, celui de la femme de Scarron
.vivra éternellement.
32. Ifaac de Beaufobre, né à Niort en 16^9,
favant miniftre proteflant pendant 46 ans : ',fon ex-
preflion étoit pure, vive 6c agréable ; fa littérature
étoit vafte , fon érudition exquife, 6c fa vie tres-
laborieufe; il la termina en 1738, à Berlin.
33. L’abbé Auguftin Nadal, de l’académie des
iiifcriptions, dut fa fortune à fes talens ; il fut inhumé
à Saint'Cybard , de Poitiers, â l’âge de 76 ans , en
1740 : fes ouvrages furent imprimés en 3 volumes
in-iZy en 1738.
34. D . Antoine Rivet delà G range, favant bénedi-
â in , né en 1683 à Confolans, dans la partie de cette
petite ville qui appartient au diocefe de Poitiers,
qu’elle dlvife avec celui de Limoges : nous lui devons
les neuf premiers volumes de VHifloire littéraire de
Prance,^ en focîété avec D. Jofeph Duclou. D.
Maurice Poncet & D. Jean Colomb; il finiflbit le
neuvième volume lorfqu’il mourut, en 1749 , au
Mans, oil on lui a drefle une épitaphe , aulfi honorable
que Vraie. Il efl auflî auteur du Nécrologe de
Port-Royal, imprimé in-jf. 1723 ; de la Préface de
la Bibliothèque Chartrainey in - f . 1729 ; de la Lettre
a Innocent X l l l la nécejfiié A un concile général y
in -a . 1722 : on voit fon éloge dans le neuvième
yolume de VHiJloire littéraire de la F ra n c e , par D.
P O L 469 Taillandier, fon confrere , & dans la Bibliothèque
de D. Lecerf.
35. J, B. le Sefne d’Ettemare , né a Loudun ,
pieux 6c favant théologien , qui a beaucoup écrit fiir
les affaires du tems, mort en Hollande en 1767.
36. Jofeph-AIbert le Large de Ligniac , prêtre de
l’oratoire, né à Poitiers, bon phyficien ; le plus
confidcrable de les ouvrages font des Lettres à un
Américain y fur CHifloire nalurcLle y en 4 vol. 1751.
37. MM. de Sainte-Marthe, famille illuftre dans
la république des lettres , où l’efprit, le favoir 6c la
piété fembleht fe fuccéder, ont donné plus de 70 auteurs
diftingués dans tousles genres, depuis 150O
jufqu’au x v n i° fiecle.
M. du,Radier a confacré à leur éloge au catalogue
de leurs ouvrages, le cinquième volume de
fa Bibliothèque de Poitou , imprimé en 1754, auquel
nous renvoyons. Cette famille, où la nature, par
un effort inoui , a ralTemblé tant de perfonnes
illuftres, tant de favans, théologiens , jurifconfultes
, poètes, hiftoriens , fubfifte encore dans quatre
perfonnes ; mais elle n’a plus qu’un heritier de ce
beau nom, en Scevole-Louis de Sainte-Manhe, né
en 174 3,
Magnce fpes unica genth. ( C. )
§ POLE, ( Phyf. A jiron . Marine. ) M.lc capitaine
Phipps, jeune Anglols, plein de courage, de favoir
6c de lumières, ayant rélblu de faire en l’année
1773 un voyage au pole boréal, fit demander à un
mathématicien François, un mémoire des obferva-
tions qu’il y auroit à taire dans ce voyage. V''oicî
celui qu’on lui envoya, 6c fa réponfe : nous inférons
ici l’un Sc l’autre, parce que nous croyons que l’im
6c l’autre pourront être utiles aux marins qui fe pro-
poferont dans la fuite d’aller vers l’un des deux
pôles y ou dans les mers du Nord.
Obfervatlons à faire pris du pole, pour des latitudes
de 80 à 90 degrés.
I. On ne propofe pas d’obferver l’aurore boréale
& fes relations , fi elle en a , avec le magnécifme 6c
l’électricité, parce qu’il n’y a pas d’apparence qu’on
la voie en été au pole boréal. On ne propofe pas
non plus d’obferver la longueur du pendule, parce
qu’il n’y a pas d’apparence qu’on foit dans le cas de
relâcher à terre, au moins alTez long-tems pour
faire cette obfervatlon. On invite cependant les
voyageurs à faire ces obfervatlons fi quelques cir-
conftances le permeîtoient.
II. Les réfraétions hoi-izontales font un objet inté-
refiant;mais comme le foleil en été ne s’approche pas
allez de l’horizon , on defireroit que les obfervateiirs
mefuraffent les diftances de la lune ou de venus au
moment qu’ elles paroiflent à l’horizon , à l’un 6c à
l’autre bord du foleil. L’oÛant de réflexion eft fuffi-
fant pour cette recherche : on y réulTira d’autant
mieux que la lune ou vétius s’approchera de la méridienne
du côté du nord. Plus l’arc d’amplitude de
la lune ou de venus fera augmenté, plus l’arc de
diftance fera utile pour en déduire les réfraétions
horizontales. Au défaut d’une méridienne , la variation
de l’aimant bien conftatée en chacun de ces paf*
fages y fuppléera.
III. Lorfqu’on prend en mer la hauteur d’un aftre
fur l’horizon delà mer, l’angle trouvé eft toujours
plus grand que la vraie hauteur de l’aftre ; cela vient
de ce que la ligne tirée de l’ceil de l’obfervateur à
l’horizon vifuel s’abaiffe au-deffous de l’horizontale;
mais cet effet eft diminué paf laréfraftiondes rayons
de lumière qui viennent de l’horizon vifuel à l’ob-
fervateur : cette réfraétion pouvant être beaucoup
plus grande dans le Nord que dans le' Sud , on demande
de déterminer dans le nord la quantité totale