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conficlcrablc ; ce qui eft d’autant plus remarquable ,
qu’eti 17711m ami m’ccrivii d’lrlar.de , le véritable
pays pour ce fruit, qu’on y avoir été furpris , lorf-
qii’iin cultivateur avoir pu ferviràunamidespommas
lie terre dés le 5 août.
je dois à prefent indiquer encore , parmi plus de
40 efpeces que j’ai tirées de l’étranger , celles qui
font les plus remarquables. J’en eus au printems
X771 , entr’autres, les fuivantes.
1 Une blanche de Strasbourg, fleur gris de lin,
qui, n'ayant produit au commencement d’août que
S pour im , fe trouva en automne confidérablement
inultij)!iée.
Les Hollancloifes , à fleur bleue, plus connues
(o \.\s \q r\om àQjurréesd'H anov re, fruit blanc , petits,
étoient mangeables à la l'aint Jacques, alors feulement
I 5 il 18 pour un , fe multipliant peu-à-peu quafi à
l’infini; e.n feptembre environ 150; en novembre
jufqu’;^ 300 de leur groffeur ordinaire, fans compter
une infinité qui commençoient à fe former à un fort
tift'u de racines , fleurifi'ani pendant dix a douze fe-
inaines ; les tiges en novembre aulli vertes & fuccu-
lenies qu’au milieu de l’été. Elles font préférées
^-encralement à toutes les autres pour le goût ; feulement
leur petit volume dégoûte queîque's-iins de
leur culture , quoique M. de 1. Fl. (que je défignerai
à l’avenir feulement par F.) eût avoué qu’en 1772
elles fe trouvoient plus grofi'es qu’en 1771 , 5 c que
M. de T. affiire en avoir eu quelques fruits prefque
de la groffeiir du poing. Leur goût & leur multiplication
prodigieui'e , méritant toutes fortes d’attentions
, on ne doit pas regretter les foins qu’on peut
fe donner pour étudier à fond leur nature & leur
culture.
On verra ci-après que l’expérience a fait préférer
la culture en général par des morceaux , par des
yeux meme, à celle par pommes , & que
ceux qu’on tireroitdesgroiïes/Jowws^ en produiroient
de meme , ceux des petites , auffi des petites feule-
inent. J’ai donc confeillé de choifir chaque automne
de cette efpecc , comme pour les autres, les plus
grofi'es les plus faines , pour en planter les yeux.
De-là on peut efpérer, avec certitude , que chaque
année on en aura de plus grofi’e s , qu’alors elles
feront d’un produit immenlé.
Pour y parvenir , il fera nécefTaire de faire l’ofTai
dans toute forte de terroir, de même que pour la
profondeur & la diftance où elles doivent être plantées.
Nous favons déjà que quoique profondément
plantées, elles fe produifent vers la furface , & forment
louvcnt comme une efpece de pavé , quoiqu’elles
craignent moins le froid que les autres. II
fembie que , vu leur végétation extraordinaire, formant
grand nombre de tiges , fouvent de 6 à 7 pieds
de haut, la durée de leur floraifon, la quantité fur-
prenante de leurs fruits mûrs & des petits qui commencent
à fe former, enfin leurs racines fans nombre,
elles devroient exiger beaucoup d’engrais. Cependant
ne pourroit-on pas croire que ce trop de nourriture
contribue principalement à toutes ces produ-
•éf ions inutiles, & qu’en la leur retranchant, de même
que les tiges Superflues , le fruit s’en relTentiroit en
bien r Le fait fuivant paroît le confirmer. Sur la fin
de novembre dernier , M. F. faifant débarraffer fa
cour, on y trouva , fur une place qui avoir été couverte
de fafeines, une plante de cette efpece parmi
des pierres & du gravier , qui avoit produit d’affez
hc\\<is pommes , & en certain nombre. Si donc on les
plantoit dans de la terre légère, & les cultivoiî avec
le fom ordinaire, peut-être féufiiroient-elles mieux.
Enfin des expériences réitérées ne pourroient qu’être
avantageufes.
3*^, Pomtves de faint Jacques , précoces, de Weimar,
blanches, très-fécondes. Il s’en eft trouvé ci
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une plante <5 o pommes de 5 morceaux, & à une autre
6 ') d'un feul oeil.
4®. De Caffel, précoces , blanches, pi'coitées &
en rouge , le fruit alTez gros.
5^. Jaunâtres de Frife , fleur purpurine, précoces.
6° . De Manheim, précoces, rouges, tl la faint
Jacques ; le plus gros fruit ne pefoit que quatre
onces : mais alors déjà 50 pour un , qui enfuite ont
grofii,
7®. De la Franconie , rclTemblent aux fouris rouges
d'Hollande ; le 5 août 1 7 7 1 , il s’en trouva à
une leuie plante yo pommes ; en automne moins,
parce que les fouris y ayant trouvé du goût, les
avoient fort ravagées : en 1772 , le 3 1 août, j’en eus
une de 8 pouces de long, 6c ce d’une plante encore
en fleur. M. F. trouva que de toutes les efpeces celle-
ci avoit le moins dégénéré.
8". Autres rouges, du côté de Nuremberg ; fleur
d’un violet clair: de 32 morceatix, on a recueilli
neufboifl'eaux combles, le boifTeau dç 20 liv. en
froment.
9'’. Jaunâtres de Caffel, fleur couleur de rofe;
de -^pommes plantées le 20 avril 17 7 1 , on cueillit
vers la fin de novembre 63 de chacune ; & M. de
T . en 1772, de 16 morceaux, en cueillit trois
boifl'eaux.
10°. Autre de Cafl'el, fleur blanche cendrée ; la
peau extérieure noirâtre , par-là difficile à les diftin-
guer de la terre en les recueillant ; la féconde peau
violette , en-dedans marbrée violet très-beau ; le
goût difFere de celui des autres : le plus grand produit
en a été de 24 pour un.
Je ne parle pas des fouris rouges d’Hollande,
puifqu’elles paroiflént être la même efpece que le
n®. 7 ; elles ne paroifl'oient pas être au point de leur
maturité vers la fin d’oélobrc, & les fruits en étoient
petits, quoiqu’au nombre de 120 pour un. Je ne
parle pas non plus des trois efpeces natiiralifées en
Üiiifle, dont l’une longue blanche, & une autre longue
rouge, toutes les deux d’un grand produit, greffes
& de bon goût, de même que les rouges rondes.
Je vais donc faire mention encore de quelques-
unes reçues feulement au printems 1772.
1°. Les nouvellesangloifes y tiennentavecraifon
la première place ; une feuilie aiigloife hebdomadaire
les indiquoit comme étant arrivées récemment de
l’Amérique, fous le nom d ç yam -hu teo te s, pefantde
8 à 9 liv. la pomme ; je ne regrettai ni dépenfe ni
peine pour m’en procurer; j’en eus d’un jardinier
Anglois : ne m’y fiant pas, 6c apprenant que M. John
Homard de Cardington en Bedfordshire, les avoit
cultivées le premier, en avoit envoyé avec un mémoire
contenant les obfervatlons à ce fujet, à la
focictédes arts d’agriculture à Londres, je me flattai
qu’en étant membre , je poiirrois m’en procurer des
véritables; j’y réiiflîs, & en reçus direéfement de
M. Howard ; je les attendois avec impatience: celles
du jardinier arrivèrent en mai, les voyant de la
grofl’eur de 6 à 8 onces feulement, je ne les crus
pas les véritables, me confolant de l’arrivée prochaine
des autres. Quelle dcfolation pour moi, les
voyant à leur arrivée le 5 juin toutes de 2 à 3 onces
feulement ! j’en fus outré , & les négligeai totalement
; les autres cultivateurs à qui j’en diflribuai,
les mépriferent de même : on ne fit que les planter
fans en prendre aucun foin ; cependant en automne,
4 à 5 de ces petites pommes avoient produit 4 2 ,4 5
à 50 livres ; il y en eut quelques-unes parmi de
I , I I 2 & une de 3 liv. La feene changea,
chacun eft avide d’en avoir, jugeant qu’en les
plantant deux ou trois mois plutôt, leur donnant
les foins requis , le rapport en fera prodigieux. M. F.
a même réfolu d’efl'ayer fl une feule plante ne lui
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pourrolt pas couvrir la même année 50 toifes de
terrein , 6c voici comment il raif'onne.
J’ai eu de ces p e t i t e s q u i avoient jufqu’à
28 yeux ; les groflés en doivent avoir plus ÔC à proportion.
Je plante mes pommes de terre, même les yeux ,
des elpeoes ordinaires, à deux ou trois pieds de
dirtance l’une de Fautie ; celles-ci étant fl prodi-
'‘ gieufemenr fécondes, doivent l’être de quatre à cinq
■ p :ds.
J’ai vu que par leur forte végétation elles pouffent
beaucoup de fillioles ou jets , depuis la racine, que
je détacherai toutes, avec ou fans racine , pour les
replanter.
J’en agirai de même pour le fuperflu de leurs
tiges 6c branches, qui fouvent s’élèvent à fix & fept
pieds de hauteur, les plantant en boutures. .
Enfin j’apprendrai, l’automne prochaine, à combien
on a pu pouffer la multiplication d’une feule
pomme ^ &C clans une feule année.
Chacun étant, Sc avec raifon , fi prévenu en faveur
de ces yam battates, on peut juger fi un ouvrage
qui a paru depuis peu, les en a dégoûtés ; c’eft
le voyage que Young , grand curieux 6c cultivateur,
a fait par les provinces feptentrionales de [’Angleterre
, dans lequel il rapporte des obfcrvations très-
curieufes en tout genre ; ayant donc découvert ces
pommes de-terre^ qu’il dit lui même être encore inconnues
, il en parle à-peii-près comme moi : il dit
■ en outre que cette efpece fupporte mieux le froid
que les ordinaires; qu’il a pu s’en procurer deux
pièces ; qu’il avoit coupé l’une en deux , l’autre
en trente morceaux ; que des deux premiers il a
leciieilli 222 livres en 700 pièces, & des autres
3 64 livres en 1100pommes ; & qu’il garantit ces faits
comme témoin oculaire. Que félon le calcul de M.
Bayley , l’acre anglois , d'environ 45000 pieds , en
devroit rapporter 5036 boifl'eaux, chacun de 60
•livres ( apparemment angloifes , de 14 onces ) ;
quelle muliiplication pfodigieufe 6c incroyable i
Je dois rapporter les divers lentimens dans lef-
quels on fe trouve , à l’égard de cette efpece, quant
à leur goût.
M. Howard -m’afrura que leur goûtétoit plus doux
ou miellé que celui des autres, 6c que Ion bétail les
a mangées plus avidement.
M. Young en dit le goût inférieur à celui des
efpeces communes ; à la vérité , dans un autre paf-
fage , il paroît reftreindre ceci aux gros fruits , ref-
femblant à un affemblage de plufleurs autres, parce
que les Anglois fervent toujours lespommes~dc-urre
en entier , 6>c alors la cuifTon ne pénétré pas également
par-tout des pommes fi grolTes.
Deux de ceux à qui j’en al fait part, m’affurent
qu’elles font de très-bon goût en général.
Deux autres, que fimplemcnt bouillies dans l’eau,
elles font inférieures aux autres; mais fupéricurcs
apprêtées de toute autre façon : pour moi elles me
paroifTent bonnes, fans fupériorltc; & quand même
îc goût n’en feroit pas fi agréable , ce feroit une ri-
cheffe confidérable, en ne les confidérant qu’en
qualité de nourriture & engrais pour le bétail.
2®. J’ai fait venir de quatre efpeces, qu’on cultive
en Irlande ; bluk-batiates ou noires ; rujfd ou rouf-
fes \ycllou ou jaunes ; 6c wiu blanches : n’ayant pu
faire les obfcrvations requifes, ni meme dlftinguer
la première 6c la derniere efpece, je fuis obligé de
les renvoyer à des examens ultérieurs pour en pouvoir
parler avec certitude ; quant aux battates touffes
elles (ont conformes à la defeription , couleur
de cuir tanné, & rudes comme du chagrin. Les
jaunes auffi, telles qu’on me les avoit dépeintes ,
leur multiplication eflmoindre que celle des autres,
mais d’un goût délicieux ; on m’avoit marque qu’on
P O M 479 ne les voyoit que fur les bonnes tables; je foupçonne
qu’eilc-s peuvent être originaires du Chili : un ami ,
qui y a demeuré peiid.im plufleurs années, m’ayant
alluré, comme JC i’aidejadit, que quoique le froment
s’y trouve en grande abondance, 6c de qualité
parfaiie , on y prétéroii les pommes de terre ; 6c qu’en
particulier les jaunt.s etoicnr d’un goût déliCeux.
il y a apparence qu’en les iianijiortant en Irlande,
le changement du climat les a fait un peu dégénérer:
on préfère en Irlande les rouffes à toutes les autres
efpeces, parce que le goût en efl bon , 6c qu’elles
fe multiplient le plus, excepté , dit-on, les blanches
q u i, cependant lont moins eftimées , étant
petites.
J’.ii remarqué que de ces efpeces irlandoifes ,
vers la fin d’août, il s’en efl trouvé de mangeables
en bon nombre , 6c que les vers-hannetons ou vers-
de-bledy ont lait plus de ravage qive parmi les au-
tres.-preuve qu’ils les ont trouvées préférables pour
le goût.
3®. J’ai eu quelques pommes de terre des montagnes
de Füix , je les ai trouvées très-belles 6c de bon
rapport ; la peau en efl tort rude.
Je crois que ceci peut fuflîre pour faire connoître
les meilleures efpeces ; il fulfit aulfi pour le rapport
que de ces diverfes lortes étrangères, M. de T. en
ait recueilli en 1772 , lur une piece de 2100 pieds
quarrés , 70 de nos boifl'eaux.
J’ai déjà parlé ci-dellus de ladiverflté des plantes,
feuilles, fleurs, fruits, St des baies ou pommes de
graines : j’ai dit pareillement que ces baies réuflîf-
foient fort différemment ; dans certaines années on
n’en voit quafi point, Sc dans autres il s’en trouve
une grande quantité. En 1771 M. F. en auroit pu
ramaffer, fur trois arpens, environ 50 facs ; fouvent
d’une feule plante un chapeau plein. Je rapporterai
en fon lieu le profit Si l’avantage qu’on en jjeut
retirer. Si M. Duhamel dit que les tiges lont de deux
à trois pieds de hauteur , cela fait voir qu’il n’en a
connu que des clpeces communes ; les angloifes ,
les hollandoifcs & celles de graine en ont pouffé
dans une bonne terre de jardin ijui ont eu fix à fept
pieds Si demi de haut : venons à la culture.
Culture. Commençons par examiner le terroir qui
leur convient le mieux.
11 n’y en a point où les pommes de terre ne profpe-
rem du plus au moins, excejité les terreins marécageux
, trop humides , lur-tout ceux oîi l’eau croupit
, ce qui les détriiiroit entièrement, Si donneroit
im très-mauvais goût aux autres. Les pommes de terre
viennent même lîir la pente des coteaux, Si y font
plus précoces ; il en efl de même dans les fables Si
les graviers, où pourtant il leur faut de l ’engrais
pour leur fournir la nourriture nccefl'aire. La terre
la plus forte , argilleul'e meme, ne leur eft pas contraire,
pourvu qu’elle foit bien travaillée Si ameublie
; en les plantant un peu profondément en pareil
terroir , elles jouifl'ent toujours d’un peu d'humidité
qui leur eft avanlageufe ; ce qui leur convient le
plus,c’eftune certaine chaleur,une humidité fuffifante
Si une terre fort meuble, les pommes plantées jettent
des racines fort tendres Si délicates; il eft nccefl'aire
qu’elles pùiffent pénétrer plus loin, fe former, prem
dre de la confiftance, produire du fruit, Si le fruit
produire de même; fi la terre a trop de denfité, les
racines ne pouvant s’étendre , elles produifent fou-
vent d’affez gros fruits, mais en petit nombre ; la
place leur manque , Si tout forme un grouppe. Si on
obferve ces parties de la culture, on les trouvera
plus néceffaires Si avantageufes que l’engrais même,
dont je vais parler ci-après.
Un cultivateur zélé planta en 1771 des pommes de
terre^ entr’autres dans une piece de pur gravier,
fituée fur Iç bord du lac de Geneve ; pour engrais.
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