638 R E T
t* w .
' . i h I M
Hi'lti I ,1 I'M ?'( ,
I ‘ til ph.E
Que le fait Ibit vrai ou faux, cet éclairciflement
luffit & me paroît trcs-rail'onnable , une fois que
nous lommes convaincus que l’iris eft remué par
volonté.
\'oiIà le fyRême que je me fuis fait après plufieurs
expériences &C obfcrvations que je viens de rapporter;
comme je les fis il y a neuf ans à Boulogne ,
j ’y eus pour témoins plufieurs desfavans de ce pays,
ik entr’autres l’illuftre & rare femme D. Laure
Bafiî, dont pour tout éloge il fuffit de rapporter le
nom. Si quelqu’un vouloit les répéter, il faut auparavant
qu’il s’exerce long-tems fur les prunelles des
animaux vivans, & qu’il apprenne à difiinguer les
mouvemens que fait la prunelle , quand elle ell
frappée parla lumière, de ceux auxquels l’iris efi
fujet par bien d’autres caules , qui font en grand nombre
& fi fréquentes, qu’elles peuvent quelquefois
confondre & embarralfcr l’obfervateur, au point de
lui faire croire que la prunelle s’élargit quand elle
efl frappée par la lumière.
Comment fe font les mouvemens de l'iris.
Après avoir fixé & démontré ces vérités , il nous
refte toujours l’envie de lavoir par quels reflbns
l’irisfe dilate & fe rétrécit, luivant les loix que nous
venons d’établir. Voilà le point difficile que toute la
fcieucedes Phyficiens n’a pu lurmonter , de façon
que toute efpérance paroît perdue , de bien entendre
ce phénomène. Ignorance fatale , car fi l’onpar-
venoit à favoir ccia , il n’y auroit plus rien à délirer
fur l’iris.
L’incertitude & robfcurité qu’il y a fur cet article,
font fiiffifamment démontrées par les étranges'&
différentes idées qui ont partagé tous ceux qui ont
entrepris de déchiftrer cette énigme. Les premiers
furent ceux qui eurent recours au moyen facile de
fuppofer dans l'iris , un mulcle en forme d’anneau
avec des fibres circulaires : par le rétreciffement de
ce muCcle , onexpliquoitle tout fort aifémeni, ainfi
ils commencèrent tout de fuite à l’y appercevoir.
II en fiirvint d’autres plus fubiils qui publièrent alors
des chofes plus vraifemblables. Ilsfuppolérentavant
tout que la lumière irritoit l’iris en la frappant immédiatement
, que les nerfs mis en mouvement, ref-
ferroient comme autant de noeuds fes canaux, qui
en conféquence remplis d'humeur retenue , fe gon-
floient & élargiffoient l’iris qui n’eft qu’un tifiii de
ces canaux, & qu’alors l’iris s’étendant tout naturellement,
fon ouverture venoit à être conféquem-
ment refferrée. Quelqu’un aiifiiliippofa que les fibres
de l’uvce difpofées en forme de rayons parun mouvement
mufculdire, mais contraire à tous ceux des
mufcles connus, élargiffoient l’iris en s’alongeant
dans leur aéfion. L’illuffre Haller enfin , après avoir
foutenu que l’iris fe meut quand la rétine eft frappée
par la lumière , fuppofe un foudain concours d’humeurs
, produit comme celui que l’on imagine en
certain endroit du corps des mâles.
Le mufcle circulaire vu par Ruifeh , & fuppofé
par \Vinflow, ne fe trouve pas malgré les exactes
obfervationsdesanatomifles; ainfi il paroît qu’on a
imaginé fon exiftence , ne fachant expliquer autrement
le mouvement de l’iris. Ruifeh même n’affure
pas toujours de l’avoir vu , & quelquefois il ne le
fuppofe que par néceffité : Fibras illas orbiculares y
non lucvlenter conjpici pojfe, ijuin oculi mentis in
auxilium fine vocaci, & ailleurs , fe tantiun circulurn
eum minonm proeditum efe exifimare fibris orbicida-
ribus. (^Epifl. Thef.') Mais réellement ni Morgagni
ni_ Zinn , avec toute leur exaéfitude & de bons
microfeopes, n’ont purien trouver, & Haller, après
avoir plufieurs fois effayé , le nie formellement. Si
l’on ne trouve donc pas ces fibres circulaires, elles
ne feront qu’une hypoihele defiimée de raifon. Le
R E T
fait détruit l’autre opinion des nerfs qui refferrent
les canaux , parce que l’iris n’efi pas irritable par le
choc de la lumière, & les nerfs ne le font par aucune
choie. On ne parlera pas de l’opinion de Meri
car elle eff abfurcie. Mais quand meme elles feroient
toutes vraifemblables , elles tombent toutes également
apres ce que nous venons de dire, même celle
delà plus grande affluence d’humeur; car quand la
prunelle elt rétrécie , l’iris eft dans fon état naturel
dans lequel elle eft forcée de refter, car fa ftrufture
&fon organifation l’exigent.L’iris s’efforce de retourner
à fon état naturel, & y revient tout de fuiteclès
que la volonté ceffe de le tenir reflérré. Toutes les
parties des animaux en font autant quand elles
s’alongent & s’étendent par force. Ainfi donc fe trouve
réfolue la difficulté du refferrement de la prunelle,
fans avoir eu befoin de tout ce que l’on a jufqu’ici
imaginé pour l ’expliquer.
Tout le noeud enfin fe réduit à favoir comment
l’iris fe rétrécit; noeud peut-être indifloluble, car
l’anatomie ne peut percer fi avant, & les fens font
fi bornés à cet egard, qu’à peine y a-t-il lieu d’en-
fanrer des hypotheles raifonnables. Ün ne doit pas
paffer fous lilenccles imaginations des grands ana-
tomiffes,qui crurent apperçevoir dans l’iris un
mufcle tiffu de fibres en forme de rayons, car leurs
théories paroiflbient exiger une pareille explication
, mais il eft aufli vrai que ce mufcle en forme
d’étoile a été en vain cherché par Morgagni, par
Haller, tous les deux fameux anatomiftes du fiecle ,
que Zinn & Ferrein n’ont pas mieux réuffi dans
cette recherche ; & s’il m’eft permis de le dire moi-
même après ces grands hommes , je l’ai cherché en
vain dans les yeux des hommes, des quadrupèdes ,
des oileaux & des poiflons. U ne m’a fervi de rien
de couper 6c rompre en milles fens différens cette
membrane, 6c de l’examiner avec des loupes très-
fines, je n’y ai jamais rien trouvé qui parût un miif-
cle , ni aucune de ces marques qui diftinguent de
tout le refte cette forte de fibre. L’iris m’a toujours
paru un liflu de canaux de nerfs, 6c de très-ftibtils
filamens cellulaires qui les lient & compofent cet
anneau mobile; il eft vrai que tout cela ne fuffit pas
pour les nier abfoliiment: mais par-tout oîi il n’y a
pas de preuves contraires, ne pas voir une chofe eft
une raifon très-folide pour ne la pas croire, 6c on
ne peut pas fuppofer 6c imaginer tout ce qui nous
accommode, arrangeant la nature à notre fantaifie.
Mais il y a encore plus : ce que nous venons de
dire eft un très-fort indice pour croire qu’il n’y a
dans cette partie aucune forte de mufcle. Il eft dans
la nature de chaque fibre de fe raccourcir quand elle
eft irritée, propriété très-générale,étendue jufqu’aux
polypes. L’iris fe maintient immobile à toute forte
de piccotement, à la lumière la plus vive , & jufqu’aux
étincelles éleétriques ; elle ne remue pas
même lorfqu’on irrite les yeux des animaux vivans,
ou prêts à mourir. Mais quand même on accorcle-
roit l’exiftence de ce mufcle, il feroit compofé de
telles fibres, qui dans le rétreciftément deviendroient
trente fois plus courtes, parce que j’ai vu i’iris rétréci
d’autant dans les chats tués depuis peu , 6c dans
d autres animaux, quand au premier coup-cl’oeil il
ne paroît pas même qu’il y ait d’iris. Merveille improbable
6c inouïe ; car il n’y a pas de mufcle qui fc
raccourciffe même de la moitié, dans les animaux
qui ont le fang chaud, 6c les polypes même , fi tendres
& fi gélatineux, on les a vus fe raccourcir quelquefois
douze fois , mais jamais plus.
On ne peut croire non plus que l’iris s’étende
par un plus grand concours d’humeurs, qui la faffent
gonfler après l’imprefflon faite fur la rétine. On a
déjà prouvé que cet état de l’iris eft fon état naturel,
6c n’eft pas un changement occaûonné par cette
R E T
dtcratloiJ du moment ; il eft enfin alors comme
il fcioit toujours, s’il n’étoit jamais befoin de le
remuer; meme fi la choie étoit ainfi, il ne feroit
pas immobile, étant piqué 6c percé, comme j’ai
plufieurs fois effayé. Toutes les fois qu’on irrite
quelque partie, on rappelle une plus grande quantité
d’humeurs à la partie irritée ; la même chofe devroit
arriver fur l’iris. Les înjeéfions les plus fines 6c les
plus pénétrantes , faites même tout de fuite après la
mort de l’animal, ne parviennent jamais à étendre
l ’iris autant qu’il l’cft quand il fe dilate à la lumière,
ou autant qu’il s’épanouit dans le fommeil.
L’exemple donc du gonflement qui arrive fur certaines
parties des mâles, eft en quelque façon contraire
à cette hypoiheie du plus grand concours
d’humeurs à l’iris, 6c toutes ces choies font voir que
tettehypothefe n’eft ni prouvée , ni plaufible.
Après avoir exclu toutes les fuppofitions rapportées
jufqu’à préfent, U me paroît qu’il ne refte à
foiipçonner qu’une feule choie avec quelque apparence
de raifon. 11 paroît donc que le changement
par lequel l’iris fe rétrécit, doit plutôt être une diminution
6t un écoulement d’humeurs. Dans l’iris naturellement
étendu, l’anatomie trouve des nerfs du
îiffii cellulaire, 6c des canaux qui lûrement font remplis
de quelque humeur. Il y a done une quantité
déterminée de ces humeurs dans les canaux, quand
i’iris eft étendu 6c qu’il occupe un cfpace plus grand,
6c tant que l’iris fe maiiiLlcnt étendu, toutes fes parties
doivent refter dans le même état; une de fes
clrconilanceseft l'humeur dans fes canaux : or donc,
fl cette humeur diminuoit, il vicr.droit à manquer
une des circonftances de l’état naturel de l’iris, 6c
la raifon de s’y maintenir plus long-tems; de la diminution
de cette humeur, il pourroit donc s’en-
fuivre le rétreciffement de l’ir is ,& en conféquence
la dilatation de la prunelle. Cependant on ne trouve
dans l’iris que nerfs du lifl'u cellulaire & canaux remplis
d’humeurs, & comme des chofes invifibles on
n’en peut rien dire , il n’y a aucune raifon pour y
imaginer autre chofe. Le changement méchanique
doit fe faire de quelque façon , mais il ne fe fait ni
par concours d’humeurs, car cette caufe le rétreci-
roit plutôt que de l’élargir , ni par les fibres mufeu-
Jaires, puifqu’il n’y en a pas ; & d’un autre côté,
les nerfs, le tifl'u cellulaire 6c les canaux font des
parties foüdes, immuables ; i! n’y refte donc que le
fluide qui puiffe s’augmenter, fe diminuer, ou fubîr
quelque altération.
Quoi qu’il en foît, il y a toujours un fait conftant
qui confirme mon foupçou : quand les animaux meurent
égorgés, l’iris fe refl'erre beaucoup. C’eft un
fait duquel fi l’on peut déduire quelque chofe, c’eft
de fuppofer que l’humeur fe diminue dans l’iris, en
proportion de la diminution qui s’ en fait par-tout
ailleurs. Qu’on ne nous oppofe pas un argüment
équivoque, que la choie feroit tout-à-fait à rebours,
parce que y ayant plus grand concours quand l’iris
eft déployé, ce feroit ion vrai changement, 6c
l’autre état devroit être cenfc comme naturel 6c ordinaire.
La difficulté le réduit à ce leul point, de favoir
de quels noms on doitappeller ces deux états
différens de l’iris. Mais quand même on voudroit
afflgner les vrais noms de ces deux états, je ne lais
pas par quelle raifon on devroit appeller violent
l’état d’une membrane, quand fes canaux font pleins
d’humeurs, comme qui diroit qu’un animal eft dans
fon état naturel quand il eft épuil'é de fang, parce
qu’alors fes vaiffeaux fanguins ne iont plus gonflés
par le fang. Enfin l ’état naturel d’une partie me
paroît être tel quand la partie eft immobile, de quelque
maniéré que ce fou , n’importe ; cela peut ar-
Jiver en mille maniérés différentes , mais toujours
ï^aturslles, fl eft donc probable que quand l’iris fe
R E T «^39
rétrécir , riinnieut* qui rempliffoit auparavant fes
canaux s’écoule 6c diminue. 11 ne faut pas dire que
cette hypothefe foit la même que celle du concours,
en changeant feulement la façon de l’exprimer ;
car i’hypothefe du concours fuppofe une nouvelle
humeur qui concoure 6c s’introduire : celle-ci au
contraire , ne fuppofe que cette quantité d’humeur
qui doit ncceffairement y être par la nature de la
partie.
Il luffit que ce que je viens de dire foit probable,
6c qu’il n’y ait aucune preuve, aucun fait ^
qui le détrulfc. Comment cela arrive exaâement,
je ne faurois le dire ; & on ne peut exiger autre
chofe de moi. On fait beaucoup de faits, iurcment »
dans la nature, fans que l’on fâche ni le pourquoi
ni le comment, 6c malgré cela ils n’en font pa*
moins vrais. On ne doute plus à préfent que l’air ne
foit un corps grave, 6c que les corps n’aient une
mutuelle attraftion, par laquelle le ciel 61 la terre
fe foutiennent, malgré qu’ on ne fâche donner aucune
raifon de la façon que les vents foufflent, 6c
que la lune agit fur l’Océan. Qui eft-ce qui jreui dire
tant de chofes, fi notre vue eft fi foible 6c fi courte ^
Que l’on trouve quelqu’un qui puiffe calculer
quand & comment la penfée remue les filamens
nerveux, quelle eff l’élafticité de l’iris ; qui Cache
exaélement dire comment l’iris eft conftruit ; 6c
que l’on demande à cet homme comment fe vuident
les canaux de l’iris, il pourra fatisfaire tout de fuite
à la queftion , ou pour mieux dire , il n’y aura plus
aucune hypothefe. ( Cet anicle efi de M, l ’abbé F o n t
a n a , phyjicien de S, A, R. l'Archiduc Grand Due
de Tofcane, & directeur du cabinet royal d’hijîoire naturelle
à Florence. )
RETORTE, f. f. (^Chymie.') forte de vafefervanü.
à des opérations chymiques dont le fond ou le bas
eft fphérique, mais il l'e termine par une pointe
courbée plus ou moins , dont la direflion qu’oa
nomme le col de La retorte, feroit la tangente du point
de la fphere où elle commence. La partie intérieure
du col fuit la direéHon du diamètre parallèle k
cette tangente. Un vafe de cette figure détermine
naturellement les parties volatiles que lefeuéleve *
à entrer dans le col cylindrique de la machine , oiv
elles font un peu arrêtées par la courbure du tuyau,
qui change la direélion de leur mouvement. Cette
efpece de retorte eft propre à féparer les parties fixes
de la matière fur laquelle on travaille, de celles
qui le font plus , comme on le voit dans la diftilla-
tion de l’huile de vitriol, de l’efprit de nitre, da
l’efprit de f e l , &c. Les ouvriers en verre courbent
ordinairement le col des retottes qu’ils font d’une
figure conique, afin que les vapeurs qui s’cIeveiiE
6c s’amaffent dans la partie la plus large, puiffent
tomber d’elles-mêmes, après s’être un peu conden-
fées dans le récipient.
Mais clans les diftillations lentes qui demandent
un feu très-violent, 6c long-tems entretenu pour
élever des particules pefantes, Boerliaave recommande
l’ufage devafes cylindriques, dont le fommet
horizontal s’ouvre parun col horizontal auffi : U
prétend qu’ils font plus commodes pour la diftilia-
lion des phofphores 6c autres matières qui ne s'éle*
vent que difficilement. Après avoir préparé uné
quantité confidérable d’huile de vitriol ou d’autres
acides foffiles, au lien de retortes, il employoit des
vafes de terre à longs cols avec des becs cylindriques
à larges ouvertures , dans lefqiiels il inféroit
des tuyaux , cylindriques auffî > bien liités aux jointures
, qui fe vuidoient dans des récipiens de verre,
6c il trouvoit que cette maniéré cle diftiller étoîc
plus aifée 6c plus commode qu’aucune autre, ( - f)
RETOURNEMENT, (^AJiron.) opération par
laquelle on vérifie un quart de cercle ou un fefleur ^